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Oh Temps, suspend ton vol...
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Enfant d’Avalae.
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Au premier jour de l’Automne 2507, dix neuf années après Avalae, Edge vit le jour dans les cossus appartements familiaux situés à l’étage terminal de l’Arbre militaire de la Cité. Fruit de l’union d’ Erlan Assalio et de Nenya, née Tullisi, le nourrisson disposait de tous les atouts pour devenir un Matis tout à fait honorable.
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Son père, Homin d’Armes fidèle parmi les fidèles à la couronne Royale, dirigeait la garnison d’Avalae depuis trois années de Jena. Proche de Jinovitch par une longue amitié de jeunesse, ayant servi sous les mêmes armes, il avait su profiter de l’aubaine de la prise de pouvoir du demi-frère de Yasson pour en tirer un parti personnel. Promu chef des forces militaires d’Avalae, il assumait cette responsabilité avec dureté et intransigeance. Aussi froid que pouvait l’être le morne hiver Matis, Erlan Assalio était un Homin dur, insensible et irrémédiablement haineux envers tout ce qui n’est pas le fait de son peuple. Dans la Cité, et au-delà où s’étendait sa réputation grandissante, le chien de Jinovitch était autant admiré par les plus fervents sujets de la couronne que craint et haït en silence par les files de feu le modéré Roi Yasson.
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La douce Nenya, quant à elle, exerçait la profession de couturière, comme toujours l’avaient fait les Tullisi depuis des générations. Elle tenait une petite échoppe sur l’avenue d’Yrkanis, au nord de la ville. La petite vitrine arborant de jolies tenues Matis colorées et finement brodées attirait nombre de clients, et la tenancière de la boutique possédait légitimement bonne réputation. La mère du petit Edge était une belle Homine, aussi gentille qu’attentionnée, à l’opposé de son mari qu’elle chérissait pourtant de tout son cœur par on ne sait quel miracle de l’amour.
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Les premières saisons d’Edge furent on ne peut plus heureuses. Au travers de la chaude affection de Nenya, et au cœur de la dense animation d’Avalae si prompte à l’éveil, le tout jeune Homin prit vite goût à la vie qu’il découvrait. La Cité était alors en plein essor démographique et économique. Idéalement placée dans les Jardins Majestueux totalement sécurisés, elle prenait place sur la route commerciale du sud, vers les terres Trykers, parfait relais entre Yrkanis et Aeden Aqueous. Il n’était, à cette époque, pas un jour sans qu’un arbre devienne demeure, sans qu’un riche marchand de passage prenne gîte et couvert dans une des nombreuses auberges de la ville, ne ratant pas l’occasion de conclure quelque juteuse affaire. Sans compter l’apport des jeunes réfugiés en quête d’avenir venant offrir leurs compétences à la Cité. Les marchés colorés et animés d’Avalae se renouvelaient vertigineusement, étendant de nouvelles boutiques sur la forêt, sous les yeux vifs et émerveillés du petit Edge.
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Les saisons défilaient à vive allure, l’ennui tenu distant du petit Homin, trop occupé à quérir de nouvelles connaissances, jour après jour. Jusqu’à lui masquer certaine fâcheuse réalité. Même si cela lui échappait de par son trop jeune âge, de lui son père ne se souciait guère alors, si ce n’était chaque fois qu’il s’emportait sur la maudite chevelure verte de son rejeton, laquelle lui rappelait sans doute par trop celles de ces maudits Trykers qu’il haïssait tant.
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2512 vit Edge atteindre ses cinq ans et avec eux une petite forme d’indépendance. Aux ordres de Jinovitch à la Cour Royale, son père venait de quitter Avalae et sa mission locale pour Yrkanis, non sans consigner l’ordre familial que le petit Homin jouisse d’une certaine liberté de mouvement, afin d’affermir socialement, comme il se plaisait à le répéter, le corps et l’esprit d’un futur Homin dont il commençait tout juste à se soucier. A la grande inquiétude maternelle, mais avec ravissement, Edge prit donc l’habitude d’occuper ses journées à découvrir le monde, tout du moins réservé à la portion à ses yeux congrue d’Avalae, accompagné des enfants de bonne famille de son âge. Sa préférence alla rapidement et sans conteste aux aventures collectives dans les moindres ruelles de la Cité, à la recherche du compagnon caché, ou plus encore, aux passionnantes et interdites expéditions orchestrées dans la forêt avoisinante, en chasse de quelque yubo et parfois même d’un jeune capryni. A l’encontre de cela, et sans vraiment comprendre pourquoi, il n’appréciait guère le classique jeu du tryker bafoué, au cours duquel le groupe s’acharnait plusieurs heures durant et de différentes façons sur un membre choisi au hasard, avant de conclure par un véritable passage à tabac qui semblait autant ravir les enfants qu’il horrifiait le petit Edge. Le rôle d’infortune ne lui échouait cependant jamais, n’étant pas question pour les enfants d’Avalae, que ce fusse par crainte ou par admiration, de manquer de respect au fils d’Erlan Assalio.
