Tao-Sian s’approcha du Sage. En empathie totale avec Atys, il devait vivre au rythme des souffrances que lui infligeait la goo. Malgré tout, il affrontait sa maladie avec patience et résignation. Cela même incitait la guérisseuse à pousser toujours plus loin sa recherche de moyens de le soulager. Elle s’installa à ses côtés, attendant qu’il émerge de sa méditation.
Le jayazeng a senti ta jubilation, Tao-Sian. Qu’as-tu donc trouvé dans les stances de Daisha pour te rendre aussi heureuse ?
— Ce n’était pas dans les stances, Supplice, mais dans un cube. Un cube d'ambre qui évoquait le Puo-Kean.
— Le temps long. Que veux tu faire du Puo-Kean ?
— Tu sais que j’ai commencé à modifier la recette des Illuminés pour ne plus dépendre d’eux. Il me semble que le Puo-Kean pourrait en prolonger les effets et te permettre de bénéficier de plus longs moments de répit.
— Tao-Sian, combien de fois faudra-t-il te le dire ? Je suis accoutumé à la douleur, c’est Atys qu’il faut soigner, pas moi.
— Permets-moi d’essayer, kai’bini ! »
Le Sage hocha lentement la tête.
Le Puo-Kean ne fleurit que très rarement. Il ne faudra pas manquer ce moment.
— Je saurai attendre que la graine germe.
Il pencha la tête sur le côté puis reprit sa posture de méditation : Bientôt...
Extrait d'un cours magistral donné par la Guérisseuse Dynastique Tao-Sian à des étudiants et retranscrit par sa disciple pour les archives.
“Les infections par la Goo sont rares mais elles sont le plus souvent fatales. Nous n'avons en général à notre disposition que de rares traitements soulageant la douleur des homins infectés.
Le cas du Sage Supplice est, bien évidemment, exceptionnel. Nous devons dans ce cas parvenir à soulager sa souffrance sans pour autant rompre son lien avec Atys.
Mes recherches bibliographiques m'ont conduite à la découverte d'une plante, le Puo-Kean, dont la fleur contient un principe actif pour ainsi dire "ralentisseur". Je pensais pouvoir ainsi prolonger l'efficacité de son traitement actuel.
La floraison du Puo-Kean est fort rare et son habitat très difficile d'accès : on le trouve seulement dans les Primes Racines, dans les rares lieux où il peut bénéficier à la fois de la lumière de la surface et de l'humidité constante des profondeurs.
Ainsi, c'est seulement grâce à quantité d'homins courageux et de bonne volonté, que je dispose d'une dizaine de fleurs, soigneusement conservées dans un coffret d'écorce, vu que je souhaite ne pas avoir à demander de nouveau une telle expédition. Celle du Dua, Fallenor 8, 3e CA 2612 [2] s'est, en effet, révélée plus que périlleuse et de nombreux homins n'ont dû leur sauvegarde qu'aux Kamis. Qu'ils en soient ici loués !
Pour en revenir au Puo-Kean, il faut faire une infusion avec les fleurs hachées pour libérer le principe actif. Mais le dosage est difficile. Car si le Puo-Kean ralentit considérablement le métabolisme du patient et donc prolonge l'efficacité du traitement, il s'avère qu'il ralentit aussi le patient lui-même. Mais cela, je ne l'ai vu qu'après mon premier essai dont le résultat fut mitigé : si Supplice s'était dit soulagé par la décoction, son élocution et ses mouvements en étaient énormément ralentis…
Vu le regard légèrement courroucé que m'avait décoché Supplice après ce premier test, j'ai continué à tester le Puo-Kean en diluant considérablement le principe actif. J'espère parvenir à trouver le bon dosage. [...]Tao-Sian, Guérisseuse dynastique