Chroniques d'Atys:Quand les murs s’écroulèrent : Différence entre versions

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Chroniques d'Atys:Quand les murs s’écroulèrent
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Quand les murs s’écroulèrent

J'ai vécu à Zoran, l'ancienne capitale de notre peuple. Je me souviens parfaitement de nos merveilleuses cités qui s'étendaient sur des kilomètres au travers de la jungle, et de ma maison dans la vieille médina où le premier temple zoraï fut bâti à la gloire de la première illumination kami. Matin et soir, nous étions appelés à la prière par les carillons des grandes cloches en bois de syre qui résonnaient profondément et tendrement, faisant vibrer nos coeurs. Un automne, nous rendions grâce pour la récolte exceptionnelle quand les grandes cloches sonnèrent inopinément, pour la dernière fois...

Mon père avait d'abord craint que les barbares du nord aient, d'une manière ou d'une autre, échappé à la vigilance de nos gardes, trouvé une faille sans visibilité dans l'immense mur qui sécurisait notre territoire et lancé une attaque. Il m'entraîna avec lui pendant que ma mère prenait mon petit frère encore bébé et nous partîmes très vite pour la maison alors que les portes de la cité se fermaient dans un grand fracas. Quand il dut nous quitter pour rejoindre sa guilde, j'en eus un coup au coeur et je ne voulus pas lâcher sa jambe pour le laisser partir. Il se mit presque en colère et ma mère dut m'arracher à lui. Je le regardai par la fenêtre descendre la route en direction de l'entrée principale, un couteau à dépecer dans sa main. J'avais le sentiment horrible que je ne le reverrai plus jamais.

Au-dehors, il y eut un bruit épouvantable suivi d'un violent mouvement de foule, les gens commencèrent à crier et à hurler que les monstres étaient sur nous. Il se produisit un nouvel éclat sinistre suivi d'un nuage de poussière provenant des tours, puis le mur nord de la cité s'écroula.

Nous assistions à la scène du haut de notre terrasse, et au travers de la poussière nous vîmes les premiers kitins géants ramper dans la cité. Mère m'attrapa et nous courûmes au rez-de-chaussée, "verse sur toi le liquide pour la chasse, vite, cela couvrira ton odeur !" hurla-t-elle tout en faisant de même pour elle et pour mon frère. Nous versâmes tout un baril au sol puis soulevâmes la trappe qui menait à la cave afin de descendre là où mon père travaillait les peaux. Il était grand temps.

Un millier de pieds et de pattes tambourinèrent en passant devant la fenêtre de la cave qui donnait sur la rue au niveau du sol. Une odeur nauséabonde remplit alors l'air lorsque nous entendîmes au-dessus de nos têtes le bruit horrible d'un grattement. Ma mère mit sa main sur ma bouche pendant les cinq premières minutes afin d'anticiper mes cris, j'étais pétrifiée. Puis le grouillement au-dessus de nos têtes se fit plus fort...

Ma mère me fit signe de ne pas faire un bruit, et je fis de mon mieux pour ravaler mes larmes en pensant à mon père qui devait être mort. Puis, il y eut un coup violent sur la trappe et cette fois, je ne pus m'empêcher de laisser échapper un cri d'effroi. Ma mère mit une fois de plus sa main sur ma bouche alors que tout mouvement avait cessé à l'étage. Il y eut une sorte de bruit électrique et je sus que le monstre guettait dans l'air la moindre vibration sonore. J'aurais juré que mon coeur battait si fort et si vite que le monstre pouvait l'entendre !

Puis nous entendîmes le grouillement s'éloigner, ces pas qui donnaient la chair de poule quittaient notre maison, et je m'effondrai alors dans les bras de ma mère. Je ne me souviens plus combien de temps nous dormîmes, peut-être quatre heures, mais je me souviens que lorsque je m'éveillai la nuit tombait et mon petit frère gazouillait devant un papillon de nuit. Ma mère se dressa rapidement en se réveillant et le fit taire par peur d'une présence kitin dans les parages. Mais même si nous ne pouvions pas voir au-dehors en raison de la poussière et de l'obscurité, nous sentions que tout était calme. Nous montâmes avec précaution les premières marches grinçantes de la cave nous menant à la trappe. Alors que ma mère tournait la poignée, il y eut un bruit atroce derrière la porte et cette fois je ne pus retenir mes pleurs. Ma mère eut à peine le temps de nous saisir mon frère et moi dans ses bras...

La porte s'ouvrit brusquement et apparut alors une haute silhouette que je connaissais et qui nous regardait : mon père ! Il nous attira tous vers lui et nous serra dans ses grands bras. Ce ne fut qu'en regardant autour de nous que je compris que notre maison et celles de nos voisins, la cité toute entière étaient en ruine comme si elles avaient été ravagées par un violent raz-de-marée. Mon père avait réussi à se cacher dans la maison d'un brave membre de la guilde au moment où les kitins avaient franchi le mur de la ville, il avait poussé toute la famille dans la cave où elle nous attendait alors. Il nous raconta comment il avait fait, comme il expliquait souvent à ma mère de faire au cas où nous aurions été encerclés par des bêtes à l'époque où nous vivions à découvert dans la jungle. Mon père nous expliqua plus tard que ce fut le seul moyen de réchapper à ce fléau et que beaucoup était mort en essayant de fuir à l'autre bout de la ville, là où les portes n'étaient pas assez larges. Nombreux furent ceux qui moururent piétinés avant même que les kitins ne les atteignent. Voilà pourquoi nos villages n'ont plus de murs aujourd'hui.


Conté par Bia Fei-Lun, une Vielle Dame Zoraï