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Celui-ci ne revenait plus guère qu’une ou deux fois par an à Avalae. Aux côtés de Jinovitch parti conquérir les Lagons de La Loria, attiré par les richesses et la vitale eau Tryker, le père d’Edge massacrait à tour de bras tout Enfant du Vent se mettant en travers de son chemin. La rumeur colportait sans coup férir les dignes faits de guerre jusqu’au Sommet Verdoyant, et Edge ne manquait pas d’en être informé, tantôt par les gardes de la Cité, tantôt par les gamins de son âge. Et les rares fois où Erlan revoyait sa progéniture, soucieux que celle-ci devienne plus tard son digne successeur, Edge cachait au fond de lui-même le malaise et le dégoût grandissant qu’il ressentait pour son père
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Assis au balcon de l’appartement familial qui dominait la ville, il restait souvent de longues heures à méditer, partagé malgré lui entre le devoir de la normalité, fierté d’un père dit remarquable et esprit Matis de domination et de conquête, et l’inspiration alors culpabilisante de la tolérance et de l’amour d’autrui.
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Le jeune Homin déchirait son âme chaque jour un peu plus, lorsque au cœur de cet hiver 2512 sa mère lui offrit la petite sœur impatiemment attendue. Nenya accoucha d’Eowann, et la vie d’Edge s’éloigna comme un soulagement de celles de ses compagnons de jeu habituels pour palpiter prés de sa cadette, à qui il voua d’entrée une affection profonde.
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Deux années de Jena passèrent jusqu’à ce que Jinovitch, abandonné par ses troupes, n’ait un jour sa graine de vie brisé par un kitin, imité par Erlan d’Assalio que sa loyauté envers le tyran poussa à l’accompagner jusque dans la mort. Le Royaume Matis allait retrouver un semblant d’Hominité sous la couronne d’Yrkanis. Le coursier dépêché à Avalae annonça à la criée la double nouvelle, avant de repartir au galop poursuivre sa mission, et, sur le seuil de la petite boutique de vêtements, Edge, impassible, vit ce jour là sa mère s’effondrer, ivre de douleur.
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La vie ne serait plus jamais comme avant.
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Les langues allaient se libérer sous le règne d’Yrkanis. Partout où Edge et sa mère passaient, nulle indifférence, mais de la compassion déplacée ou à contrario des quolibets de la part de la minorité libérée des opposants à Jinovitch. Autant de mots, qui, chaque jour, taillaient au plus profond l’âme du jeune Matis comme une lame  pénètre les chairs. Perdant tous ses amis, sa mère n’aura comme main tendue que celle d’un vieil Ami d’Yrkanis, Sire Eloew, fidèle ami de la famille.
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Edge s’isolait peu à peu, réfugiant sa vie en Eowann. En 2518, il arborait onze années et sa sœur six. Consciemment, il évitait à présent la ville, passant la majeure partie de ses journées dans les clairières de la Forêt. Eowann grandissait, chaque jour plus merveilleuse. Elle avait hérité de Nenya la douceur et la beauté, c’était une fleur pure, et les liens qui unissaient les deux enfants se resserraient chaque jour. Sa grande passion était la peinture, et ils aimaient avant tout s’installer dans quelque joli endroit, clairière lumineuse ou bord chantant de ruisseau argenté. La journée y passait toujours trop vite, Eowann couchant sur de fines feuilles d’écorce la beauté de la nature Matis, Edge admirant l’ouvrage, ou chassant les herbivores alentour. Le soir, ils rejoignaient Avalae, accueillis avec amour et soulagement par le sourire de leur mère
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Observant les jeunes kipees durant leurs aventures au plein-air, un intérêt particulier s’éveilla en Edge pour ces créatures. Au fil des discussions qu’il put avoir avec les rares personnes qu’il côtoyait encore, garde ou marchand, et des connaissances que lui livrèrent les ouvrages de la bibliothèque familiale, l’intérêt devint fascination, puis se mua progressivement en colère et en haine. Ainsi les kitins avaient-ils un jour envahi les Terres Anciennes, avec la volonté simple et implacable d’éradiquer l’espèce Hominem. Ainsi ces créatures avaient elles engendré la mort sans compter, Homins, Dames et enfants, sans jamais montrer signe de pitié. Ainsi surtout les kitin restaient ils présents sur Atys, côtoyant les peuples Homins, dans une apparente placidité. Jusqu’à quand …
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Un soir, avant le coucher, Edge se tint dans la grande pièce de l’appartement et demanda à Nenya le droit de porter une épée. Après longue discussion posée, sa mère accepta, ce dont il n’avait nullement douté. Elle lui avait toujours fait confiance, comme si elle sentait que son chemin se tracerait de manière inflexible, quoi qu’il arrive. Le temps des dagues était révolu pour l’enfant d’Avalae. A partir de ce jour là, l’entraînement prit un sens, tout autant que sa vie. Jamais son arme ne s’élèverait sans juste raison sur un Homin, quel qu’il soit, comme l’eut voulu Erlan Assalio. Toujours et sans compter le ferait-elle face à l’envahisseur kitin, tel un bouclier protecteur de l’Hominité.
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Dans la Forêt d’Avalae, Edge naissait une seconde fois. Un double but apparaissait devant lui. Liberté, Protection. Sa formation serait bien longue, mais à dater de ce jour les jeunes kipees d’Avalae connurent des jours moins paisibles.

