La Guerre des Primes Racines : Différence entre versions

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{{Quotation|''[[User:Lylanea Vicciona|'''Lylanea Vicciona''']], Barde des Quatre Nations''|
 
{{Quotation|''[[User:Lylanea Vicciona|'''Lylanea Vicciona''']], Barde des Quatre Nations''|
<poem>J'écris ceci de mémoire, confortablement assise dans ma demeure. Les quelques jours derniers furent pleins de douleur, de malaise, de batailles, et pire.
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<poem>J'écris ceci de mémoire, confortablement assise dans ma demeure. Les quelques jours derniers furent pleins de douleur et malaise, de batailles et terreur.
 
Mais ils apportèrent aussi la victoire et la satisfaction d'avoir échappé à un funeste destin. Nous avons empêché qu'advienne le pire. Pour le moment, du moins.
 
Mais ils apportèrent aussi la victoire et la satisfaction d'avoir échappé à un funeste destin. Nous avons empêché qu'advienne le pire. Pour le moment, du moins.
  
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Une fois de plus, c'était jour de marché à Fairhaven et la Guilde des Marchands Voyageurs accueillait ses clients pour maints marchandages animés et bons temps partagés. Larann, le Maître de la Guilde, et ses associés en affaires étaient venus les mains pleines pour pouvoir répondre à la demande.
 
Une fois de plus, c'était jour de marché à Fairhaven et la Guilde des Marchands Voyageurs accueillait ses clients pour maints marchandages animés et bons temps partagés. Larann, le Maître de la Guilde, et ses associés en affaires étaient venus les mains pleines pour pouvoir répondre à la demande.
 
C'est alors qu'un message fut délivré, qui allait mettre fin à toute paix et quiétude.
 
C'est alors qu'un message fut délivré, qui allait mettre fin à toute paix et quiétude.
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Alors que j'arpentais les passerelles de la capitale de Naw Trykoth, les eaux éblouies de soleil clapotaient doucement sous les planches tandis que les bruits de pas et les voix des nombreux visiteurs du marché résonnaient dans l'air limpide. J'adorais le marché. Là, vous étiez sûr de rencontrer beaucoup d'amis et connaissances, car presque aucun homin n'aurait manqué l'occasion de faire l'une ou l'autre bonne affaire. On pouvait y acheter les plus belles choses que les artisans (et artisanes) avaient à offrir et s'esbaudir devant les plus merveilleux des jouets et autres bricoles amusantes. Aujourd'hui, je n'avais d'autre but que d'acheter quelques friandises et d'échanger quelques ragots avec les amis que je rencontrerais. C'était une belle journée d'été qui s'annonçait dans les Lacs.
 
Alors que j'arpentais les passerelles de la capitale de Naw Trykoth, les eaux éblouies de soleil clapotaient doucement sous les planches tandis que les bruits de pas et les voix des nombreux visiteurs du marché résonnaient dans l'air limpide. J'adorais le marché. Là, vous étiez sûr de rencontrer beaucoup d'amis et connaissances, car presque aucun homin n'aurait manqué l'occasion de faire l'une ou l'autre bonne affaire. On pouvait y acheter les plus belles choses que les artisans (et artisanes) avaient à offrir et s'esbaudir devant les plus merveilleux des jouets et autres bricoles amusantes. Aujourd'hui, je n'avais d'autre but que d'acheter quelques friandises et d'échanger quelques ragots avec les amis que je rencontrerais. C'était une belle journée d'été qui s'annonçait dans les Lacs.
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Un jeune Tryker, vêtu de vêtements tachés de crasse, me dépassa. Puis, haletant et peinant à fendre la foule devant nous, il se dirigea droit vers Larann, qui me sembla plutôt surpris de le voir.
 
Un jeune Tryker, vêtu de vêtements tachés de crasse, me dépassa. Puis, haletant et peinant à fendre la foule devant nous, il se dirigea droit vers Larann, qui me sembla plutôt surpris de le voir.
  
« Je… nous… nous… nous…" gémit le jeune homme en se penchant en avant, la poitrine gonflée pour reprendre son souffle.
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« ''Je… nous… nous… nous…'' » gémit le jeune homme en se penchant en avant, la poitrine gonflée pour reprendre son souffle.
 
La gouverneure, agacée de voir interrompre sa conversation, lui lança un regard froid et légèrement méprisant.
 
La gouverneure, agacée de voir interrompre sa conversation, lui lança un regard froid et légèrement méprisant.
« Maître Larann… Notre caravane… Nous sommes tombés dans une embuscade ! »  dit alors l'essoufflé, « En bas, dans les Primes !»
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« ''Maître Larann… Notre caravane… Nous sommes tombés dans une embuscade !'' »  dit alors l'essoufflé, « ''En bas, dans les Primes !''»
 
Tous les yeux se tournèrent vers le messager de malheur tandis qu'un malaise visible s'emparait de lui alors qu'il reconnaissait sa voisine. La tête blonde de la gouverneure s'était tournée vers lui et son regard intense plongeait maintenant dans le sien comme celui d'un gingo dans celui d'un yubo].
 
Tous les yeux se tournèrent vers le messager de malheur tandis qu'un malaise visible s'emparait de lui alors qu'il reconnaissait sa voisine. La tête blonde de la gouverneure s'était tournée vers lui et son regard intense plongeait maintenant dans le sien comme celui d'un gingo dans celui d'un yubo].
« Une embuscade ?! Qui ?! Qui vous a attaqué ?! »
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« ''Une embuscade ?! Qui ?! Qui vous a attaqué ?!'' »
 
Le regard de Larann, manifestement incapable d'articuler une parole, passait de l'un à l'autre.
 
Le regard de Larann, manifestement incapable d'articuler une parole, passait de l'un à l'autre.
 
Celui, intense, de la Gouverneure, mettait visiblement mal à l'aise le jeune marchand.
 
Celui, intense, de la Gouverneure, mettait visiblement mal à l'aise le jeune marchand.
« Il… Je suis désolé, je… je ne vous avais pas remarquée, Gouverneure. La… la cargaison… Elle est perdue. »
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« ''Il… Je suis désolé, je… je ne vous avais pas remarquée, Gouverneure. La… la cargaison… Elle est perdue.'' »
 
C'est alors seulement que Mac'Kean, remarquant enfin l'effet qu'elle produisait sur le jeune garçon, présenta à ce dernier un visage aimable.
 
C'est alors seulement que Mac'Kean, remarquant enfin l'effet qu'elle produisait sur le jeune garçon, présenta à ce dernier un visage aimable.
« Bon, bon… calme-toi. Et racontes-nous ce qui s'est passé. Depuis le début. »
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« ''Bon, bon… calme-toi. Et racontes-nous ce qui s'est passé. Depuis le début.'' »
 
Larann tendit une gourde à son collègue et après quelques longues gorgées, le jeune homme continua.
 
Larann tendit une gourde à son collègue et après quelques longues gorgées, le jeune homme continua.
« En fait, au début, tout s'est très bien passé. Nous avons quitté Pyr avec les mektoubs comme prévu et nous avons avancé d'un bon pas. Même après notre entrée dans les Primes Racines, tout s'est d'abord bien passé. »
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« ''En fait, au début, tout s'est très bien passé. Nous avons quitté Pyr avec les mektoubs comme prévu et nous avons avancé d'un bon pas. Même après notre entrée dans les Primes Racines, tout s'est d'abord bien passé.'' »
 
Il secoua la tête avec dépit.
 
Il secoua la tête avec dépit.
« En fait, nous aurions dû nous méfier : en principe, une traversée des Primes Racines ne se passe jamais aussi bien. »
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« ''En fait, nous aurions dû nous méfier : en principe, une traversée des Primes Racines ne se passe jamais aussi bien.'' »
 
Les mains tremblantes, il prit la gourde pour avaler une autre gorgée d'eau et enchaîna à voix basse.
 
Les mains tremblantes, il prit la gourde pour avaler une autre gorgée d'eau et enchaîna à voix basse.
« Nous étions au milieu de la Forêt Insaisissable quand ils sont arrivés ! »
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« ''Nous étions au milieu de la Forêt Insaisissable quand ils sont arrivés !'' »
« Les kitins ! Soudain ils étaient partout. »
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« ''Les kitins ! Soudain ils étaient partout.'' »
« Où que je regarde... Des kitins ! Le cliquetis de leurs pattes était assourdissant et… ils poussaient des cris terribles auxquels se joignaient les hurlements de mes compagnons… »
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« ''Où que je regarde... Des kitins ! Le cliquetis de leurs pattes était assourdissant et… ils poussaient des cris terribles auxquels se joignaient les hurlements de mes compagnons…'' »
 
Des larmes lui vinrent aux yeux tandis que les gens autour de lui le fixaient.
 
Des larmes lui vinrent aux yeux tandis que les gens autour de lui le fixaient.
 
Bousculés dans leur routine quotidienne.
 
Bousculés dans leur routine quotidienne.
 
Le mot « kitin » les avait tous mis en alarme.
 
Le mot « kitin » les avait tous mis en alarme.
« Ils étaient… Je… je me suis juste enfui.  Je voulais juste partir. Loin de ces… de ces… »
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« ''Ils étaient… Je… je me suis juste enfui.  Je voulais juste partir. Loin de ces… de ces…'' »
 
La gouverneure posa une main réconfortante sur l'épaule du jeune homme qui fixait ses pieds avec honte.
 
La gouverneure posa une main réconfortante sur l'épaule du jeune homme qui fixait ses pieds avec honte.
  
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J'avais moi-même participé à de nombreuses taversées des Primes Racines et même seul, je savais comment trouver mon chemin là-dessous. Les attaques de kitins et les combats avec eux n'y étaient pas rares, c'est vrai, surtout si on oubliait la prudence. Mais l'attaque apparemment ciblée contre cette caravane et surtout avec une force capable de littéralement anéantir tant des marchands que des gardes armés … C'était nouveau.  
 
