Deliquescence

De EncyclopAtys

fr:Une histoire étrange


« Je te dis que c’est le bon moment !

Oui c’est ça ! Et Jena a des couettes !

Réfléchis deux secondes avant de te moquer. Tous ces couards vont se réfugier dans leurs appartements et nous allons pouvoir parcourir tranquillement les rues de la Cité. Anlor Winn sera notre allié ! »

Le tryker grommela : « Parce que tu crois qu’Anlor Winn a envie d’être ton allié ? »

Le matis se redressa de toute sa taille : « Arrête Marins ! Je n’ai cure d’Anlor Winn mais il me suffit que les autres, eux, s’en soucient. On récapitule. On enlève notre cible à la nuit tombée. On l’embarque chez les embaumeuses et on le fourre dans un de ces cocons. La plante devrait le digérer tranquillement et il ne gênera plus personne. L’important c’est qu’il ne puisse pas nous échapper en étant rappelé par les Puissances. »

Marins hocha la tête : « Ça va j’ai compris ! Pas la peine de répéter. »


Alors que la nuit tombait, Anlor Winn parcourait les rues de son souffle glacial, les vidant de ses homins. Marins essayait de se raisonner. S’il voulait trouver sa place dans la bande, il devait mettre de coté ses superstitions comme disait Lirnia.

Il ne put s’empêcher néanmoins de sursauter quand son complice arriva sans un bruit et lui tapa sur l’épaule lui montrant une silhouette qui s’approchait. Marins se faufila par derrière et quand Lirnia interpella l’homin, il frappa de toutes ses forces le faisant tomber à terre assommé. Sentir le vent lui ébouriffer les cheveux à ce moment là comme s’il était content de lui, ne pouvait venir que de son imagination débordante.

Le transport de l’homin inconscient vers la Grande Serre par les rues désertes se révéla aussi simple que Lirnia le pensait.

Arrivés en vue de la serre, Lirnia chargea l’homin sur ses épaules et montra les gardes. Là Marins se retrouvait dans son élément. Il avait fait courir les gardes toute sa jeune vie sans jamais se faire attraper. Il revint furtivement devant l’entrée dégagée ; Lirnia avait dû gagner le laboratoire des embaumeuses.

Il entra à son tour et s’il eut l’impression que le vent s’engouffrait avec lui, ce ne pouvait être qu’une illusion.

Le laboratoire était plongé dans l’obscurité. Il appela doucement mais seul le silence lui répondit. Il n’avait pas mis tant de temps que ça. Lirnia ne devait pas déjà être reparti.

Ses yeux s’habituant à l’obscurité, il parvint à distinguer des formes. Il s’avança un peu vers le centre qu’une table occupait. Ce devait être là que les corps étaient embaumés. Il grimaça en constatant qu’un corps était allongé dessus. Il frissonna alors qu’un souffle glacial le poussait vers la table.

Un éclair soudain illumina la pièce et il reconnut le matis allongé avant de se retrouver de nouveau plongé dans l’obscurité. Lirnia !
Aveuglé, il tourna sur lui même cherchant un mouvement, un bruit, quelque chose d’autre que ce noir et ce silence. Le corps était froid, de ce froid de la mort définitive.

Mais si Lirnia était là, où était leur proie ?

Le vent se déchaînait dehors accompagné d’un violent orage. Une lueur lui montra une rangée de plantes dont les pétales étaient refermés emprisonnant … L’esprit de Marins se cabra refusant d’y penser. Il fallait qu’il sorte de là ! Plus rien ne comptait que fuir ce cauchemar. Où était la porte ? Un nouvel éclair lui montra un mur. S’il y avait un mur, il y aurait une porte et il la trouverait en longeant le mur. Il se rua dans cette direction. Arriver au mur sans encombre lui redonna un peu d’espoir. Il partit sur sa droite une main sur le mur, essayant de deviner ce qu’il y avait devant lui. Cette porte ne devait pas être si loin que ça. Malgré lui, il accéléra le pas et quand il buta contre un obstacle, il faillit partir en avant. L’éclair suivant éclaira des pétales largement déployés, prêts à l’ensevelir. Il hurla et se rua dans l’autre sens. La porte ! Où était la porte ?

Toujours courant, il lui sembla voir un scintillement sur le mur. La porte enfin ! Il était là, attendant l’ouverture des panneaux, quand une ombre se matérialisa derrière lui et éclata de rire : Mouah ahahah


Les gardes de la serre se souviendraient longtemps de ce tryker hurlant porté sur les ailes d’Anlor Winn qui avait surgi de la serre pour disparaître à jamais.



Cette histoire a été contée par Kyriann Ba'Zephy, lors de la Convention d’histoires d’horreur d'Anlor Winn 2626. (HRP : Toussaint 2023—)