La chute de Matia : Différence entre versions

De EncyclopAtys

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Vous voulez en savoir plus sur la dernière nuit de l'ancien empire, la « Nuit des griffes », ou « Nuit des ombres hurlantes » comme certains aiment à l'appeler de façon si poétique. Eh bien, c'était une nuit de griffes, certainement, et aussi de beaucoup, beaucoup d'ombres hurlantes… parmi lesquelles la mienne propre.
 
Vous voulez en savoir plus sur la dernière nuit de l'ancien empire, la « Nuit des griffes », ou « Nuit des ombres hurlantes » comme certains aiment à l'appeler de façon si poétique. Eh bien, c'était une nuit de griffes, certainement, et aussi de beaucoup, beaucoup d'ombres hurlantes… parmi lesquelles la mienne propre.
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The previous day our army had left for Trykoth to officially “reclaim” some territories that would guarantee our kingdom a steady water supply in the years to come. As the rearguard vanished around the first bend of the mighty “Nobles Road”, obscured from view by the forest’s ancient trees, I longed to be with them. To reach glory and claim heroic deeds that would ensure my name a place in the records of our people. Little did I know that the fourth night after the army had left and was now far away, would bring “heroic” deeds for me to last more than one lifetime.
 
That day passed with our normal duties.
 
As did the following three days and nights.
 
Peaceful and quiet they were,  those last days of our empire.
 
  
On the fourth evening a few comrades and I were on our way to the watch house to begin our shift from dusk until dawn. It was warm and the streets were filled with the normal hustle and bustle of the hour just before the shops would close for the night.
+
La veille, notre armée était partie pour Trykoth dans le but officiel de « récupérer » des territoires assurant au Royaume un approvisionnement régulier en eau pour les années à venir. Alors que l'arrière-garde disparaissait, au premier coude de la large « Route des Nobles », derrière les arbres antiques de la forêt, j'eus fort envie d'en faire partie. Pour atteindre la gloire et accomplir des actes héroïques qui assureraient à mon nom une place dans les archives de notre peuple. J'étais loin de me douter que la quatrième nuit après que l'armée eut quitté la Forêt me donnerait l'occasion de plus d'actes « héroïques » qu'une vie entière.
All of us had been speculating on how long it would take the army to return and what might be keeping the Fyros from their duty of protecting the Tryker borders for the last, endless shifts of guarding a city we were convinced was impregnable and as safe as Jenas lap.
 
  
“Maybe the little crabs haven’t paid them lately.” One of my comrades mused aloud.
+
Ce jour-là, nous avons rempli nos tâches habituelles. Tout comme les trois jours et nuits suivants. Paisibles et tranquilles furent ces derniers jours de notre empire… Le quatrième soir, quelques camarades et moi nous rendions au poste de garde pour commencer nos rondes qui se succéderaient jusqu'à l'aube. Il faisait chaud et les rues étaient remplies de l'agitation habituelle de l'heure précédant la fermeture des boutiques pour la nuit.
Another replied:
 
  
“No, they paid alright but the Fyros are tired of constantly watching that payment. For if not, the puddle-jumpers would steal it right back from under their sand clogged noses.” We all laughed at that, except for our squad leader, an older Matis with a spotless record in the service. He looked on with a thoughtful expression.
+
Durant les dernières et interminables périodes de garde d'une ville dont nous étions convaincus qu'elle était imprenable et aussi sûre que le giron de Jena, nous avions tous spéculé sur le temps qu'il faudrait à notre armée pour revenir et sur ce qui pouvait bien empêcher les Fyros de remplir leur engagement de protection des frontières trykeri.
 +
:''« Peut-être que les petits crabes ne les ont pas payés dernièrement ?' »'' dit, réfléchissant à voix haute, un de mes camarades.
 +
Un autre répondit :
 +
:''« Non, les Trykers ont bien payé, mais les Fyros sont fatigués de devoir surveiller constamment ce paiement. Car sinon, les saute-flaques le leur voleraient juste sous leur nez bouché par la sciure. »
 +
Nous avons tous ri, à l'exception de notre chef d'escouade, un Matis plus âgé aux états de service impeccables. Il nous regarda d'un air pensif :
 +
:''« J'ai entendu dire qu'ils se battaient. Certains parlent d'un nouveau Grand Incendie, d'autres d'une armée inconnue qui attaque l'Empire depuis sa frontière sud. D'autres encore parlent de monstres… »
 +
Sa voix s'éteignit.
 +
:''« De monstres ! »'' m'exclamai-je en riant, ''« Ces monstres fuiront sûrement les Fyros dès qu'ils les verront, car aucun monstre qui se respecte ne ferait de mal à quelque chose de plus laid que lui.
 +
Tout le monde rit de ma remarque et je me sentis fier pendant un instant (oui, c'est idiot, je sais).
  