J'avais moi-même participé à de nombreuses taversées des Primes Racines et même seul, je savais comment trouver mon chemin là-dessous. Les attaques de kitins et les combats avec eux n'y étaient pas rares, c'est vrai, surtout si on oubliait la prudence. Mais l'attaque apparemment ciblée contre cette caravane et surtout avec une force capable de littéralement anéantir tant des marchands que des gardes armés … C'était nouveau.  
 
Cela n'augurait rien de bon.
 
Cela n'augurait rien de bon.
La voix de mon cousin Nuvad, le chef de l'Ordre de l'Argo Navis, me héla et je repérai bientôt son armure blanche alors qu'il se frayait un chemin à travers la foule, une lueur interrogative dans les yeux. Lorsqu'il m'eut rejoint, je lui racontai brièvement ce que j'avais entendu. Son visage s''assombrit pendant que je parlais. Il soupçonnait lui aussi que quelque chose de grave allait se produire.
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La voix de mon cousin Nuvad, le chef de l'Ordre de l'Argo Navis, me héla et je repérai bientôt son armure blanche alors qu'il se frayait un chemin à travers la foule, une lueur interrogative dans les yeux. Lorsqu'il m'eut rejoint, je lui racontai brièvement ce que j'avais entendu. Son visage s'assombrit pendant que je parlais. Il soupçonnait lui aussi que quelque chose de grave allait se produire.
 
D'autres membres de l'Ordre se joignirent à nous et bientôt la discussion battait son plein. De nombreuses hypothèses furent soulevées et écartées, mais il y avait une chose sur laquelle nous étions tous d'accord.
 
D'autres membres de l'Ordre se joignirent à nous et bientôt la discussion battait son plein. De nombreuses hypothèses furent soulevées et écartées, mais il y avait une chose sur laquelle nous étions tous d'accord.
« Plus jamais un Grand Essaim ! »
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« ''Plus jamais un Grand Essaim !'' »
  
 
Peu de temps après, un avis fut affiché sur les murs de Fairhaven et des autres capitales.
 
Peu de temps après, un avis fut affiché sur les murs de Fairhaven et des autres capitales.
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Ceux d'Argo Navis feraient tout ce qui était en leur pouvoir pour éviter le pire.
 
Ceux d'Argo Navis feraient tout ce qui était en leur pouvoir pour éviter le pire.
  
'''↓↓ À TRADUIRE ↓↓'''
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Cette nuit-, je n'ai pas trouvé le sommeil. Mes pensées ne cessaient de tourner autour d'un événement advenu des années auparavant.
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Quelques mois après mon arrivée à Yrkanis, en provenance de Borée. Une mort cruelle et un mystère non résolu étaient entrés dans l'histoire. Un Cube d'Ambre, un kitin figé et un malheureux sage Zoraï. Qui avait péri pour l'objet mystérieux, avant qu'il ne lui soit arraché.
That night, sleep did not come to me. My thoughts circled around an event that had happened years ago.  
+
Ceci serait-il similaire aux Cubes d'Ambre ?
A few months after my arrival in Yrkanis, coming from Borea. A cruel death and an unsolved mystery had gone down in history. An Amber Cube, frozen Kitin and an unfortunate Wise-Man of the Zorai. Who had been killed over the mysterious item, before it was snatched away.  
+
D'autres images encore dansaient sous mon regard intérieur.  
Would these be similar Amber-Cubes?
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Les kitins sous toutes leurs formes et couleurs cruelles, pendant leur assaut de l'écorce d'Atys. Sombres et menaçants. Fantomatiques et pâles et mortels.  
Even more pictures danced before my inner eye.  
+
Des semaines de détresse et d'effroi, une gloire chèrement acquise, de nombreuses âmes perdues et quelques cicatrices qui devaient me rappeler toujours le premier essaim dont je fus témoin. Des régions entières demeurèrent alors inaccessibles durant des semaines. Sortir seul d'Yrkanis était hors de question. Le Sommets Verdoyants étant submergés par les monstres, seules des troupes de guerriers aguerris osaient s'aventurer dans la nature.  
Kitin in all their cruel shapes and colors, as they stormed the bark of Atys. Dark and menacing. Ghostly pale and deadly.  
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On m'avait dit alors que tout avait commencé aussi par des incursions mineures dans les territoires et quelques problèmes dans les Primes Racines. Jeune et inexpérimenté comme je l'étais à l'époque, je m'étais réfugié derrière les défenses de la ville en espérant que tout irait pour le mieux.
Weeks of danger and fear, dearly earned fame, many souls lost and some scars that would always remind me of the first swarming I had witnessed. Whole regions had been inaccessible for weeks on time. Leaving Yrkanis alone had been impossible. Only teams of veteran warriors had dared to venture forth into the wild as the Verdant Heights had been overrun by the monsters.  
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Heureusement, les guerriers et les mages plus âgés avaient réussi à contenir les hordes et à les repousser dans les ténèbres d'où elles étaient venues.
Someone had told me, that this too had started with minor incursions into the lands and some trouble on the Prime Roots. Young and inexperienced as I had been back then, I had huddled behind the city's defenses and had hoped for the best.
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Cette fois, des années plus tard, je suis moi-même un guerrier accompli. Mais j'ai malgré tout ressenti une peur glaçante, au plus profond de ma poitrine cette nuit-là.
Luckily the elder warriors and mages had been able to cull the hordes and drive them back into the darkness from whence they had come.
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Un pareil essaim serait-il sur le point de surgir ?
This time, years later, I myself am an accomplished warrior. But still I felt a cold fear, deep within my chest that night.
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Seul l'avenir nous le dira.
Would it come to such a swarm again?
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J'ai prié :
Only time would tell.
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« ''Jena, fais rayonner ta lumière pour illuminer notre chemin,''
I prayed:
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''Afin que nous puissions voir les dangers qui la jalonnent et se lèvent face à nous.''
"Jena, let your light shine and illuminate our path,  
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''Garde ta main protectrice sur Atys et donne-nous la force de défendre ta création,''
so that we may see the dangers that line it and oppose us.
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''Si l'ennemi ancien vient à la menacer à nouveau.'' »
Hold your protecting hand over Atys and give us the strength to defend your creation,
+
 
if the old enemy should threaten it again.
 
 
[[File:Arme Matis- séparateur.png|300px|center]]
 
[[File:Arme Matis- séparateur.png|300px|center]]
Today Jena was well-disposed towards the Homins.
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Aujourd'hui, Jena était bien disposée envers les Homins.
And Ma'Duk did not abandon his followers either, as it seems.
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Et Ma'Duk non plus n'avait pas abandonné ses disciples.
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La sueur poisse encore sur mon front alors que j'écris ces lignes et l'odeur du sang, de la bile et de l'acide des kitins imprègne ma demeure. Mes mains tremblent encore de fatigue, mais je ne trouverai pas la paix tant que je n'aurai pas écrit ce que j'ai vécu.
  
There is still the sweat on my forehead as I write these lines and the smell of blood, bile and acid from the Kitin permeates my home. My hands still tremble with strain, but I will not find peace until I have written down what I have experienced.
+
Une grande armée d'homins, dont on dit qu'ils étaient entre cent trente et cent cinquante, courageux volontaires, a été conduite ce matin par trois Rangers dans la région de la « Forêt Insaisissable » des Primes Racines. Pour rechercher les traces de la caravane perdue.
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Les restes sanglants de quelques pauvres mektoubs furent rapidement retrouvés et nous avons pu suivre la piste mortifère jusqu'à la ruche kitine installée là et  connue sous le nom de « Sous-bois des Malheurs ».
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Apparemment, les insectes avaient traîné certains des animaux de la caravane à l'intérieur de leur repaire pour nourrir leurs dégoûtantes larves.
  
A large army of Homins, said to be about one hundred and thirty to one hundred and fifty, bravely volunteering warriors, were led by three Rangers into the “Elusive Forest” Region of the Prime Roots this morning. To search for traces of the lost caravan.
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Comme le ou les objets que les éclaireurs Rangers cherchaient n'étaient pas dans les sacs des animaux de bât trouvés à l'extérieur, la précieuse cargaison avait dû être traînée à l'intérieur de la grotte.
The bloody remains of some poor Mektoubs were quickly found and we were able to follow the trail of death to the established Kitin-Hive down there, known as the “Underwood Woe”.
 
Apparently the insects had dragged some of the caravans animals into the interior of their burrow as food for their nasty larvae.
 
  
Since the item or items the Ranger Scouts were looking for weren't in the bags on the beasts-of-burden found outside, the precious cargo must have been dragged inside the cave.
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Nous avons donc décidé d'y pénétrer. Nous allions essayer de prendre d'assaut la ruche par l'avant. D'énormes kinreys noirs se tenaient devant l'entrée et le plan initial était de les attirer hors de leur repaire et de les tuer un par un. Mais, comme il arrive souvent, une âme intrépide s'est approchée trop près et ils ont attaqué. Des plans, à quoi bon ?
  
So we decided to go in. We would try and storm the hive from the front. Huge dark Kinrey stood before the entrance and the original plan was to lure them out and slay them one by one. But, as so often, some intrepid soul wandered too close to them and they attacked. Plans, huh?
+
Déterminés et avec un courage dont nul hominidé jamais n'avait ouï dire, nous entrâmes dans la bouche obscure, pour affronter la mort et ses signes avant-coureurs dans les étranges tunnels verts. Dans les limites étroites du tunnel, il nous était difficile d'avancer à plus de quelques uns de front. Un obstacle que les kitins, inondant  littéralement le passage, semblaient ignorer. Nous étions presque submergés par le nombre, des kidinaks minuscules, qui jaillissaient des murs et se faufilaient entre nos jambes pour venir cisailler sans pitié nos chairs.
 +
Beaucoup tombèrent sous l'assaut des monstres dans un véritable fouillis d'énormes pattes grêles.  
 +
Beaucoup perdirent la claire conscience de ce qui se passait autour d'eux et, à ma grande honte, je dois aussi avouer que mon épée elle aussi, plus d'une fois frappa par erreur une armure d'homin au lieu d'une carapace d'insecte.
 +
J'espère que ces braves me pardonneront, car il était difficile de distinguer une véritable cible parmi le fouillis de corps d'homins et d'insectes mêlés. Nous piétinions les cadavres de maintes abominations ainsi que les corps inconscients de nos camarades de combat.
  
