L'appel de la Sève/Seconde Partie

De EncyclopAtys


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Page officielle de la Lore de Ryzom
Dernière édition: Zorroargh, 02.11.2024

de:Der Ruf des Sap/Zweiter Teil
en:The Call of the Sap/Second Part
es:La llamada de la Savia/Segunda parte
fr:L'appel de la Sève/Seconde Partie
ru:Зов Сапа/Вторая часть

Suite de L'appel de la Sève, première Partie.

Discours extrait de l'ouvrage Luoi Dua-La, l'appel de la Sève[1]

Copie manuscrite du discours de Luoi Dua-La, désormais connue sous le nom de Sage Sève, prononcé lors de l'Assemblée des Cercles Zoraïs du Tria, Fallenor 15, 3e CA 2600, ainsi que des réponses qu'y apportèrent ses interlocuteurs de la tribu des Maîtres de la Goo.

À mesure que nous approchions du lieu du Laï-le Ban[2], nos pieds nus s'enfonçaient dans la fine couche de neige qui commençait à recouvrir la Cité-Temple. Autour de nous, des flocons virevoltaient, nous caressaient le masque ou venaient s'accrocher à nos cheveux. Devant moi, Len Fai-Cu ouvrait la marche. Je fixais son dos marqué des nombreux stigmates d'une vie de combats et de chasses. Comme lui, nous ne portions pour l'occasion qu'un simple pagne de feuilles tressées. En dépit du froid qui nous mordait la peau, je crois pouvoir dire qu'un même sentiment de confiance emplissait nos cœurs. Nos pas nous portaient vers une espérance commune qui effaçait toute incertitude.

Lorsque nous parvînmes en surplomb des gradins bondés de l'auditorium, les regards se tournèrent vers nous et une sourde rumeur parcourut l'assistance. En contrebas, nous distinguâmes une silhouette masculine vêtue d'une longue robe mauve. Nous comprîmes qu'il s'agissait du maître de cérémonie lorsqu'il frappa le sol d'un long bâton pour réclamer le silence avant de déclarer avec solennité : « Que s'avance à moi la source de notre trouble ! »
En entendant ces mots, nous descendîmes l'un après l'autre au centre de l'édifice et prîmes place devant lui. Je remarquais alors la peinture qui décorait son masque de parenté. Elle était d'un bleu particulièrement clair qui m'évoqua la pureté limpide du ciel après le passage d'une averse.

Abattant une nouvelle fois son bâton sur le sol, le maître de cérémonie énonça : « Nous sommes ici assemblés pour progresser ensemble sur le chemin de l'Illumination. Puisse la Sagesse guider nos paroles en ce jour. Nous ne sommes que d'humbles bourgeons sur l'Écorce, et aspirons à devenir de puissants Doraos. Puissent les Kamis nous préserver du Vide qui ronge et détruit, tout au long de ce chemin périlleux. J'ai pour nom Wan Fai-Du et je serai le Kai-ho[3] de ce Laï-le Ban. Je ne suis ici que pour rappeler à tous les principes qui animent notre sève : la Préservation d'Atys, la Sagesse et la recherche de l'Illumination. Que le Grand Masque Mabreka-Cho soit le modèle qui m'inspire et me guide, moi qui suis ici tel le Grand Masque face à vous. Ochi kami no[4]. »
Un murmure déférent parcourut la foule qui répéta en chœur « Ochi kami no ».

Soulevant une étoffe, Wan Fai-Du révéla alors trois objets au scintillement électrique qui reposaient sur un socle : un sceptre, un bouclier d'ambre et une courte lance. Il saisit cette dernière avant de s'avancer vers la tribune principale.
Seuls trois Zoraïs l'occupaient. Je reconnus aussitôt la plus jeune, dont les longues mèches blondes tombaient en cascade sur les frêles épaules. Il s'agissait de la Sage Sève, celle-là même que nous avions décidé de suivre pour réintégrer notre peuple. À sa gauche, un homin à l'âge vénérable scrutait chacun de nous avec intensité. J'appris plus tard que ce Sage portait le nom de Sens et qu'il était le frère du Grand Masque[5] et le doyen de la Théocratie. À ses côtés, siégeait sa disciple, une Éveillée discrète au crâne rasé et au masque peint pourvu de longues cornes.
Leur remettant respectueusement la lance, le Kai-ho s'adressa à eux : « Il vous revient à vous, les Voix du Jugement, de trouver le sentier qui nous mènera hors de ce marais ténébreux. »

