Mémoires d’une homine/Chapitre I - Le commencement

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I.1 Le déménagement

Une Zoraï interpelle Eleanide :
« Hey Eleanide, tu vas où avec tes malles ?
— En désert matis.
— Ah! tu nous quittes ? Mais tu ne sais pas ce que tu veux… Tu as vécu en forêt parmi les karas qui t'ont vu grandir, puis, ici à Zora parmi les kamis qui t'ont accueillie les bras ouverts et là tu vas en Source Cachée parmi les vilains ? Tu veux quoi ? Tu es quoi ?
— Ce que je suis ? *cogite* Euh… une hoministe, c'est la seule chose dont je suis sûre. Et puis tu sais, ils ne sont pas si vilains, ce sont des homins.
— Adieu alors *la Zoraï tourne des talons pour rentrer chez elle*
— Au revoir, j'étais bien ici, crois le. Merci pour tout. »
Eleanide partit à dos de Kalista 2, sa vieille monture , suivie de ses toubs portant ses lourdes malles. Arrivée en désert, elle passa à son hall pour recharger un peu plus ses malles. Là, une gardienne l'appela :
« Hey , la couturière! tu pars où comme ca ?
— En forêt.
— Pourquoi ? T'aimes pu le soleil ?
— Si, mais un homin m'attend.
— Bha, bon vent alors ! »
Eleanide reprit la route sans se retourner.

I.2 Le déménagement (suite)

Arrivée au camp, Eleanide hésita à passer l'entrée, et, vit Bipbip foncer dans la besace qu'elle serra contre elle en murmurant « Esperanza » et rentra dans le camp. Un garde l'interpella :
« Dis, la couturière, que fais-tu ?
— Hum, je veux rentrer.
— J'ai du mal à comprendre : tu as vécu en forêt, parmi les karas, tu as vécu en jungle, parmi les kamis et là, tu voudrais vivre en Source Cachée parmi nous, les marauds ? Tu es quoi ?
— Je *toussotant* suis une hoministe.
— Ah ? *l'homin surpris* Explique-moi.
— C'est une longue histoire qui commence avec ma mère fyros…
— Oh ? *étonné*
— … et un père inconnu. Une fois mes 20 ans arrivés, ma mère me laissa sur l'île matisse. Elle me fit boire une fiole et me dit : "Blanche comme tu es, ce sera plus simple pour toi d'être acceptée ici." Je la vis disparaître dans les Racines, certainement à la recherche de mon père. Sur l'île, je fis mon apprentissage. Je découvris le forage, la chasse auprès d'Ephemede, la magie aux côtés de Glorfindel et l'entraide grâce à la belle Sithi, toujours à l'affût pour rez les petits. Je songeai en la voyant : "Plus tard, je ferai comme elle, j'aiderai mon prochain." C'est ainsi que je devins une hoministe, grâce à une blanc-bec. »

I.3 Seule ?

Quelques jours s'en suivirent où je me sentais observée à chaque passage au camp. Quand un garde m'interpella :
« Hey tu te dis hoministe mais je te vois toujours seule. Explique !
— Bah, quand j'ai quitté l'île, j'ai voulu suivre mes compagnons. Hélas, il étaient déjà partis d'Yrkanis. Je visitais seule la ville quand, au détour d'un chemin, j'entendis :

"Eleanide ?
— Oui ?'
— On m'a parlé de toi.
— Ah ?
— Tu m'épouses si je te donnes une monture ?
— Rah mais ça va pas… Pfffff…"

« Je tournai des talons en pensant que l'homin était fou. Je sus plus tard qu'il se nommait Kaanor et que les filles étaient dans le coup. *rit en se souvenant*
« Au pied d'un arbre, je vis un Matis maltraiter un Tryker. Je songeai alors que ces blancs-becs étaient bizarres. J'arrivai à l'arbre de mon demi-frère et montrai mon laisser passer. Le gardien me dit "Bienvenue chez Animi Limina."
« De là, Dantes le Tryker me surveilla pendant mes chasses, Ravenak, un fyros au cœur tendre, me confectionna mes tenues. Le pauvre ! Je ne voulais porter que du violet comme la belle Sithi de l'île. Moonblades me montra comment éviter et observer les mobs. Ah… et les filles, les filoutes de Tregian et Damaa m'apprirent à chasser le tit point bleu parfois jaune.
« En ce temps là, je forais à Towerbridge. J'y rencontrai Zoreille qui me fit découvrir le café et Ulheeya m'apprit a bien forer. Un jour en sortant d'Yrkanis, je me retrouvais aplatie par un mob. Moon me releva et cria : "File au hall et n'en bouge pas !" et je l'entendis crier : "Gardes ! Kitin ! Kitin en vue !" Je ne me retournai pas. Arrivée en bas de l'immeuble, le gardien me rassura : "Tu es trop petite pour aller les affronter. Ne t'en fais pas, les tiens vont s'en occuper."
« Un mois passa. Je pus ressortir et enfin quitter ces regards plein de dédain sur moi. Je partis vers le désert avec les filles. Elles me firent visiter Pyr et je tombai sous le charme : ahhh l'Agora, le hamamm et le bar ! *soupire* Bon oki les Fyros me guettaient d'un drôle d'œil, mais, après quelques bouteilles, ça allait nettement mieux. Hélas, le lendemain c'était l'amnésie pour eux.
« J'étais bien avec filles, on rigolait bien. Mais, voilà : les temples furent construits, maudits temples ! Beaucoup partirent, et je me retrouvai seule… enfin pas si seule. Il y avait Shen *air nostalgique* mais c'est une autre histoire.
— En fait tu te retrouves seule car les homins partent ?
— Oui, c'est un peu ça. »

