de:Die Legende vom ersten lebenden Schwert
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fr:La légende de la première épée vivante
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Cette histoire a été contée par Lylanea, lors de la Convention d’histoires d’horreur d'Anlor Winn 2610[1].


Bien avant la Guerre des Temples. Une époque où Atys était jeune et où la rivalité entre les Kamis et la Karavan n'avait pas encore éclaté en maints conflits ouverts. Alors vivaient deux homins de peuples différents. Une Fyros et un Matis, mais leurs destins étaient entrelacés pour l'éternité.

Dans l'Empire des Fyros brûlé par le soleil vivait Maidakka Bynx, fidèle et honorable servante de l'empire. Elle aimait son peuple et servait les Kamis avec dévotion et passion. Elle avait conquis la renommée dans de nombreuses batailles et l'Empereur en personne l'avait décorée pour sa valeur et son courage. Mais une chose navrait Maidakka : elle n'avait pu trouver d'homme qui lui convienne. De nombreux guerriers de son peuple lui avaient déjà offert des sacrifices et déposé des trésors à ses pieds dans l'espoir d'arracher d'elle ne serait-ce qu'un sourire bienveillant. Mais toutes ces rudes manières ne l'intéressaient pas. Ils étaient tous trop grossiers et vulgaires pour elle. Car même si elle était une grande guerrière, elle détestait faire étalage de ses exploits et s'enivrer de gloire éphémère. Ce qui était courant chez les hommes de son peuple. Et pourtant, elle désirait ardemment un compagnon. Dans son désespoir, elle s'en fut trouver une vieille voyante dans le profond du désert et lui demanda conseil.

Dans la pénombre de la petite hutte, la vieille femme dont la peau rappelait à Maidakka les plus anciens et les plus secs des arbres, dit d'une voix rauque de fumée :

"Enfant de la guerre."
"Tu trouveras ton mari. Des ombres bleues, un artiste blanc surgira pour conquérir ton cœur au combat."
"Mais fais attention, mon enfant."
"Car si tu donnes ton cœur, ce sera pour toujours. “
"Et tu dois décider si ça vaut le prix a payer."

La guerrière, en colère, se dressa devant la vieille femme.

"Un prix ? Quelle sorte de prix ? Et comment un artiste pourrait-il me vaincre au combat ?"
"Des ombres bleues ? Dis-moi, vieille femme, qu'est-ce que ça signifie ?".

Mais l'antique voyante s'était déjà renfoncée dans son divan et son souffle saccadé s'éteignait dans un sommeil profond et magique.

Perplexe et un peu fâchée, Maidakka quitta la hutte délabrée et sortit dans la plaine ensoleillée. Alors que son regard embrassait toute la contrée, elle constata que presque aucune ombre n'y était visible. Elle jura donc que dorénavant, elle ne se battrait plus que pendant la journée. Lorsque le soleil bannit toute ombre du désert, qu'elle soit bleue ou noire. Elle s'entraînerait encore plus dur, car elle ne voulait pas rendre la tâche trop facile pour la vaincre et gagner son cœur à quiconque.

