L'enfant et le Dragon

De EncyclopAtys


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Page proposée à la Lore de Ryzom
Dernière édition: Zorroargh, 01.02.2022

de:Das Kind und der Drache
en:The Child and the Dragon
es:El niño y el Dragón
fr:L'enfant et le Dragon

Contée par Be'cauer Handan, conteur tryker.

Le peuple fyros a de tout temps été fasciné par le Grand Dragon, créature légendaire de pure destruction. Ceux qui savent en percevoir les manifestations et les combattre sont des êtres d'exception. L’histoire de l’un deux m’a été racontée lors de mon premier voyage vers le Désert Ardent. J’avais été aimablement accueilli par une petite tribu, et le soir, autour d’un feu, un vieux Fyros édenté a commencé à raconter un conte. On nous a apporté de petits bouts de viande qui avaient du passer trop de temps sous le soleil du désert ; je n’osais pas y toucher et pour faire bonne figure, j’ai écouté avec toute mon attention en prenant des notes.

Lekos Daraan n'était qu'un enfant lorsqu'il a vu pour la première fois l'Incendiaire. Une vague de sécheresse s'était abattue sur le Désert Ardent. Un jour où ses jeux l'avaient entraîné hors de la surveillance de ses parents, Lekos perçut l'émanation d'une énergie puissante autour de lui. Il se trouvait alors à l'est de la Forêt Enflammée, dans un périmètre sécurisé par sa tribu. Alors qu'il cherchait ce qui pouvait bien provoquer cette sensation, les bothayas des alentours se mirent à rougeoyer d'étrange manière, délivrant progressivement l'Incendiaire de son entrave d'écorce. Avant que l'enfant n'ait eu le temps de comprendre la menace et de se mettre à l’abri, les premières flammèches émergèrent d'un bothaya pour le prendre en chasse. Une voracité menaçante semblait animer le brasier naissant qui ne tarda pas à gagner en intensité tandis que l'odeur âcre émanant d'une fumerolle arrachait une quinte de toux au jeune fyros en déroute. Dans un souffle, le Dragon exhala une fumée sombre qui obscurcit la vision de l'enfant et acheva de le désorienter. Autour de lui, la combustion fulgurante des végétaux semblait mue par la volonté du Dragon dont les pas se mirent à résonner sur l’Écorce en de terrifiants craquements. Lekos sentit son cœur se serrer lorsqu'un zerx couvert de brûlures le renversa dans sa fuite éperdue. Sans parvenir à se relever, l'enfant se saisit d'une petite branche qu'il brandit vainement vers le sol, défiant courageusement le Grand Incendiaire. La sueur et la fumée qui piquait ses yeux l'aveuglaient et il crut un instant que le monstre du mythe était là, face à lui, s'apprêtant à le dévorer. Des cris lui parvinrent soudain. Sa tribu luttait vaillamment contre les flammes. Une chaîne homine s’était formée depuis une citerne située à proximité. Des seaux d’eau s’abattaient en rythme tout autour du départ d’incendie, circonscrivant la menace dans un étau de sciure humide. Des mains puissantes se saisirent de Lekos et, avec un soupir de soulagement, son père le souleva pour le serrer contre lui. En ramenant son fils à leur campement, il lui révéla alors : « Ce que tu as vu, jamais tu ne dois l'oublier ! Souviens-toi que ta vigilance sera toujours ta meilleure arme car jamais Son feu ne faiblira. Un jour, à ton tour, tu seras chargé de veiller sur le sommeil du Dragon mais aujourd'hui tu viens d'apprendre ce que c'est que d'être un Veilleur. »

Levant les yeux de mon parchemin, j’ai croisé le regard malicieux du vieux Fyros. J’allais l’interroger lorsque nous avons été interrompus par deux enfants qui s’étaient assis devant moi pour profiter du conte. Le premier s’est écrié avec emphase : « Rooaar ! Je suis l’Incendiaire ! Je vais te dévorer ! » provoquant l’hilarité de son jeune camarade qui lui a répondu sur le même ton : « Même pas peur ! D’abord, j’ai des pouvoirs de Veilleur ! » Les deux enfants ont alors fait mine de se livrer un combat épique en mimant une joute avec force détails, tout en se poursuivant autour du feu de camp. Comme vous pouvez vous en douter, l’un d’eux n’a pas tardé à se brûler sur une petite branche qui dépassait malencontreusement du foyer. J’ai aussitôt sorti de mon sac un nécessaire de soins pour lui faire un bandage. Le garçon m’a adressé un sourire carnassier en me lançant en fyrk : « akep, atalmalos »*. Sans se départir de sa moue narquoise, mon ami conteur s’est levé en prenant soin d’étirer ses articulations avant de disperser son jeune public en s’écriant : « Allez zou ! Retournez vous amuser maintenant, mais n’oubliez pas : on ne joue pas avec le feu ! »

Merci, tonton