Determined and with a courage that hardly any hominid ever knew, we pushed into the dark opening, to face death and its harbingers within the weird, green tunnels. It was hard to fit more that a few of us into the narrow confines of the tunnel. A hindrance that the Kitin seemingly ignored, as the literally flooded the passageway. Nearly overwhelming us with sheer numbers, smallish Kidinak coming from the walls and scuttling between our legs, cutting us down mercilessly.
+
Il nous fallut trois tentatives, entre lesquelles nous en appelâmes à la bénédiction de nos dieux pour reprendre des forces et nous regrouper, mais finalement nous avons réussi l'impossible.
Many fell under the onslaught of the monsters into the literal thicket of huge, spindly legs.  
+
Leur nombre semblait infini. De chacune d'entre elles que nous tuions, deux nouvelles créatures semblaient prendre la place. Mais, après ce qui nous sembla une éternité, leur nombre commença de diminuer et l'un des éclaireurs réussit pour finir à atteindre les carcasses des animaux sans être repéré par les kitins. Il fouilla les sacs déchirés des animaux de bât pendant que le combat faisait rage autour de lui. L'habileté et le courage de ces Trykers m'impressionne…
Many lost sight of what was happening all around us and to my shame, I too must confess that a few times my sword erroneously struck Homin armor instead of insect carapace.
+
Il trouva le Cube d'Ambre de la Gouverneure ainsi que d'autres réservoirs de connaissances, hélas brisés.
I hope these brave warriors will forgive me, since a true target was was hard to make out in the crowd of Homin and insect bodies. We walked over the corpses of many abominations and the unconscious forms of fellow warriors alike
+
Lentement, nous nous retirâmes de cet enfer, tout en luttant contre les les kitins traînards et ceux qui étaient parvenus à se faufiler derrière nos troupes de soutien et nos guérisseurs.
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Les éclats d'ambre trouvés furent répartis entre les homins et le Cube d'Ambre intact remis à son propriétaire.
  
It took three attempts, between which we all took the blessing of our gods to regain our strength and regroup, but finally we succeeded in the impossible.
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Tel est mon témoignage sur cette bataille. Il vaut ce qu'il vaut mais je le pense utile.
Their numbers seemed endless. For each one we slew, two fresh creatures seemed to take its place. But after what felt like an eternity, their numbers thinned and one of the Ranger Scouts eventually managed to get through to the carcasses of the pack-animals without being spotted by the Kitin. He rummaged through the torn bags of the pack-animals while the fight raged around him. I am impressed by that Trykers skill and courage.
+
Qui sait à quoi serviront ces cubes un jour ?
He found the governor's amber cube and other, unfortunately broken containers of knowledge.
+
Mais quoi qu'il en soit, les homins ont prouvé une fois de plus qu'ils peuvent défier les bêtes. Côte à côte, Karavaniers et Kamistes se sont battus. Que Jéna et Ma'Duk autorisent à nouveau telle union à l'heure de plus grand besoin, si jamais elle vient.
Slowly we retreated from that hellhole, fighting off stragglers and those few beasts that had managed to sneak up on our support troops and healers from behind.
 
  
 +
« ''Plus jamais un Grand Essaim !'' »
  
The splinters of amber that had been found were distributed among the Homins and the all important cube was brought back to its owner. I declined a token of this battle. My memory will serve, for all its worth.
+
[[File:Arme Matis- séparateur.png|300px|center]]
Who knows what these cubes will be used for one day?
+
À mon retour chez moi à Yrkanis, membres douloureux et gestes incertains, je suis encore couvert de sueur, maculé du sang des insectes et de mes compagnons d'armes tombés.  
  
But be that as it may, the Homins have proven once again that they can defy the beasts. Side by side, Karavaneer and Kamista fought. Jena and Ma'Duk, grant this unity in the hour of greatest need, should it ever occur.
+
Je me laisse choir directement sur mon lit, dès qu'atteint.
 +
Je me moque de savoir si les draps seront tachés.  
 +
J'ai besoin de repos.
 +
Chaque mouvement m'est douleur.
 +
Chacun de mes os me fait souffrir.  
  
Never again a great swarm!
+
Mais, c'est bonne douleur.
[[File:Arme Matis- séparateur.png|300px|center]]
 
As I finally reach my abode in Yrkanis, with aching limbs and unsteady movements, I am still covered in sweat, smeared with the blood of insects and fallen comrades-in-arms.  
 
  
I dropped straight down on my bed, as soon as I had reached it.  
+
Je grimace en me redressant, après quelques heures de sommeil épuisé. La douleur est encore bien présente, cachée sous cette fatigue, prête à se réveiller à la moindre provocation.
I don't give a Gingos ass if my sheets will be stained.  
+
Mes pensées vagabondent vers la bataille, alors que je regarde mon corps et que je m'attelle à la tâche routinière qui consiste à retirer lentement et précautionneusement mon armure.  
I need to rest.
+
Avec des doigts tremblants, je lutte pour en ouvrir les fermoirs et les nœuds.  
Every movement hurts.
+
Les nouvelles bosses et éraflures sur chacune de ses pièces me resteront chères et me rappelleront longtemps ce jour.
Every bone hurts.  
 
  
But, it is a good pain.
+
Le pire avait failli se produire. Les kitins avaient tenté d'essaimer.
 +
Aussi les chefs des Quatre Nations avaient-ils de nouveau lancé un appel aux armes par l'intermédiaire de leurs hérauts et beaucoup y avaient répondu.
  
 +
En me défaisant de mon brassard gauche, je ne peux m'empêcher de sourire en repensant à la réaction d'un Tryker effronté à la chanson patriotique que j'entonnai alors que l'armée rassemblée s'apprêtait à marcher au combat.
 +
Il jeta alors sur moi un fruit à demi pourri, mais bon… Il s'est ensuite battu courageusement à mes côtés et je ne lui en veut donc nullement de ne guère apprécier mon art.
 +
Tous n'aiment pas mon peuple. C'est ainsi.
  
I wince as I pick myself up again, after a few fitful hours of exhausted sleep. There's still a lot of pain that hides under the exhaustion, ready to pounce on the slightest provocation.
+
Mais j'aime bien les paroles.
My thoughts wander back to the battle, as I look down my body and fall into the routine task of Slowly and carefully taking off my armor.
+
Je m'étais assis et avais composé le chant peu après la première proclamation des hérauts :
With trembling fingers I struggle to open its clasps and knots.
+
« ''Matis, restez unis !''
The new dents and scratches on my armors surfaces will be cherished and will remind me of this day for a long time.
+
''Matis, combattez ensemble !''
 +
''Détruisez l'ennemi !''
 +
''Détruisez les monstres !''
 +
''Vos épées prêtes à goûter le sang !''
 +
''Vos âmes prêtes à se fier aux autres !''
 +
''Vos yeux prêts à voir le pire des maux !''
 +
''Vos cœurs entrelacés dans une trame que même ''La plus acérée des épées ne pourra pénétrer !''
 +
''Allez homins et faites ce jour votre devoir''
 +
''Détruisez le mal !''
 +
''Au nom de Jéna, pour le salut d'Atys !''
 +
''Soyez vaillants Matis !''
 +
''Soyez la fierté et l'exemple de tous !''
 +
''Matis, demeurez côte à côte !''
 +
''Matis ! Puisse votre bravoure forger le chemin !'' »
  
Almost the worst case had occurred. The Kitin had tried to swarm.
+
L'armée de Matia s'était donc mise en marche vers le Gouffre d'Ichor, sur les conseils d'un émissaires des Rangers dont les éclaireurs avaient rapporté que des kitins étaient apparus là en nombres inhabituels.
The leaders of the Four Peoples had again sounded a call to arms via their heralds and many had followed the call.
+
Dès mon arrivée à l'Autel de Jena du « Guet de la Montée de Sève », près du lac de sève, j'ai rencontré quelques membres des Illuminati Jenae, mon ancienne guilde.
 +
Ils étaient occupés à extraire des matériaux précieux et n'avaient encore, à l'évidence, aucune connaissance du danger.  
 +
Juste au moment où j'allais leur en faire part, notre petit groupe fut attaqué.
  
Slipping off my left vambrace, I have to grin as I think back on the reaction of a cheeky Tryker to the patriotic song I had sung as the army had gathered to march into battle.
+
Du coin de l'œil, j'ai remarqué quelque chose de vert qui se précipitait vers nous. Pour se jeter sur mon amie Chloé avec férocité.  
He threw a half-rotten fruit at me, but well... he had later fought bravely  beside me and so I will not resent his disapproval of my art.
+
Poussant un cri sans rien d'homin, quelque chose s'est aussi jeté sur moi. Avec une force terrible qui faillit me renverser. Alors que je luttais pour rester debout, une autre bête a sauté sur Gazeto, le vieux guerrier Fyros, qui réagit à la vitesse de l'éclair en faisant face aux bêtes la tête haute.
Not everyone likes my people. That's the way it is.
+
Trois kirostas de la taille d'un homin ou presque, déterminés à nous tuer tous.
 +
En quelques coups d'épée et quelques sorts, les bêtes furent éliminées. Elles ne représentaient pas une grande menace pour nous.
  
