Liandra d'Alanowë : Différence entre versions

De EncyclopAtys

m (liens pluriels/singuliers)
Ligne 2 : Ligne 2 :
  
  
''La chute des Légions d'Alanowë''
+
=''La chute des Légions d'Alanowë''=
  
  
Ligne 30 : Ligne 30 :
  
  
''La chute du Capitaine.''
+
=''La chute du Capitaine.''=
  
  

Version du 21 août 2019 à 03:59

Légendes des anciennes terres.


La chute des Légions d'Alanowë

C’est un matin de l’année 2481 qu’un éclaireur revint en toute hâte à la puissante forteresse du Duché d’Alanowë. Il était porteur de nouvelles inquiétantes, de nombreux postes avancés n’avaient pas envoyés leur compte-rendu du jour. Le Duc Kenlyano Landralyo d’Alanowë ne pouvait en arriver qu’à une seule et unique conclusion : l’empire Fyros préparait une invasion de grande envergure.

Il lança immédiatement l’appel aux armes, et fit envoyer des messagers aux Duchés les plus proches, leur demandant de préparer leur défense et d’envoyer des renforts. Il prit ensuite lui-même le commandement des Légions d’Alanowë. Elles étaient au nombre de cinq, chacune forte de cinq milles homins. Leur simple vision était impressionnante, fiers guerriers tous vêtus d’or, ils flamboyaient sous les rayons de l’Astre du jour. Mais leur caractéristique la plus terrifiante était leur silence, même au plus fort des combats, ils restaient silencieux, ni cri de guerre, ni hurlement, ni plainte. C’était une question d’honneur.

Kenlyano, laissa une de ses légions dans le but de protéger ses terres. En effet, en raison des dissensions qui régnaient au sein des Maisons Matis, il ne s’attendait nullement à recevoir le moindre renfort. C’est donc à la tête de vingt milles de ses Légionnaires d’Alanowë qu’il partit à la rencontre des armées Fyros. Au bout de quelques jours de marche, et alors qu’ils étaient arrivés aux frontières de l’empire, les éclaireurs signalèrent des mouvements qui ne pouvaient être que ceux d’une importante troupe en marche tant la poussière soulevée était importante. Ils venaient droit sur eux. Kenlyano fit aligner son armée en bon ordre, décidant d’attendre leurs ennemis. Mais le temps passant, il commença à éprouver un certain malaise. Soit les Fyros faisaient avancer leur armée sur une seule ligne, soit ils avaient réunis la plus imposante armée qu’ait jamais connue Atys. Et ses éclaireurs qui n’étaient pas encore revenus. Il ne dormit pas de toute la nuit, son malaise ne faisant que s’accentuer. Quelque chose lui échappait, et il commençait à avoir peur.

Ce n’est qu’au matin qu’il comprit. Ce n’était pas des Fyros. Ce qu’il observait n’était pas une horde de barbares, mais des créatures telles qu’il n’en avait jamais vues. Elles étaient innombrables. Jusqu’au bout de l’horizon, ce n’était que masse grouillante de créatures arachnéennes. Un raz de marée de griffes de pinces et de crocs qui allait les engloutir. Il appela alors Ankolayat, Capitaine de sa garde personnelle. "Ankolayat, coeur fidèle, nous allons mourir aujourd’hui." "Bien mon seigneur." "Mais j’ai une dernière mission à te confier. Prends la plus rapide de nos montures, et va prendre le commandement de la Troisième Légion. Et fuyez. Allez vous réfugier dans l’arrière pays, sous la protection des autres Duchés. Fait." "Mais seigneur, j’ai juré sur ma sève de toujours vous protéger, et de vous accompagner jusque dans la mort. Obéir me rendrait parjure !" "Non mon ami. En m’obéissant, tu sauves ma famille. En m’obéissant, tu empêche ma lignée de s’éteindre, et sauve ma sève. Jamais tu ne me seras plus fidèle qu’en m’obéissant en ce jour." "Bien seigneur. Mon coeur saigne, mais j’entends et j’obéis." "Prends soin de mon fils. Et remets-lui ceci."