I.4 Esperanza

Le lendemain, j'entendis cette voix qui devenait peu à peu familière :
« Dis, quand tu es arrivée, tu as murmuré un truc… euh… Espérance…
— Tu m'as entendue ? Ah ça… *soupir* Tout commença quand je forais au Marais sous les léchouilles de Wyac comme d'autres foreurs : Thanys, Artemisfollow, Wailfirin
— Quoi ? Thanys le Matis qui créa le bordel ?
— Un service de courtisanes. *je répondis en souriant*
— … alors que d'autres chassaient non loin comme les Amazones , Jody , Lahora, Elizoma accompagnées souvent de Millenium, Djiper. Je papotais beaucoup d'hominité avec eux. On a organisé alors une réunion de neutres. De celle-ci en découla un esprit de confiance en nous et on a créé un cri de ralliement « Esperanza » car on avait l'espoir en l'hominité.
— S'en suivirent des bruits venant des Lacs où je tombai un soir sur une réunion où le nom d'Elias apparut. Je ne me sentais pas à l'aise. J'allai pourtant à la réunion suivante qui eut lieu dans la fameuse grotte que j'avais mis un cycle à trouver, à nager en rond, la peau toute fripée.
— Et Elias? que disait il?
— Ah oui ! La réunion… Et bien mon malaise se confirma quand j'entendis qu'il était contre les KK et qu'il fallait se camoufler parmi eux pour équilibrer les forces. Moi ? Me cacher ? M'attaquer à mes amis ? Hors de question… pourtant je restai avec Animi, qui devint Kara. Et après quelques semaines, je fis de même pour rester à côté des Animi et de mon amant Shen, un homin tiraillé entre son cœur et son sombre côté matis, un membre du Cercle des Profondeurs mené par Shaarm. Il me protégea pendant la chasse aux trytonistes et aux espions, et sa maison me traita comme l'une des leurs. »

I.5 Écouter son cœur

Quelques jours durant j'entendis des murmures à mon passage. Je me retournai vers le garde et lui dit :
« Qu'y a t il ? j'ai une tache sur ma truffe ou quoi ?
— Hey ! C'est vrai que tu as été mariée ?
— Oulla oui ! Même deux fois.
— Oh ?
— Il y eut le beau ténébreux Shen, tiraillé entre son cœur et son côté matis, tiraillé entre son laboratoire et la chasse à mes côtés, un digne membre du Cercle des Profondeurs. Sa maison m'a accueillie les bras ouverts. Elle a toujours été là pour me défendre. En retour, je veillais sur chacun des membres.
« C'est d'ailleurs ainsi que je rencontrai Dorcile, Belldandy, Mutenroshi, Phyli… et Bouigyssimo qui fut plus tard mon second époux.
— Quoi ? Ce Fyros ?
— Et vi, ce bronzé, ce filou, ce coureur de jupons. Après quelques mois où il me courait après, je lui dis : « C'est soit elles, toutes, soit moi, seule » et il me répondit : « C'est toi, mais si tu m'épouses. » C'est ainsi que je devins la marraine des Cosa, des mercenaires karavaniers, de fortes têtes. Finalement, les Sèves Noires me font penser à eux : leur solidarité, leur entraide, leur protection les uns envers les autres. Tiens regardes la tite Typhanix, et bien elle en était déjà.
— Mais t'en as eu d'autres des loulous comme ça ?
— Oulla oui… Il y a eu Dwilaseth, l'étoile obsidienne, un rêveur, Polo le vieux filou qui guettait mon popotin. *rit* Ah ! Et Saeveas, le vagabond, un solitaire comme moi, un tendre ami… Ah, et à nouveau un Cosa, Jessayaneo qui me donna son amitié… Oui, il y en a eu *air nostalgique* des loulous. » *rit*
Elea tourna les talons pour rentrer chez elle, la tête pleine de souvenirs. Elle pensait déjà, à haute voix, à ce qu'elle allait préparer à son homin :
« Voyons, voyons… un civet de bodoc au vin ou un yubo à la moutarde ?
— Mais ils sont tous partis ?
— Oui, ils ont tous pris le chemin des Racines, reprenant leur vie en main et me rendant ma liberté.
— Et malgré ça tu as encore un homin ?
— Et vi ! Le cœur a ses raisons que la Raison ne connaît pas… écoute ton cœur, tu verras. »