I quite like the lyrics though.
+
Mais d'autres bêtes, plus imposantes, ont suivi. Elles étaient supérieures en nombre et nous les avons contenues du mieux que nous pouvions, jusqu'à ce que ceux de l'« Alliance de l'Honneur » surviennent et nous aident à les défaire. De braves guerriers matis, quoique leur réputation ne soit pas tout à fait sans tache.
I had sat down composed the song shortly after the first proclamation of the heralds.
+
Cependant, ce n'est qu'alors que j'ai pris conscience qu'une énorme cavité béait dans l'écorce en face de l'Autel.
<poem>
+
Comme je l'observais, un bruit horrible de cliquetis sortit de l'ouverture et la rive opposée du lac de sève se mit soudain à grouiller de corps chitineux, verdâtres et grêles.
''“Matis, stand together!''
+
Avec une vitesse ahurissante vu leur taille énorme, un troisième petit groupe de bêtes plus grosses encore surgit de la cavité et se précipita sur nous.  
''Matis, fight together!''
+
Nous étions tellement stupéfaits que c'est à peine si nous avons pu tenir notre position face à l'assaut.
''Destroy the enemy!''
 
''Destroy the monsters!''
 
''Your swords ready to taste blood!''
 
''Your souls ready to trust one another!''
 
''Your eyes ready to see the greatest evil!''
 
''Your hearts intertwined in a web,
 
''that even the sharpest sword will not break through!''
 
''Go on Homin and do your duty today!''
 
''Destroy the evil!''
 
''In the name of Jena, for the good of Atys!''
 
''Go on Matis!''
 
''Be pride and example to all!''
 
''Matis, stand side by side!''
 
''Matis! That your courage may forge the way!”''
 
</poem>
 
So the the army of Matia had set out for the Abyss of Ichor, on the advice of a Ranger envoy, whose scouts had told him about unusual numbers of Kitin appearing there.  
 
As soon as I arrived at the Karavan shrine at “Saprun Watch” by small sap lake, I met some members of the Illuminati Jenae. My former guild.  
 
They were out gathering precious materials and obviously didn't know about the danger yet.
 
Just as I was about to explain, our small group was attacked.
 
From the corner of my eye I noticed something green speeding towards us. It threw itself at my friend Chloe in a ferocious attack.
 
With an inhomin shriek something crashed into me also. It's terrible force nearly knocking me down. As I struggled to stay upright another beast jumped at Gazeto, the older Fyros warrior reacting with lightning speed, facing the beasts head on.
 
Three almost man-high Kirosta, determined to kill us all.
 
With a few strokes of our swords and some spells, the beasts were dispatched. They were not much of a threat to us.
 
  
Then however other, bigger beasts followed. They outnumbered us and we held them off as best we could, until the “Alliance of Honor” arrived and helped us defeat these Kitin. Brave warriors of Matis, though with a somewhat stained reputation.
+
Heureusement, de plus en plus de guerriers, mages et guérisseurs des guildes matisses arrivaient et se battaient avec l'énergie du désespoir pour préserver l'autel du lac. Les monstres semblaient déterminés à le détruire, ainsi que tous ses défenseurs.
However, it was only then that I became aware of a huge hole in the bark opposite the shrine.
+
Au début, la situation semblait être sous contrôle et les insectes furent abattus. Mais bientôt, ils surgirent soudain par centaines de l'entrée de la cavité depuis les niveaux inférieurs. Ce fut un carnage !
As I watched a horrible, chattering sound emerged from the opening and the far shore of the sap lake suddenly teemed with greenish, slender, chitinous bodies.
 
With a speed belying their huge forms another small group of even bigger beasts shot from the hole and threw themselves upon us.
 
So shocked were we, we barely were able to hold our position under the onslaught.
 
  
Fortunately, more and more warriors, mages and healers of the Matis guilds arrived and they fought desperately for the Karavan-Shrine at the lake. The monsters seemed intent on destroying it and all its defenders.
+
Les kitins submergèrent l'armée de Matia et déchirèrent les corps homins comme s'ils étaient poupées de paille. Les images d'homins horriblement blessés vont hanter mes rêves pendant longtemps.
At first, the situation seemed to be under control and the insects were fought down. But then they suddenly rose by the hundreds from the entrance to the lower levels. It was carnage!
+
Ce n'est qu'avec de la chance que nous avons survécu à cette deuxième attaque massive.
 +
Un ou deux homins ayant réussi à échapper à la nuée d'insectes, ils parvinrent à guérir leurs camarades dès que les bêtes se furent tournées vers d'autres cibles : les animaux peuplant habituellement les alentours du lac qui n'avaient pas encore fui ses parages.
  
The Kitin overran the army of Matia and tore at Homins bodies as if they were straw-dolls. The images of severely wounded Homins will haunt my dreams for a long time.
+
Nous nous battions pour défendre l'autel contre les attaques constantes de petits essaims d'insectes. Souvent je tombais et souvent les mains d'un soigneur compétent ou la protection offerte par la proximité de l'autel m'évita la disparition sans retour. Ils étaient trop nombreux. Après de longues minutes de combat stérile, le désespoir s'installa et nous n'eûmes d'autre choix que de chercher refuge dans la petite zone de protection magique offerte par l'autel. Pour y demeurer jusqu'à ce que les bêtes se fatiguent de s'élancer contre ses parois aussi impénétrables qu'invisibles.
Only with luck we survived this second, massive attack.
+
Les énormes insectes aux griffes cruelles égratignaient et déchiraient furieusement la magie de l'autel mais, heureusement, ne pouvaient pas la pénétrer. Les mandibules tachées de sang de ces horribles insectes assourdissaient de crissements cruels les homins collés serrés autour de l'autel.
One or two Homins had managed to escape the mass of insects and healed their comrades as soon as the beasts turned to other targets. Killing off the normal fauna that surrounded the lake and had not yet fled the vicinity .
+
La haine des bêtes à chitine pour toute vie à la peau tendre était presque palpable.
 +
En face de moi, à quelques centimètres à peine, je pouvais voir la gueule salivante d'un énorme kirosta. Je pouvais sentir son haleine fétide et la percevoir étrangement fraîche sur ma peau malgré mon casque. Comme un vent impur caressant mon visage. Les têtes sans yeux des insectes se mouvaient dans un lent et étrange balancement d'un côté à l'autre et de haut en bas. Leurs pattes ne pouvaient nous atteindre, mais semblaient poussées vers l'avant par le sentiment de toucher au but ou par le désir mauvais de tuer ce qui se trouvait devant elles. C'était presque comme si les bêtes savaient que nous étions au bord de l'épuisement, que nous luttions pour demeurer immobiles et aussi serrés ensemble que possible à l'intérieur de la magie protectrice des Autels.
 +
Elles pouvaient sentir ou craindre.
 +
Elles voulaient nous exterminer.
 +
Nous étions entre vingt et trente, blottis dans l'aura sacrée. Sa magie empêchait qu'on nous fit aucun mal tant que nous restions à l'intérieur de son cercle. Mais nous savions tous que mettre le pied au-delà de la frontière invisible signifierait une mort horrible.
 +
Nous avons tenu de longues heures, proches du désespoir.
 +
Chaque tentative de sortie était cruellement punie.  
 +
Chaque élan en avant était contré par des griffes acérées comme des rasoirs et des pinces cruelles.
 +
Nous nous sommes donc tenus debout. Face à face avec l'ennemi. Sinistrement conscients que nous étions piégés par notre devoir de défendre l'autel et le monde d'en haut. Car si cette brèche n'était pas fermée, les bêtes remonteraient sûrement en masse à la surface par une brèche semblable percée dans l'écorce supérieure par en dessous. Encouragées par notre échec et notre couardise.
  
We struggled to defend the shrine against constantly attacking small swarms of insects. Often I fell and often my final death was only prevented by the hands of a capable healer or the protection of the shrine. There were just too many. After long minutes of futile battle desperation set in and we had no choice other than to seek shelter in the shrines small magical protection. To stay there until the beasts tired of running against its impenetrable, invisible walls.
+
C'est alors les troupes Fyros et Trykers se frayèrent un chemin jusqu'à nous, les guerriers assiégés. Comme je l'ai appris plus tard, ils avaient eux aussi été attaqués par les kitins, dans leur pays d'origine. Pas aussi violemment que nous, mais assez pour que la dureté des combats les retarde dans leur tentative d'atteindre la position désespérée que nous tenions .
The huge insects cruel claws furiously scratched and tore at the magic of the shrine but were thankfully unable to penetrate it. The blood-stained mandibles of the horrible insects spat cruel sounds at the Homins tightly huddled around the shrine.
+
D'abord, ces homins impétueux se précipitèrent imprudemment à notre défense, sûrs de leur propre force. Enhardis par les victoires qu'ils avaient remportées dans leur descente sous l'écorce puis leur traversée des Primes Racines.
The chitinous beasts hatred for all soft life was almost palpable.
+
Mais le grand nombre de kitins les surprit eux aussi, et les monstres les massacrèrent sans merci.
Only inches away from my face I beheld the slavering mouth of a huge Kirosta. I could smell its foul breath and feel it, strangely cool on my skin, even through my helmet. Like an unholy wind that caressed my face. The insects eyeless head moving in a slow, weird sway from side to side and up and down. Its legs unable to come closer to us, but somehow forced forward by some sense of proximity or evil drive to slay that which was in front of it. It was almost as if the beasts knew we were near exhaustion, that we were struggling to keep still and as close together as we could inside the Shrines protective Magic.
+
Je fermai les yeux sur ce massacre. Leurs cris et les exclamations choquées de mes compagnons de siège résonnant à mes oreilles.
They could smell or fear.
 
They wanted to eradicate us.
 