Version actuelle datée du 10 août 2006 à 10:48

Ambre personnelle
Edge
Chef de guilde
Race Matis
Sexe
Nation Apatride
Organisation
Culte Neutre
Faction
Guilde Libres Frontaliers
Rang
Naissance
Décès
Mère
Père
Fratrie
Conjoints
Enfants
S'il vous plaît, préférez plutôt le modèle {{template:Homin}}

Enfant d’Avalae.


Au premier jour de l’Automne 2507, dix neuf années après Avalae, Edge vit le jour dans les cossus appartements familiaux situés à l’étage terminal de l’Arbre militaire de la Cité. Fruit de l’union d’ Erlan Assalio et de Nenya, née Tullisi, le nourrisson disposait de tous les atouts pour devenir un Matis tout à fait honorable.

Son père, Homin d’Armes fidèle parmi les fidèles à la couronne Royale, dirigeait la garnison d’Avalae depuis trois années de Jena. Proche de Jinovitch par une longue amitié de jeunesse, ayant servi sous les mêmes armes, il avait su profiter de l’aubaine de la prise de pouvoir du demi-frère de Yasson pour en tirer un parti personnel. Promu chef des forces militaires d’Avalae, il assumait cette responsabilité avec dureté et intransigeance. Aussi froid que pouvait l’être le morne hiver Matis, Erlan Assalio était un Homin dur, insensible et irrémédiablement haineux envers tout ce qui n’est pas le fait de son peuple. Dans la Cité, et au-delà où s’étendait sa réputation grandissante, le chien de Jinovitch était autant admiré par les plus fervents sujets de la couronne que craint et haït en silence par les files de feu le modéré Roi Yasson.

La douce Nenya, quant à elle, exerçait la profession de couturière, comme toujours l’avaient fait les Tullisi depuis des générations. Elle tenait une petite échoppe sur l’avenue d’Yrkanis, au nord de la ville. La petite vitrine arborant de jolies tenues Matis colorées et finement brodées attirait nombre de clients, et la tenancière de la boutique possédait légitimement bonne réputation. La mère du petit Edge était une belle Homine, aussi gentille qu’attentionnée, à l’opposé de son mari qu’elle chérissait pourtant de tout son cœur par on ne sait quel miracle de l’amour.

