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Version du 9 avril 2015 à 10:54
Chronique relatant un épisode de la vie de Rosen Ba'Darins, vers 2486 (JY), par le chroniqueur tryker Derry O'Darren
Rosen Ba'Darins était encore bien jeune quant arrive cette histoire. Du moins, elle appartenait encore à ce que l'on nomme la fleur de l'âge. C'est aussi une fleur qui faillit changer durablement sa vie, une fleur qu'elle n'a pas su saisir, par la crainte de l'inconnu, et malgré l'inconfort du connu.
Esclave parmi les esclaves, détenue par la Tribu des Esclavagistes depuis des cycles, voila ce qu'était Rosen. Avec un grand nombre d'autres, tous captifs pour être vendus, tous trykers comme elle, elle rêvait souvent qu'ils s'envoleraient des enclos qui les gardaient, et échapperaient à leurs geôliers. Les trykers, c'est bien connu, sont épris de liberté, et l'ignoble sort qui les attendait, l'esclavage chez quelque matis ou zoraï peu scrupuleux, leur apparaissait chaque jour qui passait plus inconcevable encore. Aussi, cherchaient-ils sans cesse une occasion de s'évader.
C'était une tâche délicate, impossible même aux dires des esclavagistes. Car si les barrières n'étaient pas hautes, jamais bien fermées, les véritables barreaux de leurs cage s'étendaient sur des heures de marche : devant eux, à perte de vue, on ne pouvait voir que la sciure, parcourue par les plus terrifiants des prédateurs, des torbaks, des zerx, des ragus, et souvent même des kitins. Les esclavagistes se souciaient bien peu de l'entretien de leurs barrières car ils savaient que l'estomac d'un carnivore était le seul asile que trouverait l'esclave qui leur échapperait. Et ils ne se privaient pas de le répéter à leurs prisonniers.
Mais la force des rêves est souvent décrite comme un trait particulier des trykers, et c'est d'elle que le petit peuple tire ses plus ingénieuses inventions. Et quelle plus belle invention que d'être libre ? Aussi, parmi les esclaves détenus par la Tribu de ce temps là, nombreux étaient ceux qui cherchaient en toute chose, une marche pour atteindre leur salut. Rosen était souvent de ces trykers, ou du moins partageait-elle leurs discussions. Un soir, l'un d'eux évoquait sa dernière idée devant un feu maigre, le plus loin possible des oreilles de leurs geôliers.
"Je crois bien détenir le moyen de tous nous évader" chuchota t-il à la dizaine de trykers réunis. Ceux-ci ouvrirent de grands yeux, leur enthousiasme sans cesse ravivé à chaque nouvelle proposition ingénieuse et digne d'être écoutée. "La région regorge de dents, de dards, et de toutes sortes de choses qui finissent par un estomac. Mais nous pourrons leur échapper si notre destination n'est pas celle qui se trouve derrière elles." Loin de décourager les captifs, ces paroles étranges firent se rapprocher les têtes autour du feu. Baissant encore la voix, Jidgen reprit :
"Nous ne pouvons nous rendre sur les terres qui nous entourent. Mais aucun d'entre nous ne souhaite vivre une existence d'esclave, n'est-ce pas ?" Il laissa aux autres le temps d'acquiescer en silence. "Rejoignons la Canopée. Là haut, nous serons libres à nouveau.