There were about twenty to thirty of us, huddled inside the holy aura. Its magic permitting no harm to come to us within its circumference. But all of us knew, that to set one foot beyond the invisible border, would mean a horrible death.  
 
We endured for long hours, close to desperation.
 
Every attempt at a breakout was cruelly punished.
 
Every push forward was cut down by razor sharp claws and cruel pincers.
 
So we stood. Face to face with the enemy. Grimly aware that we were trapped by our duty to defend the shrine and the world above. For if this breach was left unchecked, the beasts would surely swarm up to the surface and find was to breach the upper bark from below. Encouraged by our failure and cowardice.  
 
  
But finally the troops of the Fyros and Trykers fought their way through to us, the besieged warriors. As I learned later, they too had been attacked by Kitin, in their homelands. Not as many as down here, but the fights were hard enough to delay them in reaching the site of tour desperate stand.
+
Mais, là encore, quelques-uns d'entre eux purent échapper aux griffes et mandibules pour relever aussitôt leurs camarades.  
At first, these warriors Homins tried to rush to our defense, sure of their own strength. Emboldened by the victories they had won on their way down into and trough the Prime Roots.
+
Leur second assaut fut plus coordonné et ils réussirent à éloigner les kitins de l'autel pour les entraîner dans une bataille féroce, sur les rives du lac de sève.
But the large number of Kitin surprised them too, and the monsters mercilessly slaughtered them.
+
Exaltée par leur bravoure, notre petite troupe se précipita finalement hors du périmètre de protection et prit les insectes ainsi absorbés par surprise. D'une poussée puissante et unie, nous parvînmes à les repousser dans le trou d'où ils étaient sortis et soudain… la bataille était finie..  
I closed my eyes against the massacre. Their screams and the shocked gaps of my fellow captives ringing in my ears.
 
  
Bit again a few escaped the claws and mandibles and managed to revive their comrades.
+
C'est du moins ce qu'il semblait.
Their second assault was more coordinated and they managed to pull the Kitin away from the shrine and bind them into a vicious battle, near the shores of the sap lake.
 
Elated by their bravery our smaller force finally rushed out of the protective perimeter and took the distracted Insects by surprise. With a united, mighty push we manage to beat them back into the hole they had emerged from and suddenly … the battle was over.  
 
  
Or so it seemed.
+
Après un bref moment de calme seulement troublé par quelques timides cris de victoire, le sol a commencé à trembler. L'écorce tendre des Primes Racines se déchira et deux gigantesques princesses kizarak en surgirent, accompagnées d'un kirosta véritablement titanesque.
 +
Leur entrée en scène affermit le moral des insectes, qui émergèrent à nouveau en masse du sol, entre de leurs pattes, mais aussi la détermination de nous autres homins.
  
After a few short moments of calm and tentative thoughts of victory the ground began to shake. The soft bark of the Prime Roots tore open and two humongous Kizarak Swarm-Queens emerged, accompanied by a truly titanic Kirosta.
+
Puisant dans nos dernières réserves d'énergie, nous, les enfants des Nouvelles Terres, combattîmes à nouveau le monstrueux et terrible ennemi. Sans jamais perdre espoir.
They seemed to strengthen the morale of the drones that again emerged in droves from the ground around their legs, but also the determination of us Homins.
+
Le combat fut d'avancées et reculs.
 +
Au-dessus, au travers et autour du lac de sève séparant l'autel de la brèche béante.
 +
Après ce qui nous parut une fois de plus des heures, nous finîmes par prendre le dessus sur les masses d'insectes plus petits et pûmes concentrer tout ce qui nous restait de force sur les titans.
 +
Les bêtes tinrent bon pendant longtemps et même tentèrent de s'enfuir, mais les homins, désormais au bord de la victoire, virent leur chance et surent la saisir lorsque le premier des mastodontes tomba sous leur coups.
 +
La lutte fut longue et difficile, mais les énormes bêtes finirent par s'effondrer sur le sol boueux des Primes Racines et leur sang infect s'infiltra dans l'écorce qui les avait crachées.
  
Tapping into our last vestiges of willpower we, the children of the New Lands fought against the monstrous and terrible enemy. Never giving up hope.
+
À bout de forces et soignant en chemin les nombreuses blessures reçues, nous avons alors regagné en nous traînant nos demeures
Back and forth the fight went.
+
Sans savoir si cette victoire était définitive ou seulement le prélude à d'autres encore plus grandes, encore plus féroces, contre l'ennemi héréditaire.
Over, trough and around the sap lake, surging between the shrine and the opening in the ground.
 
After what once more felt like hours, we finally managed to get the better of  the roiling masses of smaller insects and were able to concentrate all our remaining strength on the Titans.
 
The beasts held out for a long time and even tried to flee, but the now near victorious Homins saw their chance and took it, as the first behemoth came crashing to the ground.
 
It was a long, tough struggle, but the huge beasts finally thundered into the muddy ground of the Prime Roots and their disgusting blood seeped back into the bark that had spat them out.
 
  
At the end of our strength and nursing many wounds we dragged ourselves home.
 
Not knowing if this victory was final or just the prelude to even greater, even worse battles against the hereditary enemy.
 
 
[[File:Arme Matis- séparateur.png|300px|center]]
 
[[File:Arme Matis- séparateur.png|300px|center]]
I just noticed a message from my good friend Muetze.  
+
Je trouve à l'arrivée un message de  Muetze, un bon ami à moi.  
He invites me to join him in the warm waters of Pyrs bathhouse. To dispel the strains of the fight and discuss what we've experienced. I did not even notice him among the warriors. There were so many of us, fighting, struggling, almost dying and coming back to life. Falling again and straining to get back up. Keeping friend and enemy alive in the face of a common, far greater threat.
+
Il m'invite à le rejoindre dans les eaux chaudes des bains publics de Pyr. Pour dissiper les tensions accumulées au combat et discuter de ce que nous avons vécu. Je ne l'avais même pas remarqué là bas, parmi les guerriers. Nous étions si nombreux à nous battre, à souffrir, à tomber et à nous relever. À tomber encore et à s'efforcer de se relever. À garder en vie et l'ami et l'ennemi face à une menace commune, bien plus redoutable.
Yes, I will go to Pyr.  
+
Oui, j'irai à Pyr.  
My whole body still aches with exhaustion and my limbs tremble with effort as I shrug out of my armors chest-piece and place it on its stand. How good it feels to slip into clean, soft clothes and how I resent the task of later on having to clean my armor.  
+
Une immense fatigue traverse encore mon corps entier et mes membres tremblent sous l'effort lorsque je m'extrais de la cuirasse de mon armure pour la poser sur son support. Comme je me sens bien en me glissant dans des vêtements doux et propres, et comme j'appréhende la tâche future de nettoyer mon armure.  
I activate a holy pact of the Karavan and a few motionless, senseless moments later I find myself in the desert, near Pyr.  
+
J'active un pacte sacré de la Karavan et après quelques instants qui me figent, insensible, je me retrouve dans le désert, non loin de Pyr.  
I slowly limp towards the city.
+
Boitant avec lenteur, je me dirige alors vers la ville.
  
In the streets of the Fyros capital there is great joy to be seen and heard. People are celebrating the victory over the Kitin. To have averted the threatening disaster of a surface swarm.
+
Partout dans les rues de la capitale des Fyros on peut voir et entendre la grande joie qui l'anime. Les habitants célèbrent la victoire sur les kitins. Le désastre menaçant  d'un essaim déferlant sur l'écorce évité.
They are singing and dancing in the streets. Its beautiful.
+
Ils chantent et dansent dans les rues. C'est magnifique spectacle.
My ears snatch up a song , sung by many rough, yet melodic voices coming from the tavern near the well in the old part of town.
+
Mes oreilles perçoivent un chant, entonné par de nombreuses voix rudes mais mélodieuses s'échappant de la taverne près du puits, dans la vieille ville.
 +
« ''Nous allons de l'avant !''
 +
''Jusqu'au fort de la bataille !''
 +
''Pour la gloire de l'Empire !''
 +
''Nous marchons côte-à-côte, en soldats !''
 +
''Frères et sœurs ensemble, pour la Vérité !''
 +
''Donne moi ta flamme, qu'avec toi je puisse brûler !''
 +
''Garde mes cendres, que je te puisse revenir.''
 +
''Mon âme dans la main de Ma'Duk, qu'il la puisse garder.''
 +
''Mon cœur à l'Empereur, que pour lui il puisse saigner !''
 +
''Pour l'Honneur !''
 +
''Pour la Justice !''
 +
''Allons de l'avant !'' »
  
<poem>
+
Un texte accrocheur, concis et tranchant. Comme une hache fyrosse.
''“We are going forth!''
+
Merveilleux.
''Into battle!''
+
Lentement, je descends en boitant les escaliers jusqu'à la piscine des bains, où mon ami m'attend déjà.  
''For the glory of the Empire!''
+
Un bain brûlant me fera un bien fou.
''We stand by each other as soldiers!''
 
''Brothers and sisters, together for the truth!''
 
''Share with me your fire that I may burn with you!''
 
''Keep my ashes, so I may return to you.''
 
''My soul into Ma'Duk's hands, that he may keep it.''
 
''My heart to the Emperor, that it may bleed for him!''
 
''For honour!''
 
''For justice!''
 
''Let us go forth to battle!"
 
</poem>
 
A catchy text, concise and precise. Like a Fyrosian ax.
 
Wonderful.
 
Slowly I limp down the stairs to the bath proper,  where my  friend is already waiting for me.  
 
A warm bath will do me a world of good now.
 
