De EncyclopAtys
Un conte en arpentant Atys
Il y a quelque temps de ça, quelqu’un que j’estime beaucoup m’a demandé un conte d’Atysoël pour cette veillée. J’ai d’abord été bien embêté : je ne sais pas inventer des histoires. Donc j’ai cherché dans ma mémoire si je pouvais me souvenir de quelque chose qui pourrait vous plaire. Mais les histoires qui me revinrent, vous les connaissez sans doute déjà… Alors j’ai décidé de remonter à la source de ces contes. Après ma cérémonie du Masque, j’ai passé beaucoup de temps sur Silan, et c’est là que j’ai entendu les meilleurs récits.
Je suis donc retourné voir Chiang le Fort pour lui demander conseil. Nous avons discuté un moment. Puis il a eu une idée, qu’il n’a pas voulu me confier sur le moment :
« Reviens dans quelques jours, m’a-t-il dit, et tu auras une histoire qui n’aura pas été dite depuis longtemps ! »
Je suis retourné le voir quelques jours plus tard, impatient d’entendre ce conte.
« Patience, me dit Chiang. Avant d’avoir ton conte, il te faut rassembler certains éléments. »
Et il me donna une liste de gens à aller voir. Vous connaissez Chiang ; il ne m’a pas donné la liste en une fois ! Je partais sur le continent trouver la personne qu’il m’avait désignée, je revenais, puis il me confiait un autre nom, et je repartais. J’aurais peut-être vu venir l’embrouille s’il m’avait dit toute la liste en une fois. Mais je vous épargne le détail de ces aller-retour…
Le premier était un prêtre du temple de Zora. Je me suis présenté à lui, et nous avons discuté de la foi Kami et de la grandeur de Ma-duk, jusqu’à ce qu’enfin je puisse aborder le sujet de ma visite. Il a alors évoqué son propre passage à Silan, des années auparavant, et le plaisir qu’il avait eu à parcourir cette île bénie par les Kamis. Enfin, il m’a tendu un petit paquet, avec la consigne de ne pas l’ouvrir sans l’accord de Chiang.
Et il a conclu l’échange par ces mots :« La voie de la Lumière peut emprunter bien des chemins. »
Le second était un Fyros. Je l’ai trouvé au bar de Lydix. C’était un vieux guerrier, usé par mille combats à la gloire du sharük, qui maugréait sur la défaillance des jeunes gens à servir loyalement l’Empire. Quand j’ai enfin pu venir au sujet de ma visite, il m’a tendu un petit paquet, avec la même consigne, et m’a confié :
« Il y a plus d’une façon d’être loyal et de servir. »
La troisième était une Zoraïe, une herboriste dont la tente recelait nombre de plantes étranges. Ce qu’elle me fit boire n’était assurément pas un simple thé.
« C’est la dose qui fait le poison… ou le remède. » m’expliqua-t-elle avant de me donner un colis à l’odeur épicée.
La quatrième était une ancienne Maraudeuse : elle avait grandi dans un clan des Anciennes Terres. Elle vivait à présent en ermite au cœur des Primes Racines, et me reçut presque aimablement. Elle m’accorda le paquet après m'avoir fait affronter un tyrancha à mains nues. Le tyrancha gagna, mais la maraudeuse me releva et honora mon courage en me tendant l’objet de ma quête. Elle l'accompagna de ces mots :
« Ce qui compte est de combattre vaillamment et pour une juste cause. »
Le cinquième était un Tryker, un commerçant roué qui m’avait déjà délesté de pas mal de dappers ces derniers mois. Il insista pour qu’on joue le paquet aux cartes. Évidemment je perdis, encore et encore, jusqu’à ce qu’il ait pitié de moi… Il me laissa repartir les poches vides… mais avec le colis et une moquerie :
« Qu’importe le flacon, pourvu qu’on ait l’ivresse en bonne compagnie ! »
La sixième était une Matisse. C’était une grande dame, ancienne courtisane auprès du Karan, qui passait ses vieux jours à enseigner le maintien à la jeunesse aristocratique d’Yrkanis. Elle fit quelques manières pour me recevoir.
J’avais pourtant mis mes plus beaux habits ! Enfin, elle accepta de me confier un petit emballage pour Chiang.
Avant de partir, elle me dit :
« Même si certains ignorent tout des bonnes manières, cela ne les empêche pas de faire le bien… et c’est déjà suffisant. » J’espère qu’elle ne parlait pas de moi…
La septième était une officière de la Karavan. J’étais un peu inquiet de l’approcher, vu mon allégeance, mais la Kuilde me laissa passer cette fois-ci, et j’eus le paquet sans être trop bousculé. Elle me dit :
« Jena considère tous les homins comme ses enfants, même ceux qui s’égarent quelque temps. Et certains auront toujours son soutien, même s’ils ne sont pas les plus pieux. »
J’ai préféré ne pas m'attarder et revenir rapidement à Silan. Je me demandais si Chiang me ferait courir encore longtemps… mais c’était le dernier !
« Parfait, me dit le Ranger, Atysoël va pouvoir commencer ! »
Il me tendit les paquets, tous emballés dans divers papiers colorés, et me laissa les ouvrir. C’était les divers éléments d’une parure et deux dagues, et sur chaque pièce était gravé un message, écho de ce que chacun m’avait dit.
« Et le conte, Chiang ? demandais-je.
— Qu’as-tu appris de ces balades ? »
Je réfléchis, et je compris. Grâce à lui, j’avais rencontré des gens de toutes les factions et toutes les nations. Tous étaient passés sur Silan à un moment de leur vie et en avait gardé quelques souvenirs. Chacun s’était aussi engagé d’une façon ou d’une autre pour l’Écorce. Enfin, tous avaient participé ensemble au projet de Chiang, à leur façon. Au-delà de ce qui pouvait opposer ces homins au quotidien, ils étaient capables d’unir leurs efforts dans certaines circonstances.
tous les homins s’unissent sur Atys, sans même qu'ils renient leurs valeurs…
Cette histoire a été contée par Haokan, lors de la Veillée des contes d'Atysoël 2611.(HRP : Noël 2020)