Il retira son anneau Ducal et le lui tendit. Son fidèle capitaine le prit et s’en allât sans un mot. Kenlyano replaça son armée en cercle autour de la colline, et se prépara à livrer son dernier combat. Quelques heures plus tard, ils étaient encerclés. Cela n’avait que peu d’importance, il ne voulait que gagner le plus de temps possible, pour permettre à Ankolayat de mettre en sécurité sa famille et son peuple. Les créatures s’étaient arrêtées, semblant savourer d’avance le massacre. Le Duc observa ces êtres monstrueux, et se dit qu’ils n’avaient que pu être vomis par les enfers. Et il se mit à rire. "Venez, si vous n’avez pas peur, venez !!! Nous allons vous renvoyer d’où vous venez !!!"

Comme en réponse, les créatures que l’on nommerait plus tard les Kitins chargèrent.

Sans un cri, vingt milles homins abaissèrent lances et fusils. Sans un hurlement, vingt milles matis supportèrent la charge sans reculer. Sans une plainte, vingt milles Légionnaires moururent. Lorsque Kenlyano se fit transpercer de part en part, ses dernières pensées furent pour sa famille.




La chute du Capitaine.

Ankolayat menait sa monture à un train d’enfer. Il retenait ses larmes, souhaitant être en compagnie de son Seigneur et ses frères d’armes. Mais il avait reçu un ordre de son Maître, et cela prévalait sur ses propres sentiments. Telles étaient ses pensées lorsqu’il lui sembla ressentir une vive douleur, tant en son âme quand son coeur. Son Seigneur, l’homin qui avait été comme un père pour lui, était mort. Il laissa couler sa peine, et pressât encore plus son mektoub.

Il était en vue de la forteresse lorsqu’elles l’assaillirent. Bien que plus petites que celles qu’il avait vu dans le désert, elles restaient imposantes, le dépassant de plusieurs têtes. Sans doute étaient-elles des sortes d’éclaireurs. La première sauta devant son mektoub, qui prit peur et jeta son cavalier à terre. Rebroussant chemin, la bête fut interceptée par la seconde monstruosité, qui la déchiqueta rapidement. Puis elles fixèrent Ankolayat de leurs multiples yeux, semblant lui promettre un sort semblable.