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Cependant, dans le Royaume de Matia, parmi les les arbres géants vieux comme le monde, vivait alors un grand guerrier. Il s'appelait Varro Saidinno. Il était honorable et habile comme personne dans le maniement de maintes armes. Mais sa véritable passion était l'art de la confection d'armes et en particulier l'épée à une main, élégante et mortelle. Comme tous les Matis, il avait à cœur d'utiliser au mieux les matériaux et les plantes de son monde natal au profit de son peuple. Mais comme peu de Matis de son temps, il avait acquis les plus vastes des connaissances utiles à l'exercice de son art. Ses épées étaient les meilleures de tous les temps et les prix les plus hauts lui étaient offerts pour acquérir un de ses chefs-d'œuvre. La noblesse du pays convoitait ses faveurs. Les hommes courtisaient ses épées, les femmes courtisaient son cœur. Mais Varro était tellement absorbé par son travail qu'il ne trouvait pas le temps de chercher une épouse et il ne s'intéressait pas aux avances des dames et des nobles inconstants. Ils ne comprenaient pas ce qu'il faisait et qu'il donne tant pour porter ses armes jusqu'à la perfection. Il vivait pour son métier et la passion du combat. Mais quelque chose le rongeait, l'empêchant de dormir la nuit, hantant ses rêves comme aucune bête sauvage des bois ne l'aurait pu. Bien que toutes ses œuvres soient considérées comme merveilleuses et d'exceptionnelle qualité, dans son propre esprit, il savait au fond de lui n'avoir jamais créé de véritable chef-d'œuvre. Toutes ses armes étaient des choses mortes. Alors qu'une main vivante manie l'épée, l'épée elle-même ne peut l'assister. Varro rêvait de façonner un jour une épée vivante et obéissant aux souhaits de son maître. Une épée qui soutiendrait activement son combat et contribuerait à sa victoire.

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Le temps passa donc. Maidakka combattit de nombreux adversaires et nul jamais ne la vainquit. Et nul, jamais, ne sortit de nulle ombre pour conquérir son cœur. Varro en apprit de plus en plus sur les ressources en matériaux du monde, sur l'art du combat et l'esprit des plantes. Mais jamais il ne réussit à créer un véritable chef-d'œuvre.

Quand, un jour, le destin a suivi son cours. Dans les tréfonds des racines d'Atys, des fibres et des essences qu'aucun homin n'avait jamais vues auparavant furent découvertes. Un groupe d'explorateurs de la capitale fut envoyé pour sécuriser ces précieuses ressources pour l'Empire. Un contingent de guerriers leur fut adjoint pour les protéger des bêtes des profondeurs. Maidakka était de ce contigent.

La nouvelle de la découverte de ces merveilleux matériaux parvint aussi aux oreilles de Varro. Il connaissait et utilisait beaucoup des essences présentes dans les Primes Racines et la sève qu'on trouvait là était d'une qualité incomparable. Il en avait fait sa meilleure armure et la nouvelle fit battre son cœur à tout rompre. Trouverait-il là-bas ce qu'il cherchait depuis si longtemps ? Il courut au Palais Royal aussi vite qu'il le put et se porta volontaire pour une mission de recherche.

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Deux vorax géants étaient sortis d'un bosquet de grands jublas pour attaquer l'expédition et beaucoup d'hommes et de femmes avaient été tétanisés par la peur quand les deux bêtes s'étaient frayé un chemin sanglant dans le groupe. Les guerriers et les mages n'étaient parvenus à repousser les lézards qu'au prix de grandes efforts et trois d'entre eux avaient trouvé la mort. Leur guide entraîna cependant le groupe plus loin, car les matériaux convoités étaient non seulement rares, mais aussi accessibles uniquement à certains moments, dans des circonstances très précises.

Tout à la fois furieuse et enivrée par la bataille, Maidakka se précipita donc plus avant dans le crépuscule bleu-vert des Primes Racine, gardant constamment un œil sur son environnement. Elle ne pouvait pas résister à un sentiment étrange, comme si le destin reposait sur ses épaules tel un démon invisible infestant ses pensées. "Attention, il y a quelqu'un là.", siffla le guide entre ses dents serrées en pointant du doigt vers l'avant. Et en effet, tous purent distinguer quelques silhouettes élancées, occupées à extraire les précieux matériaux.

"Ces maudits nez-pâles nous prennent tout ! Comment ces putains de Matis ont-il su ?!" cracha quelqu'un.
"Je n'en sais foutre rien, fut la réponse rageuse, mais que je sois damné si on les laisse déterrer ces trésors tranquillement !"