1.6 La couturière

«  Dis la couturière… J'ai un trou à mon gilet, tu pourrais le repriser ?
— Euh… *regarde la vieille frusque qu'il porte, sort son mètre et prend les mesures* Plus sage que je t'en refasse un.
— Vrai, tu vas faire ca ?
— Bah oui, pourquoi pas ? J'ai ce qu'il faut en toubs »
Je commençai à coudre, je sentais qu'il me guettait.
« T'en fais pas, je vais pas laisser des aiguilles. *rit* Je réserve ça aux blancs-becs.
— Ah ? Au fait, comment tu es devenue couturière ?
— Et bien voilà : après les temples, il y eut de gros changements. beaucoup prirent la route des Racines. Beaucoup d'artisans partirent. À cette époque, j'aidais beaucoup les petits. Comme je ne trouvais pas leur équipement, je dus commencer à le faire. Je me mis donc à l'artisanat. Je travaillais un peu tout mais, très vite, je pris en passion la couture. Trouver la fibre qui donnera de l'élasticité ou de la résistance, trouver comment faire de jolies tenues de couleurs. Je passai des jours et des nuits dans mes recherches, ma grande amie Taraforest me soutenant au mieux, une vraie coach. *rit*
Taraforest la matisse au chapeau de Tryker?
— Oui c'est bien d'elle que je parle. Ensuite je fus soutenue par la tite Abyssandra et sa guynouille.
— La tite des Légions Fyros qui savait pas compter ?
— Vi, c'est elle. Elle aussi qui devint une cercleuse, une couturière d'armures lourdes. Puis, je fus soutenue par Kiwalie. *sourit* C'est ainsi que je dus forer partout pour pouvoir les équiper tous, quel que soit l'homin. J'ouvris ma boutique et je prêtai mes aiguilles à tous, comme encore aujourd'hui. Et voilà, ton gilet est fini !
— Merci ! *enfile son nouveau gilet et constate qu'il gratte moins* Euh… Je peux te demander un nouveau pantalon aussi ?
— Oui, *dit-elle en souriant* tu peux. »

1.7 Forage

« Hey la couturière ! Tu fores vraiment partout ?
— Euh, oui. Je te l'ai déjà dit , ça me permet de faire toutes les armures. D'ailleurs tu m'as pas dit ce que tu voulais…
— La même que je porte. Je ne suis pas libre de porter ce que je veux, en étant garde
— Pff… Dommage
— Mais le forage c'est lent, tu t'ennuie pas ?
— Bah j'étais foreuse. À mon arrivée de l'île matisse, je t'ai expliqué, je me retrouvais souvent seule. Donc j'allais forer. Je papotais avec les autres foreurs. Une fois mon apprentissage fini, je me suis concentrée sur la recherche de matières excellentes en forêt. Je passai une année à observer sans parfois comprendre. *baisse la tête* Agacée, je suis descendue en Primes voir si je comprendrais mieux. Avec ce forage là, j'ai aidé Shen à apprendre à faire les lourdes.
— Pourquoi ? Tu utilisais pas tes matières ?
— Bah, nha. À cette époque je revendais ou donnais l'intégralité de mes récoltes. J'étais foreuse pas artisane. Il y avait beaucoup d'artisans doués en ce temps là.
— Il en a eu de la chance.
— Roohh, oui, et il n'a pas été le seul. J'ai aidé Alchimi pour ses armes, Req un peu pour je ne sais pu quel craft. En échange de petites matières, elles me fournissaient en armures moyennes de haute finition. C'était le temps du troc, des négociations, ma 3ème spécialité.
— C'est quoi les autres ?
— Alors voyons… La 1ère, pour sûr, le papotage, c'est çà le forage. *rit* La 2ème, disons la couture, car on me demande encore beaucoup de tites tenues violettes ou sexy ; la 3ème c'est le troc, pour trouver ce qui manque aux amis ou à moi-même ; la 4ème, le forage, bien que je ne fore pu je reste une foreuse "Pioche un jour, pioche toujours !" et la 5ème, la magie curative.
— Euh… tu fais que çà ?
— Oulla, non! je suis une touche-à-tout.
— Une quoi ?
— J'essaye un peu tout et je vois si ça me plaît ou pas. Allez je file faire ta tenue. »

