De EncyclopAtys
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(Aucune différence)
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Version du 13 avril 2022 à 15:42
Il était une fois dans la jungle de Zoran, un très très vieux gibbaï. De base, les gibbaïs ne sont pas très beaux mais celui-là était devenu fort minable. Son poil n’avait plus rien de noir et il en avait tellement perdu qu’il paraissait tout maigre et échevelé. Ses moustaches qui avaient été longues étaient tordues et ressemblaient à un tire-bouchon. Ses griffes étaient toutes cassées et incapables de déchirer quoi que ce soit. Il passait ses journées accroupi, à rêver sur le grand guerrier qu’il avait été, accompagnant Gibbakya lui-même.
Un jour le chef de la tribu vint le trouver :
- « Osco, tu es une bouche inutile, tu ne nous apportes plus rien. Je te chasse de la tribu !
- — Quoi ?? rugit Osco en essayant de se redresser de toute sa taille. Tu me chasses ? Ton père n’était même pas chef que j’étais déjà le guerrier le plus accompli de la tribu. C’est moi qui lui ai tout appris. Et toi, minable avorton, tu voudrais me chasser ?
- — Justement, tu es vieux et plus personne ne te craint !
- — J’ai le droit d’être mis à l’épreuve pour prouver que je suis un membre utile ! Alors donne moi une épreuve à ma hauteur ! »
Le chef réfléchit un moment et hocha la tête.
- « Voilà ton épreuve. Tu dois nous rapporter la tête d’un petit homin, prouvant par là que tu es encore un grand chasseur.
- — C’est comme si c’était fait ! » *se redresse et se frappe la poitrine des poings*
Osco connaissait la jungle comme nul autre. Il se faufila sans encombre jusqu’à un camp de trykers. Pas question de s’en prendre néanmoins à ces gardes armés. Mais il savait que, autour des camps, il pourrait trouver des individus esseulés. Et effectivement une de ces petites créatures, avec de la fourrure blonde sur la tête, se promenait sans arme. S’approcher en jaillissant de derrière un arbre était une tactique qu'Osco avait souvent employé quand il était jeune. Les petits étaient alors saisis d’effroi et il n’avait plus qu’à les assommer de ses longs bras pour les voir tomber, et les ramener au camp. Osco se mit en position attendant que le blondinet se rapproche et au bon moment, il jaillit de derrière l’arbre en montrant ses griffes. Mais rien ne se passa comme prévu. Le blondinet, après un temps de surprise, se mit à rire et esquiva sans problème les bras sans force de Osco.
- « Ahahaha ! Mais tu es ridicule ! C’est quoi ces quatre poils gris sur ton crâne ? Et ces moustaches… »
Osco était humilié au plus profond de lui. Il lança encore ses griffes vers l’avant mais sans plus d’effet que de redoubler l’hilarité du tryker. Et quand le tryker commença à sortir une pique des plus perçantes, Osco baissa la tête et s’éloigna rapidement, semant facilement son poursuivant grâce à sa connaissance de la jungle.
Le chef attendait son retour :
- « Alors, cette tête ?
- — Tu n’as cherché qu’à m’humilier en me donnant une épreuve trop facile pour moi. Va chercher ta tête tout seul et donne moi plutôt une épreuve digne d’un grand guerrier. »
Les yeux du chef devinrent encore plus rouges alors qu’il se retenait de hurler sur le vieux guerrier.
- « Très bien, je te donne une autre chance. Ton épreuve cette fois te conduira à affronter la magie qui blesse. Ramène nous un la tête d’un magicien pour prouver ta valeur de combattant et de magicien.
- — C’est comme si c’était fait ! »*se redresse et se frappe la poitrine des poings*
Osco se souvenait d’un endroit près d’une ville homine où des porteurs de masque venaient méditer au pied d’une cascade. Pendant que le masque méditait, il serait facile de se rapprocher assez pour le geler d’un sort de froid. Par des sentiers que lui seul connaissait, il arriva près de la cascade. Une grande bleue y était assise, seule, sans défense. L’occasion semblait presque trop belle. Se dressant de toute sa hauteur, il laissa partir le sort de froid. Mais le sort sembla ricocher sur la grande bleue qui ne bougea pas. Osco recommença encore et encore mais sans plus de succès que la première fois. N’y tenant plus, Osco se dirigea vers l’homine bien décidé à avoir sa tête malgré tout. Mais un tout petit craquement de végétation la fit tourner la tête vers lui.
- « Est ce toi, petit gibbaï, qui fait tout ce bruit qui gêne ma méditation ? Viens t’asseoir avec moi et ne fais plus de bruit ! »
Et sans plus se préoccuper de lui, elle reprit sa posture détendue. Osco, abasourdi, vint s’asseoir au pied de la cascade sans trop comprendre pourquoi il obéissait à cette voix si persuasive. Le charme ne fut levé que quand des cris d’alerte retentirent appelant à l’aide. Des masques arrivaient en nombre et Osco ne sut que s’enfuir alors que la Sage se levait, retenant les armes.
Le chef du camp ne cacha pas sa colère :
- « Tu es vraiment un incapable, Osco ! Mais comme tu as été un pilier de notre communauté, je te donne ta dernière chance ! Rapporte moi la tête de Zoran et tu seras nôtre à jamais.
- — C’est comme si c’était fait ! » *se redresse et se frappe la poitrine des poings*
Mais comment trouver la tête d’une entité qui n’existe pas ? Osco commença par errer sans but un moment dans la jungle qu’il aimait. La solution de l’énigme se refusait quand même à lui. L’épreuve était difficile, il ne pourrait pas en réclamer une autre. S’il n’y arrivait pas, il devrait quitter sa tribu. Des soupirs puis des sanglots montèrent en lui au fur et à mesure que l’astre du jour devenait plus sombre et orangée. Il ne savait rien des coutumes homines et fut donc très surpris en voyant apparaître devant lui une fée d’Atysoël.
- « Je suis la fée d’Atysoël. Tous se doivent d’être heureux pendant ce temps de fête. Je ne peux pas te laisser pousser des sanglots pareils. Que puis-je faire pour te faire plaisir ?
- — Tu ne peux rien pour moi ! Il me faut la tête de Zoran mais Zoran n’existe pas alors je ne peux pas avoir sa tête. »
Et Osco recommenca à gémir de plus belle. *geint*
- « La tête de Zoran ? Mais Zoran est partout ! Puisqu’il n’a pas de tête, il ne te reste qu’à la créer toi même ! Tu vois que je pouvais faire quelque chose pour toi ! »
Et la fée disparut. Confectionner la tête ? L’idée plut aussitôt à Osco. Il connaissait assez d’endroits où trouver des écorces, des lianes, des fleurs, des fruits, tout ce qu’il fallait pour créer Zoran en entier. Tout le reste de la nuit, il traversa la jungle en long et en large. Et au matin, il tenait dans ses mains la tête de Zoran. Oh elle paraissait bien un peu hirsute et avait de grandes moustaches mais on y sentait toute la vitalité de Zoran un matin de printemps quand la sève est sur le point d’éclater.
Quand Osco présenta la tête de Zoran au chef, ce dernier se prosterna et accepta Osco pour toujours dans la tribu. Et c’est un peu de cette sève de Zoran que vous pouvez trouver sur les bijoux de Gibbakya.
Ce conte a été dit par Kyriann Ba'Zephy, lors de la Veillée des contes d'Atysoël 2616. (HRP : Noël 2021)