Les premières saisons d’Edge furent on ne peut plus heureuses. Au travers de la chaude affection de Nenya, et au cœur de la dense animation d’Avalae si prompte à l’éveil, le tout jeune Homin prit vite goût à la vie qu’il découvrait. La Cité était alors en plein essor démographique et économique. Idéalement placée dans les Jardins Majestueux totalement sécurisés, elle prenait place sur la route commerciale du sud, vers les terres Trykers, parfait relais entre Yrkanis et Aeden Aqueous. Il n’était, à cette époque, pas un jour sans qu’un arbre devienne demeure, sans qu’un riche marchand de passage prenne gîte et couvert dans une des nombreuses auberges de la ville, ne ratant pas l’occasion de conclure quelque juteuse affaire. Sans compter l’apport des jeunes réfugiés en quête d’avenir venant offrir leurs compétences à la Cité. Les marchés colorés et animés d’Avalae se renouvelaient vertigineusement, étendant de nouvelles boutiques sur la forêt, sous les yeux vifs et émerveillés du petit Edge.

Les saisons défilaient à vive allure, l’ennui tenu distant du petit Homin, trop occupé à quérir de nouvelles connaissances, jour après jour. Jusqu’à lui masquer certaine fâcheuse réalité. Même si cela lui échappait de par son trop jeune âge, de lui son père ne se souciait guère alors, si ce n’était chaque fois qu’il s’emportait sur la maudite chevelure verte de son rejeton, laquelle lui rappelait sans doute par trop celles de ces maudits Trykers qu’il haïssait tant.


2512 vit Edge atteindre ses cinq ans et avec eux une petite forme d’indépendance. Aux ordres de Jinovitch à la Cour Royale, son père venait de quitter Avalae et sa mission locale pour Yrkanis, non sans consigner l’ordre familial que le petit Homin jouisse d’une certaine liberté de mouvement, afin d’affermir socialement, comme il se plaisait à le répéter, le corps et l’esprit d’un futur Homin dont il commençait tout juste à se soucier. A la grande inquiétude maternelle, mais avec ravissement, Edge prit donc l’habitude d’occuper ses journées à découvrir le monde, tout du moins réservé à la portion à ses yeux congrue d’Avalae, accompagné des enfants de bonne famille de son âge. Sa préférence alla rapidement et sans conteste aux aventures collectives dans les moindres ruelles de la Cité, à la recherche du compagnon caché, ou plus encore, aux passionnantes et interdites expéditions orchestrées dans la forêt avoisinante, en chasse de quelque yubo et parfois même d’un jeune capryni. A l’encontre de cela, et sans vraiment comprendre pourquoi, il n’appréciait guère le classique jeu du tryker bafoué, au cours duquel le groupe s’acharnait plusieurs heures durant et de différentes façons sur un membre choisi au hasard, avant de conclure par un véritable passage à tabac qui semblait autant ravir les enfants qu’il horrifiait le petit Edge. Le rôle d’infortune ne lui échouait cependant jamais, n’étant pas question pour les enfants d’Avalae, que ce fusse par crainte ou par admiration, de manquer de respect au fils d’Erlan Assalio.

Celui-ci ne revenait plus guère qu’une ou deux fois par an à Avalae. Aux côtés de Jinovitch parti conquérir les Lagons de La Loria, attiré par les richesses et la vitale eau Tryker, le père d’Edge massacrait à tour de bras tout Enfant du Vent se mettant en travers de son chemin. La rumeur colportait sans coup férir les dignes faits de guerre jusqu’au Sommet Verdoyant, et Edge ne manquait pas d’en être informé, tantôt par les gardes de la Cité, tantôt par les gamins de son âge. Et les rares fois où Erlan revoyait sa progéniture, soucieux que celle-ci devienne plus tard son digne successeur, Edge cachait au fond de lui-même le malaise et le dégoût grandissant qu’il ressentait pour son père

Assis au balcon de l’appartement familial qui dominait la ville, il restait souvent de longues heures à méditer, partagé malgré lui entre le devoir de la normalité, fierté d’un père dit remarquable et esprit Matis de domination et de conquête, et l’inspiration alors culpabilisante de la tolérance et de l’amour d’autrui. Le jeune Homin déchirait son âme chaque jour un peu plus, lorsque au cœur de cet hiver 2512 sa mère lui offrit la petite sœur impatiemment attendue. Nenya accoucha d’Eowann, et la vie d’Edge s’éloigna comme un soulagement de celles de ses compagnons de jeu habituels pour palpiter prés de sa cadette, à qui il voua d’entrée une affection profonde.


