en:Bebi_Cuirinia,_royal_Embalmer



Avec les guerres qui menacent, nous avons décidé de rendre visite à quelqu’un de directement concerné par les futurs événements qui s’annoncent…

Journaliste : Bonjour Dame Cuirinia, merci d’avoir accepté de nous consacrer un peu de temps. Pourriez-vous vous présenter s’il vous plait ?

Bebi Cuirinia : Je me nomme Bebi Cuirinia et j’ai l’immense honneur d’être embaumeuse royale.


Journaliste : Où exercez-vous votre profession ?

Bebi Cuirinia : À Yrkanis bien sûr ! Où auriez-vous voulu que je l’exerce ? Un étage entier de la grande serre est dédié au soin des morts.


Journaliste : Excusez notre ignorance mais… en quoi consiste exactement votre métier ?

Bebi Cuirinia : Je prépare pour leur dernier voyage ceux dont la graine s’est irrémédiablement flétrie.


Journaliste : Euh… en d’autres termes ?

Bebi Cuirinia : Eh bien nous travaillons en deux phases. Lorsqu’un être dont la sève s’est tarie nous est amené, nous sommes d’abord chargés de le rendre présentable pour ses proches qui le souhaiteraient. Le corps est également traité pour ne pas s’abîmer dans les jours qui suivent. Beaucoup apprécient de pouvoir voir une dernière fois l’être aimé afin de garder l’image de sa beauté à jamais gravée dans leurs esprits. Les salles accessibles au-dessus de la fontaine sont spécialement dédiées à cet effet. Une fois que les vivants ont pu dire une dernière fois adieu à leur parent décédé, nous traitons le corps du regretté afin d’en extraire son essence.


Journaliste : C’est-à-dire ?

Bebi Cuirinia : Je n’aime guère parler technique, mais si vous insistez… Le défunt est placé pendant plusieurs jours dans un cocon funéraire élaboré par manipulation génétique de plusieurs plantes. La sève de l’homin est alors progressivement recueillie dans une poche du cocon. Le processus prend plus ou moins de temps selon la corpulence de l’homin. Toujours est-il que quand le cocon s’ouvre à nouveau, il n’y a plus qu’à récupérer la sève, l’homin ayant été entièrement réduit à cette essence.
C’est une opération extrêmement délicate à réaliser. Le cocon nécessite des soins et une surveillance permanente pour éviter qu’il ne s’ouvre trop tôt.


Journaliste : Que faites-vous de la sève ainsi récoltée ?

Bebi Cuirinia : Vous l’ignorez ? La sève est tout naturellement restituée aux familles.


Journaliste : Que font les familles de cette sève ?

Bebi Cuirinia : Les familles récupèrent la sève de leurs ancêtres pour l’incorporer à celle de leurs demeures. C’est un moyen de perpétuer la mémoire. Dans les terres anciennes, les très vieilles familles pouvaient habiter des murs eux même « habités » par plusieurs dizaines de leurs ancêtres ! Malheureusement avec le grand exode toutes ces habitations ont été perdues. Ce fut un traumatisme important pour le peuple matis. En perdant nos habitations, nous perdions également notre mémoire.


Journaliste : Mais alors les Matis ne doivent jamais vouloir déménager !

Bebi Cuirinia : C’est en effet souvent un déchirement pour un Matis que de changer d’habitation. Pour atténuer la tristesse, la tradition veut que lors d’un déménagement, on fasse une saignée dans les racines de l’ancienne demeure afin d’inoculer un peu de la sève ancestrale dans la nouvelle.


Journaliste : Et les dépouilles royales, sont-elles intégrées au palais du roi ?

Bebi Cuirinia : Pas exactement. En réalité la sève des ancêtres royaux coule dans l’arbre qui soutient la salle du trône. Ainsi le souverain actuel continue d’être guidé par la lumière et la sagesse des rois qui l’ont précédé dans cette tâche.
J’ai eu l’immense honneur d’avoir pu m’occuper de la dépouille de notre regretté Yasson dont la sève est auprès de son fils et l’âme en compagnie de Jena.


Journaliste : Ainsi tous les Matis qui mourront feront toujours partie d’Yrkanis…

Bebi Cuirinia : Hum, non. Comme vous semblez l’ignorer, cette technique est exclusivement réservée à une élite méritante. Les autres se font simplement enterrer dans un cimetière. L’embaumement est un privilège héréditaire que le roi accorde uniquement aux familles dont les membres se sont illustrés pour la plus grande gloire du peuple matis, le plus célèbre exemple en étant la famille Di Tylini.


Journaliste : Est-ce donc un métier ancien ?

Bebi Cuirinia : Vous vous en doutez, mon métier est extrêmement ancien car qui dit naissance dit malheureusement également mort. Si les techniques et les rites ont évolué et se sont raffinés à mesure des temps, il y a eu des homins pour s’occuper des morts depuis que Jena a rendu la lumière à Atys. Et aussi longtemps qu’il y aura des vivants, il y aura des embaumeurs pour s’en occuper une fois leur graine éteinte.


Journaliste : Mais et la résurrection ?

Bebi Cuirinia : Aaaah enfin une question intéressante. Pour tout vous avouer, je ne peux rien affirmer, je n’ai pas connaissance des secrets de la Karavan ni des Kamis. Mais ma théorie à moi c’est que si la graine entre d’une quelconque manière dans l’acte de résurrection d’un homin, cela ne la préserve pas pour autant de l’altération. Lorsque la graine est abîmée, il n’y a malheureusement plus rien à faire pour l’homin. Quant à la résurrection… sans doute des adeptes de la Karavan vous en parleront avec plus de justesse que moi, mais de ce que j’ai cru en comprendre, Jena et les Kamis sont les seuls juges de qui sera ou ne sera pas ressuscité. Qui vous dit que le combat auquel vous succombez ne sera pas le dernier ? Qu’est-ce qui peut permettre d’affirmer que la puissance divine qui vous protège vous protègera systématiquement et pour toujours ?

Ne me regardez pas ainsi, je n’ai pas de réponse à vous apporter. Je n’aurai qu’un seul conseil à vous donner : faites en sorte de ne pas vous retrouver trop tôt entre mes mains.

Interview de Bebi Cuirinia, Embaumeuse Royale, probablement autour de 2529, avant le début de la Guerre des Temples

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