De EncyclopAtys
Un document particulier est arrivé entre les mains de notre envoyé spécial aujourd’hui, qui semblerait bien être issu du journal de Dame Chiabre, de la Cour de la Reine. Réalité ou fiction, nous avons décidé de laisser nos lecteurs libres d’en juger d’eux-mêmes.
Première partie
Rendez-vous à l’Arbre Royal aujourd’hui, pour un banquet officiel. J’ai été excessivement gentille avec Rodi di Varello à côté de qui j’étais assise. Je ne peux guère aider, mais je pense qu’il représente le parti idéal pour Millera… une fois qu’elle aura cessé de s'énamourer de ce Matis qui n’est même pas de noble sève. La famille di Varello est issue d’une ancienne lignée et elle aurait suffisamment de dappers pour subvenir à tous ses désirs… sans parler du statut ! Je dois absolument organiser une soirée et inviter quelques Matis de noble descendance à la rencontrer. Je suis persuadée que si elle s’en sort bien, son prétendant sans valeur ne sera plus que de l’histoire ancienne !
Hier j’ai aperçu l’autre pimbêche à face de crapaud de Bebi Cuirinia s’éloigner furtivement dans un coin avec un Ranger d'Atys. Ce Melga Folgore ! Et il est toujours en vadrouille, à rencontrer des homins influents de tous les continents. Je n’arrive pas à saisir ce qu’il complote avec l’embaumeuse royale. Peut-être a-t-il des projets pour ses propres funérailles et veut qu’elle ajoute une petite touche coquette à sa sale caboche d'hérétique. Ce ne serait pas plus mal qu’elles arrivent rapidement d’ailleurs, il n’est pas innocent dans les intrigues qui ont finalement mené le Roi à signer cet odieux traité. J’avoue que cela me turlupine de les voir tourner l’un autour de l’autre, et elle m’a l’air d’être prête à défaillir n’importe quel jour.
En parlant des Rangers, je me demande bien à quoi cette sale puante de Fyros qui se fait appeler Orphie Dradius pense lorsqu'elle choisit ses atours. Elle ressemble à un psykopla épluché ! Maintenant qu’elle n’a plus trop de besogne, elle pourrait au moins avoir l’idée d’enrichir sa garde-robe de tenues plus flatteuses. Enfin, je me demande pourquoi j’attends ça d’une Fyros. La tenue la plus seyante serait sans nul doute celle d’une Frahar. Au moins, ça ne rendrait pas son bassin encore plus indécemment large qu’il ne l’est déjà.
Enfin, Fyros ou Trykers, ils ne valent pas beaucoup plus les uns que les autres… Oh… Je suis médisante, les Trykers valent bien plus : au moins ils peuvent nous servir… à défaut de se servir eux-mêmes. Dire qu’avec tous les homins présents lors de la mort de leur gouverneur, pas un seul n’a été capable d’empêcher son assassinat… Si ce n’est pas pathétique… Et ils n’ont pas non plus été capables de retrouver son meurtrier.
Enfin, regardons les choses du bon côté. Peut-être que le prochain gouverneur aura un soupçon de… d’un petit quelque chose de plus convenable, et le sens du protocole… Ça comblerait les manques de ce peuple.
Il faudra que je pense à rencontrer une nouvelle fois ce Xalis. Il pourrait se rendre utile de bien des manières. Bien sûr, les homins Matis lui sont bien supérieurs, mais il a un petit je ne sais quoi de charmant qui m’intrigue dans son comportement. Je ne serais guère étonnée qu’il serve notre cause finalement et que notre relation soit fructueuse. Et il est perfide… Une qualité sans nul doute, mais il ne faudrait pas qu’il me double néanmoins. J’enverrai ma servante user de ses talents pour m’assurer de cela.
La Reine Léa elle, sait bien comment se vêtir. Elle ressemble à une gravure sur ambre et est parfaitement assortie à notre Roi élégant et raffiné. Je me demande d’ailleurs quand nous verrons un nouveau membre dans la famille royale… Cela commence à faire longtemps depuis la naissance du Prince Stevano. D’ailleurs, sans vouloir alimenter les commérages, je lui ai trouvé quelques formes grassouillettes la dernière fois, mais je suppose qu’il ne s’agissait que du contrecoup de l’enchaînement des banquets récemment – il faut dire que nous avions beaucoup à discuter ! – et ceux-ci font des ravages dans les régimes des homines… La nourriture y est si riche…
Il est déjà l’heure d’aller me préparer pour le bal de l’Ambassadeur Zoraï ce soir. Espérons qu’ils nous épargneront leur fichue méditation qui précéda le repas de la dernière fois... Si longtemps que j’ai été incapable de le mesurer, et j’avais cru que je n’en ressortirais pas vivante…
Dame Chiabre venait de finir son repas et déjà on pouvait voir un sourire se dessiner sur son visage. Elle s'assit plus confortablement, saisit son petit livre préféré, en tourna la page et commença à écrire, sans dissimuler le plaisir que ça lui procurait.
