Courir dans l'hiver : Différence entre versions

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''L'histoire que je vais vous raconter est basée sur une compétition traditionnelle matisse dont j'ai eu connaissance par un vieil ami qui y avait participé autrefois. J'en ai fait une histoire.<br>
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'''''L'histoire que je vais vous raconter est basée sur une compétition traditionnelle matisse dont j'ai eu connaissance par un vieil ami qui y avait participé autrefois. J'en ai fait une histoire.
''Mon ami se nommait Collix et il m'a raconté ce qu'il avait vécu pendant cette compétition, ici-même, à Matia. Mais je vais vous raconter l'histoire du point de vue d'un jeune Matis que j'ai baptisé Cillis.
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{{Quotation| |
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'''''Mon ami se nommait Collix et il m'a raconté ce qu'il avait vécu pendant cette compétition, ici-même, à Matia. Mais je vais vous raconter l'histoire du point de vue d'un jeune Matis que j'ai baptisé Cillis.
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[[File:Course-Hiver.jpg|400px|right|Itinéraire]]
 
Cillis avait peur. Mais, comme tous les jeunes Matis de son âge, il ne voulait pas le montrer. Pas devant tous les autres Matis rassemblés sur la place du sanctuaire de l'Autel de Jena, et encore moins devant son équipière. La machine flottante, construite dans ce matériau étrange qu'utilisait la Karavan, ronronnait et bourdonnait au-dessus de leurs têtes. Ses gardiens la regardaient d'un air impassible et surveillaient les alentours.
 
Cillis avait peur. Mais, comme tous les jeunes Matis de son âge, il ne voulait pas le montrer. Pas devant tous les autres Matis rassemblés sur la place du sanctuaire de l'Autel de Jena, et encore moins devant son équipière. La machine flottante, construite dans ce matériau étrange qu'utilisait la Karavan, ronronnait et bourdonnait au-dessus de leurs têtes. Ses gardiens la regardaient d'un air impassible et surveillaient les alentours.
  
 
Prudemment, le jeune Matis jeta un coup d'œil à Nehi. Elle semblait calme et posée, ses cheveux châtains étaient attachés en queue de cheval et sa peau de lait luisait doucement au soleil du matin. Elle serrait le bâton de liaison dans sa paume levée. Sa prise était ferme et les jointures de ses phalanges saillaient légèrement.
 
Prudemment, le jeune Matis jeta un coup d'œil à Nehi. Elle semblait calme et posée, ses cheveux châtains étaient attachés en queue de cheval et sa peau de lait luisait doucement au soleil du matin. Elle serrait le bâton de liaison dans sa paume levée. Sa prise était ferme et les jointures de ses phalanges saillaient légèrement.
  
Les enfants se connaissaient depuis longtemps et avaient commencé à s'entraîner à la course aussitôt après le tirage au sort, deux semaines auparavant. Il aimait bien Nehi. Il n'y avait qu'une chose qui le dérangeait chez elle : lorsqu'il regardait la fillette, plus grande que lui d'une tête, il ressentait une étrange pression dans sa poitrine. Comme si quelque chose voulait sortir de lui, mais ne le pouvait pas. Elle était une bonne équipière pour la course et malgré ses jambes plus longues, elle s'adaptait à sa vitesse et faisait attention à ne pas trop tirer sur le bâton de liaison. Le bâton lisse en bois sombre, long d'environ trois coudées, qui ne facilitait pas vraiment la traversée de la forêt.
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Les deux enfants se connaissaient depuis longtemps et avaient commencé à s'entraîner à la course aussitôt après le tirage au sort, deux semaines auparavant. Il aimait bien Nehi. Il n'y avait qu'une chose qui le dérangeait chez elle : lorsqu'il regardait la fillette, plus grande que lui d'une tête, il ressentait une étrange pression dans sa poitrine. Comme si quelque chose voulait sortir de lui, mais ne le pouvait pas. Elle était une bonne équipière pour la course et malgré ses jambes plus longues, elle s'adaptait à sa vitesse et faisait attention à ne pas trop tirer sur le bâton de liaison. Le bâton lisse en bois sombre, long d'environ trois coudées, qui ne facilitait pas vraiment la traversée de la forêt.
  
 
Comme elle écoutait attentivement les paroles de l'Intendant d'Yrkanis, l'attention de Cillis se porta aussi sur celui-ci.
 
Comme elle écoutait attentivement les paroles de l'Intendant d'Yrkanis, l'attention de Cillis se porta aussi sur celui-ci.
 
:« ''Homins !'' dit l'Intendant d'une voix forte.
 
:« ''Homins !'' dit l'Intendant d'une voix forte.
:« ''Fiers Matis ! Une fois encore, un cycle achève sa boucle d'éternel retour. Et une fois encore, nous nous retrouvons ici pour célébrer ce jour et assister à la traditionnelle course des enfants.'' »
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:« ''Fiers Matis ! Une fois encore, un cycle achève sa boucle d'éternel retour. Et une fois encore, nous nous retrouvons ici pour célébrer ce jour et assister à la traditionnelle Course dans l'Hiver.'' »
 
Des applaudissements discrets ponctuèrent ses paroles et çà et là se firent entendre des acclamations.
 
Des applaudissements discrets ponctuèrent ses paroles et çà et là se firent entendre des acclamations.
Mais pas celles des coureurs. Ils étaient tous tendus et certains semblaient nerveux comme des yubos d'une semaine. Cillis espérait que les autres n'attribueraient pas ses tremblements à l'émotion, mais au froid qui s'insinuait lentement à travers sa fine veste.
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Mais pas celles des coureurs. Ils étaient tous tendus et certains semblaient nerveux comme des yubos d'une semaine. Cillis espérait que les autres n'attribueraient pas ses tremblements à l'émotion, mais au froid qui s'insinuait lentement à travers sa fine veste. L'Intendant poursuivit :
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:« ''Comme à chaque changement de cycle depuis notre arrivée dans les Nouvelles Terres, de nombreux jeunes Matis se retrouvent ici aujourd'hui pour éprouver leur force, leur courage, leur habileté, leur honneur et leur ténacité. Et pour montrer à nous tous Matis, qu'ils font partie des meilleurs que notre peuple puisse produire.'' »
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Des cris de joie éclatèrent alors parmi les homins rassemblés. Cillis, dans l'ambiance ainsi créée, voyait chaque applaudissement dissiper un peu de sa peur.
  
L'Intendant poursuivit :
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:'''''Vlan !
:« ''Comme à chaque changement de cycle depuis notre arrivée dans les Nouvelles Terres, de nombreux jeunes Matis se retrouvent ici aujourd'hui pour éprouver leur force, leur courage, leur habileté, leur honneur et leur ténacité. Et pour montrer à nous tous Matis, qu'ils font partie des meilleurs que notre peuple puisse produire.'' »
 
Des cris de joie éclatèrent alors parmi les homins rassemblés. Cillis, dans l'ambiance ainsi créée, voyait chaque applaudissement dissiper un peu de sa peur.
 
:'''Vlan !
 
 
Une boule de neige s'abattit sur l'arrière de sa tête. Le jeune Matis se retourna et vit Bunis, l'arrogant rejeton du Lieutenant de la Garde Royale, qui essuyait lentement et avec suffisance sa main droite sur son pourpoint. Son équipier, Cordesi, souriait comme sourient les gingos en regardant Cillis. Nehi se retourna également et fixa froidement les deux Matis.
 
Une boule de neige s'abattit sur l'arrière de sa tête. Le jeune Matis se retourna et vit Bunis, l'arrogant rejeton du Lieutenant de la Garde Royale, qui essuyait lentement et avec suffisance sa main droite sur son pourpoint. Son équipier, Cordesi, souriait comme sourient les gingos en regardant Cillis. Nehi se retourna également et fixa froidement les deux Matis.
 
:« ''De toute façon, cette équipe de fillettes n'arrivera même pas jusqu'aux Graines Vertes'' », siffla Bunis.
 
