Fakuang regardait la petite affiche d'un air qu'on aurait pu considérer comme navré, si les mutilations de son masque n'avaient pas autant déformé son expression. Il n'aurait pas du être surpris, mais... Ce genre de chose continuait à le déstabiliser.

    Krokwai s'était visiblement foulé pour ce nouvel éclat de génie. On trouvait des bouts d'écorces gravés avec ce texte un peu partout dans la jungle ; enfin, des variations de ce texte, avec un nombre de fautes aléatoire.

    Fakuang voyait plusieurs solutions :
–- Taper Krokwai pour le convaincre de ramasser tout ça, et faire un grand feu de joie, sans doute avec l'antekami malingre au milieu. Mais même s'il arrivait à le mettre au travail (ce qui serait difficile), Krokwai ne se souviendrait pas de la consigne plus de deux minutes.
–- Se baisser lui-même et faire l'éboueur ... Non !
–- Mettre le feu à la Jungle. Mais il avait déjà essayé à de nombreuses reprises, l'humidité empêchait le feu de vraiment se répandre. Et puis il y avait ces rumeurs sur le fait que la goo serait destructible par le feu. Ce serait vraiment dommage de risquer de la faire flamber.

    La dernière solution était moins amusante mais plus efficace, faire bosser son esclave là-dessus.

    Une fois la petite zoraie parti ramasser les créations de Krokwai, Fakuang pris le temps de réfléchir. Ce coup de pub était une catastrophe. Déjà que l'image des Antekami Kaze n'était pas reluisante, avec les abrutis que lui confiait la Chef... Mais si en plus les gens pensaient que Krokwai était le chef... la lutte contre la Théocratie et l'influence kamiste n'avait vraiment rien de simple.

    Krokwai détalait poursuivi par une horde de kamistes. Yubos allaitants, peut-être, mais kamistes certainement ... Enfin bref, alors qu'il détalait ventre à terre, submergé par la supériorité numérique des deux animaux, Krokwai choisit de plonger dans un buisson d'épineux pour échapper aux vindicatifs animaux. Il reçut un pannonceau en écorce sur le masque au moment même où il sortait le masque des épines, griffé et écorché. Le morceau d'écorce avait été arraché par le vent, et seules quelques lettres étaient visibles. Ahânant avec difficulté, il réussit à en comprendre quelques bribes

    Il n'en croyait pas ses yeux ! Des alliés potentiels ! Il fallait qu'il en parle au chef, absolument. S'extrayant avec difficulté du buisson où il s'était camouflé le temps que les féroces créatures s'éloignent, il prit le chemin de... Il partit dans la jungle selon un parcours qu'un papillon n'aurait pas renié. Puis soudain il réalisa, se frappant le masque.
« Nan mais quel crétin je fais ! »
Il se mit à rire de bon coeur.
« C'est moi le chef ! »
Il se ressaisit et tourna le masque en tout sens
« Bon, ils sont où ces alliés ? »