Deux années de Jena passèrent jusqu’à ce que Jinovitch, abandonné par ses troupes, n’ait un jour sa graine de vie brisé par un kitin, imité par Erlan d’Assalio que sa loyauté envers le tyran poussa à l’accompagner jusque dans la mort. Le Royaume Matis allait retrouver un semblant d’Hominité sous la couronne d’Yrkanis. Le coursier dépêché à Avalae annonça à la criée la double nouvelle, avant de repartir au galop poursuivre sa mission, et, sur le seuil de la petite boutique de vêtements, Edge, impassible, vit ce jour là sa mère s’effondrer, ivre de douleur.

La vie ne serait plus jamais comme avant.

Les langues allaient se libérer sous le règne d’Yrkanis. Partout où Edge et sa mère passaient, nulle indifférence, mais de la compassion déplacée ou à contrario des quolibets de la part de la minorité libérée des opposants à Jinovitch. Autant de mots, qui, chaque jour, taillaient au plus profond l’âme du jeune Matis comme une lame pénètre les chairs. Perdant tous ses amis, sa mère n’aura comme main tendue que celle d’un vieil Ami d’Yrkanis, Sire Eloew, fidèle ami de la famille.

Edge s’isolait peu à peu, réfugiant sa vie en Eowann. En 2518, il arborait onze années et sa sœur six. Consciemment, il évitait à présent la ville, passant la majeure partie de ses journées dans les clairières de la Forêt. Eowann grandissait, chaque jour plus merveilleuse. Elle avait hérité de Nenya la douceur et la beauté, c’était une fleur pure, et les liens qui unissaient les deux enfants se resserraient chaque jour. Sa grande passion était la peinture, et ils aimaient avant tout s’installer dans quelque joli endroit, clairière lumineuse ou bord chantant de ruisseau argenté. La journée y passait toujours trop vite, Eowann couchant sur de fines feuilles d’écorce la beauté de la nature Matis, Edge admirant l’ouvrage, ou chassant les herbivores alentour. Le soir, ils rejoignaient Avalae, accueillis avec amour et soulagement par le sourire de leur mère

Observant les jeunes kipees durant leurs aventures au plein-air, un intérêt particulier s’éveilla en Edge pour ces créatures. Au fil des discussions qu’il put avoir avec les rares personnes qu’il côtoyait encore, garde ou marchand, et des connaissances que lui livrèrent les ouvrages de la bibliothèque familiale, l’intérêt devint fascination, puis se mua progressivement en colère et en haine. Ainsi les kitins avaient-ils un jour envahi les Terres Anciennes, avec la volonté simple et implacable d’éradiquer l’espèce Hominem. Ainsi ces créatures avaient elles engendré la mort sans compter, Homins, Dames et enfants, sans jamais montrer signe de pitié. Ainsi surtout les kitin restaient ils présents sur Atys, côtoyant les peuples Homins, dans une apparente placidité. Jusqu’à quand … Un soir, avant le coucher, Edge se tint dans la grande pièce de l’appartement et demanda à Nenya le droit de porter une épée. Après longue discussion posée, sa mère accepta, ce dont il n’avait nullement douté. Elle lui avait toujours fait confiance, comme si elle sentait que son chemin se tracerait de manière inflexible, quoi qu’il arrive. Le temps des dagues était révolu pour l’enfant d’Avalae. A partir de ce jour là, l’entraînement prit un sens, tout autant que sa vie. Jamais son arme ne s’élèverait sans juste raison sur un Homin, quel qu’il soit, comme l’eut voulu Erlan Assalio. Toujours et sans compter le ferait-elle face à l’envahisseur kitin, tel un bouclier protecteur de l’Hominité.

Dans la Forêt d’Avalae, Edge naissait une seconde fois. Un double but apparaissait devant lui. Liberté, Protection. Sa formation serait bien longue, mais à dater de ce jour les jeunes kipees d’Avalae connurent des jours moins paisibles.