“I heard they're fighting. - Some speak of a new great fire, others of an unknown army that is attacking the empire from its southern border. Still others speak of monsters … ” His voice trailed off.
+
Nous avons continué vers la salle de garde, inconscients dans un premier temps du changement qui affectait la ville. Puis un de nos camarades, marchant plus lentement, la tête légèrement inclinée vers la droite comme s'il écoutait quelque chose, s'est laissé distancer. Nous avons cessé notre échange de plaisanteries et attendu qu'il nous rejoigne.
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:''« Qu'est-ce que c'est ?'' ai-je demandé.
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:''— Vous n'entendez pas ? »'' a-t-il répondu.
  
“Monsters!” I replied laughing.
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Nous nous sommes alors tous arrêtés pour écouter. Un bourdonnement étrange et grave se faisait entendre, au-dessus des conversations et des bruits familiers du marché. Au loin, un craquement de branches se fit entendre, comme si quelque chose d'énorme se déplaçait dans le sous-bois. Avant que nous ayons pu nous interroger davantage, un cri à glacer le sang est venu d'en haut traverser l'atmosphère paisible.
  
“Surely these monsters will run from the Fyros upon first sight, for no self respecting monster will hurt something more ugly than itself.
+
Nous avons tous levé les yeux et au début, je n'étais pas sûr de ce que je voyais. Des gens fuyaient l'arcade d'une passerelle reliant deux habit-arbres. Une grande ombre obscure s'y déplaçait à une vitesse surnaturelle, vacillant dans la pénombre de la canopée. Puis quelque chose est passé par-dessus la balustrade et a quitté la passerelle pour atterrir sur nous. J'ai d'abord pensé qu'il s'agissait d'une branche ou d'un morceau de l'ornement de la passerelle. Mais lorsque quelque chose d'humide m'a éclaboussé la joue avant de tomber à mes pieds avec un bruit sourd, j'ai compris ce que c'était. Stupéfaits, nous avons tous regardé le bras coupé qui gisait devant nous. Horrifié, j'ai vu ses doigts bouger dans un dernier effort spasmodique. Quand j'ai retiré ma propre main de mon visage, elle était rouge de sang.
  
Everyone laughed at this and I momentarily felt proud. - Silly, I know.
+
Nous avons à nouveau entendu des cris… De toute part dans la ville, montaient des cris d'alarme et de terreur. Quand j'ai levé les yeux, le sang s'est presque figé dans mes veines. L'ombre étrange que nous avions vue parcourir l'arcade l'avait quittée. Elle volait maintenant au dessus de nous avec une aisance de prédateur. Ses énormes ailes bourdonnaient et laissaient traîner du sang derrière elle, qui dégouttait en filets cramoisis d'une forme homine en train de se débattre, empalée sur un antérieur de l'ombre insectoïde. Puis l'insecte géant se secoua violemment et l'homin tomba de son dard, sa forme molle dégringolant au sol pour s'écraser dans un arbuste, tout près de nous.
 
 
We walked on to the watch house unaware of the change that went through the city at first. Then one of our comrades fell behind, walking slower, his head slightly tilted to the right, as if listening to something. We stopped our banter and waited for him to catch up.
 
 
 
“What is it?” I asked.
 
 
 
“Don't you hear that?” he said.
 
 
 
Now we all stopped and listened. A strange, low buzzing sound could be heard above the normal conversations and sounds of the marketplace. From far off, the cracking of branches was becoming audible, as if something huge was moving through the undergrowth. Before we could wonder much longer a blood curdling scream pierced the peaceful atmosphere from above us.
 