Vivement, les premiers guerriers jaillirent du sous-bois et lancèrent des cris sauvages sur l'ennemi. Maidakka voulut les rappeler à la raison, mais il était trop tard. Les Matis surpris lâchèrent leurs houes pour saisir en hâte épées et haches qu'il levèrent pour se défendre du mieux qu'ils pouvaient. En quelques instants, une bataille féroce a éclata pour la possession des précieux matériaux. Maidakka se jeta dans la bataille et terrassa d'un seul coup les premiers Matis qui se précipitèrent vers elle.

Environ une demi-journée plus tôt, l'expédition de Varros était arrivée là et avait établi son campement. Il s'était éloigné du groupe pour chercher seul de bonnes ressources. Le maître-artisan voulait être tranquille pour travailler. Il avait avec lui tous les instruments et le meilleur de ses matériaux pour les combiner avec les nouvelles choses merveilleuses qu'il avait trouvées. Et maintenant, il était assis, concentré, penché sur une épée presque terminée, dans une petite niche tranquille dans le mur de la caverne. Des cris résonnaient dans l'obscurité. Alors qu'il était sur le point de mettre la dernière main à sa nouvelle épée, la bataille commença non loin de lui. Avec la nouvelle épée, encore inachevée, fermement dans sa main, il courut à travers la caverne sombre et brumeuse pour aider ses camarades.
Maidakka se retourna et s'obstina, parla et bloqua, s'esquiva sous des coups mortels et distribua elle-même la mort à pleines mains. "Quel combat insensé", se dit-elle, "et seulement déclenché à nouveau par l'orgueil, la cupidité et la soif de bataille des hommes. Derrière elle, des pas rapides s'approchaient, portés par l'écho d'une niche étroite qui s'était un peu éloignée dans le mur. Une brume bleuâtre fantomatique y soufflait, ne faisant qu'approfondir l'obscurité des ombres. Puis une silhouette chatoyante émergea de l'ouverture moussue. Vêtue de l'armure blanche et légère de Matis, une longue épée levée de manière provocante et un visage pâle et déterminé se tournèrent vers elle. Pendant un instant, Maidakka s'arrêta. Ses sens lui jouaient-ils un tour ? Les mots de la vieille voyante lui traversèrent l'esprit comme un écho fantomatique. Mais son adversaire était déjà tout près. Il mena habilement son épée sur elle en un large arc de cercle et ce n'est qu'avec difficulté qu'elle put éviter le coup. Elle attaqua ensuite, mais le Matis se détourna de sa lame comme si elle était faite d'herbe douce qui se pliait au vent. C'était à nouveau son tour et il la poignarda violemment, en direction de son cœur. Avec une force extrême, elle a paré la poussée et contre-attaqué.
Les adversaires dansaient autour de l'autre : coupe, poussée, riposte, parade. Aucun n'était capable de tenir tête à l'autre.

"Il danse comme le vent chaud sur le désert", il a tiré à travers la tête de Maidakkas.
"Elle se bat comme un Ocyx, sauvage et déterminé. - Je ne serais pas surpris si elle crachait du feu", pensait Varro.

Tout d'un coup, ils se lâchent. Ils se sont mis en face l'un de l'autre. Ils se fixaient l'un l'autre. Le silence était tombé autour d'eux. Tous leurs camarades étaient morts. Seuls eux étaient encore en vie. Respirant lourdement, ils ont baissé leurs armes et ont à peine pu se tenir debout.
"L'artiste blanc ! Qu'il est beau !" Comme si son épée avait finalement trouvé sa cible, la douleur traversa le coeur du Fyra. La peau noblement pâle de cet homme, sa posture droite mais forte, sa façon gracieuse de manier l'épée, presque comme une danse. Le feu d'un amour irrépressible faisait rage dans le coeur du guerrier.
Et le cœur de Varro semblait lui aussi se figer pendant un instant. Voici une femme qui aimait le combat autant que lui, qui avait maîtrisé à la perfection l'art de l'armement de son peuple. Qui était son égal, voire son supérieur. Silencieusement, les deux adversaires se tenaient face à face. Chacun était pris dans ses pensées concernant l'autre. Pendant un moment éternel, ils se tenaient comme ceci ...
Puis l'un des Matis gravement blessés leva la tête du lit de mousse sanguinolente du sol. La douleur et la haine troublèrent ses sens lorsqu'il se mit à genoux et sortit son épée une dernière fois.
Maidakka regarda avec émerveillement la lame qui sortait de sa poitrine.
Blessée à mort, elle s'effondra.
Varro fit un pas rapide en avant et la prit dans ses bras.
Son sang se répandit sur ses vêtements et sur la nouvelle épée, désormais éprouvée au combat.

