de:Der Stamm der Wasserbrecher
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fr:La Tribu des Dresseurs d’Eau
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La Tribu des Dresseurs d'Eau

Cube d'ambre remis par le Sénateur Abycus Zekops à
l'akenak Na-Tara sur la tribu des Dresseurs d'Eau en 2545



« Travaille-moi donc cette peau, p’tit gars, elle est pas assez propre à mon goût, fit le maître tanneur en crachant dans la rivière d’un geste peu gracieux.
Et qu’ça saute, p’tit gars, on a pas toute la journée, nom d’un kami sans poils ! Manquerait plus qu’un d’ces voyous bons à rien d’Trykers vienne te botter l’train en te piquant tes dappers » marmonna-t-il en s’éloignant du point d’eau.

C’était une belle journée qui commençait. Le matin frais présageait un après-midi brûlant sous la chaleur oppressante du désert, ce qui favorisait mon travail d’apprenti tanneur de la Tribu des Dresseurs d'Eau. Mais qui dit chaleur dit soif, et les herbivores ne tarderaient pas à arriver en masse au point d’eau. Et qui dit herbivores dit prédateurs… Mais pour l’heure, il suffisait de ne pas y penser. Je travaillais durant plus de deux heures la même peau de varinx en la frottant avec des copeaux de bois de tama. Au bout de ces deux heures largement dépassées, non seulement la peau n’était pas aussi « parfaite » que le souhaitait le maître tanneur, mais ma réserve de copeaux pour la journée était presque épuisée, sans parler des échardes que je collectionnais au creux de ma main. Quant à l’eau de l’oasis, elle commençait sérieusement à devenir sale et donc inutilisable. Alors, quand l’appel pour la pause retentit j’eus un moment de panique : après la pause, le maître tanneur repasserait me voir et mon travail n’ayant pas avancé d’un poil, il prendrait un malin plaisir à me remonter les braies.
Cela faisait deux semaines qu’on avait reçu cette commande du palais impérial pour refaire la chambre du petit Dexton. Descente de lit en peau de varinx. Mais pas le modèle standard, ni le modèle de base, bien entendu. Et, quand ce n’était pas des commandes pour des produits de grand luxe comme ceux qu'on nous avait chargés cette fois de produire, l’Empire nous commandait des armures lourdes. Mais, ce matin là, maints soupirs m’échappèrent en regardant l’état de la peau malpropre qui m’était tombée dessus. Je n’arrivais strictement à rien avec ces peaux de varinx, sans parler des taches de graisse sur le pelage. Et le tout pour une mission à accomplir rapidement. Toute la tribu s’activait depuis ces deux semaines. Tentures, vêtements de toutes tailles, tapis divers… Il fallait faire de tout pour un être qui un jour serait l’Empereur du peuple Fyros, notre Empereur. Et chaque jour, l’eau était un peu plus souillée, marronnasse, et l’air un peu moins respirable… le vent n’arrangeait pas les choses. Certains disaient que l’orage allait éclater. Je l’attends toujours.

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L’après-midi, comme prévu, fut chaud et brûlant. Mais rien n’aurait pu m’empêcher de finir ma douloureuse tâche après la violente correction offerte gracieusement entre deux chicots des mains du maître tanneur. Généreux de ses coups, il était ! Je parvins, pour finir, à nettoyer correctement la peau, comme il le fallait, et, fier de mon travail, relevai la tête pour regarder les troupeaux d’herbivores s’abreuver au bord de l’eau. Mais là, rien. Rien de chez rien. Pas l’ombre d’un herbivore. Pourtant, l’astre du jour était haut dans le ciel et les bestiaux auraient dû se trouver là. Oui, mais non. Plus tard, je m’étonnerai du fait de n’avoir vu aucun prédateur non plus. Étrange…

