de:Die Qualen einer Königin
en:The torments of a queen
es:Los tormentos de una reina
fr:Les tourments d'une reine

Correspondance entre Tridi Lillo et son fils, rendue publique en 2582, mais dont les rares exemplaires ont très vite été confisqués. Cependant, l'ouvrage a pu être copié et plusieurs cubes d'ambre circulent encore au sein du Royaume, dont celui-ci.

Sommaire

Courrier daté de Nivia 10, 2e CA 2517

Mon fils bien-aimé,


Je vous écris depuis le Palais Royal, où, comme vous le savez, je demeure depuis que j'occupe le rang privilégié de Dame de Compagnie de la Karae Lea.

J'ai ici le privilège de croiser nombre de personnages importants. Chaque jour passé en ce lieu augmente un peu plus la renommée de notre lignée au sein de la Haute Cour.


La Karae, jeune épouse déjà bénie par Jena, s'avère être une homine d'une grande beauté. Mais le plus impressionnant est la force de caractère qui émane d'elle, l'entourant d'un halo presque divin, inspirant à la fois respect et admiration.

Peut-être aurez-vous un jour le privilège de l'approcher, mon fils. Alors, vous comprendrez le sens de mes mots.


J'espère que ce courrier vous trouvera en bonne forme et que vous progressez dans l'art du maniement des armes. Veillez à ne pas omettre de réciter vos prières à la Déesse, puisse-t-Elle poser Son regard sur vous, vous inonder de Sa Lumière bienveillante et vous transmettre tout mon amour maternel.


Votre mère bien-aimée,


Tridi Lillo

-–—o§O§o—–-


Courrier daté de Medis 27, 1er CA 2518

Mon cher fils,


Je me réjouis de votre nouveau grade ! Par Jena, vous êtes si jeune et déjà Sous-Lieutenant ! Un jour, j'en suis certaine, vous m'apprendrez que vous êtes promu Général de nos armées.


Au Palais, la vie suit son cours. L'ère de Jinovitch semble déjà tellement lointaine ! Cela ne fait pourtant que quatre années que le tyran est mort. Mais le temps apaise les esprits, telles les larmes de Jena tombant du ciel.

Pourtant, il reste en ce lieu une âme tourmentée ; une personne que j'entends fréquemment hurler la nuit depuis ma chambre coquette, et que je peine à apaiser. Il s'agit de la Karae en personne. En effet, elle se réveille souvent en sursaut, baignée de sueur, le regard écarquillé sous l'emprise d'une vision cauchemardesque : celle de son père, le grand botaniste Bravichi Lenardi, brûlant vif sur un bûcher.


Je prie la Déesse pour que la prochaine naissance royale apaise les tourments nocturnes de la Karae. Je sais que vu l'assurance qu'elle affiche face à tous, mon fils, il est difficile de croire mes paroles. Mais pourtant, elles sont véridiques.


Puisse ce courrier vous transmettre toute mon affection, mon fils bien-aimé.


Jena Aiye,


Votre mère, fière de vous,


Tridi Lillo

-–—o§O§o—–-


Courrier daté de Pluvia 13, 2e CA 2518

Mon fils bien-aimé,


Votre tuteur vous a déjà expliqué les raisons du mariage entre le Karan Yrkanis et la Karae Lea. Mais je doute que vous en connaissiez les raisons profondes, aussi vais-je tenter de vous les expliquer.


Le père de Lea Lenardi, l'illlustre botaniste Bravichi Lenardi, créateur du célèbre Mur végétal dans le Jardin Fugace, n'avait pas eu la chance d'avoir un fils. Or, à quoi lui aurait-il servi de transmettre son savoir à une fille alors que seuls les homins peuvent disposer du pouvoir ?


Or, il se trouva que le Karan Yasson confia la tutelle du Karin Yrkanis à Bravichi, afin que l'héritier du trône puisse bénéficier de son érudition. Imaginez la joie du botaniste ! La Mère ne lui avait pas donné de fils, mais Yasson venait de lui confier le sien !

C'est avec un enthousiasme sans limite que Bravichi Lenardi éduqua le jeune Karin. Et bientôt, il l'aima comme son propre fils.