:« ''De toute façon, cette équipe de fillettes n'arrivera même pas jusqu'aux Graines Vertes'' », siffla Bunis.
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Et tout autour de lui, d'autres coureurs ricanaient derrière leurs mains.
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Avant que Cillis n'ait pu répondre, la voix de l'Intendant retentit à nouveau :
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:« ''Les vingt équipes présentes vont commencer dans quelques minutes leur Course dans l'Hiver. Elles n'auront pas toutes la vie facile et toutes seront tous mises à l'épreuve. Comme toujours, des éclaireurs expérimentés sont déjà postés partout dans les bois qui rendront compte des actions et du comportement des coureurs. Lesquels ne sont soumis qu'à une seule règle : nul ne doit être blessé ! Pour le reste, les coureurs ont le droit de faire tout ce qui peut les avantager. Cette année encore, la course, au départ d'Yrkanis, passera par Natae puis Davae pour se terminer à Avalae. Là, mon collègue vous accueillera et, après avoir entendu les rapports des éclaireurs, il désignera les vainqueurs.'' »
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Cillis regarda à nouveau Nehi. Elle était mince et musclée, plus jeune que lui d'un été et pourtant de plus haute taille. Elle tapait du pied sur place, comme beaucoup des enfants qui patientaient, les bottes légères n'étant pas faites pour la neige. Les orteils de Cillis fourmillaient aussi légèrement, mais il ne voulait pas passer pour un bébé yubo. La tradition voulait que la course se dispute en tenue légère de réfugié. C'est à dire celle des premiers messagers entre les villes encore en construction, longtemps auparavant, lorsque les matériaux nécessaires à la confection de tissus plus solides ne pouvaient encore être collectés.
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:« ''Tous à la porte de la ville, maintenant !'' » cria l'Intendant.
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:« ''Allez homins ! Que votre course commence !'' »
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Sur l'appel de l'Intendant, une première équipe se lança : deux fillettes tenant fermement le bâton entre elles se mirent à courir sur la route. C'était le signe qu'elles ne courraient pas pour gagner mais qu'elle souhaitaient seulement terminer la course. Car l'itinéraire empruntant la route balisée était à la fois plus facile et plus long que celui, direct, qui passait par la forêt au sol recouvert d'une épaisse couche de neige qui rendait la course difficile.
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Trois équipes encore devaient prendre le départ avant Cellis et sa partenaire. Elle lui adressa un sourire qui lui réchauffa le cœur. Mais il vit alors que Nehi aussi était terriblement nerveuse : l'excitation brillait dans ses yeux et de petits nuages sortaient de ses lèvres au rythme rapide de sa respiration.
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:« ''Alors, qu'en penses-tu ?'' dit-elle, ''La forêt ou la route ?'' »
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Un peu surpris par la question et mortifié qu'elle puisse le prendre pour un lâche, Cillis resta un instant sans voix. Et sa réponse ne fut pas aussi assurée qu'elle aurait dû :
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:« ''Hein ? La f… forêt… LA FORÊT ! Bien sûr !'' »
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Nehi continuait à lui sourire et semblait satisfaite. Avait-elle vraiment pensé qu'il choisirait la voie de la facilité ? Il n'était certes pas aussi grand et fort que Bunis, mais il était sûr de pouvoir traverser la forêt.
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Derrière eux, Cordesi chuchota quelque chose à l'oreille de son équipier bien bâti, lequel éclata de rire. Cillis jeta un coup d'œil par-dessus son épaule et vit ce dernier faire disparaître quelque chose dans la poche de son pantalon. Lorsque Bunis remarqua son regard, sa bouche dévoila une rangée de grandes dents dans un sourire narquois.
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:« ''Tu sais, petit. Pas de règles, sauf une. Attention à ne pas lâcher votre bâton.'' »
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Du plat de la main, il poussa Cillis dans le dos et le fit avancer d'un pas, de sorte que son bras et celui de Nehi se tendirent soudain sur le bâton. Or, si l'un des coureurs lâchait le bâton le reliant à son équipier cela était considéré comme une maladresse, voire une "tricherie" : une partie du défi consistait à courir ensemble.
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[[File:Matis text divider 01.png|200px|center]]
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C'était maintenant au tour de Cillis et de Nehi de prendre le départ. Dans quelques instants, ils commenceraient eux aussi leur course. Les mains du jeune Matis commençaient à se couvrir de sueur alors que son souffle s'élevait devant lui en un nuage épais, comme celui d'un bodoc excité.
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:« ''Allez Homins! Votre course commence maintenant !'' »
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Comme ils s'y étaient entraînés, ils partirent tous deux la jambe droite en premier et s'efforcèrent d'imprimer un rythme régulier à leurs mouvements. Aussitôt franchie la porte de la ville, ils bifurquèrent vers la forêt, prenant la direction de l'Arène Matis et suivant les traces de leurs prédécesseurs. Il n'était pas facile de garder le rythme dans la neige. Le cœur de Cillis battait à tout rompre. Malgré leur entraînement et le froid, ils furent rapidement en sueur, mais tous deux continuèrent à se hâter sous les grosses racines et entre les arbres en faisant s'éparpiller devant eux maints yubos effarés. La paroi austère et lisse de l'immense construction de bois connue sous le nom d'Arène Matis fut bientôt en vue et le soleil matinal scintilla sur les stalactites glacés qui y étaient suspendus. Les enfants se faufilèrent entre les arches de racines à hauteur d'homin qui encerclaient l'énorme structure et passèrent devant son entrée avant de continuer en direction de Natae.
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[[File:Course-Hiver-N.png|200px|left|Natae]]Là, l'Hôte d'Accueil de la petite cité leur fit un signe de tête de loin puis, profitant d'une brève pause dans leur course, noua un premier ruban, bleu, sur leur bâton. C'était la preuve qu'ils avaient franchi la première étape. Mais le plus difficile était devant eux : la traversée de la forêt dense, le long du bord du plateau sur lequel se trouvaient les collines vertes.
  
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À peine avaient-ils parcouru quelques centaines de mètres et atteint le bord de la falaise qu'ils aperçurent des corps élancés de prédateurs se faufilant avec agilité dans le sous-bois. Les enfants stoppèrent net leur course.
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:« ''Bon sang,'' chuchota Nehi, ''si la meute nous repère, seule Jena pourra nous sauver.'' »
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Son regard violet trahissait la peur et Cillis était sûr que son amie pouvait clairement lire dans ses yeux verts ce que lui-même pensait à ce moment-là. Prudemment, il fit un pas en arrière.
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:« ''Au secours ! Quelqu'un m'entend ?! AU SECOURS !!!'' »
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La voix grave d'un homin, quelque part devant eux. Les jeunes Matis se regardèrent, effrayés.
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:« ''Les ragus ont encerclé quelqu'un là-bas.'' » dit Cillis d'une voix tremblante.
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Nehi se contenta d'acquiescer silencieusement. Dans son regard se lisait une question inexprimée. Les pensées du garçon se bousculèrent. Il porta la main à ses cheveux teints en vert et et en tripota nerveusement une longue mèche. Nehi se mordilla la lèvre inférieure. Leurs genoux à tous deux tremblaient sous le froid, l'effort et la peur. Puis Nehi fit un pas en avant. Cillis la regarda avec surprise. Elle hocha la tête.
  
Et autour de lui, d'autres binômes de coureurs ricanaient malicieusement derrière des mains tenues.
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D'un même mouvement, les deux adolescents se précipitèrent. En criant et en hurlant.
Avant que Cillis ne puisse répondre quelque chose, la voix de l'intendant retentit à nouveau.
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Cillis attrapa une branche au sol et l'agita violemment au-dessus de sa tête. Les ragus sursautèrent et s'éparpillèrent d'abord dans une fuite instinctive, mais ils se remettraient vite de leur frayeur et leur meute était certainement plus forte que les enfants.
''Les vingt binômes présents ici vont commencer leur course à travers l'hiver dans quelques minutes.
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:« ''Hého ! Les Kamis soient remerciés. Aidez-moi. Remontez-moi !!!'' »
Ils n'auront pas tous la vie facile. Et ils seront tous testés.
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La voix venait de plus bas sur la falaise. Ils s'avancèrent prudemment pour regarder par-dessus le bord. À environ trois mètres en dessous, un homin était accroupi sur une étroite corniche accrochée à la falaise. L'homin roux et vigoureux leva les yeux vers les enfants et le soulagement se lut sur ses traits durs et anguleux. Il se mit prudemment sur ses pieds. Sa peau était brune et tannée par les intempéries, mais ses yeux brillaient d'un éclat jaune, doré comme l'ambre. Il portait la tenue des messagers de la Guilde Impériale de Pyr.
Des scouts expérimentés seront postés dans les bois, comme toujours, pour rendre compte du comportement et des actions des binômes.
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Comme chaque année, il n'y a qu'une seule règle :
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:« ''Un Fyros ?'' » s'exclama Nehi.
Personne ne doit être blessé !
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Ils dévisagèrent l'homin qui leur souriait nerveusement.
Sinon, les coureurs sont autorisés à faire tout ce qui leur convient.
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:« ''Oui. Ça t'étonne, hein ? Mais où sont vos parents ? Ils s'occupent de ces sales bêtes ?'' » demanda-t-il sur un ton étonnamment désinvolte.
Comme chaque année, l'itinéraire mène d'Yrkanis, via Natae, Davae, à Avalae. Là, mon collègue vous recevra, et après avoir entendu les rapports de Éclaireur, il décidera des vainqueurs.''
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:— ''Hum… Non. Nos parents sont à Yrkanis.'' » répondit Cillis.
Cillis a de nouveau regardé Nehi. Elle était mince et forte.
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Nehi lui donna un coup de coude dans les côtes et le garçon allait protester lorsqu'il vit l'expression sur le visage du Fyros. Celle du désespoir.
Un été plus jeune que lui, mais plus grand.
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Elle trottinait sur place, comme beaucoup d'enfants qui attendaient, ses bottes légères n'étant pas faites pour la neige.
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:« ''Quoi ? Mais… Comment je suis censé retourner là-haut alors ? Et que ferez-vous quand les bêtes reviendront ?'' »
Les orteils de Cilli ont aussi légèrement picoté, mais il ne voulait pas qu'on pense qu'il était un petit yubo.
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Les enfants se jetèrent un coup d'œil.
La tradition voulait que la course ne soit couverte que d'un léger vêtement de réfugié.
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:« ''Nous devons l'aider.'' » dit Cillis.
Comme l'ont fait, il y a longtemps, les premiers messagers entre les villes encore inachevées, qui manquaient de matériaux pour fabriquer des tissus plus solides.
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Il regarda son amie dans les yeux et son estomac se serra. Elle acquiesça de la tête. Cillis lâcha alors le bâton.
''Allons maintenant à la porte de la ville !'' s'écria l'intendant.
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''Qu'est-ce que tu fais ?''
Lylanea macht eine kleine Pause
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:— ''Personne ne nous voit, et tu es plus forte que moi. Baisse le bâton vers lui pour qu'il puisse se hisser dessus. Je te tiens.'' »
''Aux potes ! Votre course commence maintenant !''
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Une expression étrange se dessina brièvement sur le visage de Nehi, puis elle hocha résolument la tête et s'allongea sur le ventre. Cillis saisit ses jambes et se tira en arrière de toute sa force et de tout son poids. Le bâton atteignit de justesse les mains tendues du Fyros. L'homin s'élança d'un coup sec au dessus des épaules de Nehi qui serrait les dents. Elle sentit la prise de Cillis sur ses chevilles se resserrer encore, mais glissa légèrement vers l'avant.
Avec cet appel du récepteur de la ville, le premier binôme a décollé.
+
''Ne lâche pas !'' » s'exclama le Fyros, dont les pieds pendaient maintenant au-dessus du précipice.  
Les deux filles marchent dans la rue, serrant le bâton entre elles.
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Plaçant une main sur l'autre, il se hissa lentement sur la paroi de bois glacée.
Un signe certain qu'ils ne cherchaient pas à gagner et voulaient juste en finir avec la course.
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Nehi qui se sentait déjà glisser sur le sol enneigé, entendit Cillis lâcher entre ses dents serrées :
Le chemin par la route balisée était plus long et plus facile que de traverser directement la forêt et la neige profonde qui s'y trouvait.
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:« ''Je glisse !'' »
Toujours trois binômes devant lui et Nehi.
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Elle lui a souri. Il se sentait chaud...
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''Allez, ils ne peuvent pas être bien loin ! On va les rattraper !'' »
Mais il voyait maintenant qu'elle aussi était terriblement nerveuse.
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L'appel assourdi parvint aux oreilles de Cillis depuis la forêt. Bunis !
L'excitation brillait dans ses yeux et sa respiration se faisait en petits nuages rapides sur ses lèvres.
+
Cillis tourna la tête et vit à quelque distance courir leurs deux concurrents. Le plus fort traînait littéralement son équipier plus menu dans la neige.
''Eh bien, qu'en pensez-vous ? Forêt ou sentier ?''
+
''Bunis ! Cordesi ! Aidez-nous ! Ici !!'' »
Un peu surprise par cette question et honteuse puisqu'elle le prenait pour un lâche, la voix de Cilli a un peu faibli.
+
Au cri de Cillis les deux coureurs s'arrêtèrent et regardèrent autour d'eux. Cordesi le repéra en premier et commença immédiatement à sprinter dans sa direction. Mais il fut rapidement rappelé à l'ordre : Bunis le tira dans la direction opposée. Le cœur de Cillis s'arrêta presque de battre. Il ne pouvait pas le croire. Bunis, ce fils de gingo ! Un juron sauvage, familier de son père, lui échappa et un grand « ''Ooh !!'' » s'éleva de la falaise.
Sa réponse ne semblait pas aussi confiante qu'elle le devrait.
+
:« ''Arrêtez-vous les enfants ! S'il vous plaît !'' »
''Eh ?. W...forest. - FORET ! - Bien sûr !''
+
Nehi gémit. Les muscles de ses bras minces saillaient comme des cordes tendues, près de rompre.
Nehi a continué à lui sourire et semblait heureux de cela.
+
 