Seconde partie
Décidément, le moins que l'on puisse dire, ces derniers temps, c'est que la bienséance et le bon goût se font aussi peu présent sur l'écorce que notre reine à Yrkanis. Et ce n'est certainement pas les récents événements qui viendront me contredire.
J'ai suivi de très près cette bouffonnerie ridicule que les Trykers appellent une élection et pour être sure de ne rien y manquer, j'y ai envoyé ma servante Cinni, avec pour ordre de mener une petite enquête. Malheureusement, c'est sans surprise que je me dois de conclure que l'état Tryker est au plus bas, du moins en ce qui concerne la classe, la convenance et les notions, fussent elles élémentaires, de raffinement.
Je doute que qui que ce soit aurait pu, ne serait ce qu'un instant, imaginer pareils candidats à une élection officielle. Rhiana Wyler pour commencer. Quelle honte ! Quel déshonneur pour Still Wyler de la voir se présenter comme gouverneur ainsi ! Vêtue encore des habits de deuil ! Fort heureusement, cette Rhiana, qui n'a de Wyler que le nom, s'est retirée au dernier instant. Il faut croire qu'elle aura au moins eu un bref moment de lucidité. Reste à savoir si ce salut n'est pas le simple fait d'un verre de vin de pissenlit...
Même détruite et tout de noir vêtue, il faut reconnaître que Rhiana avait encore des traces d'une certaine éducation, contrairement à Shinder Salan qui, une fois mis dans une pièce, se confondrait aisément avec le mobilier. Comment peut-on manquer à ce point de présence, de personnalité ? Même quand elle pourrait se contenter de se tenir bien droite, sa posture reste toujours plus proche d'une branche d'un bancal alinea que du tronc majestueux d'un dorotea. Et il reste à souhaiter encore qu'elle ne vous parle pas, vous épargnant ainsi ses paroles d'une fadeur affligeante.
Quant à Padger O'Toogh, en plus d'être affublé d'un couvre chef des plus ridicules, sa conversation semble se limiter au seul concept qu'il ait compris, à savoir les dappers. Si l'esprit et le charisme avaient un prix, cela lui laisserait peut être enfin une chance d'en posséder un peu. Malheureusement, en attendant, les trykers ont eu à écouter un marchand qui se croit injustement une personne influente sur l'écorce. Je serai curieuse de voir l'état de ses affaires si notre peuple lui retirait la vente de notre artisanat. Padger serait alors contraint de vendre des armures aussi grotesques que celle qu'il aime porter.
En définitive, les seules candidates sérieuses et dignes d'intérêt devaient être Ailan et Shaley. Mais visiblement, Shaley aurait du s'en tenir à son rôle dans la guilde de Try, car les trykers n'ont pas choisit de la suivre. Quel dommage vraiment, c'est une homine qui a le sens de la décence et qui reste fidèle à la Karavan comme il se doit.
On ne peut pas en dire autant d'Ailan, se réclamant de la descendance de Dame Loria, comme si les Trykers pouvaient avoir une quelconque forme d'aristocratie. Quand bien même elle se dirait descendre de Jena elle-même, cela resterait indécent d'oser se prétendre noble et tryker en même temps !
Elle aussi banale et ordinaire que la première tryker que l'on croiserait au coin d'une rue. En outre, sa façon de s'intéresser aux fyros me rend véritablement malade. Comment a-t-elle pu se présenter ainsi et espérer le soutien du peuple Tryker ? Still Wyler aurait du lui enseigner le subtil art de la politique pendant les années où elle a eu l'occasion de le conseiller, à moins bien sûr que son rôle de conseillère eut été d'une toute autre nature...
Enfin, finalement c'est Denen Toen qui sera le nouveau gouverneur et il a au moins pour lui de savoir parler de politique. Espérons que tous ses discours sur la liberté de penser ne sont que de belles paroles pour endormir ces naïfs trykers. Je devrais l'inviter l'occasion à une des soirées que je vais donner... juste pour vérifier. J'ose espérer qu'il aura d'ici là appris à s'habiller convenablement, car il a sur ce plan d'énorme progrès à faire. Mais j'y pense je devrais peut être lui servir de conseillère finalement...