 
 
We all looked up and at first I wasn’t sure what I was seeing. People were running from the gentle arch of one of the walkways stretching between two hometrees. A large, dark shadow moved there with unnatural speed, flickering in the half-light of the canopy. Then something dropped over the railing, off the walkway and fell down right onto our path.
 
 
 
At first I thought it was a branch or part of the ornamentation of the bridge’s arch.
 
But when something wet splashed against my cheek, as the thing landed right at my feet with an audible thump,I realized what it was.
 
 
 
Dumbstruck we all stared at the severed arm that lay before us. Horrified I watched as its fingers moved in a last spastic clutch. When my own raised hand came away from my face it was red with blood.
 
Again we heard screams.
 
 
 
All around the city now voices were raised in alarm and abject terror. As I looked up again, what I saw almost made the blood freeze in my veins. The strange shadow we’d seen moved away from the archway. It flew through the air with predatory ease, its huge wings buzzing and trailing blood behind it, flowing in crimson streams from the struggling form of a Homin speared on its front extremities. Then the giant insect shook itself violently and the man dropped from its stinger, his limp form plummeting to the ground to crash into a shrub beside us.
 
 
 
The crash startled us from our shocked stupor. As one we began running towards the guardhouse, shouldering our way through the panic and confusion milling around us. Everyone was running somewhere or looking for someone, their panicked screams echoing through the streets. All around the city the forest seemed to move with unseen presences. The alarm bells of the guardhouse began tolling their shrill notes to summon every available man to arms, and when we arrived many of our comrades were already armed and ready to move out against our attackers. But still many more didn’t have a clue to what we were up against, and Jena, I wish we’d never known.
 
  
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Le bruit de sa chute nous fit sortir de notre torpeur. Comme un seul homin, nous avons commencé à courir vers le corps de garde, nous frayant un chemin à travers la panique et la confusion qui régnaient autour de nous. Tout le monde courait quelque part ou cherchait quelqu'un et les cris de panique résonnaient dans toutes les rues. Tout autour de la ville, la forêt semblait animée d'invisibles présences. Les cloches d'alarme du corps de garde ont commencé à résonner pour appeler aux armes tous les homines disponibles, et quand nous l'avons rejoint, beaucoup de nos camarades étaient déjà armés et prêts à se lancer contre nos assaillants. Mais beaucoup d'autres n'avaient pas la moindre idée de ce à quoi nous étions confrontés. Et, par Jena, j'aurais souhaité que jamais nous ne le sachions.
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Over the confused din our Captain shouted orders for us to calm down and do our duty. We grabbed our pikes and ran after him, out into the streets again.
 
Over the confused din our Captain shouted orders for us to calm down and do our duty. We grabbed our pikes and ran after him, out into the streets again.
  

Version du 14 décembre 2022 à 18:12

en:The Fall Of Old Matia
fr:La chute de Matia


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La dernière édition était de Nilstilar le 2022-12-14.

Arme Matis.png

L'année 2481 fut une année funeste pour toute l'Hominité, dont tous les peuples souffrirent énormément. Mais aucun ne souffrit autant, à cause de sa propre stupidité et de son arrogance, que l'ancienne peuple matis. Certes, cela n'aurait pas changé grand-chose à l'issue finale, mais bien plus de vies auraient pu être sauvées sans l'avidité et la paranoïa des nobles matis et de leurs chefs militaires d'alors.

Lorsque se répandit la rumeur selon laquelle quelque chose d'anormal se tramait dans les tréfonds du désert, et que l'armée impériale toute entière était de ce fait occupée à l'intérieur des frontières de l'Empire, les autorités matis virent là une opportunité de régler de vieux comptes et d'agrandir leur territoire. Profitant de l'aubaine, la quasi totalité de l'armée matis marcha vers les frontières de Trykoth, dans le but de soutirer la précieuse eau des sources du petit peuple à leurs protecteurs auto-proclamés, les Fyros. Alors que la grande armée quittait la Forêt, le peuple matis l'acclama, lui souhaitant de rentrer auréolée de gloire, avec de nouvelles terres à coloniser. Mais c'est alors que s'abattit sur eux une terreur sans précédent. Ces quelques longues heures du printemps 2481 restèrent dans les mémoires sous le nom de la « Nuit des ombres hurlantes ».