Avait-elle vraiment pensé qu'il choisirait la solution de facilité ?
+
C'est alors que Cillis entendit le grognement derrière lui. Il aperçut un mouvement rapide dans le sous-bois à sa gauche puis, peu après, un autre sa droite, accompagné d'un aboiement guttural.
Il n'était pas aussi grand et fort que Bunis, mais il était sûr que ça suffirait.
+
:« ''Ils reviennent !
Derrière eux, Cordesi a chuchoté quelque chose à l'oreille de son partenaire de course musclé, qui a alors éclaté de rire.
+
:— ''Jena, on ne va pas y arriver,'' gémit Nehi, ''il est trop lourd.
Cillis jeta un coup d'œil par-dessus son épaule et vit le type dégingandé faire disparaître quelque chose dans la poche de son pantalon.
+
:— ''Tenez bon, les enfants. Vous y êtes presque. Encore un petit effort. »
Lorsque Bunis a remarqué son regard, sa bouche a dévoilé une rangée de grandes dents dans un sourire narquois.
+
Les mots sortaient nerveux de la bouche du Fyros, le souffle court.
''Tu sais, mon petit. Pas de règles mais une seule. Assurez-vous de ne pas lâcher votre personnel.''
+
Cillis grimaça en percevant à nouveau un mouvement près de lui : un grand ragus efflanqué s'approchait, un grognement rauque s'échappant de sa gueule.
Avec le plat de son Emprise, le garçon plus grand lui a donné un coup dans le dos, propulsant Cillis en avant d'un pas de sorte que son bras et celui de Nehi soient tendus sur le bâton de liaison.
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On considérait qu'il y avait ''tricherie'' et gauche si l'un des coureurs laissait échapper le Emprise du bâton.
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Les oreilles collées au crâne, l'animal se recroquevilla sur ses pattes arrière et se prépara à bondir sur sa proie sans défense. Cillis lâcha la jambe droite de Nehi. Ils glissèrent un peu vers l'avant et son amie ainsi que le Fyros poussèrent un cri de terreur presque à l'unisson. Cillis saisit la branche qui se trouvait encore près de lui dans la neige et la lança sur la bête bondissante. Avec fracas, la branche heurta le crâne du ragus, qui fut propulsé par son propre élan au-delà du bord de la falaise. Enveloppé d'un nuage de neige, le prédateur tomba en hurlant en direction du Fyros qui s'écarta in extremis pour ne pas être emporté par l'animal qui gigotait dans sa chute. Nehi laissa échapper un grognement de douleur. Une fois encore, tous trois glissèrent un peu plus loin.  La cage thoracique de la fillette était maintenant presque entièrement suspendue au-dessus du précipice. Si l'un d'eux perdait l'équilibre, ce serait la fin.
Une partie du défi consistait à courir ensemble.
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Maintenant, c'était à Cillis et Nehi de jouer.
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Un deuxième et un troisième ragus apparurent, et le tumulte autour des homins indiquait qu'au moins cinq autres de ces prédateurs se rapprochaient. Le garçon, désespéré, agita frénétiquement la branche autour de lui, empêchant ainsi les animaux de lui sauter dessus, au moins temporairement. Mais ils ne tiendraient pas longtemps. Une courte prière à Jena se forma dans la tête de Cillis. Elle fut entendue.
Dans quelques instants, ils commenceront eux aussi leur course.
+
 
Les mains du garçon Matis sont lentement devenues humides de sueur.
+
Quelque chose claqua en frappant les arbres derrière la tête du garçon et une avalanche de neige gronda, ensevelissant presque une partie de la meute de ragus. Les animaux effrayés s'égaillèrent aussitôt dans le sous-bois proche. Une autre explosion se fit entendre tout près de l'un des ragus et l'animal poussa un bref hurlement avant de s'enfuir.
Et son souffle se répandait en un épais nuage devant lui, comme celui d'un Bodoc excité.
+
Des cris et des appels sauvages résonnaient dans la forêt. À travers les arbres, un groupe d'enfants brandissant des branches et des bâtons arrivait en courant. Bunis, en tête, utilisait son bâton comme une massue pour frapper les prédateurs. Il poussa un grand cri de triomphe lorsque les ragus s'éloignèrent. Puis il s'approcha de Cillis, laissa tomber son bâton et saisit la jambe droite de Nehi. Deux autres garçons se laissèrent tomber dans la neige de chaque côté de Nehi et saisirent chacun un bras du Fyros. Pendant que deux filles tiraient de toutes leurs forces Nehi par son gilet, ils firent ensemble passer l'homin par-dessus le bord du précipice avant de tomber assis dans la neige.
''Aux homins ! Votre course commence maintenant !''
+
 
Comme ils s'étaient entraînés, ils ont tous deux commencé par leur jambe droite et ont essayé d'obtenir un rythme régulier dans leurs mouvements.
+
Ils étaient allongés l'un près de l'autre, respirant difficilement. Cillis regardait le ciel d'où la couronne de Jena, la grande planète aux anneaux, semblait le contempler. Quand tout à coup, Cordesi entra dans son champ de vision :
Immédiatement après avoir quitté le portail, ils ont tourné dans la forêt, prenant le chemin direct vers Matis Arena et suivant les traces de leurs prédécesseurs.
+
'', vous deux ! Vous êtes bien installés là ?'' » dit-il en souriant.
Il n'était pas facile de garder le pas dans la neige.
+
Cillis remarqua alors que le bras de Bunis était posé sur sa poitrine. Surpris, il le repoussa et se redressa brusquement. Nehi s'accroupit à sa gauche et lui sourit. Le garçon pouvait clairement sentir le sang lui monter aux oreilles et la chaleur lui monter au visage. Les deux filles qui avaient aidé Nehi gloussèrent et Cordesi éclata de rire.
Le cœur de Cilli battait dans sa gorge.
+
 