 
</poem>
 
</poem>
 
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Version actuelle datée du 7 novembre 2021 à 11:34

de:Die Urwurzelkriege
en:The Prime Roots War
fr:La Guerre des Primes Racines
Arme Matis.png

J'écris ceci de mémoire, confortablement assise dans ma demeure. Les quelques jours derniers furent pleins de douleur et malaise, de batailles et terreur.
Mais ils apportèrent aussi la victoire et la satisfaction d'avoir échappé à un funeste destin. Nous avons empêché qu'advienne le pire. Pour le moment, du moins.

Depuis longtemps maintenant Atys connaissait une période de paix et de tranquillité.
La vie y suivait son cours banal, comme si Atys était tombée dans un profond sommeil, se retournant seulement de loin de loin, agitée de rêves d'avenir.
Ou, peut-être, les rêves du monde étaient-ils empoisonnés par les visions du passé ? Qui sait ?
Il y avait quelque chose de rassurant dans le silence qui enveloppait la Plante-Monde, quelque chose qui autorisait les sempiternels conflits pour les ressources et les biens, mais cachait tout le reste sous un voile de tranquillité. Tout était normal et calme. Rien de vraiment grave ne venait mettre en péril la routine de la vie homine.

Jusqu'à ce jour fatidique.

Une fois de plus, c'était jour de marché à Fairhaven et la Guilde des Marchands Voyageurs accueillait ses clients pour maints marchandages animés et bons temps partagés. Larann, le Maître de la Guilde, et ses associés en affaires étaient venus les mains pleines pour pouvoir répondre à la demande.
C'est alors qu'un message fut délivré, qui allait mettre fin à toute paix et quiétude.

Arme Matis- séparateur.png

Alors que j'arpentais les passerelles de la capitale de Naw Trykoth, les eaux éblouies de soleil clapotaient doucement sous les planches tandis que les bruits de pas et les voix des nombreux visiteurs du marché résonnaient dans l'air limpide. J'adorais le marché. Là, vous étiez sûr de rencontrer beaucoup d'amis et connaissances, car presque aucun homin n'aurait manqué l'occasion de faire l'une ou l'autre bonne affaire. On pouvait y acheter les plus belles choses que les artisans (et artisanes) avaient à offrir et s'esbaudir devant les plus merveilleux des jouets et autres bricoles amusantes. Aujourd'hui, je n'avais d'autre but que d'acheter quelques friandises et d'échanger quelques ragots avec les amis que je rencontrerais. C'était une belle journée d'été qui s'annonçait dans les Lacs.
Drapeaux et rubans avaient été accrochés partout dans la ville, des lampions de couleur devaient être allumés au soir et des feux d'artifice avaient été annoncés. Des gens de tous les pays étaient rassemblés, se souriant les uns les autres, et nul ne se doutait de l'horrible nouvelle qu'une paire de pieds épuisés venait d'apporter en ville.
Moi non plus, je ne me doutais de rien et alors que je traversais la dernière passerelle menant au ponton de la Façade des Vents et aux étals des marchands ambulants, une lueur bleue m'accrocha l'œil au milieu de la foule de clients du marché.
En m'approchant j'aperçus, émergeant de la cohue, un certain objet.
Que je reconnus bientôt comme le sceptre de la Gouverneure de Naw Trykoth.
C'est elle qui se tenait là, Ailan Mac'Kean. Celle qui avait succédé à Still Wyler tragiquement disparu, assassiné. Elle était accompagnée de deux membres la Guilde de Try, la guilde officiellement chargée du maintien de l'ordre en Aeden Aqueous.
La gouverneure, inconsciente des regards curieux que lui lançaient les homins alentour, était engagée dans une conversation animée avec Larann, le chef des Marchands Voyageurs.
D'après ce que je pus entendre, leur conversation tournait autour autour d'une importante cargaison attendue de Pyr.
Il s'agissait de cubes d'ambre trykeri qui avaient été découverts dans le désert.

Alors que je faisais de mon mieux pour ne pas écouter, quelqu'un m'a bousculé par derrière.
Un jeune Tryker, vêtu de vêtements tachés de crasse, me dépassa. Puis, haletant et peinant à fendre la foule devant nous, il se dirigea droit vers Larann, qui me sembla plutôt surpris de le voir.

« Je… nous… nous… nous… » gémit le jeune homme en se penchant en avant, la poitrine gonflée pour reprendre son souffle.
La gouverneure, agacée de voir interrompre sa conversation, lui lança un regard froid et légèrement méprisant.
« Maître Larann… Notre caravane… Nous sommes tombés dans une embuscade ! » dit alors l'essoufflé, « En bas, dans les Primes !»
Tous les yeux se tournèrent vers le messager de malheur tandis qu'un malaise visible s'emparait de lui alors qu'il reconnaissait sa voisine. La tête blonde de la gouverneure s'était tournée vers lui et son regard intense plongeait maintenant dans le sien comme celui d'un gingo dans celui d'un yubo].
« Une embuscade ?! Qui ?! Qui vous a attaqué ?! »
Le regard de Larann, manifestement incapable d'articuler une parole, passait de l'un à l'autre.
Celui, intense, de la Gouverneure, mettait visiblement mal à l'aise le jeune marchand.
« Il… Je suis désolé, je… je ne vous avais pas remarquée, Gouverneure. La… la cargaison… Elle est perdue. »
C'est alors seulement que Mac'Kean, remarquant enfin l'effet qu'elle produisait sur le jeune garçon, présenta à ce dernier un visage aimable.
« Bon, bon… calme-toi. Et racontes-nous ce qui s'est passé. Depuis le début. »
Larann tendit une gourde à son collègue et après quelques longues gorgées, le jeune homme continua.
« En fait, au début, tout s'est très bien passé. Nous avons quitté Pyr avec les mektoubs comme prévu et nous avons avancé d'un bon pas. Même après notre entrée dans les Primes Racines, tout s'est d'abord bien passé. »
Il secoua la tête avec dépit.
« En fait, nous aurions dû nous méfier : en principe, une traversée des Primes Racines ne se passe jamais aussi bien. »
Les mains tremblantes, il prit la gourde pour avaler une autre gorgée d'eau et enchaîna à voix basse.
« Nous étions au milieu de la Forêt Insaisissable quand ils sont arrivés ! »
« Les kitins ! Soudain ils étaient partout. »
« Où que je regarde... Des kitins ! Le cliquetis de leurs pattes était assourdissant et… ils poussaient des cris terribles auxquels se joignaient les hurlements de mes compagnons… »
Des larmes lui vinrent aux yeux tandis que les gens autour de lui le fixaient.
Bousculés dans leur routine quotidienne.
Le mot « kitin » les avait tous mis en alarme.
« Ils étaient… Je… je me suis juste enfui. Je voulais juste partir. Loin de ces… de ces… »
La gouverneure posa une main réconfortante sur l'épaule du jeune homme qui fixait ses pieds avec honte.

Les voix des passants se mirent alors à bruisser comme les feuilles d'arbres pris dans la tempête. Le mot « kitin » se chuchotait, feutré, encore et encore. Comme un juron maléfique, dont tous craignaient qu'il n'invoque ces bêtes maudites s'il était dit trop fort.
Le reste de la conversation entre le malheureux marchand et le représentant de la Fédération se perdit dans un brouhaha de voix effarées.
Un frisson me parcourut l'échine.
Les kitins avaient délibérément attaqué une caravane bien gardée et l'avaient anéantie, semblait-il.
Jena nous protège.

J'avais moi-même participé à de nombreuses taversées des Primes Racines et même seul, je savais comment trouver mon chemin là-dessous. Les attaques de kitins et les combats avec eux n'y étaient pas rares, c'est vrai, surtout si on oubliait la prudence. Mais l'attaque apparemment ciblée contre cette caravane et surtout avec une force capable de littéralement anéantir tant des marchands que des gardes armés … C'était nouveau.
Cela n'augurait rien de bon.
La voix de mon cousin Nuvad, le chef de l'Ordre de l'Argo Navis, me héla et je repérai bientôt son armure blanche alors qu'il se frayait un chemin à travers la foule, une lueur interrogative dans les yeux. Lorsqu'il m'eut rejoint, je lui racontai brièvement ce que j'avais entendu. Son visage s'assombrit pendant que je parlais. Il soupçonnait lui aussi que quelque chose de grave allait se produire.
D'autres membres de l'Ordre se joignirent à nous et bientôt la discussion battait son plein. De nombreuses hypothèses furent soulevées et écartées, mais il y avait une chose sur laquelle nous étions tous d'accord.
« Plus jamais un Grand Essaim ! »

Peu de temps après, un avis fut affiché sur les murs de Fairhaven et des autres capitales.

Les dirigeants des quatre nations appelaient toutes les guildes à mettre leurs armes au service de la récupération de la précieuse cargaison perdue. La gloire et la renommée attendaient tous ceux qui participeraient à cette aventure.
Et ainsi écarteraient la menace d'un futur Essaim, empêcheraient les bêtes de prendre pied et contribueraient à protéger l'hominité.

Ceux d'Argo Navis feraient tout ce qui était en leur pouvoir pour éviter le pire.