一━══ ⧼⧽ ══━一


Dans ma quête incessante de nouvelles (ou anciennes) histoires à raconter, j'ai récemment obtenu la permission de parler à l'un des plus anciens habitants du Sommet Verdoyant.
Après que je lui ai expliqué mes efforts pour préserver ce qui reste de l'histoire de notre peuple, sa famille a été assez aimable pour m'accorder une heure en présence de cet homin remarquable. Un vrai survivant du Grand Essaim. Un homin qui a survécu à la terrible calamité alors survenue, jusqu'à ce jour. Par la grâce de Jena elle-même, j'en suis sûr.

À mon arrivée au domaine familial à l'heure dite, je fus saluée par un domestique en livrée, belle mais mais point trop ostentatoire. La maîtresse de maison m'accueillit dans une salle de réception joliment décorée et après avoir échangé les civilités obligatoires, nous nous dirigeâmes sans tarder vers l'intérieur du logis. Comme nous en étions convenus précédemment, via quelques lettres échangées, je devais désormais mener rapidement à bien mes affaires et quitter le domaine le plus tôt possible.
Il semble que la réputation dont jouit son plus ancien membre soit plus un fardeau qu'une bénédiction pour la famille.

Je suis conduite dans une petite pièce au sol revêtu de mousse verte et aux murs tendus de belles tapisseries tissées-main représentant des scènes de l'enseignement de Jena – béni soit son nom – et de grandes fenêtres ouvertes à travers lesquelles l'astre du jour brille et peint sur tout l'intérieur les ombres doucement mouvantes des feuilles des arbres au-dehors.
La pièce exhale un parfum de fleurs fraîches mêlé d'un peu d'encens.
Qui masque à peine l'odeur de la mort qui approche.
Le vieil… non, l'antique homin dans le lit, appuyé sur des coussins moelleux, détourne son regard de la fenêtre et me fait un signe de tête lorsque je m'approche.
Un geste impatient et brutal, comme pour dire : « Posez vite vos questions idiotes et sortez. »
Mais dans ses yeux, je vois quelque chose d'étrange.
De la tristesse et de la honte.

Ma curiosité piquée au vif, je me présente à lui avec mon plus charmant sourire, mais il se contente à nouveau de hocher la tête. Un peu plus aimable et moins impatient qu'auparavant, cependant.
Alors que je m'assieds et que sa petite-fille, la Dame de la maison, qui a d'ailleurs à peu près mon âge, lui rappelle ce que je suis venue faire, il pousse un profond soupir.
« Je suis ici pour écouter, lui dis-je doucement, pour enregistrer votre histoire et la préserver pour notre peuple. »
Sa poitrine se soulève et s'abaisse à plusieurs reprises, puis ses yeux retrouvent la belle journée dehors et il commence à raconter son histoire d'une voix hésitante, hachée par l'émotion…

Je me souviens… Oui, je me souviens. Il ne m'est certes pas difficile de me rappeler ces heures et ces moments. Car ils sont imprimés à jamais dans mon esprit et les images de cette nuit ont été gravées dans mes yeux avec la lame aiguisée d'un maître artisan.

J'étais alors un jeune membre de la garde de la ville. Je l'avais rejointe à peine quelques semaines auparavant, et j'avais l'espoir de rejoindre un jour la garde du palais, pour finalement intégrer la garde royale. J'étais loin de me douter que ma promotion ne viendrait jamais.Je ne sais toujours pas si je peux tirer une quelconque fierté de mes actes cette nuit-là. En pensant à ce qu'il en est advenu plus tard… Mais ce n'est pas notre propos ici, n'est-ce pas ?

Vous voulez en savoir plus sur la dernière nuit de l'ancien empire, la « Nuit des griffes », ou « Nuit des ombres hurlantes » comme certains aiment à l'appeler de façon si poétique. Eh bien, c'était une nuit de griffes, certainement, et aussi de beaucoup, beaucoup d'ombres hurlantes… parmi lesquelles la mienne propre.