Wan Fai-Du s'empara ensuite du sceptre avant de rejoindre la tribune de droite pour y questionner les quelques Initiés présents : « Qui parmi vous veut pointer le trouble qui nous inquiète ? » Un Kwaï[6] se saisit de l'objet et prit la parole : « Les Pai-ho'i[7] ont pris part à une attaque des Maîtres de la Goo sur notre Cité au cours de laquelle la Goo a été utilisée comme arme pour semer la mort. »
Une fois les faits rappelés par l’accusation, le Kai-ho se munit du bouclier d'ambre, se dirigea vers la tribune de gauche et s'enquit auprès des Initiés qui l'occupaient : « Qui parmi vous pense que les traits doivent frapper ailleurs ? » Un Kwaï accepta la rondache, avant d'indiquer : « Contre toute attente, les Pai-ho'i se sont opposé à leur cheffe et ont choisi de rejoindre nos rangs. Cela doit peser en leur faveur. »
Une fois entendu cet exposé de la défense, Wan Fai-Du revint se placer à nos côtés et entreprit de distribuer la parole tandis que débutaient les débats.
L'accusateur brandit son sceptre et, d'un signe de tête, Wan Fai-Du l'autorisa à nous interroger.

Accusateur
« Avez-vous, oui ou non, traité avec la secte des Illuminés afin d'obtenir les armes à Goo qui ont été utilisées pour attaquer Zora ? »


Len Fai-Cu 
« Oui, mais nous désapprouvions ce choix de nos dirigeants ! Nous souhaitions combattre ces fanatiques et non traiter avec eux. Nous n'avons hélas pas été entendus. »


Le défenseur éleva à son tour son bouclier d'ambre et attendit un signe du Kai-ho avant de nous questionner.

Défenseur
« Vous dites que vous n'avez pas été entendus mais qu'avez-vous fait au juste pour dissuader vos dirigeants ? »


Len Fai-Cu 
« Selon les coutumes en usage parmi les Maraudeurs, j'ai dû affronter en combat singulier le chef du Clan des Sans-Espoir pour faire entendre notre désaccord mais ma défaite nous a contraints à nous plier à leur décision. »


Accusateur 
« Pourquoi vous être pliés aux coutumes du Clan des Sans-Espoir ? »


Len Fai-Cu 
« À la mort de notre chef, sa fille lui a succédé. C'est elle qui a noué l'alliance avec ces Maraudeurs en notre nom à tous. Nous étions plusieurs à réprouver cette nouvelle allégeance mais nous n'avions d'autre choix que de nous y soumettre tant que nous étions membres de la tribu. »


Défenseur 
« Pouvez-vous nous en dire plus sur le contexte qui a conduit à cette alliance ? »


Len Fai-Cu 

« Lorsque l'expansion de la Goo s'est déclarée dans la région du Vide, nous en avons été les premières victimes. Notre camp fut submergé et plusieurs des nôtres furent contaminés et périrent. Des Maraudeurs et des Rangers nous vinrent alors en aide et nous pûmes rejoindre un refuge à la frontière avec le Bosquet Vierge. Notre tribu était donc particulièrement vulnérable lorsque s'est présentée l'opportunité d'une alliance. »

Défenseur 

« Pai-ho'i, vous avez choisi de votre plein gré de vous repentir et de rejoindre la Théocratie. Qu'est-ce qui a motivé votre décision ? »

Len Fai-Cu 
« Au-delà de nos doutes quant aux actions de notre tribu face à l'expansion de la Goo, ce sont les mots de Luoi Dua-La qui nous ont convaincus de franchir ce pas qu'aucun des nôtres n'avait franchi jusque-là. À nos yeux, elle représente l'essence de ce que le peuple Zoraï devrait être : uni et indivisible comme il l'était du temps de Zoran. La voir consacrée comme Sage par les Kamis nous a démontré que nous avions raison de croire en elle pour nous guider vers cet âge d'ambre que nous avions tort de croire perdu à jamais. »


    Après plusieurs heures de débats, Wan Fai-Du récupéra le sceptre des mains des accusateurs et le bouclier des mains des défenseurs puis les reposa cérémonieusement sur leur socle avant de s'adresser à la tribune centrale : « Il vous appartient désormais de déceler la lueur dans l'ombre, le chemin parmi les broussailles, l'ambre parmi l'écorce ».
    Il s'inclina avec respect puis se retourna vers le reste de l'assemblée pour annoncer : « Nous nous sommes perdus pour mieux nous retrouver. Puissent les Kamis guider nos pas et nous mener sur le chemin de l'Illumination. Nous nous reverrons pour entendre des paroles de Sagesse. »
Son bâton frappa le sol et les gradins se vidèrent de leurs occupants. Nous suivîmes la foule hors du bâtiment, laissant le Kai-ho seul avec les trois Voix du Jugement.