"Maidakka, ton heure est venue !", une voix douce et profonde partout et nulle part autour d'elle, en elle.
"Non, ce n'est pas possible ! Je viens de trouver mon bonheur. Je ne veux pas mourir."
"Mon enfant, tout le monde doit mourir. Ta semence est détruite. Ton heure est venue. Maintenant, viens à moi."
"Non, je t'en supplie, grand Ma'Duk ! Ne me laisse pas mourir, juste quand ma vie a trouvé un sens ! Je l'aime, plus que moi-même ! Plus que le combat ! Plus que mon peuple !" "Ecoute tes paroles, enfant du désert. Tu viendras à moi comme il se doit !"
"NON !! Je renonce à toi, Dieu cruel qui m'arrachera à mon bien-aimé !", rage effrénée maudite par l'âme de Maidakka.
"Tu aimes une servante de la fausse déesse plus que toi-même, la bataille et ton peuple ! Tu oses me renier dans la mort ?!! La voix du dieu s'abattit sur l'âme de Maidakka.
"OUI !" cria-t-elle de toutes ses forces.
"Qu'il en soit ainsi ! Ainsi tu seras avec ton bien-aimé !
Tant qu'il vivra et après sa mort, tu seras un instrument de mort, même dans la mort !
Mais tu ne connaîtras les joies du combat que lorsque tu auras tué ceux que tu as aimés !"

Une douleur irrépressible déchira l'âme courroucée de la Fyra.


Varro s'agenouillait dans la mousse humide des racines primordiales et tenait le corps mourant de son hominie bien-aimée dans des bras ensanglantés. Pendant longtemps, il pleura pour elle et autour de lui, même les bêtes des enfers se taisaient, comme si un dieu leur avait ordonné de le faire. Finalement, il se leva et commença à nettoyer le corps des Fyras. Il regarda autour de lui. - Tant de mort insensée. Il ferait dignement ses adieux à tous les guerriers qui sont morts ici aujourd'hui, même si cela devait prendre des jours. Puis il a pris conscience d'un nouveau son, un doux bouillonnement. Cela ressemblait un peu à des gouttes tombant dans l'eau. Il regarda autour de lui et prit conscience de son épée nouvellement fabriquée. Elle se trouvait à côté du corps du guerrier. Sa lame dans une mare de son sang. Des gouttes vertes de Sève se mélangèrent au sang du guerrier, qui disparut lentement mais sûrement dans l'épée.
Il l'avait fait. L'épée vivait et buvait le sang de ses victimes. Varro a ramassé l'arme. Elle se blottit dans sa main, comme si elle voulait être près de lui. Il fit quelques coups dans l'air étouffant, rempli de l'odeur de la mort, et la lame la trancha avec un bruit qui ressemblait à un soupir d'amoureux. Alors qu'il enfonçait l'épée dans le sol mou, un frisson traversa la lame. Comme un corps sous la caresse d'un amant. Mais Varro n'y trouva aucune joie. Il avait perdu l'amour de sa vie à cause de la haine et de la cupidité aveugles. Aussi longtemps qu'il vivrait, il ne lèverait plus jamais la main pour combattre un homin.
Lorsque Varro fit enfin son travail solitaire et triste et qu'il enterra les corps de ceux qui étaient tombés, c'était comme s'il pouvait entendre la chute des larmes à son côté où reposait la nouvelle lame.

Un doux et douloureux pleur.
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