Malgré l'entraînement et le froid, ils ont rapidement transpiré et les deux enfants ont su,
+
Puis, d'un seul coup, Cillis fut tiré vers le haut et des bras puissants s'enroulèrent autour de son corps.
Plus loin, ils se précipitèrent sous de grosses racines et le long des arbres, des yubos effrayés dérivant devant eux.
+
''La bénédiction des Kamis soit sur vous les enfants !'' »
Le mur aride et lisse de l'énorme structure en bois connue sous le nom de Matis Arena est apparu, et le soleil du matin a fait scintiller les glaçons qui y sont suspendus.
+
Le Fyros assit Cillis sur ses épaules et se mit à danser de façon exubérante et à tourner sur place, tout en applaudissant et en criant dans sa propre langue. Nehi riait et Bunis se tenait le ventre en riant. Cependant, Cillis ne remarqua pas grand chose de tout ça. Il avait envie de se jeter dans le précipice… juste pour échapper à cet embarras.
Les enfants se faufilent entre les arches de racines de taille humaine qui entourent l'énorme structure et passent devant son entrée. En route vers Natae.
+
[[File:Course-Hiver-D.png|140px|right|Davae]]La surprise fut grande à Davae lorsque la petite troupe franchit la porte de la ville. Cillis était toujours sur les épaules du Fyros, qui les avait divertis tout le long du chemin avec des chansons de sa patrie et ne cessait d'appeler sur eux la bénédiction des Kamis. Cordesi leur avait montré en chemin ce qu'il avait fait pour chasser les ragus : cachés dans ses poches, il y avait une fronde et quelques pétards, de simples pétards qui pourtant faisaient plus de bruit qu'autre chose.
Le receveur de la colonie les a salués de loin et, dans un bref moment de repos, a noué le premier ruban bleu autour de leur bâton.
+
''Mais assez pour alerter d'autres équipes.'' » ajouta-t-il avec un sourire.
Pour prouver qu'ils avaient maîtrisé cette étape.
+
Bunis admit qu'il avait pû paraître méprisable en emmenant ainsi son partenaire loin des appels au secours. Mais il avait bien vu les ragus rôdant dans la forêt et avait compris qu'à eux deux seuls, ils n'avaient aucune chance d'apporter une aide efficace. C'est pourquoi ils explorèrent alors la forêt aux alentours à la recherche d'autres équipes pour les assister.
Maintenant, cependant, la partie la plus difficile de la route se trouve devant eux.
+
 
À travers la forêt dense, le long du bord du plateau sur lequel se trouvaient les collines vertes.
+
L'Intendant de la cité vint à leur rencontre et exigea de savoir ce qui s'était passé, comment il se faisait qu'aucune équipe n'était arrivée à Davae depuis si longtemps et qu'un groupe aussi nombreux se présentait maintenant. Les enfants se mirent immédiatement à lui répondre, babillant tous à la fois. Mais le Fyros roux leva bientôt les mains en signe d'apaisement avant de demander le silence d'une voix forte et d'enchaîner :
À peine avaient-ils parcouru quelques centaines de mètres et atteint le bord de la falaise qu'ils aperçurent des corps élancés de prédateurs se faufilant dans le sous-bois.
+
''Ces enfants m'ont sauvé la vie aujourd'hui. Je vous remercie d'avoir ce jour honoré ce qu'il m'ont dit être une tradition de votre peuple.'' »
Les enfants ont arrêté leur course brusquement.
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Il rapporta brièvement, avec des mots appropriés, ce qui s'était passé et souligna le courage des enfants. Il mentionna particulièrement Nehi, qui l'avait tenu si vaillamment et si longuement. L'Intendant écouta attentivement et finit par hocher la tête. Puis il fouilla dans son gilet et se tourna vers les enfants :
''Merde.'' chuchota Nehi.
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''Voici les rubans rouges. Tous ceux qui veulent continuer vers Avalae doivent s'en procurer un le plus tôt possible.'' »
''Si la meute nous remarque, seule Jena peut nous sauver.''
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Cillis s'agita sur l'épaule du Fyros, lequel le déposa rapidement au sol. Nehi avait déjà tendu le bâton à l'Hôte d'Accueil de la cité et maintenant le ruban rouge de Davae y flottait. Cillis saisit le bâton et s'immobilisa. Près d'eux, Bunis et Cordesi reçurent ensuite leur ruban. Puis les deux fillettes et enfin la paire de garçons. Et c'est unis que les jeunes Matis quittèrent Davae pour effectuer en groupe le reste du parcours.
Son regard violet trahissait la peur et Cillis était sûr que sa petite amie pouvait clairement voir ce qu'il pensait dans ses yeux verts.
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[[File:Course-Hiver-A.png|180px|left|Avalae]]Lorsque ils atteignirent Avalae, une petite foule s'était rassemblée à la porte pour les accueillir. Et quand l'Intendant de la cité distribua les rubans dorés, l'air se remplit d'acclamations et d'applaudissements. Lorsque le dernier couple fut arrivé, de nombreux résidents des autres cités du Jardin Majestueux qui voulaient célébrer avec eux tous la fin de la course les rejoignirent.
Avec prudence, il a fait un pas en arrière.
+
   « ''Matis ! Regardez ces enfants qui ont terminé la Course dans l'Hiver. Ils ont tous prouvé qu'ils avaient de l'endurance, de la force et du courage. Mais certains d'entre eux ont accompli quelque chose de spécial en cette année bénie.'' »
''Au secours ! Est-ce que quelqu'un m'entend ? - AIDE ! !!''
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Il fit une courte pause pour faire signe au groupe entourant Cillis et Nehi. Le visage rougi par l'excitation, les enfants s'avancèrent. La voix de l'Intendant tonna alors sur l'assemblée :
La voix profonde d'un homme, plus loin devant.
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:« ''Ces enfants ont lâché leur bâton !'' »
Les jeunes Matis se regardèrent, effrayés.
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Sur ces mots le silence se fit dans la foule. Cillis était choquée. Nehi, Bunis et les autres semblaient eux aussi abasourdis.
''Les Ragus ont quelqu'un encerclé là-bas.'' Cillis a senti sa voix trembler.
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:« ''Ils ont brisé une tradition de la course. Ce sont tous des "truqueurs".'' »
Nehi a juste hoché la tête en silence. Dans son regard, il y avait la question non exprimée.
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Il a regardé chacun des enfants d'un air sévère avant d'élever à nouveau la voix.
Les pensées du garçon s'emballent.
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   « ''Cependant, ils ont fait ce qu'il fallait ! Ils ont agi dans l'esprit de la course. Ils en ont compris le sens. Une vie a été sauvée parce que ces enfants ont placé l'important et le juste au-dessus des simples règles du jeu et qu'ils ont compris la valeur de la coopération.'' »
Il a passé la main dans ses cheveux verts teints et a tiré nerveusement sur une longue mèche.
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Les applaudissements fusèrent de nouveau, tous les enfants furent hissés sur les épaules et la vraie fête put enfin commencer.
Nehi se mordit la lèvre inférieure et leurs deux genoux tremblaient de froid, d'effort et de peur.
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Puis, cependant, Nehi a fait un pas en avant. Cillis l'a regardée avec surprise.
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Au milieu du brouhaha de la foule, Cillis trouva ses parents et courut vers eux. Sa mère l'embrassa avec effusion et si un père devait jamais se tenir debout plus fièrement que le sien, son gilet exploserait sûrement. Une main se posa alors sur l'épaule de Cillis. Se retournant, il découvrit Nehi accompagnée du messager fyros.
Elle a hoché la tête.
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:« ''Maintenant, vous deux, je dois continuer et accomplir ma mission, dit ce dernier. Je vous dois la vie, c'est vous qui m'avez trouvé et vous avez eu le courage de m'aider. Je vous en remercie. Que les Kamis vous protègent. Et si un jour vous venez à Pyr, demandez Collix Becoubs. C'est moi, et vous serez toujours les bienvenus dans ma maison, toujours.'' »
Comme un Homin les deux adolescents se sont précipités en avant. Rugissant bruyamment et raillant.
 
Cillis a attrapé une branche du sol et l'a balancée au-dessus de sa tête.
 
Les Ragus ont d'abord sursauté et se sont dispersés dans une fuite instinctive, mais ils se sont vite remis de leur frayeur et leur meute était certainement plus forte que les enfants.
 
''Allô ? ! Merci Kami. Aidez-moi ! Remontez-moi ! !!''
 
La voix venait de sous la falaise.
 
Ils s'avancent prudemment pour regarder par-dessus le bord.
 
Là-bas, à environ 3 mètres de profondeur, s'est accroupi un Homin sur une étroite corniche dans la paroi abrupte.
 
L'homme roux et costaud a levé les yeux vers les enfants et un soulagement évident a jailli de ses traits durs et anguleux.
 
Il s'est levé avec précaution.
 
Sa peau était brune et usée par le temps, mais ses yeux brillaient d'un éclat jaunâtre, doré comme de l'ambre.
 
Il portait le doublet d'un messager de la guilde impériale de Pyr.
 
"Ein Fyros?" entfuhr es Nehi.
 
Ils fixent le Homin qui leur sourit nerveusement.
 
"Oui, tu es étonné, n'est-ce pas ? - Mais où sont vos parents ? Est-ce qu'ils chassent ces salauds ?", dit-il avec un accent étonnamment léger.
 
"Euh - Non... Nos parents sont à Yrkanis".
 