La veille, notre armée était partie pour Trykoth dans le but officiel de « récupérer » des territoires assurant au Royaume un approvisionnement régulier en eau pour les années à venir. Alors que l'arrière-garde disparaissait, au premier coude de la large « Route des Nobles », derrière les arbres antiques de la forêt, j'eus fort envie d'en faire partie. Pour atteindre la gloire et accomplir des actes héroïques qui assureraient à mon nom une place dans les archives de notre peuple. J'étais loin de me douter que la quatrième nuit après que l'armée eut quitté la Forêt me donnerait l'occasion de plus d'actes « héroïques » qu'une vie entière.

Ce jour-là, nous avons rempli nos tâches habituelles. Tout comme les trois jours et nuits suivants. Paisibles et tranquilles furent ces derniers jours de notre empire… Le quatrième soir, quelques camarades et moi nous rendions au poste de garde pour commencer nos rondes qui se succéderaient jusqu'à l'aube. Il faisait chaud et les rues étaient remplies de l'agitation habituelle de l'heure précédant la fermeture des boutiques pour la nuit.

Durant les dernières et interminables périodes de garde d'une ville dont nous étions convaincus qu'elle était imprenable et aussi sûre que le giron de Jena, nous avions tous spéculé sur le temps qu'il faudrait à notre armée pour revenir et sur ce qui pouvait bien empêcher les Fyros de remplir leur engagement de protection des frontières trykeri.
« Peut-être que les petits crabes ne les ont pas payés dernièrement ?' » dit, réfléchissant à voix haute, un de mes camarades.
Un autre répondit :
« Non, les Trykers ont bien payé, mais les Fyros sont fatigués de devoir surveiller constamment ce paiement. Car sinon, les saute-flaques le leur voleraient juste sous leur nez bouché par la sciure. »
Nous avons tous ri, à l'exception de notre chef d'escouade, un Matis plus âgé aux états de service impeccables. Il nous regarda d'un air pensif :
« J'ai entendu dire qu'ils se battaient. Certains parlent d'un nouveau Grand Incendie, d'autres d'une armée inconnue qui attaque l'Empire depuis sa frontière sud. D'autres encore parlent de monstres… »
Sa voix s'éteignit.
« De monstres ! » m'exclamai-je en riant, « Ces monstres fuiront sûrement les Fyros dès qu'ils les verront, car aucun monstre qui se respecte ne ferait de mal à quelque chose de plus laid que lui.
Tout le monde rit de ma remarque et je me sentis fier pendant un instant (oui, c'est idiot, je sais).

Nous avons continué vers la salle de garde, inconscients dans un premier temps du changement qui affectait la ville. Puis un de nos camarades, marchant plus lentement, la tête légèrement inclinée vers la droite comme s'il écoutait quelque chose, s'est laissé distancer. Nous avons cessé notre échange de plaisanteries et attendu qu'il nous rejoigne.
« Qu'est-ce que c'est ? ai-je demandé.
— Vous n'entendez pas ? » a-t-il répondu.

Nous nous sommes alors tous arrêtés pour écouter. Un bourdonnement étrange et grave se faisait entendre, au-dessus des conversations et des bruits familiers du marché. Au loin, un craquement de branches se fit entendre, comme si quelque chose d'énorme se déplaçait dans le sous-bois. Avant que nous ayons pu nous interroger davantage, un cri à glacer le sang est venu d'en haut traverser l'atmosphère paisible.

Nous avons tous levé les yeux et au début, je n'étais pas sûr de ce que je voyais. Des gens fuyaient l'arcade d'une passerelle reliant deux habit-arbres. Une grande ombre obscure s'y déplaçait à une vitesse surnaturelle, vacillant dans la pénombre de la canopée. Puis quelque chose est passé par-dessus la balustrade et a quitté la passerelle pour atterrir sur nous. J'ai d'abord pensé qu'il s'agissait d'une branche ou d'un morceau de l'ornement de la passerelle. Mais lorsque quelque chose d'humide m'a éclaboussé la joue avant de tomber à mes pieds avec un bruit sourd, j'ai compris ce que c'était. Stupéfaits, nous avons tous regardé le bras coupé qui gisait devant nous. Horrifié, j'ai vu ses doigts bouger dans un dernier effort spasmodique. Quand j'ai retiré ma propre main de mon visage, elle était rouge de sang.