Cette nuit-là, je n'ai pas trouvé le sommeil. Mes pensées ne cessaient de tourner autour d'un événement advenu des années auparavant.
Quelques mois après mon arrivée à Yrkanis, en provenance de Borée. Une mort cruelle et un mystère non résolu étaient entrés dans l'histoire. Un Cube d'Ambre, un kitin figé et un malheureux sage Zoraï. Qui avait péri pour l'objet mystérieux, avant qu'il ne lui soit arraché.
Ceci serait-il similaire aux Cubes d'Ambre ?
D'autres images encore dansaient sous mon regard intérieur.
Les kitins sous toutes leurs formes et couleurs cruelles, pendant leur assaut de l'écorce d'Atys. Sombres et menaçants. Fantomatiques et pâles et mortels.
Des semaines de détresse et d'effroi, une gloire chèrement acquise, de nombreuses âmes perdues et quelques cicatrices qui devaient me rappeler toujours le premier essaim dont je fus témoin. Des régions entières demeurèrent alors inaccessibles durant des semaines. Sortir seul d'Yrkanis était hors de question. Le Sommets Verdoyants étant submergés par les monstres, seules des troupes de guerriers aguerris osaient s'aventurer dans la nature.
On m'avait dit alors que tout avait commencé aussi par des incursions mineures dans les territoires et quelques problèmes dans les Primes Racines. Jeune et inexpérimenté comme je l'étais à l'époque, je m'étais réfugié derrière les défenses de la ville en espérant que tout irait pour le mieux.
Heureusement, les guerriers et les mages plus âgés avaient réussi à contenir les hordes et à les repousser dans les ténèbres d'où elles étaient venues.
Cette fois, des années plus tard, je suis moi-même un guerrier accompli. Mais j'ai malgré tout ressenti une peur glaçante, au plus profond de ma poitrine cette nuit-là.
Un pareil essaim serait-il sur le point de surgir ?
Seul l'avenir nous le dira.
J'ai prié :
« Jena, fais rayonner ta lumière pour illuminer notre chemin,
Afin que nous puissions voir les dangers qui la jalonnent et se lèvent face à nous.
Garde ta main protectrice sur Atys et donne-nous la force de défendre ta création,
Si l'ennemi ancien vient à la menacer à nouveau. »

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Aujourd'hui, Jena était bien disposée envers les Homins.
Et Ma'Duk non plus n'avait pas abandonné ses disciples.

La sueur poisse encore sur mon front alors que j'écris ces lignes et l'odeur du sang, de la bile et de l'acide des kitins imprègne ma demeure. Mes mains tremblent encore de fatigue, mais je ne trouverai pas la paix tant que je n'aurai pas écrit ce que j'ai vécu.

Une grande armée d'homins, dont on dit qu'ils étaient entre cent trente et cent cinquante, courageux volontaires, a été conduite ce matin par trois Rangers dans la région de la « Forêt Insaisissable » des Primes Racines. Pour rechercher les traces de la caravane perdue.
Les restes sanglants de quelques pauvres mektoubs furent rapidement retrouvés et nous avons pu suivre la piste mortifère jusqu'à la ruche kitine installée là et connue sous le nom de « Sous-bois des Malheurs ».
Apparemment, les insectes avaient traîné certains des animaux de la caravane à l'intérieur de leur repaire pour nourrir leurs dégoûtantes larves.

Comme le ou les objets que les éclaireurs Rangers cherchaient n'étaient pas dans les sacs des animaux de bât trouvés à l'extérieur, la précieuse cargaison avait dû être traînée à l'intérieur de la grotte.

Nous avons donc décidé d'y pénétrer. Nous allions essayer de prendre d'assaut la ruche par l'avant. D'énormes kinreys noirs se tenaient devant l'entrée et le plan initial était de les attirer hors de leur repaire et de les tuer un par un. Mais, comme il arrive souvent, une âme intrépide s'est approchée trop près et ils ont attaqué. Des plans, à quoi bon ?

Déterminés et avec un courage dont nul hominidé jamais n'avait ouï dire, nous entrâmes dans la bouche obscure, pour affronter la mort et ses signes avant-coureurs dans les étranges tunnels verts. Dans les limites étroites du tunnel, il nous était difficile d'avancer à plus de quelques uns de front. Un obstacle que les kitins, inondant littéralement le passage, semblaient ignorer. Nous étions presque submergés par le nombre, des kidinaks minuscules, qui jaillissaient des murs et se faufilaient entre nos jambes pour venir cisailler sans pitié nos chairs.
Beaucoup tombèrent sous l'assaut des monstres dans un véritable fouillis d'énormes pattes grêles.
Beaucoup perdirent la claire conscience de ce qui se passait autour d'eux et, à ma grande honte, je dois aussi avouer que mon épée elle aussi, plus d'une fois frappa par erreur une armure d'homin au lieu d'une carapace d'insecte.
J'espère que ces braves me pardonneront, car il était difficile de distinguer une véritable cible parmi le fouillis de corps d'homins et d'insectes mêlés. Nous piétinions les cadavres de maintes abominations ainsi que les corps inconscients de nos camarades de combat.

Il nous fallut trois tentatives, entre lesquelles nous en appelâmes à la bénédiction de nos dieux pour reprendre des forces et nous regrouper, mais finalement nous avons réussi l'impossible.
Leur nombre semblait infini. De chacune d'entre elles que nous tuions, deux nouvelles créatures semblaient prendre la place. Mais, après ce qui nous sembla une éternité, leur nombre commença de diminuer et l'un des éclaireurs réussit pour finir à atteindre les carcasses des animaux sans être repéré par les kitins. Il fouilla les sacs déchirés des animaux de bât pendant que le combat faisait rage autour de lui. L'habileté et le courage de ces Trykers m'impressionne…
Il trouva le Cube d'Ambre de la Gouverneure ainsi que d'autres réservoirs de connaissances, hélas brisés.
Lentement, nous nous retirâmes de cet enfer, tout en luttant contre les les kitins traînards et ceux qui étaient parvenus à se faufiler derrière nos troupes de soutien et nos guérisseurs.
Les éclats d'ambre trouvés furent répartis entre les homins et le Cube d'Ambre intact remis à son propriétaire.

Tel est mon témoignage sur cette bataille. Il vaut ce qu'il vaut mais je le pense utile.
Qui sait à quoi serviront ces cubes un jour ?
Mais quoi qu'il en soit, les homins ont prouvé une fois de plus qu'ils peuvent défier les bêtes. Côte à côte, Karavaniers et Kamistes se sont battus. Que Jéna et Ma'Duk autorisent à nouveau telle union à l'heure de plus grand besoin, si jamais elle vient.

« Plus jamais un Grand Essaim ! »

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À mon retour chez moi à Yrkanis, membres douloureux et gestes incertains, je suis encore couvert de sueur, maculé du sang des insectes et de mes compagnons d'armes tombés.

Je me laisse choir directement sur mon lit, dès qu'atteint.
Je me moque de savoir si les draps seront tachés.
J'ai besoin de repos.
Chaque mouvement m'est douleur.
Chacun de mes os me fait souffrir.

Mais, c'est bonne douleur.

Je grimace en me redressant, après quelques heures de sommeil épuisé. La douleur est encore bien présente, cachée sous cette fatigue, prête à se réveiller à la moindre provocation.
Mes pensées vagabondent vers la bataille, alors que je regarde mon corps et que je m'attelle à la tâche routinière qui consiste à retirer lentement et précautionneusement mon armure.
Avec des doigts tremblants, je lutte pour en ouvrir les fermoirs et les nœuds.
Les nouvelles bosses et éraflures sur chacune de ses pièces me resteront chères et me rappelleront longtemps ce jour.

Le pire avait failli se produire. Les kitins avaient tenté d'essaimer.
Aussi les chefs des Quatre Nations avaient-ils de nouveau lancé un appel aux armes par l'intermédiaire de leurs hérauts et beaucoup y avaient répondu.

En me défaisant de mon brassard gauche, je ne peux m'empêcher de sourire en repensant à la réaction d'un Tryker effronté à la chanson patriotique que j'entonnai alors que l'armée rassemblée s'apprêtait à marcher au combat.
Il jeta alors sur moi un fruit à demi pourri, mais bon… Il s'est ensuite battu courageusement à mes côtés et je ne lui en veut donc nullement de ne guère apprécier mon art.
Tous n'aiment pas mon peuple. C'est ainsi.

Mais j'aime bien les paroles.
Je m'étais assis et avais composé le chant peu après la première proclamation des hérauts :
« Matis, restez unis !
Matis, combattez ensemble !
Détruisez l'ennemi !
Détruisez les monstres !
Vos épées prêtes à goûter le sang !
Vos âmes prêtes à se fier aux autres !
Vos yeux prêts à voir le pire des maux !
Vos cœurs entrelacés dans une trame que même La plus acérée des épées ne pourra pénétrer !
Allez homins et faites ce jour votre devoir
Détruisez le mal !
Au nom de Jéna, pour le salut d'Atys !
Soyez vaillants Matis !
Soyez la fierté et l'exemple de tous !
Matis, demeurez côte à côte !
Matis ! Puisse votre bravoure forger le chemin ! »

L'armée de Matia s'était donc mise en marche vers le Gouffre d'Ichor, sur les conseils d'un émissaires des Rangers dont les éclaireurs avaient rapporté que des kitins étaient apparus là en nombres inhabituels.
Dès mon arrivée à l'Autel de Jena du « Guet de la Montée de Sève », près du lac de sève, j'ai rencontré quelques membres des Illuminati Jenae, mon ancienne guilde.
Ils étaient occupés à extraire des matériaux précieux et n'avaient encore, à l'évidence, aucune connaissance du danger.
Juste au moment où j'allais leur en faire part, notre petit groupe fut attaqué.

Du coin de l'œil, j'ai remarqué quelque chose de vert qui se précipitait vers nous. Pour se jeter sur mon amie Chloé avec férocité.
Poussant un cri sans rien d'homin, quelque chose s'est aussi jeté sur moi. Avec une force terrible qui faillit me renverser. Alors que je luttais pour rester debout, une autre bête a sauté sur Gazeto, le vieux guerrier Fyros, qui réagit à la vitesse de l'éclair en faisant face aux bêtes la tête haute.
Trois kirostas de la taille d'un homin ou presque, déterminés à nous tuer tous.
En quelques coups d'épée et quelques sorts, les bêtes furent éliminées. Elles ne représentaient pas une grande menace pour nous.