"Nehi a poussé son coude sur le côté de Cillis et le garçon était sur le point de protester quand il a vu l'expression sur le visage de Fyros.
 
Le désespoir.
 
''Quoi, mais... Comment je suis supposé retourner -haut alors ? Et que ferez-vous quand les animaux reviendront ?''
 
Les enfants se regardèrent.
 
''Nous devons l'aider.'' Cillis a regardé dans les yeux de sa petite amie et son estomac s'est serré.
 
Elle a encore hoché la tête.
 
Cillis a lâché le bâton.
 
''Qu'est-ce que tu fais ?''
 
''Personne n'a vu, et tu es plus fort que moi.
 
Abaissez le bâton vers lui pour qu'il puisse se hisser dessus. Je vais te tenir.'' Une expression étrange s'est brièvement installée sur le visage de Nehi, puis elle a hoché la tête de manière décisive et s'est installée sur le ventre.
 
Cillis a attrapé ses jambes et s'est arc-bouté en arrière de toute sa force et de tout son poids.
 
Le bâton a juste atteint les mains tendues de Fyros.
 
Il fit un mouvement et une forte secousse traversa les épaules de Nehi.
 
Elle a serré les dents et a senti la prise de Cilli sur ses chevilles se resserrer encore plus.
 
Et pourtant, elle a glissé un peu en avant.
 
''Ne me lâchez pas !''
 
Il a échappé aux Fyros, dont les pieds pendaient maintenant au-dessus de l'abîme.
 
Mettant un Emprise sur l'autre, il s'est lentement hissé sur le mur de bois glacé.
 
''Je glisse !'' a entendu Nehi presser son amie entre ses dents.
 
Elle sentait déjà le mouvement sur le sol glissant de la neige.
 
"Allez ! Ils ne peuvent pas être beaucoup plus loin ! Nous les rattraperons !'' Un doux appel de la forêt est parvenu aux oreilles de Cilli.
 
Bunis !
 
La tête de Cilli s'est retournée et elle a vu ses deux concurrents courir à une certaine distance.
 
Le garçon costaud a littéralement entraîné son partenaire plus longiligne dans la neige.
 
"Bunis ! Cordesi ! Aidez-nous ! - Ici !"
 
À peine le cri de Cilli a-t-il retenti que les deux coureurs s'arrêtent et regardent autour d'eux.
 
Cordesi l'a repéré en premier et a immédiatement commencé à sprinter dans sa direction.
 
Mais il a été brusquement tiré en arrière.
 
Bunis l'a entraîné dans la direction opposée. Le cœur de Cilli s'est presque arrêté.
 
Il ne pouvait pas le croire. Bunis, ce fils de gingo !
 
Un juron sauvage, recueilli par son père, lui échappa.
 
Un grand ''Ooh ! !!'' a résonné dans le ravin devant eux. Tenez bon les enfants ! S'il vous plaît ! !!''
 
Nehi a gémi. Les muscles de ses bras minces ressortaient comme des cordes tendues jusqu'à l'éclatement.
 
C'est alors que Cillis a entendu le grognement derrière lui.
 
Un mouvement rapide dans le sous-bois à sa gauche. Un moment plus tard, sur la droite, on entend l'aboiement d'un Ragus.
 
''Ils reviennent !''
 
''Jena, on ne peut pas faire ça'', a gémi Nehi.
 
''Il est trop lourd.''
 
''Tenez bon, les enfants. Vous y êtes presque. Juste un peu plus loin.''
 
Les mots semblaient nerveux et de mauvaise humeur.
 
Cillis a grimacé quand il a vu du mouvement à côté de lui.
 
Un grand Ragus maigre s'est approché d'elle et un grognement rauque s'est échappé de son museau.
 
Les oreilles couchées près du corps, l'animal s'est accroupi sur ses pattes arrière et a commencé à sauter sur sa proie sans défense.
 
Cillis a lâché la jambe droite de Nehi.
 
Ils ont glissé un peu en avant et sa petite amie et le Fyros au-dessus du ravin ont crié de frayeur presque simultanément.
 
Cillis saisit la branche qui gisait encore dans la neige à côté de lui et la balança vers l'animal qui s'approchait.
 
La branche s'est écrasée contre le crâne de Ragus, dont le propre élan le catapultait maintenant au bord de la falaise.
 
En hurlant, dans un nuage de neige, le voleur est tombé vers le site Fyros.
 
Afin de ne pas être emporté par l'animal frétillant, il a pivoté sur le côté au dernier moment.
 
Nehi a gémi de douleur. Et à nouveau, ils ont glissé un peu plus vers l'avant.
 
La poitrine de la fille pendait maintenant presque complètement au-dessus du précipice.
 
Si l'un d'eux perdait l'équilibre, c'était fini.
 
Un deuxième et un troisième Ragus apparurent.
 
Et d'après les bruits qui l'entouraient, il estimait qu'il y avait au moins cinq autres prédateurs.
 
Le garçon désespéré agita frénétiquement la branche autour de lui, empêchant ainsi les animaux de lui sauter dessus, du moins dans un premier temps.
 
Ils ne dureraient pas longtemps, cependant.
 
Une prière en rafale à Jena se forma dans la tête de Cilli.
 
Il a été entendu.
 
Quelque chose a heurté les arbres en diagonale derrière sa tête et une avalanche de neige s'est abattue, enterrant presque une partie du sac de Ragus.
 
Les animaux effrayés ont plongé dans les sous-bois proches.
 
Une fois de plus, il a frappé juste à côté d'un des Ragus et la bête a poussé un petit glapissement et s'est enfuie.
 
Des cris et des hurlements sauvages ont résonné dans la forêt.
 
À travers les arbres, un groupe d'enfants est arrivé en courant, balançant des branches et des bâtons.
 
Bunis en tête, qui utilisait son bâton comme une massue pour frapper les prédateurs.
 
Il poussa un grand cri de triomphe lorsque les Ragus s'éloignèrent.
 
S'arrêtant à côté de Cillis, il a laissé tomber son bâton et a attrapé la jambe droite de Nehi.
 
Deux autres garçons sont tombés dans la neige à côté de Nehi, chacun saisissant un des bras de Fyro.
 
Deux filles ont attrapé le doublet de Nehi et ont tiré dessus.
 
Ensemble, ils ont fait basculer l'homme par-dessus le bord du précipice et sont tombés à califourchon dans la neige.
 
Respirant lourdement, ils sont allongés côte à côte.
 
Cillis fixait le ciel, où la couronne de Jena, la grande planète annelée, le regardait.
 
Tout à coup, Cordesi est entré dans son champ de vision.
 
"Hé, vous deux ! Vous êtes bien installés en bas ?" sourit-il.
 
Cillis a remarqué que le bras de Buni était posé sur sa poitrine.
 
Surpris, il l'a repoussé et s'est levé d'un coup sec.
 
Nehi s'est accroupi à sa gauche et lui a souri.
 
Le garçon pouvait clairement sentir le sang lui monter aux oreilles et la chaleur lui monter au visage.
 
Les deux filles qui avaient aidé Nehi ont gloussé et Cordesi a éclaté de rire.
 
Puis, d'un seul coup, Cillis a été soulevé par des bras puissants qui se sont enroulés autour de son corps.
 
''Les bénédictions de Kami sur vous les enfants !''
 
Le Fyros fit asseoir Cillis sur ses épaules et se mit à danser de façon exubérante, tournant sur place.
 
Ce faisant, il a applaudi et crié dans sa propre langue.
 
Nehi a ri et Bunis s'est tenu le ventre en riant.
 
Cependant, Cillis n'a pas remarqué grand chose.
 
Il avait envie de sauter dans la gorge.
 
Juste pour échapper à cet embarras.
 
À Davae, la surprise a été grande lorsque la petite troupe a franchi la porte de la ville.
 
Cillis toujours sur les épaules du Fyros, qui les avait divertis tout au long du chemin avec des chansons de sa patrie et leur promettait encore et encore la bénédiction des esprits kami.
 
Cordesi leur avait montré en chemin ce qu'il fait avait pour faire fuir les Ragus.
 
Cachés dans ses poches, il y avait une fronde et des pétards.
 
De simples feux d'artifice qui faisaient plus de bruit qu'autre chose,
 
''Ou à d'autres binômes'', a-t-il ajouté avec un sourire.
 
Bunis a admis qu'il devait avoir l'air étrange quand il a éloigné son partenaire d'eux.
 
Mais il avait vu les Ragus dans la forêt et avait compris que seuls, ils n'avaient aucune chance d'aider.
 
Ils ont donc couru dans différentes directions pour demander de l'aide aux autres binômes.
 
Le surintendant du village est venu à leur rencontre et a exigé de savoir ce qui s'était passé, qu'aucun binôme n'était arrivé depuis si longtemps et ensuite un tel groupe.
 
Les enfants se mirent aussitôt à babiller, mais le Fyros aux cheveux rouges leva les mains en signe d'apaisement et demanda le silence d'une voix forte.
 
''Ces enfants m'ont sauvé la vie aujourd'hui. Je Merci vous avez pratiqué cette tradition de votre peuple aujourd'hui même, comme ils me l'ont dit.''
 
Il a rapporté brièvement, avec des mots appropriés, ce qui s'était passé et a souligné le courage des enfants.
 
Il a surtout pointé du doigt Nehi, qui l'avait tenu si courageusement et si longtemps.
 
L'arbitre a écouté attentivement et a finalement hoché la tête.
 