« Hé Xerc’, fit mon amie matisse de deux années de Jena ma cadette, t’as r’marqué ? Trois jours qu’on a pas vu d’brouteur ni d’bouffeur d’bodoc ! Moi j’parie qu’le Ma-Duk, et ben ’y va nous tomber d’ssus ! »
Jeune sot énamouré que j’étais, je souris bêtement à la petite homine au visage brûlé par le soleil du désert tout en mâchouillant mon infecte pitance. « Pas l’temps ! » avait dit le maître tanneur : il fallait se contenter d'avaler à la hâte des rations quasi-militaires immondes si nous voulions finir la commande impériale dans les temps. Et l’absence des herbivores ne facilitait pas les choses. Je soupirais encore une fois, sans prêter attention aux chuchotements qui se propageaient dans le campement de la tribu. Au bout d’un moment, les chuchotis se turent soudain. Intrigué, je levai la tête du plat répugnant que nous étions contraints d’ingurgiter… et manquai de justesse de m’étouffer avec une bouchée particulièrement ignoble de ma ration.

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« Est votre métier bien, tanneur, mais pas de respectueuse Nature. Il faut arrêter activité polluante votre car animaux plus veulent boire dans l’Oasis d’Oflovak et mourir desséchés sont dans le désert en train. Sont les Kamis attristés par morts ces par centaines ! Vous comprenez ? Devriez-vous. »
Deux sentinelles se dressaient majestueusement devant le maître tanneur de la tribu des Dresseurs d'Eau très pâle et pas fier. Les yeux mauves reflétant une immensité insondable fixaient l’homin avec une froideur peu engageante.
« Mais… Nous avons des délais très courts imposés par le Palais de Pyr, et…
Silence fais tu, homin, n’est l’eau pas bonne pour vie. Pas de vie, pas vous de sur Atys. Vous arrêter votre travail devez jusqu’à ce que l’eau bonne soit et buvable aussi. Sinon Ma-Duk punir vous pourra décider. »
Le pauvre maître tanneur perdait consistance comme neige de forêt au soleil du désert. J’en eus presque de la peine pour lui, mais comprenais que s’il décidait d’arrêter la production, nous risquions de perdre le marché, notre renommée et beaucoup d'autres choses encore. Peu après, les kamis s'en allèrent, non sans nous rappeler nos devoirs d’homins envers eux.

La journée passa au ralenti, chacun errant d’un plan de travail à un autre. La présence des kamis ne présageait rien de bon et des prières chuchotée parcouraient le campement, comme si tous étaient dans l’attente d’un jugement divin. Au soir, le maître tanneur rassembla la tribu à la lueur d’un feu de camps et annonça sa décision : le travail de rivière ne serait pas abandonné, car les eaux se purifieraient bientôt d’elles-mêmes et les herbivores finiraient bien par revenir, stupides bestioles qu’elles étaient. Certains jurèrent, d'autres prièrent et on vit même pleurer quelques uns, mais le maître était le maître.

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Je fus parmi les cinq membres de la Tribu des Dresseurs d'Eau à se rebeller contre le maître tanneur. Nous avions tous réclamé le droit de nous battre contre lui afin de savoir s’il était toujours digne de diriger les opérations, et il avait dû, devant la grogne générale, nous l'accorder. Si l’un d’entre nous gagnait, nous pourrions faire à notre guise, et le maître tanneur serait mis au ban de la tribu. Dans le cas contraire c'est nous qui en serions chassés. Les quatre autres avaient tous échoué et tous leurs espoirs reposaient désormais sur moi. Si je gagnais, ils resteraient au sein de la tribu. Si je perdais… nous serions bannis. Toute la tribu assistait à la lutte à main nues. Elle ne dura pas longtemps. Je glissais sur une sorte de peau tannée à terre et entraînais mon adversaire déjà fortement fatigué dans ma chute, et Ma-Duk sait comment, je me retrouvais au-dessus de lui. Au-dessus de tous les membres de la Tribu. Humilié, le maître tanneur vida les lieux et ma première décision fut d’arrêter tout travail de rivière. Tant pis si nous prenions du retard : les Kamis ne doivent pas être mécontentés.
Finalement, la commande fut honorée avec seulement quelques semaines de retard et ma tribu fut largement récompensée. Nous entretenons depuis d’excellents rapports avec le Palais Impérial pour tout ce qui touche au cuir. J’espère que mon fils Boeseus sera mon digne successeur.

Mémoires de Fyre, par Xercus Xalon, de la Tribu des Dresseurs d'Eau.



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