Nom : Girlyshop
Race : Tryker
Rôles importants :
Le convoi d esclaves traverse lentement la masure. La route est penible du fait d un hiver rigoureux et nombre d esclaves tryker peu habitués au froid et affames sont deja tombes en chemin. Ca n a pas l air de tourmenter davantage l escorte du convoi, il est imperatif pour eux de rejoindre Yrkanis au plus vite car la neige ne cesse de tomber et bientot la route meme sera impraticable. Encore toute petite, je suis entasse avec d autres enfants et des homines dans la roulotte que deux mektoubs tirent peniblement, les homins, eux, sont enchaines a l arriere… Tout pres de moi, une petite fille me sourit, ces cheveux sont roses vifs et la situation n a pas l air d afflaiblir sa joie de vivre… Pour ma part, je suis paralyse par la peur et la confusion : Quelques jours auparavant notre camp fut decime par les esclavagistes et laisse en flamme et la derniere fois que ma mere posa les yeux sur moi ce fut en rendant son dernier souffle. Notre famille qui avait deja souffert la perte de mon pere seulement quelques mois après ma naissance est detruite et j en suis maintenant la seule membre en vie…. Je scrute le sceau tatoue sur ma peau, la marque des esclaves vient d etre tout recement pose sur moi et me fait encore tres mal. Et sa signification est tout aussi penible, je ne serais jamais plus libre… Maintenue dans les bras d une ancienne, je suis en proie au desespoir et incapable de dire un mot depuis des jours… Soudain un enorme fracas resonne a l exterieur. Le convoie est attaque par une horde de brigands. C est un monde hostile et les routes ne sont sures pour personne, les mektoubs effrayes finissent par galloper et la roulotte glisse au detour d un virage, verse et finalement va s ecraser en contrebas. Durant le choc ma tete est violement heurtee par une nasse d outils et je perd connaissance… Des sons insoutenables me tirent bientot de l inconscience…Il reigne le chaos le plus total, j entends des cris et gemissements de douleur de toute part. L ancienne qui m avait protégé lors de la chute a relache son etreinte… Je la regarde : qui est elle ? et ou suis je ? Tous mes souvenirs anterieurs a l accident ont disparus et je reste paralyse de torpeur… Une petite main me saisit le bras, c est une fille aux cheveux roses qui est ecrasee par le corps inerte d une homine, elle pleure et me supplit de lui venir en aide. Je la tire a grand peine vers moi puis me tourne vers l ancienne… Celle-ci m ordonne de fuir avant le retour des brigands et rend l ame… Je ne saisis rien a la situation mais l ordre de l ancienne reveille mon instint de survie… Je m extripe avec la petite de la carcasse de la roulotte. Un vent froid et sec coupe ma peau et au dessus de nous une bataille sans merci se livre… je decide de fuir en direction opposee… Nous avancons a grand peine dans la neige, la foret est proche, nous devons la rejoindre au plus vite pour nous dissimuler. A l oree du bois, je me tourne en direction de la roulotte. Des survivants fuient a grand peine et sont deja rattrappe par les brigands, s en suit un massacre… Nous ne cessons de marcher et la nuit tombe deja. Je n ai plus de force. La petite et moi avons traverser la foret sans mot dire et je n ose lui dire ce que personne n ignore : La nuit et le froid aura raison de nous dans peu de temps. Je decide d abandoner la marche en croisant une cavite rocheuse. Le bois est trop humide pour faire un feu. J enlasse la petite en quete de chaleur mais deja j entends son coeur battre faiblement. Nous restons toutes deux serrees l une contre l autre attendant de dormir d un sommeil eternel. Mes yeux se ferment…
J entends le bruit de braises crepiter d ou sort une chaleur bienveillante, j ouvre lentement les yeux, devant moi se tient assis un homin de la meme race que nos assailants, un etre grand et fin qui me scrute impassiblement. La petite et moi sommes enveloppees dans une couverture et malgre la peur cause par sa presence, je suis epuisee et m endors de nouveau. Tard le lendemain, je trouve la petite et le grand homin en train de dejeuner. Celui-ci remarque mon reveil et me tend a manger. La faim supprime toutes formes de politesse et j avale avidement ma gamelle sans un mot. L homin degage une certaine bonte, il n a pas l air comme les autres de la veille. Je l ecoute parler avec la petite qui relate le drame passé. Cela a l air d affecter le grand homin… Puis viennent les presentations : son nom est Sightseer, la petite se nomme Echo. Il me demande alors mon nom…. Quel est mon nom ? Mais qui suis je donc ? J ai tres peur lorsque je realise a nouveau que tous souvenirs de mon passé a disparu. Sightseer comprend ma detresse et dit : Laisses moi soigner cette blessure a la tete, pourquoi ne parles tu pas ? J explique d abord difficilement que je ne sais plus mon nom et peu a peu en parlant, pose toutes sortes de question sur le monde qui m entoure en quete de comprehension. Les jours passent, mes nuits sont hantees de cauchemars mais leurs sens m echappent. Je vois des visages, des morts, le chaos. Nous avons reprit la marche des que nos forces furent suffisantes. Sightseer nous a fait la promesse de prendre soin de nous le temps pour nous de savoir