Puis il a fouillé dans son doublet et s'est tourné vers les enfants.
 
''Voici les rubans rouges. Tous ceux qui veulent aller plus loin sur Avalae doivent s'en procurer un le plus rapidement possible.''
 
Cillis s'agite sur l'épaule de Fyros et il le dépose rapidement.
 
Nehi avait déjà tendu le bâton à l'adresse Hote d&apos;Accueil des Villages et maintenant le ruban rouge de Davae y flottait.
 
Cillis saisit le bâton et s'arrêta.
 
À côté d'eux, Bunis et Cordesi ont reçu leur ruban.
 
Puis les deux filles et enfin le binôme de garçons.
 
Unis, les jeunes Matis ont maintenant couru le reste du parcours en peloton.
 
Quand ils ont atteint Aavale,
 
De nombreux Homins s'étaient rassemblés à la porte pour les accueillir.
 
Et lorsque l'intendant du village a distribué les rubans dorés, l'air a été rempli d'acclamations et d'applaudissements.
 
Lorsque le dernier binôme est arrivée, elle était accompagné de nombreux Homins de Yrkanis qui voulaient célébrer la fin de la course avec eux tous.
 
Enfin, l'intendant a levé les bras et s'est adressé aux homins rassemblés.
 
''Matis ! Regardez ces enfants qui ont terminé leur parcours pendant l'hiver.
 
Ils ont tous prouvé qu'ils avaient de l'endurance, de la force et du courage.
 
Mais certains d'entre eux ont accompli quelque chose de spécial au cours de cette année bénie.''
 
Il a fait une courte pause pour faire signe au groupe autour de Cillis d'avancer.
 
La tête rouge d'excitation, les enfants s'avancèrent.
 
"Ces enfants ont lâché leurs baguettes !" tonna sa voix par-dessus l'assemblée.
 
Le silence s'est répandu.
 
Cillis était choquée.
 
Nehi, Bunis et les autres avaient également l'air perplexe.
 
''Ils ont brisé la tradition de la course à pied. Ils sont tous ''loosey-goosey''.
 
Il a regardé chacun des enfants avec sérieux.
 
Puis il a encore élevé la voix.
 
"Mais ils ont fait ce qu'il fallait !
 
Ils ont agi dans l'esprit de la course.
 
Ils ont compris ce qu'il voulait dire.
 
Une vie a été sauvée parce que ces enfants ont placé ce qui était important et juste au-dessus des simples règles du jeu et ont compris qu'il était nécessaire de travailler ensemble.
 
Lylanea dit : Des acclamations ont éclaté et une fois de plus, tous les enfants ont été soulevés sur des épaules, la vraie célébration a finalement commencé.
 
Au milieu de l'agitation, Cillis a trouvé ses parents et a couru vers eux.
 
Sa mère l'a embrassé avec effusion et si un père pouvait apporter un peu plus de fierté à son stand, son gilet exploserait sûrement.
 
Un Emprise s'est également installé sur l'épaule de Cilli.
 
Nehi et le messager Fyros se tenaient là.
 
''Maintenant, vous deux. Je dois continuer et mener à bien ma mission.
 
Je vous dois la vie.
 
C'est vous qui m'avez trouvé et vous avez eu le courage de m'aider.
 
Pour cela, je vous donne Merci. Que le site Kami vous protège.
 
Si vous venez un jour à Pyr, demandez Collix Becoubs.
 
Je le suis, et tu es le bienvenu dans ma maison pour toujours.''
 
 
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<center><small>''Cette histoire a été contée par [[User:Lylanea Vicciona|Lylanea]], lors de la [[Rencontre des Bardes II|deuxième Rencontre des Bardes]] qui s'est tenue en Mystia 2612-4 (HRP : Avril 2021).''</small>
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Version actuelle datée du 17 mars 2023 à 16:10

de:Lauf durch den Winter
en:Running in the winter
es:Correr en invierno
fr:Courir dans l'hiver

L'histoire que je vais vous raconter est basée sur une compétition traditionnelle matisse dont j'ai eu connaissance par un vieil ami qui y avait participé autrefois. J'en ai fait une histoire.

Mon ami se nommait Collix et il m'a raconté ce qu'il avait vécu pendant cette compétition, ici-même, à Matia. Mais je vais vous raconter l'histoire du point de vue d'un jeune Matis que j'ai baptisé Cillis.

-–—o§O§o—–-
Itinéraire

Cillis avait peur. Mais, comme tous les jeunes Matis de son âge, il ne voulait pas le montrer. Pas devant tous les autres Matis rassemblés sur la place du sanctuaire de l'Autel de Jena, et encore moins devant son équipière. La machine flottante, construite dans ce matériau étrange qu'utilisait la Karavan, ronronnait et bourdonnait au-dessus de leurs têtes. Ses gardiens la regardaient d'un air impassible et surveillaient les alentours.

Prudemment, le jeune Matis jeta un coup d'œil à Nehi. Elle semblait calme et posée, ses cheveux châtains étaient attachés en queue de cheval et sa peau de lait luisait doucement au soleil du matin. Elle serrait le bâton de liaison dans sa paume levée. Sa prise était ferme et les jointures de ses phalanges saillaient légèrement.

Les deux enfants se connaissaient depuis longtemps et avaient commencé à s'entraîner à la course aussitôt après le tirage au sort, deux semaines auparavant. Il aimait bien Nehi. Il n'y avait qu'une chose qui le dérangeait chez elle : lorsqu'il regardait la fillette, plus grande que lui d'une tête, il ressentait une étrange pression dans sa poitrine. Comme si quelque chose voulait sortir de lui, mais ne le pouvait pas. Elle était une bonne équipière pour la course et malgré ses jambes plus longues, elle s'adaptait à sa vitesse et faisait attention à ne pas trop tirer sur le bâton de liaison. Le bâton lisse en bois sombre, long d'environ trois coudées, qui ne facilitait pas vraiment la traversée de la forêt.

Comme elle écoutait attentivement les paroles de l'Intendant d'Yrkanis, l'attention de Cillis se porta aussi sur celui-ci.
« Homins ! dit l'Intendant d'une voix forte.
« Fiers Matis ! Une fois encore, un cycle achève sa boucle d'éternel retour. Et une fois encore, nous nous retrouvons ici pour célébrer ce jour et assister à la traditionnelle Course dans l'Hiver. »
Des applaudissements discrets ponctuèrent ses paroles et çà et là se firent entendre des acclamations.
Mais pas celles des coureurs. Ils étaient tous tendus et certains semblaient nerveux comme des yubos d'une semaine. Cillis espérait que les autres n'attribueraient pas ses tremblements à l'émotion, mais au froid qui s'insinuait lentement à travers sa fine veste. L'Intendant poursuivit :
« Comme à chaque changement de cycle depuis notre arrivée dans les Nouvelles Terres, de nombreux jeunes Matis se retrouvent ici aujourd'hui pour éprouver leur force, leur courage, leur habileté, leur honneur et leur ténacité. Et pour montrer à nous tous Matis, qu'ils font partie des meilleurs que notre peuple puisse produire. »
Des cris de joie éclatèrent alors parmi les homins rassemblés. Cillis, dans l'ambiance ainsi créée, voyait chaque applaudissement dissiper un peu de sa peur.

Vlan !
Une boule de neige s'abattit sur l'arrière de sa tête. Le jeune Matis se retourna et vit Bunis, l'arrogant rejeton du Lieutenant de la Garde Royale, qui essuyait lentement et avec suffisance sa main droite sur son pourpoint. Son équipier, Cordesi, souriait comme sourient les gingos en regardant Cillis. Nehi se retourna également et fixa froidement les deux Matis.
« De toute façon, cette équipe de fillettes n'arrivera même pas jusqu'aux Graines Vertes », siffla Bunis.
Et tout autour de lui, d'autres coureurs ricanaient derrière leurs mains.

Avant que Cillis n'ait pu répondre, la voix de l'Intendant retentit à nouveau :
« Les vingt équipes présentes vont commencer dans quelques minutes leur Course dans l'Hiver. Elles n'auront pas toutes la vie facile et toutes seront tous mises à l'épreuve. Comme toujours, des éclaireurs expérimentés sont déjà postés partout dans les bois qui rendront compte des actions et du comportement des coureurs. Lesquels ne sont soumis qu'à une seule règle : nul ne doit être blessé ! Pour le reste, les coureurs ont le droit de faire tout ce qui peut les avantager. Cette année encore, la course, au départ d'Yrkanis, passera par Natae puis Davae pour se terminer à Avalae. Là, mon collègue vous accueillera et, après avoir entendu les rapports des éclaireurs, il désignera les vainqueurs. »

Cillis regarda à nouveau Nehi. Elle était mince et musclée, plus jeune que lui d'un été et pourtant de plus haute taille. Elle tapait du pied sur place, comme beaucoup des enfants qui patientaient, les bottes légères n'étant pas faites pour la neige. Les orteils de Cillis fourmillaient aussi légèrement, mais il ne voulait pas passer pour un bébé yubo. La tradition voulait que la course se dispute en tenue légère de réfugié. C'est à dire celle des premiers messagers entre les villes encore en construction, longtemps auparavant, lorsque les matériaux nécessaires à la confection de tissus plus solides ne pouvaient encore être collectés.

