Ombres hurlantes
L'année 2481 fut une année fatidique pour toute l'hominité et toutes les races souffrirent énormément. Mais aucune ne souffrit autant, à cause de sa propre folie et de son arrogance, que l'ancienne race matis. Certes, cela n'aurait pas changé grand-chose à l'issue finale, mais bien plus de vies auraient pu être sauvées sans l'avarice et la paranoïa des nobles matis et de leurs chefs militaires.
Lorsque se répandit la rumeur selon laquelle quelque chose d'anormal se tramait dans les tréfonds du désert ,et que l'armée impériale toute entière était de ce fait occupée à l'intérieur des frontières de l'Empire, les autorités matis y virent une opportunité de régler de vieux comptes et d'agrandir leur territoire. Profitant de l'aubaine, la quasi totalité de l'armée matis marcha vers les frontières de Trykoth, dans le but de soutirer la précieuse eau des sources du petit peuple à leurs protecteurs auto-proclamés, les Fyros. Alors que la grande armée quittait la Forêt, le peuple matis l'acclamait, lui souhaitant de rentrer auréolée de gloire, avec de nouvelles terres où s'étendre. Mais c'est alors que s'abattit sur eux une terreur sans précédent. Ces quelques longues heures du printemps 2481 restèrent dans les mémoires sous le nom de « la nuit des ombres hurlantes ».
Un vieil homme raconte son histoire avec une voix haletante, brisée par l'émotion.
Je me souviens... oui, je me souviens. Il ne m'est pas difficile de me rappeler ces terribles instants car ils ont été gravés dans ma tête avec la lame aiguisée d'un maître artisan.
J'étais alors un jeune membre de la milice. Je l'avais rejointe à peine quelques semaines avant, et j'avais l'espoir de rejoindre un jour la garde du palais, pour finalement faire partie de la garde royale. Je ne savais pas alors que ma promotion serait bien plus rapide que je ne l'aurais jamais cru. Mais je ne sais toujours pas si je peux tirer une quelconque fierté de mes actes de cette nuit-là, en pensant à tout ce qui en a découlé par la suite... Mais je m'égare... Vous voulez que je vous parle de la « nuit des griffes » ou « nuit des cris d'ombre » comme certains poètes l'appellent. C'était définitivement une nuit des griffes, et des ombres hurlantes... oh oui il y en avait... J'étais l'une d'entre elles, à coup sûr.