Mais d'autres bêtes, plus imposantes, ont suivi. Elles étaient supérieures en nombre et nous les avons contenues du mieux que nous pouvions, jusqu'à ce que ceux de l'« Alliance de l'Honneur » surviennent et nous aident à les défaire. De braves guerriers matis, quoique leur réputation ne soit pas tout à fait sans tache.
Cependant, ce n'est qu'alors que j'ai pris conscience qu'une énorme cavité béait dans l'écorce en face de l'Autel.
Comme je l'observais, un bruit horrible de cliquetis sortit de l'ouverture et la rive opposée du lac de sève se mit soudain à grouiller de corps chitineux, verdâtres et grêles.
Avec une vitesse ahurissante vu leur taille énorme, un troisième petit groupe de bêtes plus grosses encore surgit de la cavité et se précipita sur nous.
Nous étions tellement stupéfaits que c'est à peine si nous avons pu tenir notre position face à l'assaut.

Heureusement, de plus en plus de guerriers, mages et guérisseurs des guildes matisses arrivaient et se battaient avec l'énergie du désespoir pour préserver l'autel du lac. Les monstres semblaient déterminés à le détruire, ainsi que tous ses défenseurs.
Au début, la situation semblait être sous contrôle et les insectes furent abattus. Mais bientôt, ils surgirent soudain par centaines de l'entrée de la cavité depuis les niveaux inférieurs. Ce fut un carnage !

Les kitins submergèrent l'armée de Matia et déchirèrent les corps homins comme s'ils étaient poupées de paille. Les images d'homins horriblement blessés vont hanter mes rêves pendant longtemps.
Ce n'est qu'avec de la chance que nous avons survécu à cette deuxième attaque massive.
Un ou deux homins ayant réussi à échapper à la nuée d'insectes, ils parvinrent à guérir leurs camarades dès que les bêtes se furent tournées vers d'autres cibles : les animaux peuplant habituellement les alentours du lac qui n'avaient pas encore fui ses parages.

Nous nous battions pour défendre l'autel contre les attaques constantes de petits essaims d'insectes. Souvent je tombais et souvent les mains d'un soigneur compétent ou la protection offerte par la proximité de l'autel m'évita la disparition sans retour. Ils étaient trop nombreux. Après de longues minutes de combat stérile, le désespoir s'installa et nous n'eûmes d'autre choix que de chercher refuge dans la petite zone de protection magique offerte par l'autel. Pour y demeurer jusqu'à ce que les bêtes se fatiguent de s'élancer contre ses parois aussi impénétrables qu'invisibles.
Les énormes insectes aux griffes cruelles égratignaient et déchiraient furieusement la magie de l'autel mais, heureusement, ne pouvaient pas la pénétrer. Les mandibules tachées de sang de ces horribles insectes assourdissaient de crissements cruels les homins collés serrés autour de l'autel.
La haine des bêtes à chitine pour toute vie à la peau tendre était presque palpable.
En face de moi, à quelques centimètres à peine, je pouvais voir la gueule salivante d'un énorme kirosta. Je pouvais sentir son haleine fétide et la percevoir étrangement fraîche sur ma peau malgré mon casque. Comme un vent impur caressant mon visage. Les têtes sans yeux des insectes se mouvaient dans un lent et étrange balancement d'un côté à l'autre et de haut en bas. Leurs pattes ne pouvaient nous atteindre, mais semblaient poussées vers l'avant par le sentiment de toucher au but ou par le désir mauvais de tuer ce qui se trouvait devant elles. C'était presque comme si les bêtes savaient que nous étions au bord de l'épuisement, que nous luttions pour demeurer immobiles et aussi serrés ensemble que possible à l'intérieur de la magie protectrice des Autels.
Elles pouvaient sentir ou craindre.
Elles voulaient nous exterminer.
Nous étions entre vingt et trente, blottis dans l'aura sacrée. Sa magie empêchait qu'on nous fit aucun mal tant que nous restions à l'intérieur de son cercle. Mais nous savions tous que mettre le pied au-delà de la frontière invisible signifierait une mort horrible.
Nous avons tenu de longues heures, proches du désespoir.
Chaque tentative de sortie était cruellement punie.
Chaque élan en avant était contré par des griffes acérées comme des rasoirs et des pinces cruelles.
Nous nous sommes donc tenus debout. Face à face avec l'ennemi. Sinistrement conscients que nous étions piégés par notre devoir de défendre l'autel et le monde d'en haut. Car si cette brèche n'était pas fermée, les bêtes remonteraient sûrement en masse à la surface par une brèche semblable percée dans l'écorce supérieure par en dessous. Encouragées par notre échec et notre couardise.

C'est alors les troupes Fyros et Trykers se frayèrent un chemin jusqu'à nous, les guerriers assiégés. Comme je l'ai appris plus tard, ils avaient eux aussi été attaqués par les kitins, dans leur pays d'origine. Pas aussi violemment que nous, mais assez pour que la dureté des combats les retarde dans leur tentative d'atteindre la position désespérée que nous tenions .
D'abord, ces homins impétueux se précipitèrent imprudemment à notre défense, sûrs de leur propre force. Enhardis par les victoires qu'ils avaient remportées dans leur descente sous l'écorce puis leur traversée des Primes Racines.
Mais le grand nombre de kitins les surprit eux aussi, et les monstres les massacrèrent sans merci.
Je fermai les yeux sur ce massacre. Leurs cris et les exclamations choquées de mes compagnons de siège résonnant à mes oreilles.

Mais, là encore, quelques-uns d'entre eux purent échapper aux griffes et mandibules pour relever aussitôt leurs camarades.
Leur second assaut fut plus coordonné et ils réussirent à éloigner les kitins de l'autel pour les entraîner dans une bataille féroce, sur les rives du lac de sève.
Exaltée par leur bravoure, notre petite troupe se précipita finalement hors du périmètre de protection et prit les insectes ainsi absorbés par surprise. D'une poussée puissante et unie, nous parvînmes à les repousser dans le trou d'où ils étaient sortis et soudain… la bataille était finie..

C'est du moins ce qu'il semblait.

Après un bref moment de calme seulement troublé par quelques timides cris de victoire, le sol a commencé à trembler. L'écorce tendre des Primes Racines se déchira et deux gigantesques princesses kizarak en surgirent, accompagnées d'un kirosta véritablement titanesque.
Leur entrée en scène affermit le moral des insectes, qui émergèrent à nouveau en masse du sol, entre de leurs pattes, mais aussi la détermination de nous autres homins.

Puisant dans nos dernières réserves d'énergie, nous, les enfants des Nouvelles Terres, combattîmes à nouveau le monstrueux et terrible ennemi. Sans jamais perdre espoir.
Le combat fut d'avancées et reculs.
Au-dessus, au travers et autour du lac de sève séparant l'autel de la brèche béante.
Après ce qui nous parut une fois de plus des heures, nous finîmes par prendre le dessus sur les masses d'insectes plus petits et pûmes concentrer tout ce qui nous restait de force sur les titans.
Les bêtes tinrent bon pendant longtemps et même tentèrent de s'enfuir, mais les homins, désormais au bord de la victoire, virent leur chance et surent la saisir lorsque le premier des mastodontes tomba sous leur coups.
La lutte fut longue et difficile, mais les énormes bêtes finirent par s'effondrer sur le sol boueux des Primes Racines et leur sang infect s'infiltra dans l'écorce qui les avait crachées.

À bout de forces et soignant en chemin les nombreuses blessures reçues, nous avons alors regagné en nous traînant nos demeures
Sans savoir si cette victoire était définitive ou seulement le prélude à d'autres encore plus grandes, encore plus féroces, contre l'ennemi héréditaire.

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Je trouve à l'arrivée un message de Muetze, un bon ami à moi.
Il m'invite à le rejoindre dans les eaux chaudes des bains publics de Pyr. Pour dissiper les tensions accumulées au combat et discuter de ce que nous avons vécu. Je ne l'avais même pas remarqué là bas, parmi les guerriers. Nous étions si nombreux à nous battre, à souffrir, à tomber et à nous relever. À tomber encore et à s'efforcer de se relever. À garder en vie et l'ami et l'ennemi face à une menace commune, bien plus redoutable.
Oui, j'irai à Pyr.
Une immense fatigue traverse encore mon corps entier et mes membres tremblent sous l'effort lorsque je m'extrais de la cuirasse de mon armure pour la poser sur son support. Comme je me sens bien en me glissant dans des vêtements doux et propres, et comme j'appréhende la tâche future de nettoyer mon armure.
J'active un pacte sacré de la Karavan et après quelques instants qui me figent, insensible, je me retrouve dans le désert, non loin de Pyr.
Boitant avec lenteur, je me dirige alors vers la ville.

Partout dans les rues de la capitale des Fyros on peut voir et entendre la grande joie qui l'anime. Les habitants célèbrent la victoire sur les kitins. Le désastre menaçant d'un essaim déferlant sur l'écorce évité.
Ils chantent et dansent dans les rues. C'est magnifique spectacle.
Mes oreilles perçoivent un chant, entonné par de nombreuses voix rudes mais mélodieuses s'échappant de la taverne près du puits, dans la vieille ville.
« Nous allons de l'avant !
Jusqu'au fort de la bataille !
Pour la gloire de l'Empire !
Nous marchons côte-à-côte, en soldats !
Frères et sœurs ensemble, pour la Vérité !
Donne moi ta flamme, qu'avec toi je puisse brûler !
Garde mes cendres, que je te puisse revenir.
Mon âme dans la main de Ma'Duk, qu'il la puisse garder.
Mon cœur à l'Empereur, que pour lui il puisse saigner !
Pour l'Honneur !
Pour la Justice !
Allons de l'avant ! »

Un texte accrocheur, concis et tranchant. Comme une hache fyrosse.
Merveilleux.
Lentement, je descends en boitant les escaliers jusqu'à la piscine des bains, où mon ami m'attend déjà.
Un bain brûlant me fera un bien fou.

Lylanea Vicciona, Barde des Quatre Nations