Bien sûr, Lea bénéficiait toujours de son amour paternel, mais quoi qu'elle fit, elle restait une fille. À ses yeux, Yrkanis lui volait son père, et aucune prière à Jena ne parvenait à dissiper ses tourments.


Le Roi Yasson et l'architecte végétal Bravichi Lenardi décidèrent de la future alliance de leurs enfants. Cette promesse d'union réjouit le cœur de Bravichi, car ses deux enfants préférés allaient s'unir. Certes, il n'avait pas donné naissance à un Roi, mais, par l'intermédiaire de sa fille, cette lacune était réparée. Il était enfin reconnu, et son pouvoir en sortait grandi.

Des années plus tard, après qu'Yrkanis soit monté sur le trône, l'union fut célébrée. Yasson et Bravichi avaient tous deux rejoint la Lumière de Jena mais, en s'unissant devant Elle, leurs enfants avaient respecté leur volonté.


Par la Déesse, je m'emporte dans cette longue explication et j'en oublie de prendre de vos nouvelles, mon fils ! Puissiez-vous pardonner votre mère et daigner répondre malgré tout à cet humble courrier.


Jena Aiye,


Votre mère,


Tridi Lillo

-–—o§O§o—–-


Courrier daté de Germinally 2, 3e CA 2518

Mon fils bien-aimé,


Avez-vous déjà entendu parler du coffret de Bravichi Lenardi, le père de la Karae ?


L'Histoire a retenu que toutes les connaissances botaniques de Bravichi avaient été perdues à jamais. Imaginez donc ! Il a péri sur le bûcher, soi-disant pour hérésie mais en réalité parce qu'il soutenait Yrkanis. Évidemment, le fait qu'il l'ait aidé à s'échapper du Royaume, le sauvant de justesse d'un meurtre ordonné par Jinovich en personne, n'y fut pas étranger...


Tout son travail fut brûlé publiquement. Ne garder aucune trace de ce qu'a écrit un hérétique, cela pourrait attirer les foudres de Jena. Quelle époque ! Détourner ainsi la volonté divine pour sa gloire personnelle ! La fin de Jinovitch était prévisible, la Déesse ne pouvait tolérer éternellement pareil abus...


Quoi qu'il en soit, Bravichi Lenardi réussit à sauver les principaux cubes d'ambre renfermant ses connaissances. Je tiens cette information de la Karae Lea en personne, a qui son père a avoué, peu avant son arrestation, avoir confié un coffret « à une personne de confiance ».


Je crois que jamais la Karae ne se remettra de ce qu'elle considère comme une trahison de son père. Qui était donc cette personne en qui il avait plus confiance qu'elle ? Pourquoi ne lui avait-il pas confié ce coffret si précieux, à elle, sa fille ? Était-ce vraiment pour la protéger, comme il le lui a affirmé ? Était-ce Yrkanis ? Était-ce quelqu'un qu'elle connaissait, et qui continuait à s'incliner modestement devant elle comme si de rien n'était ? Et si les connaissances de son père étaient cachées hors du Royaume ? L'une des pistes suivies secrètement par Lea la conduisait vers l'Empire, imaginez-vous ?


Mon Fils, la Karae est jeune et sa grossesse est assez avancée, mais malgré cela, si vous voyiez avec quelle détermination elle se lance dans la quête secrète de ce coffret ! J'ai la chance de servir une grande Reine. Sa prestance, son autorité, l'art avec lequel elle mène une enquête de cette envergure sans que d'autres que ses proches ne soient au courant – pas même le Karan ! – le prouvent.


Mon Fils, une fois encore j'en oublie tous mes devoirs envers vous. Comment vous portez-vous ? Vous m'annonciez dans votre dernier courrier que vos supérieurs envisageaient une promotion pour vous. Qu'en est-il ? Ai-je déjà le privilège, sans le savoir, d'être mère d'un Lieutenant de nos armées ? Comme j'ai hâte de vous lire pour en savoir plus !


Que la Déesse veille sur vous, mon Fils. Et qu'Elle me fasse la joie de pouvoir bientôt vous revoir.


Jena Aiye,


Votre mère,


Tridi Lillo


Portail des Chroniques d'Atys Portail des Chroniques d'Atys2525 - 2562
Récupérée de « https://fr.wiki.ryzom.com/w/index.php?title=Les_tourments_d%27une_reine&oldid=69841 »