« Tous à la porte de la ville, maintenant ! » cria l'Intendant.
« Allez homins ! Que votre course commence ! »
Sur l'appel de l'Intendant, une première équipe se lança : deux fillettes tenant fermement le bâton entre elles se mirent à courir sur la route. C'était le signe qu'elles ne courraient pas pour gagner mais qu'elle souhaitaient seulement terminer la course. Car l'itinéraire empruntant la route balisée était à la fois plus facile et plus long que celui, direct, qui passait par la forêt au sol recouvert d'une épaisse couche de neige qui rendait la course difficile.

Trois équipes encore devaient prendre le départ avant Cellis et sa partenaire. Elle lui adressa un sourire qui lui réchauffa le cœur. Mais il vit alors que Nehi aussi était terriblement nerveuse : l'excitation brillait dans ses yeux et de petits nuages sortaient de ses lèvres au rythme rapide de sa respiration.
« Alors, qu'en penses-tu ? dit-elle, La forêt ou la route ? »
Un peu surpris par la question et mortifié qu'elle puisse le prendre pour un lâche, Cillis resta un instant sans voix. Et sa réponse ne fut pas aussi assurée qu'elle aurait dû :
« Hein ? La f… forêt… LA FORÊT ! Bien sûr ! »
Nehi continuait à lui sourire et semblait satisfaite. Avait-elle vraiment pensé qu'il choisirait la voie de la facilité ? Il n'était certes pas aussi grand et fort que Bunis, mais il était sûr de pouvoir traverser la forêt.

Derrière eux, Cordesi chuchota quelque chose à l'oreille de son équipier bien bâti, lequel éclata de rire. Cillis jeta un coup d'œil par-dessus son épaule et vit ce dernier faire disparaître quelque chose dans la poche de son pantalon. Lorsque Bunis remarqua son regard, sa bouche dévoila une rangée de grandes dents dans un sourire narquois.
« Tu sais, petit. Pas de règles, sauf une. Attention à ne pas lâcher votre bâton. »
Du plat de la main, il poussa Cillis dans le dos et le fit avancer d'un pas, de sorte que son bras et celui de Nehi se tendirent soudain sur le bâton. Or, si l'un des coureurs lâchait le bâton le reliant à son équipier cela était considéré comme une maladresse, voire une "tricherie" : une partie du défi consistait à courir ensemble.

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C'était maintenant au tour de Cillis et de Nehi de prendre le départ. Dans quelques instants, ils commenceraient eux aussi leur course. Les mains du jeune Matis commençaient à se couvrir de sueur alors que son souffle s'élevait devant lui en un nuage épais, comme celui d'un bodoc excité.
« Allez Homins! Votre course commence maintenant ! »
Comme ils s'y étaient entraînés, ils partirent tous deux la jambe droite en premier et s'efforcèrent d'imprimer un rythme régulier à leurs mouvements. Aussitôt franchie la porte de la ville, ils bifurquèrent vers la forêt, prenant la direction de l'Arène Matis et suivant les traces de leurs prédécesseurs. Il n'était pas facile de garder le rythme dans la neige. Le cœur de Cillis battait à tout rompre. Malgré leur entraînement et le froid, ils furent rapidement en sueur, mais tous deux continuèrent à se hâter sous les grosses racines et entre les arbres en faisant s'éparpiller devant eux maints yubos effarés. La paroi austère et lisse de l'immense construction de bois connue sous le nom d'Arène Matis fut bientôt en vue et le soleil matinal scintilla sur les stalactites glacés qui y étaient suspendus. Les enfants se faufilèrent entre les arches de racines à hauteur d'homin qui encerclaient l'énorme structure et passèrent devant son entrée avant de continuer en direction de Natae.

Natae
Là, l'Hôte d'Accueil de la petite cité leur fit un signe de tête de loin puis, profitant d'une brève pause dans leur course, noua un premier ruban, bleu, sur leur bâton. C'était la preuve qu'ils avaient franchi la première étape. Mais le plus difficile était devant eux : la traversée de la forêt dense, le long du bord du plateau sur lequel se trouvaient les collines vertes.


À peine avaient-ils parcouru quelques centaines de mètres et atteint le bord de la falaise qu'ils aperçurent des corps élancés de prédateurs se faufilant avec agilité dans le sous-bois. Les enfants stoppèrent net leur course.
« Bon sang, chuchota Nehi, si la meute nous repère, seule Jena pourra nous sauver. »
Son regard violet trahissait la peur et Cillis était sûr que son amie pouvait clairement lire dans ses yeux verts ce que lui-même pensait à ce moment-là. Prudemment, il fit un pas en arrière.
« Au secours ! Quelqu'un m'entend ?! AU SECOURS !!! »
La voix grave d'un homin, quelque part devant eux. Les jeunes Matis se regardèrent, effrayés.
« Les ragus ont encerclé quelqu'un là-bas. » dit Cillis d'une voix tremblante.
Nehi se contenta d'acquiescer silencieusement. Dans son regard se lisait une question inexprimée. Les pensées du garçon se bousculèrent. Il porta la main à ses cheveux teints en vert et et en tripota nerveusement une longue mèche. Nehi se mordilla la lèvre inférieure. Leurs genoux à tous deux tremblaient sous le froid, l'effort et la peur. Puis Nehi fit un pas en avant. Cillis la regarda avec surprise. Elle hocha la tête.

D'un même mouvement, les deux adolescents se précipitèrent. En criant et en hurlant.
Cillis attrapa une branche au sol et l'agita violemment au-dessus de sa tête. Les ragus sursautèrent et s'éparpillèrent d'abord dans une fuite instinctive, mais ils se remettraient vite de leur frayeur et leur meute était certainement plus forte que les enfants.
« Hého ! Les Kamis soient remerciés. Aidez-moi. Remontez-moi !!! »
La voix venait de plus bas sur la falaise. Ils s'avancèrent prudemment pour regarder par-dessus le bord. À environ trois mètres en dessous, un homin était accroupi sur une étroite corniche accrochée à la falaise. L'homin roux et vigoureux leva les yeux vers les enfants et le soulagement se lut sur ses traits durs et anguleux. Il se mit prudemment sur ses pieds. Sa peau était brune et tannée par les intempéries, mais ses yeux brillaient d'un éclat jaune, doré comme l'ambre. Il portait la tenue des messagers de la Guilde Impériale de Pyr.

« Un Fyros ? » s'exclama Nehi.
Ils dévisagèrent l'homin qui leur souriait nerveusement.
« Oui. Ça t'étonne, hein ? Mais où sont vos parents ? Ils s'occupent de ces sales bêtes ? » demanda-t-il sur un ton étonnamment désinvolte.
Hum… Non. Nos parents sont à Yrkanis. » répondit Cillis.
Nehi lui donna un coup de coude dans les côtes et le garçon allait protester lorsqu'il vit l'expression sur le visage du Fyros. Celle du désespoir.

« Quoi ? Mais… Comment je suis censé retourner là-haut alors ? Et que ferez-vous quand les bêtes reviendront ? »
Les enfants se jetèrent un coup d'œil.
« Nous devons l'aider. » dit Cillis.
Il regarda son amie dans les yeux et son estomac se serra. Elle acquiesça de la tête. Cillis lâcha alors le bâton.
« Qu'est-ce que tu fais ?
Personne ne nous voit, et tu es plus forte que moi. Baisse le bâton vers lui pour qu'il puisse se hisser dessus. Je te tiens. »
Une expression étrange se dessina brièvement sur le visage de Nehi, puis elle hocha résolument la tête et s'allongea sur le ventre. Cillis saisit ses jambes et se tira en arrière de toute sa force et de tout son poids. Le bâton atteignit de justesse les mains tendues du Fyros. L'homin s'élança d'un coup sec au dessus des épaules de Nehi qui serrait les dents. Elle sentit la prise de Cillis sur ses chevilles se resserrer encore, mais glissa légèrement vers l'avant.
« Ne lâche pas ! » s'exclama le Fyros, dont les pieds pendaient maintenant au-dessus du précipice.
Plaçant une main sur l'autre, il se hissa lentement sur la paroi de bois glacée.
Nehi qui se sentait déjà glisser sur le sol enneigé, entendit Cillis lâcher entre ses dents serrées :
« Je glisse ! »

« Allez, ils ne peuvent pas être bien loin ! On va les rattraper ! »
L'appel assourdi parvint aux oreilles de Cillis depuis la forêt. Bunis !
Cillis tourna la tête et vit à quelque distance courir leurs deux concurrents. Le plus fort traînait littéralement son équipier plus menu dans la neige.
« Bunis ! Cordesi ! Aidez-nous ! Ici !! »
Au cri de Cillis les deux coureurs s'arrêtèrent et regardèrent autour d'eux. Cordesi le repéra en premier et commença immédiatement à sprinter dans sa direction. Mais il fut rapidement rappelé à l'ordre : Bunis le tira dans la direction opposée. Le cœur de Cillis s'arrêta presque de battre. Il ne pouvait pas le croire. Bunis, ce fils de gingo ! Un juron sauvage, familier de son père, lui échappa et un grand « Ooh !! » s'éleva de la falaise.
« Arrêtez-vous les enfants ! S'il vous plaît ! »
Nehi gémit. Les muscles de ses bras minces saillaient comme des cordes tendues, près de rompre.