Mais il était de noble lignage, ce qui lui conférait une vie plus longue que ceux du bas peuple. Il avait connu de nombreux combats et était considéré comme un maître dans l’art de l’épée. C’est calmement qu’il se remit debout et sortit sa lame du fourreau. Les deux horreurs se mirent à tourner lentement autour de lui, comprenant sans doute qu’il ne serait pas une proie aussi facile que le quadrupède qui venait de se faire massacrer. Le petit jeu de l’observation dura longtemps, chaque adversaire ne sachant pas à quoi s’attendre. Ce fut la créature qui avait écharpé sa monture qui entama les premiers pas du ballet mortel qui allait se jouer ici. Elle sauta sur Ankolayat et abattit ses pinces sur lui. L’assaut était sans finesse, il l’esquiva d’un bond en arrière ripostant dans le même mouvement en assénant un coup puissant directement sur la tête de l’insecte monstrueux. Il avait mit toute sa puissance dans cette frappe, et son bras fut engourdit tant le choc était violent. Mais la bête, bien que paraissant légèrement sonnée, avait à peine été égratignée. Elle pouvait remercier sa solide carapace. Décontenancé, le chevalier failli ne pas apercevoir la griffe qui fendait l’air vers sa tête. Il dévia l’attaque d’un revers de sa lame et fit un roulé-boulé qui l’amena derrière son assaillant. Il plongea son épée dans le creux de l’articulation d’une des pattes arrières, puis la tourna violemment, finissant presque de l’arracher en la retirant. La créature poussa un hurlement strident, et reculât frénétiquement tout en s’éloignant. Sa compagne recula, se rendant compte qu’il n’était vraiment pas une des proies apeurées auxquelles elle était habituée. L’estropiée se releva et, sans doute aiguillonné par la douleur et la fureur, chargea. Elle déversa une pluie de coups, alternant griffes, crocs et pinces à une vitesse effarante. Bien que gravement blessée, elle conservait une vigueur et une rage extraordinaires. Ankolayat esquivait et parait tout en tâchant de garder l’autre créature dans son champ de vision. Comprenant que sa tactique était inefficace, le monstre cessa l’averse de coups et fît mine de reculer, puis lança subitement une de ses pinces en direction des jambes de l’homin. Celui-ci évita l’attaque d’un rapide pas de côté, mais glissa sur une plaque d’herbe humide et se retrouva à terre. Aussi agile qu’un varynx, il se remit sur ses pieds, mais la première créature profita de l’ouverture pour se fendre dans sa direction et le saisit entre les griffes d’une de ses pinces. Et se mit à serrer, Ankolayat entendit autant qu’il sentit nombre de ses côtes craquées. Lâchant son arme sous l’effet de la douleur, il tentât vainement de desserrer l’étau mortel. Devant l’inutilité de ses efforts, il remontât ses jambes sous lui puis envoya violemment ses talons dans l’un des multiples amoncellement d’yeux de cette horreur chitineuse. La grappe explosa sous l’impact, et Ankolayat fût libéré des pinces de l’insecte géant qui se tordait de douleur à terre en poussant des cris si stridents que ses oreilles en sifflaient. L’estropiée ne le laissa pas reprendre son souffle, il n’eut que le temps de se jeter au sol pour éviter le double coup de pinces, roulât sur le côté avant de relever, ayant récupéré sa lame dans le mouvement. Une douleur atroce lui enserrait le torse, et il peinait à inspirer des goulées d’air qui lui brûlaient les poumons. Les deux créatures étaient blessées, mais lui même ne pourrait tenir le rythme beaucoup plus longtemps. Il chargea alors l’estropiée, tenant haut son épée dans l’expectative d’une attaque de taille brutale. La bête se tassa sur ces pattes arrière, comptant sans doute encaisser le coup puis déchiqueter l’inconscient. Mais le matis se laissât alors glisser à terre, se retrouvant sous la créature, et plongea directement sa lame dans la gorge molle et non protégée. Elle se mit à hurler de douleur et se jeta au sol, battant frénétiquement ses pattes dans l’air. Ankolayat se releva et fit face à la première créature. Celle-ci observait sa compagne qui se tordait dans l’herbe et dont le cri se muait rapidement en gargouillis. La peur prit l’avantage sur son envie de vengeance, elle tournât les talons et s’enfuit. Ankolayat s’appuya sur son arme, tentant de récupérer quelques forces, mais il s’effondra, son corps en ayant supporté bien plus qu’il ne le pouvait.

C’est ainsi que la citadelle du Duché d’Alanowë ne fut pas mise au courant de ce qui l’attendait. Les Légionnaires qui y étaient restés faisaient encore des paris sur le nombre de fyros que leurs frères auraient sans aucun doute massacrés quand l’essaim Kitin fondit sur les murs de la capitale. Soldats et habitants se retrouvèrent assiégés par la masse grouillante. Leur défense fit honneur à la réputation des gens de cette contrée, mais elle fût ridiculement vaine face à l’assaut de créatures qui crevaient les hauts remparts comme s’ils n’étaient faits que de brindilles. Seule une poignée pu fuir à bord du seul vaisseau de la karavan qui vint à leur aide, dont la famille proche du Duc. Gravement endommagé par un décollage effectué sous les assauts furieux des Kitins, nul se su jamais s’il avait pu aller bien loin.

Bien plus tard, alors que le massacre était fini depuis longtemps, Ankolayat reprit difficilement connaissance. Il sentit immédiatement dans l’air une forte odeur de sève et de fumée. Envahi par un terrible pressentiment, il se releva précipitamment et portât son regard vers la citadelle. Elle brûlait. D’ici, il distinguait la nuée qui entourait encore la cité. Nul n’avait pu en réchapper. L’enfant de Kenlyano était mort. Son propre fils était mort. Ses frères étaient morts. Son peuple. Il avait échoué. Il ramassa sa fidèle lame, la tournant vers son coeur. " Remplis ton dernier devoir. " Et il se laissa tomber dessus.