I.8 Tatie

Elea reconnut bien cette voix qui l'interpella :
« Hey! La couturière ! Pourquoi on t'appelle tatie?
— Ah ça… *sourit* Et bien, tu te souviens je t'ai parlé de Sithi, la belle matisse vêtue de violet qui était bloquée sur l'île matisse. J'avais dit que je voulais aider mon prochain comme elle. Et bien je l'ai fait.
— Quoi ? Tu es retournée sur l'île ?
— Mais nha nigaud ! *sourit* On ne pouvait pas. Quand je rencontrais sur le continent un petit qui débutait, je lui donnais des sous, quelques équipements et je l'aidais un peu, soit en lui apprenant le forage, soit en l'amenant, là où il n'avait pas encore été. Hélas après les temples, beaucoup d'artisans sont partis. C'est à ce moment là que j'ai commencé mon apprentissage de l' artisanat pour équiper, moi même, les petits. J'en ai profité pour les initier à la mode.
— Les fashion victims ?
*rit* Tu sais, certains ont été célèbres par leur goût : Carishina se présenta à un défilé de Miss Atys avec une jolie tenue de sa création, un mix de vert et rouge. De mémoire, c'était un gilet Li'Shaï-Don rouge sur robe Modi Vestini verte avec des manches Li'Nin-ka rouges. Elle lui avait même donné un nom : Printemps ardent. Ah, je regrette que mes lucios aient été brulés. *d'un seul coup rit* Ah, et il y a eu Nilstilar aussi, dont le célèbre pyjama parut dans la Gazette du Désert n°6. Il était fier de sa création.
Certains furent doués, d'autres moins. Mais, je me souviens de chacun d'entre eux. Certains foulent encore l'Ecorce dont le petit qui un jour me sortit « Dis, j'ai pas eu de maman, mais toi, tu es tout comme. Je peux t'appeler tatie? » Que répondre à part « Oui » à ce petit que j'avais pris sous mon aile car j'avais connu son grand frère.
— C'est ainsi que tu devins la tatie d'Atys.
— Euh, pas de tout Atys, *sourit* mais de mes protégés. Certains sont devenus kara, d'autres kami et encore d'autres maraudeurs. Mais ce sont tous, à mes yeux, mes protégés, des homins. »

I.9 Le journal

Quand Elea passait devant le garde, elle avait pris l'habitude de s'arrêter et papoter avec lui. Mais pendant quelques jours elle ne le vit pas. Jusqu'au jour où *toc-toc*…
« Oui ?
— Je suis votre gardienne d'immeuble, vous avez de la visite: un jeune garde.
— Ah ? Attendez, je descends.
— Hey la couturière!
— Ah c'est toi. *sourit*
— Dites, j'ai parlé au Sage du Camp.
— Ah, il y en a un ?
— Euh… Oui, et il m'a dit de vous amener à lui.
— Ah ? Que de mystère… »
Ils allèrent vers une cahute non loin. Bon, il faut dire que le camp n'est pas bien grand. Elea entra et salua un vieil homin qui ne lui semblait pas si inconnu.
« Bonjour la pioche, vu que tu traînes tes gambettes par ici, autant que tu serves à quelque chose. Plutôt que de déconcentrer les gardes avec tes histoires, tu vas faire des veillées pour les jeunes recrues.
— Bah, c'est que je ne suis pas conteuse, ni formatrice. Je vais pas être objective. Je vois Atys à travers mes yeux.
— Oui oui c'est ce qu'on veut : un regard ni kara, ni kami, mais ancien. Euh… toutefois ne les convertit pas à l'hominisme hein. Ils sont là pour apprendre à se battre y compris avec les mots.
— Euh… mais je vais leur raconter quoi moi, à vos petits ?
— Tu as pas un journal comme toutes les homines ?
— Si, mais, euh… j'y raconte mes balades, mes découvertes, mes pensées, mes amours *rougit*
— Oui, oui. Bah, tu feras le tri : leur raconte pas… enfin tu sais quoi.
— Je vais y réfléchir.
— Mais c'est tout vu ! Tu vas pas profiter des lieux sans donner de ta personne , allez allez au boulot. Dans une semaine tu commences. »