Nous avons à nouveau entendu des cris… De toute part dans la ville, montaient des cris d'alarme et de terreur. Quand j'ai levé les yeux, le sang s'est presque figé dans mes veines. L'ombre étrange que nous avions vue parcourir l'arcade l'avait quittée. Elle volait maintenant au dessus de nous avec une aisance de prédateur. Ses énormes ailes bourdonnaient et laissaient traîner du sang derrière elle, qui dégouttait en filets cramoisis d'une forme homine en train de se débattre, empalée sur un antérieur de l'ombre insectoïde. Puis l'insecte géant se secoua violemment et l'homin tomba de son dard, sa forme molle dégringolant au sol pour s'écraser dans un arbuste, tout près de nous.

Le bruit de sa chute nous fit sortir de notre torpeur. Comme un seul homin, nous avons commencé à courir vers le corps de garde, nous frayant un chemin à travers la panique et la confusion qui régnaient autour de nous. Tout le monde courait quelque part ou cherchait quelqu'un et les cris de panique résonnaient dans toutes les rues. Tout autour de la ville, la forêt semblait animée d'invisibles présences. Les cloches d'alarme du corps de garde ont commencé à résonner pour appeler aux armes tous les homines disponibles, et quand nous l'avons rejoint, beaucoup de nos camarades étaient déjà armés et prêts à se lancer contre nos assaillants. Mais beaucoup d'autres n'avaient pas la moindre idée de ce à quoi nous étions confrontés. Et, par Jena, j'aurais souhaité que jamais nous ne le sachions.
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▼ À TRADUIRE ▼
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Over the confused din our Captain shouted orders for us to calm down and do our duty. We grabbed our pikes and ran after him, out into the streets again.

We tried to make our way to the outskirts of the city, but before we were even halfway across the town center people came running towards us. I had never seen - and never have seen again - so many terrified Homins. They were shouting and screaming something about the forest coming for them and snatching away friends, loved ones, and strangers alike. Some raved of monsters that suddenly appeared from the undergrowth and attacked whatever was in their way, others cried of flying beasts that tried to enter the upper floors of hometrees. We ran on, my lungs burning from the effort, until our squad finally reached the outskirts of town.

There everything was eerily quiet except for the buzzing that was becoming louder by the minute. No Homins were about, the smaller buildings abandoned and all hometrees and gates locked against the invaders.
The wall that was more of a glorified fence truth be told, seemed flimsy and somehow inappropriate to hold back the fear that was slowly creeping out of the dark forest into our hearts. The forest that had for so long protected and nurtured the Matis people. That in conjunction with the thick wall of woven fiber, bark and living branches had withstood anything that had tried to best it in the past.
Cautiously, we moved towards the forest’s edge. Never before had these woods seemed so dark, so malignant to me. I thought I saw movement there, between the tall trees and the lush undergrowth; something incredibly fast, scuttling about.
As we carefully approached the bushes a deep hiss emerged from them. Cautiously, against all better judgment, we took a step closer. I held my breath, my heart thumping in my ears and my throat. I heard some of my comrades do the same but still we all yelped like frightened Yubos as something burst from its hiding place.

It was fast as a falling star, its dark green carapace, speckled with light brown, glistening in the glow of the streetlights. It rushed at us with such ferocity, it took all of us by surprise. Four of its legs tapped a staccato on the hard ground as it raced towards us, front legs raised high, like vicious spears, ready to pierce us. Its flat, wide head was lowered like a shield to protect its strangely round torso. It was taller than a grown Matis, than even a grown Zoraï. It fiercely hacked and stabbed at us with its front legs. Growling and roaring horribly. Together the eight of us slashed it apart with our pikes, keeping our distance, avoiding its madly flailing legs.

As it lay twitching before us, in a growing pool of yellow blood, we gathered around it.

“What in Jena’s Name is that?”

“Damned if I know.”

“It’s a spider, see its legs?”

“A spider’s got eight legs, this one’s only got six. It’s some kind of bug.”

“It’s a really big bug.”

“Keep it together folks, we don’t know if there are any more out there,” our Squad Leader said cautiously, keeping his voice low.