C'est alors que Cillis entendit le grognement derrière lui. Il aperçut un mouvement rapide dans le sous-bois à sa gauche puis, peu après, un autre sa droite, accompagné d'un aboiement guttural.
« Ils reviennent !
Jena, on ne va pas y arriver, gémit Nehi, il est trop lourd.
Tenez bon, les enfants. Vous y êtes presque. Encore un petit effort. »
Les mots sortaient nerveux de la bouche du Fyros, le souffle court.
Cillis grimaça en percevant à nouveau un mouvement près de lui : un grand ragus efflanqué s'approchait, un grognement rauque s'échappant de sa gueule.

Les oreilles collées au crâne, l'animal se recroquevilla sur ses pattes arrière et se prépara à bondir sur sa proie sans défense. Cillis lâcha la jambe droite de Nehi. Ils glissèrent un peu vers l'avant et son amie ainsi que le Fyros poussèrent un cri de terreur presque à l'unisson. Cillis saisit la branche qui se trouvait encore près de lui dans la neige et la lança sur la bête bondissante. Avec fracas, la branche heurta le crâne du ragus, qui fut propulsé par son propre élan au-delà du bord de la falaise. Enveloppé d'un nuage de neige, le prédateur tomba en hurlant en direction du Fyros qui s'écarta in extremis pour ne pas être emporté par l'animal qui gigotait dans sa chute. Nehi laissa échapper un grognement de douleur. Une fois encore, tous trois glissèrent un peu plus loin. La cage thoracique de la fillette était maintenant presque entièrement suspendue au-dessus du précipice. Si l'un d'eux perdait l'équilibre, ce serait la fin.

Un deuxième et un troisième ragus apparurent, et le tumulte autour des homins indiquait qu'au moins cinq autres de ces prédateurs se rapprochaient. Le garçon, désespéré, agita frénétiquement la branche autour de lui, empêchant ainsi les animaux de lui sauter dessus, au moins temporairement. Mais ils ne tiendraient pas longtemps. Une courte prière à Jena se forma dans la tête de Cillis. Elle fut entendue.

Quelque chose claqua en frappant les arbres derrière la tête du garçon et une avalanche de neige gronda, ensevelissant presque une partie de la meute de ragus. Les animaux effrayés s'égaillèrent aussitôt dans le sous-bois proche. Une autre explosion se fit entendre tout près de l'un des ragus et l'animal poussa un bref hurlement avant de s'enfuir.
Des cris et des appels sauvages résonnaient dans la forêt. À travers les arbres, un groupe d'enfants brandissant des branches et des bâtons arrivait en courant. Bunis, en tête, utilisait son bâton comme une massue pour frapper les prédateurs. Il poussa un grand cri de triomphe lorsque les ragus s'éloignèrent. Puis il s'approcha de Cillis, laissa tomber son bâton et saisit la jambe droite de Nehi. Deux autres garçons se laissèrent tomber dans la neige de chaque côté de Nehi et saisirent chacun un bras du Fyros. Pendant que deux filles tiraient de toutes leurs forces Nehi par son gilet, ils firent ensemble passer l'homin par-dessus le bord du précipice avant de tomber assis dans la neige.

Ils étaient allongés l'un près de l'autre, respirant difficilement. Cillis regardait le ciel d'où la couronne de Jena, la grande planète aux anneaux, semblait le contempler. Quand tout à coup, Cordesi entra dans son champ de vision :
« Hé, vous deux ! Vous êtes bien installés là ? » dit-il en souriant.
Cillis remarqua alors que le bras de Bunis était posé sur sa poitrine. Surpris, il le repoussa et se redressa brusquement. Nehi s'accroupit à sa gauche et lui sourit. Le garçon pouvait clairement sentir le sang lui monter aux oreilles et la chaleur lui monter au visage. Les deux filles qui avaient aidé Nehi gloussèrent et Cordesi éclata de rire.

Puis, d'un seul coup, Cillis fut tiré vers le haut et des bras puissants s'enroulèrent autour de son corps.
« La bénédiction des Kamis soit sur vous les enfants ! »
Le Fyros assit Cillis sur ses épaules et se mit à danser de façon exubérante et à tourner sur place, tout en applaudissant et en criant dans sa propre langue. Nehi riait et Bunis se tenait le ventre en riant. Cependant, Cillis ne remarqua pas grand chose de tout ça. Il avait envie de se jeter dans le précipice… juste pour échapper à cet embarras.

Davae
La surprise fut grande à Davae lorsque la petite troupe franchit la porte de la ville. Cillis était toujours sur les épaules du Fyros, qui les avait divertis tout le long du chemin avec des chansons de sa patrie et ne cessait d'appeler sur eux la bénédiction des Kamis. Cordesi leur avait montré en chemin ce qu'il avait fait pour chasser les ragus : cachés dans ses poches, il y avait une fronde et quelques pétards, de simples pétards qui pourtant faisaient plus de bruit qu'autre chose.

« Mais assez pour alerter d'autres équipes. » ajouta-t-il avec un sourire.
Bunis admit qu'il avait pû paraître méprisable en emmenant ainsi son partenaire loin des appels au secours. Mais il avait bien vu les ragus rôdant dans la forêt et avait compris qu'à eux deux seuls, ils n'avaient aucune chance d'apporter une aide efficace. C'est pourquoi ils explorèrent alors la forêt aux alentours à la recherche d'autres équipes pour les assister.

L'Intendant de la cité vint à leur rencontre et exigea de savoir ce qui s'était passé, comment il se faisait qu'aucune équipe n'était arrivée à Davae depuis si longtemps et qu'un groupe aussi nombreux se présentait maintenant. Les enfants se mirent immédiatement à lui répondre, babillant tous à la fois. Mais le Fyros roux leva bientôt les mains en signe d'apaisement avant de demander le silence d'une voix forte et d'enchaîner :
« Ces enfants m'ont sauvé la vie aujourd'hui. Je vous remercie d'avoir ce jour honoré ce qu'il m'ont dit être une tradition de votre peuple. »
Il rapporta brièvement, avec des mots appropriés, ce qui s'était passé et souligna le courage des enfants. Il mentionna particulièrement Nehi, qui l'avait tenu si vaillamment et si longuement. L'Intendant écouta attentivement et finit par hocher la tête. Puis il fouilla dans son gilet et se tourna vers les enfants :
« Voici les rubans rouges. Tous ceux qui veulent continuer vers Avalae doivent s'en procurer un le plus tôt possible. »
Cillis s'agita sur l'épaule du Fyros, lequel le déposa rapidement au sol. Nehi avait déjà tendu le bâton à l'Hôte d'Accueil de la cité et maintenant le ruban rouge de Davae y flottait. Cillis saisit le bâton et s'immobilisa. Près d'eux, Bunis et Cordesi reçurent ensuite leur ruban. Puis les deux fillettes et enfin la paire de garçons. Et c'est unis que les jeunes Matis quittèrent Davae pour effectuer en groupe le reste du parcours.

Avalae
Lorsque ils atteignirent Avalae, une petite foule s'était rassemblée à la porte pour les accueillir. Et quand l'Intendant de la cité distribua les rubans dorés, l'air se remplit d'acclamations et d'applaudissements. Lorsque le dernier couple fut arrivé, de nombreux résidents des autres cités du Jardin Majestueux qui voulaient célébrer avec eux tous la fin de la course les rejoignirent.

   « Matis ! Regardez ces enfants qui ont terminé la Course dans l'Hiver. Ils ont tous prouvé qu'ils avaient de l'endurance, de la force et du courage. Mais certains d'entre eux ont accompli quelque chose de spécial en cette année bénie. »
Il fit une courte pause pour faire signe au groupe entourant Cillis et Nehi. Le visage rougi par l'excitation, les enfants s'avancèrent. La voix de l'Intendant tonna alors sur l'assemblée :
« Ces enfants ont lâché leur bâton ! »
Sur ces mots le silence se fit dans la foule. Cillis était choquée. Nehi, Bunis et les autres semblaient eux aussi abasourdis.
« Ils ont brisé une tradition de la course. Ce sont tous des "truqueurs". »
Il a regardé chacun des enfants d'un air sévère avant d'élever à nouveau la voix.
   « Cependant, ils ont fait ce qu'il fallait ! Ils ont agi dans l'esprit de la course. Ils en ont compris le sens. Une vie a été sauvée parce que ces enfants ont placé l'important et le juste au-dessus des simples règles du jeu et qu'ils ont compris la valeur de la coopération. »
Les applaudissements fusèrent de nouveau, tous les enfants furent hissés sur les épaules et la vraie fête put enfin commencer.

Au milieu du brouhaha de la foule, Cillis trouva ses parents et courut vers eux. Sa mère l'embrassa avec effusion et si un père devait jamais se tenir debout plus fièrement que le sien, son gilet exploserait sûrement. Une main se posa alors sur l'épaule de Cillis. Se retournant, il découvrit Nehi accompagnée du messager fyros.
« Maintenant, vous deux, je dois continuer et accomplir ma mission, dit ce dernier. Je vous dois la vie, c'est vous qui m'avez trouvé et vous avez eu le courage de m'aider. Je vous en remercie. Que les Kamis vous protègent. Et si un jour vous venez à Pyr, demandez Collix Becoubs. C'est moi, et vous serez toujours les bienvenus dans ma maison, toujours. »



Cette histoire a été contée par Lylanea, lors de la deuxième Rencontre des Bardes qui s'est tenue en Mystia 2612-4 (HRP : Avril 2021).