La gloire de mon père

De EncyclopAtys


Mon nom est Pylos Cetheus, fils de Galeus. Comme mon père et le père de mon père, j'ai commencé ma vie active en tant que mineur. Quand je n'étais encore qu'un gamin de treize ans, j'ai passé deux années complètes de mon apprentissage avec mon père, qui était responsable des excavations dans les Primes Racines au sein de la Compagnie de Lenardi Bravichi, le grand artisan Matis, dont l'ignorance est à l'origine de tous mes tourments.


J'étais avec mon père en train d'excaver une nouvelle chambre aux dimensions curieusement symétriques quand il découvrit un artefact. En fait, c'est moi qui tapai le premier avec ma pioche sur l'objet qui rendit un bruit étrange. Mon père fut à mes côtés avant même que je pense à l'appeler car c'était un son qu'il avait reconnu instantanément grâce à ses forages dans les anciennes terres, où de nombreux artefacts avaient été découverts sous sa direction. Seulement, celui-là semblait en excellent état et au moins dix fois plus grand que n'importe lequel des fragments découverts jusqu'alors !


Mon père prévint Lenardi de la fantastique découverte mais Lenardi était bien trop concentré sur ses créations esthétiques, et n'était pas homin à lui accorder l'attention qu'elle méritait. Mon père réussit néanmoins à le persuader de lui donner vingt-quatre heures pour dégager un pan de la surface. Nous travaillâmes toute la nuit à dégager et balayer les débris pour ne pas abîmer un seul pouce des inscriptions. Au matin nous avions dégagé environ dix pieds carrés et fûmes réjouis à la pensée que ces inscriptions à elles seules provoqueraient assez d'intérêt pour nous autoriser à continuer.Voici le dessin qu'en fit mon père :

Mais Bravichi considéra cela comme un simple caprice de la nature et soutint qu'une imagination débordante conduisait à voir du fantastique là où n'étaient que de simples choses naturelles. Pour conforter son opinion, il raconta la fois où, alors qu'un soir il marchait, il tomba nez à nez avec des racines qui, sous un certain angle, avaient exactement la forme d'un mekoub à la trompe affaissée, ainsi que d'un tubercule qui avait l'air d'un baldusa. Il fit rire toute la compagnie, car on doit reconnaître qu'à l'instar des membres de sa race, il était un excellent orateur, ce que n'était pas mon père. Une décision fut prise, le consensus étant que nous devions consacrer notre précieux temps à avancer dans les transformations destinées à améliorer notre condition inconfortable, alors que déjà les homins arrivaient de lieux ravagés par les kitins.


Dally Baily, le maître artisan Tryker, accompagna son équipe pour installer la ventilation, nécessaire pour la stabilité des parois et les nouvelles installations florales. Mais un ouvrier tryker, gros et maladroit, fit un faux pas et poussa Dally Baily sur un panneau que mon père avait formellement interdit de toucher, et auquel il portait une attention particulière. Le pied du maître artisan traversa le panneau et fut malheureusement mutilé par l'incroyable tranchant du matériau brisé. Il fut amené aux soigneurs zoraïs qui calmèrent son abominable douleur, mais plus tard furent forcés de lui couper la jambe ! Alors que le malheureux était évacué, je vis mon père s'émerveiller devant quelque chose qu'il avait aperçu dans le trou créé par la chute, il me fit signe discrètement, m'enjoignant de tenir ma langue.


C'étaient des os, incrustés dans les parois de la cavité qui s'étendait sous le mur de la caverne, pas seulement des os, mais tout un squelette, similaire à celui d'un Fyros par la stature ! Je me souviens à quel point il était vexé et frustré alors qu'il décrivait le vote contre lui à ma mère, après que nous soyons rentrés dans nos quartiers. Il lui dit que cette nuit, il descendrait dans le trou, en dépit des avertissements habituels des Zoraïs. Ma mère essaya gentiment de le calmer, sachant à quel point il pensait plus à son travail qu'à l'amour de sa femme ou à sa propre famille.


Tard dans la nuit, alors que tous les autres dormaient, je m'éveillais brusquement alors que mon père me tirait les cheveux : « Debout, lumper ! La plus grande découverte de l'hominité est sur le point de propulser les Cetheus dans les livres des chroniqueurs. » Nous prîmes nos outils et gagnâmes le site de fouille. Je savais que mon père avait peu dormi, car il amenait un plan sur lequel il avait travaillé cette nuit, qui résumait ses autres découvertes avec une certaine logique, et incorporait maintenant la nôtre.


Nous creusâmes la paroi avec précaution, et, doucement mais sûrement, nous commençâmes à mettre au jour non pas un mais plusieurs squelettes en position fœtale. Sans aucun doute un antique rite funéraire. Autour de leur cou, nous trouvâmes un collier funéraire fait d'un matériau dur et brillant, avec un symbole similaire à celui trouvé sur la paroi extérieure ! C'est tout ce dont nous avions besoin pour convaincre les chefs de stopper les travaux afin de poursuivre les fouilles sur cet important site qui, sans aucun doute, nous apporterait des connaissances sur les anciennes civilisations atysiennes. C'était la théorie de mon père, que tous les homins avaient un ancêtre commun. C'est alors que le désastre survint...


Je continuais de creuser pendant que mon père prenait frénétiquement des notes et faisait des croquis, lorsque ma pioche passa au travers d'une des parois. Un horrible craquement retentit. Mon père leva les yeux, horrifié, et compris ce qu'il se passait… il jeta ses notes et m'agrippant avec ses énormes mains, me jeta hors de la pièce.


Il y eut un horrible grondement, et la dernière chose que je vis fut mon père essayant d'atteindre le collier alors que la paroi et le plafond s'effondraient sur lui. Je tentai désespérément de le rejoindre, quand je me rendis compte que deux Trykers me retenaient et me tiraient vers l'extérieur de la salle, me sauvant probablement la vie.


J'étais trop jeune pour que mes mots aient la moindre influence sur l'ignorance crasse du fier Bravichi, ce que je regretterai jusqu'à la fin de mes jours. Je voulais tellement que le génie de mon père soit reconnu, et j'avais le sentiment que rassembler les preuves était un devoir envers sa mémoire. Malheureusement les Refuges des Primes Racines furent scellés par la Karavan une fois que les homins en furent sortis pour coloniser les Nouvelles Terres. Je sens la fin approcher. Je ne peux pas le rejoindre dans sa dernière demeure, mais je voudrais tellement revoir les preuves qui restaureraient l'honneur de mon père.

Extrait de « sel ûr atalbem ûr selak – La gloire de mon père » par Pylos Cetheus - 2502


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