    Les délibérations se prolongèrent longtemps après la tombée du jour et c'est à la lumière de lanternes que nous regagnâmes l'auditorium pour entendre le verdict. Comme nous reprenions nos place, notre attention fut attirée par la Sage Sève qui se tenait debout face à Wan Fai-Du. Avec gravité, ce dernier l'interrogea.

Wan Fai-Du 

« Sœur, quel est ce trouble qui a gagné nos sèves ? »

Sève 
« Le 5 Fallenor, du troisième cycle atysien de l'année 2600, nous avons été témoins d'un crime effroyable : les Maîtres de la Goo ont répandu le Fléau au cœur de notre Cité-Temple dans le but de semer la mort et le chaos. »


Wan Fai-Du 
« Sœur, en quoi nos frères Pai-ho'i sont-ils responsables de cela ? »


Sève 
« Les Pai-ho'i ont tenté de dissuader leur cheffe de répandre la Goo mais se sont sentis contraints de lui obéir malgré leur désaccord. La Voie de l'Illumination est parfois tortueuse ! De même que le papillon doit parvenir à déchirer sa chrysalide pour déployer ses ailes, il a fallu que les Pai-ho'i prennent part à cette attaque pour qu'ils décident d'abandonner leur ancienne vie pour nous rejoindre. Nous, les Voix du Jugement, croyons en leur sincérité. »


Wan Fai-Du 
« Sœur, que devons-nous faire pour apaiser nos sèves ? »


Sève 
« Les repentis devront être purifiés de la souillure des Maraudeurs puis ils seront tenus d’œuvrer durant une année à soulager les malades contaminés par la Goo sous la supervision de la Guérisseuse Dynastique et de moi-même. C'est ainsi que l'équilibre sera restauré. »


    Le Kai-ho s'inclina alors respectueusement en énonçant la formule consacrée, que toute l'assemblée reprit en chœur : « Ochi Kami no »[4].
Wan Fai-Du reprit la lance des mains de Sève en déclarant : « Puissent les Kamis vous protéger, frères et sœurs, pour nous avoir montré le chemin ». Puis il replaça l'arme sur son socle et rabattit une étoffe sur celui-ci. Se retournant vers l'assistance, il frappa plusieurs fois le sol de son bâton et annonça solennellement : « Ce qui a été perdu a été retrouvé. Les errants ont retrouvé le sentier. La fleur a retrouvé le soleil. Puissions-nous tirer enseignement de tout cela ». Avant de ranger son bâton, il ajouta enfin : « J'ai pour nom Wan Fai-Du et je ne suis plus qu'un frère parmi ses frères ».

    L'aube froide éclairait nos masques tandis que nous quittions l'auditorium pour prendre la direction de la jungle. En arrivant devant une cascade, nous quittâmes nos pagnes et entrâmes dans l'eau glacée sans hésiter. En posture de méditation, nous ouvrîmes notre cœur à Ma-Duk en toute confiance. Tandis que la chute d'eau emportait avec elle nos égarements passés, un sentiment de plénitude me saisit. Le chemin de la rédemption s'ouvrait enfin à nous.

Discours extrait de l'ouvrage Luoi Dua-La, l'appel de la Sève,
écrit par Din Ha-Zhia, 2601

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  2. [HRP] Laï-le Ban : Procès traditionnel Zoraï (litt. Cérémonie d'éclaircissement)
  3. [HRP] Kai-ho : Observateur. Sa neutralité lui permet de distribuer équitablement la parole entre les tribunes.
  4. 4,0 et 4,1 [HRP] Ochi Kami no : Ainsi soit-il (litt. Ainsi le veulent les Kamis)
  5. Mabreka
  6. [HRP] Kwaï : mot signifiant « masque » en taki zoraï, c'est-à-dire « Zoraï de naissance » dans ce contexte.
  7. Pai-ho : Accusé (litt. Celui qui pose problème)