“Right, we better keep our eyes open. At last they’re easy to kill…”

At that very moment the buzzing in the background again grew louder. Beyond that, the citizens' screams increased in volume as well. The frantic ringing of the guardhouse bells nearly drowned in the horrific cacophony.

A terrible, inhomin shriek pierced the darkness from beyond the limits of the city. It was answered by another and another a little to our left and right, followed by other unnatural screeching cries and deep growls.
Chattering, hissing sounds emerged from the forest all around the city.
From up above we heard the sound of breaking branches. Something big was crashing through the canopy.

Then the darkness beyond our sparse light came alive. I still only remember impressions of disturbingly thin legs and bodies dislodging themselves from trees where they had been crouching, camouflaged in the dark. All around us the forest came alive, and it was headed straight towards us.

Horrified, half of us turned and ran. Two others, our Squad Leader and I, remained behind.
We tried to keep them back.
But it was like standing against a raging river.
They flowed around and over us.
Within seconds my comrades fell beside me.
I repeatedly stabbed the body of a small, green Insect that had dug its claws into the Squad Leaders throat until it was dead and he lay beside it, unmoving. I say small, but only compared to those who kept stalking the night around us.
It was bigger than a young Mektoub.
I held a bigger one back from killing the man beside me, when another jumped into the fray from the side and dragged him away. His screams mingled with those of the dying city.”

Here the old man falters in his tale for a moment, his blue eyes fill with tears and he looks down upon his hands folded in his lap.
He remains silent for a span, then again sighs heavily and continues. His voice filled with deep sorrow.

“I freely admit it and I’m deeply ashamed of it, but after this moment, witnessing the futility of what we were doing, I ran for my life. All of us ran that night. There wasn’t a single soul that didn’t. We didn’t stand a chance. Those poor, brave souls who stayed behind to fight; they were never seen again. Most of us simply ran and never looked back, or ran right into the claws of the Kitin.

Of course back then they didn’t go by that name. Nobody had yet bothered to attach names to the different monsters. They were just there.
Nameless horrors that killed everyone and everything they got their claws on. Man, woman, child or beast of burden.
Those monsters moved through the city like reapers through a field of wheat, harvesting terror and blood. Streaming in hundreds or even thousands from the forest, dropping onto archways from the low canopy, climbing up and down hometrees or simply ripping away the bark like it was paper and crawling inside to get at the soft life hiding inside. They flew through the cold air, picking up people while in mid-flight, without even slowing, their pincers and stings sharp as swords, ripping and tearing, letting their bodies drop to join the mutilated remains of friends and family below.

I remember my first glimpse of what came to be known as a Kipesta. It swooped down from the canopy onto a group of Homins huddled beneath a great root. At first trying to reach them with the stingers at its back. Contorting itself in horrible ways to get at its prey. Then seemingly realizing the futility of this, deflating its strange secretion sack into the hollow. The small space where the people were hiding was immediately filled with searing flames. I was too far away to do anything, too surprised and appalled by this perversity against nature.
I was unable to do anything but stare.
The screams of those trapped and burning alive in that small space still haunt my dreams after all these years.

I saw the heavily armored forms of Kipukas crash through the brush outside, the wall and the city. Crushing any resistance beneath their massive legs. Trampling, piercing every living thing in their paths.
Kincher scuttled about their feet, cutting to red ribbons everything that still moved.

These weird things, shaped like mushrooms, sprayed a paralyzing mist around themselves.
Something massive, big, black and white, with glowing yellow eyes tore down the belltower of our headquarters. Burying those of my fellow watchmen that had barricaded themselves in there forever.

I’m not certain how and if I even should feel lucky that I survived. Jena knows it's more of a punishment to live with my shame.
I ran, dropped my pike and ran. Dodging other Homins and giant insects alike, fleeing headlong into the forest, running until my legs gave way and I dropped to the floor unconscious from shock and exhaustion. Days later I found another group of refugees and we made our way to a Karavan camp they had heard of.

That is my shameful tale and I will tell no more.

With that the old man goes silent and sullen again. I am unable to confirm his story, though we of course have encountered the Kitin in these New Lands again.
We can only hope that these horrors will never happen again and that these lands will be spared a second swarm.

Lylanea Vicciona, Bard of the Four Lands