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par Paera Ama Din Covee, in "La nouvelle feuille d'Atys", Quarta, Harvestor 16, 3e CA 2525
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La gravure a longtemps été la seule technique permettant de reproduire des images d’un grand réalisme et d’une grande finesse. Nombre de ces gravures, patiemment colorées à la main, illustrent les colonnes de ce journal. Mais la gravure reste un art qui demande du temps et n’est absolument pas adaptée pour saisir la beauté de l’instant. C’est en contemplant les couleurs fugaces d’un coucher de soleil sur les eaux de Fairhaven que j’ai alors eu l’idée du luciogramme.Quand j’étais petite, la vieille Ama, l’aînée de mon clan, alors qu’elle triait des graines ou cardait l’anete, avait pour habitude de nous occuper, nous autres gamins, avec un grand coffre de motega. Nous nous enfermions à l’intérieur et observions inlassablement les images qu’un mince rayon de soleil, qui pénétrait par un petit trou percé dans l’un des côté du coffre, dessinait sur le fond.
C’est cette image du passé qui me revint en mémoire alors que je voyais les ors et les pourpres du coucher de soleil se diluer dans les eaux du lac, me demandant comment enfermer cette image dans le coffre pour pouvoir la regarder encore et encore.
Les artisans d’Atys et plus particulièrement les teinturiers, savent tous que la lumière du soleil peut altérer et modifier les couleurs de leurs teintures. Ainsi, la couleur bleue si difficile à obtenir mais si belle et si éclatante n’est à l’origine, qu’un bain verdâtre peu engageant et il faut que les rayons du soleil caressent le vêtement teint pour que se révèle cette couleur. De même, les prospecteurs auront tous pu constater qu’une veine de sève de silverweed laissée à l’air et à la lumière prenait rapidement une teinte terne et sombre. J’ai ainsi vu un jour d’automne le dessin parfait d’une feuille de bambou que le vent avait chassée sur une flaque de sève baignée de soleil, s’imprimer dans le moindre détail de ses nervures et de ses dentelures, puis s’effacer progressivement.
J’ai réalisé de nombreux essais, souvent infructueux ou qui ne m’ont permis d’obtenir que de vagues formes brouillées et éphémères. J’ai utilisé le bois, l’écorce, l’ambre que ma pioche me permettait d’obtenir en abondance. En vain. Alors je me suis tournée vers nos chasseurs et j’ai réussi à obtenir de bons échantillons d’ailes de kizoar. Sous l’élytre cornée, on trouve l’aile proprement dite, excellente pour ses propriétés de parade en rembourrage, mais dont l’intérêt pour moi résidait surtout dans sa transparence et sa dureté après séchage.
Sur une plaque découpée dans l’aile de kizoar, j’étends un mélange de blanc d’œuf d’Izam et de résine de colle, puis je la plonge dans un bain de silverweed. Le mélange de blanc d’œuf et de résine permet de faire adhérer la sève sur l’aile transparente. Une fois l’excédent de sève lavé et la plaque séchée, elle peut servir à fixer une image. Placée au fond d’un coffret de kachine (plus léger et plus maniable que le lourd motega de mon enfance), la plaque est exposée à la lumière via un orifice que l’on peut obturer à sa convenance. Après quelques minutes, l’image parfaite s’est imprimée sur la sève. Plusieurs bains de silverweed tiède additionnée d’autres sèves et d’un peu d’ichor de kitin permettent de la révéler puis de la fixer.
L’un de mes premiers essais avec cette technique m’a permis d’obtenir cette très belle image du bâtiment des ambassades à Fairhaven, prise depuis l’avenue de la Chambre basse:
J’avais donc réussi à saisir et à conserver l’image. Je me suis donc attelée au problème de la couleur. Pendant un temps, j’ai repris les techniques des graveurs et j’ai coloré mes images à la main. Mais ce que je savais des teintures et des propriétés des pigments me laissait croire qu’il devait y avoir moyen de capturer aussi la beauté des couleurs. Il fallait simplement trouver le moyen d’insérer les pigments dans la couche sensible à la lumière du fragment d’aile de kizoar. Un mélange d’une bouillie de racine de stinga et de pigments disposé en plusieurs couches monochromes s’avéra être le procédé le plus fiable et celui permettant le rendu le plus lumineux. La sève de silverweed exposée à la lumière réagit plus ou moins fortement, dans le procédé décrit précédemment cela permettait d’obtenir des dégradés de gris. Avec ce nouveau système, la couche de sève fixée par l’œuf et la résine laissent plus ou moins passer la lumière jusqu’aux strates de racine de stinga colorées en rouge, bleu, jaune et vert. Le résultat rend fidèlement compte des couleurs extérieures, pour peu que les couches pigmentées aient été préparées avec soin.
Seulement, tout ceci ne pouvait fonctionner qu’à la lumière du soleil, et encore quand celui-ci brille ardemment. Aussi, m’inspirant de l’éclairage public trycker, qui exploite la luminosité naturelle et si chaude des lucioles, abondantes sur nos terres, j’ai développé une nouvelle forme de mon appareil à capturer les images et les couleurs, que j’ai appelé luciographe ou boîte à lucioles. Les lucioles enfermées dans un compartiment spécial du coffret de kachine peuvent être découvertes de manière à projeter leur lumière sur le sujet dont on veut capturer l’image. Leur éclat tout en nuances chaudes donne à ces luciogrammes, ainsi que j’appelle ces nouvelles images, une tonalité particulière qui m’a poussée à utiliser ce système même en plein jour.
Paera Ama Din Covee, in "La nouvelle feuille d'Atys", Quarta, Harvestor 16, 3e CA 2525
Le texte ci-dessus provient directement du site :http://www.lanouvellefeuille.info, actuellement fermé. On le trouve encore archivé, mais pour combien de temps ? Mettre les explications ici paraît important pour la sauvegarde du savoir. Paera.
Description de la découverte du procédé; 12 Novembre 2004