nous battre et rejoindre notre continent. Ainsi il y aurait un monde d ou Echo et moi serions natives. Nous sommes donc sous tutelle de Sightseer… Il nous equipe et nous demande de cacher le sceau des esclaves a quiquoncque etranger. Commence alors un long apprentissage du forage. Tres souvent nous faisons escale dans les villages afin de vendre nos confections… Le temps passé aux fils des etapes sur les places marchandes. Peu a peu, les commercants s accoutument a voir une toute jeune adolescente au timbre encore suraigue essaye de vendre ses articles grossiers. L’un d’eux par maintes fois demande mon nom sans trouver reponse quoi que premierement offusque, il decide un jour que ce choix lui incombe… “Toi, dont on ne connait ni l’origine, ni le nom si ce nest ton mutisme a ce sujet et que tu es de seve tryker… Et bien je vais t affubler d’un nom qui signifie dans un patoi desuet “fillette”, tu te prenommeras Girlysh.” Cela fait rire, les clients affaires devant son etabli et il rencherit : “Et comme je ne trouve plus la paix depuis que tes eclats de voix sevissent ici, pour patronyme je propose O’Peaky qui decrit le mieux les inflexions de ta voix.” Les rires communicatifs de sa clientele attire d autres badaux, cette assemblee debat vivement autour de ce sujet puis ils conviennent que Girlyshop sera l appellation familliere addressee a ma personne… Bien sur, Echo et Sightseer sont eux aussi amuse par mon sobriquet et me donne comme petit nom : Girly. Echo, plus jeune, passe davantage de temps a jouer mais ne reste jamais bien loin de moi. Nous sommes notre seule famille maintenant et je redouble d effort pour que rien ne vienne a nous manquer. Apres quelques annees, Sightseer me suggere de commencer l entrainement au combat et je choisis la lame. Un an plus tard, echo se decouvre un talent pour le soin et nous chassons alors ensemble. Chaque nuit, je cauchemarde et la colere ne desemplit pas au matin et c est avec hargne que je m entraine. Un jour, je recouvrerai totalement la memoire et vengerai ma famille, aucun doute la dessus. Pour l heure, Sightseer entreprend le long voyage jusqu aux lacs. Nous sommes assez forte pour le periple et Sightseer nous avait dit qu un jour il serait temps de rejoindre les notres. Le voyage durera une saison puis un matin nous arrivons a Fairhaven… Bien que toujours jeunes, notre arrivee a Fairhaven marque le jour de notre separation avec notre mentor… C est un triste jour mais cela devait arriver… Je n’oublierai jamais notre sauveur et sa patience, aujourd hui une nouvelle ere commence. Nous sommes chez nous aux lacs après plus d’une annee d absence.
Echo est ravie de decouvrir la communaute et finis meme par entrer dans la garde des dragons noirs, son entrainement bien que sporadique s effectue a bon rythme mais il m arrive parfois de la rejoindre afin de la reprimander et de la pousser a plus d efforts… Nous multiplions les contacts avec des trykers et bon nombre sont prêt a nous venir en aide. Mais bien moins sociable qu Echo, je prefere ne pas me detourner de ma quete de puissance : Je dois etre sans cesse plus forte pour nous deux et regulierement payer les ardoises d Echo au bar et chez les artisans… Sightseer avait evoque la religion plusieurs soirs mais je fus surprise d apprendre l existence des Kamis de la bouche de Iuwenn. Sans souvenirs ni fondement religieux, je decide de me pas prendre partie a aucune faction que ce soit, ma religion d alors s appellant toujours : Colere. Je decide donc de prendre la route seule, rodant, chassant, sans cesse en quete d experience, pas une seconde de ma vie n est pas dediee au combat et je traque sans relache toutes les creatures hostiles avoisinant les lacs. Je trouve alors de precieux allies dans ma course pour l experience : Molator, voyageur et crafteur d armure lourde me fait don d une armure a mon gout, elle sera noire comme mes idees, ses conseils sont d une grande utilite aussi. Plus tard, j’entreprend alors le tour du monde d Atys, un voyage d un an et demi afin d accroitre encore mon experience. Kainsei , Dag et Ayanami sont donc mes compagnons dans ce long periple pour l obtention des teleporteurs. J apprends aussi a sourire un peu et decouvre un monde vaste et varie, d une beaute epoustouflante. Kainsei disparait alors pendant des annees et je ne garde que Molator et Iuwenn pour proches. Iuwenn m aidera enormement a comprendre notre monde et ses conseils ainsi que ses nombreux dons et entrainements me permettent vite de m assumer totalement. J arpente maintenant seule l ecorce et m associe avec quiconque pouvant chasser avec moi. La rencontre d un fyros Issachan, me releve mes talents pour la magie offensive et je delaisse la lame au profit d une nouvelle science bien plus puissante puis avec l aide de Moonset une matys, je deviens alors Maitre de la souffrance et sevit dans les zones les plus reculees…
Ma memoire revient peu a peu et je peux aujourd hui vous conter le peu que je sais de mon passé et ce qu il est advenu de moi pendant toutes ces trois longues annees. Les cauchemars font toujours partie integrante de ma vie et je ne trouve generalement le sommeil qu après de longues heures au bar mais j ai gagne en serenite… Je fis alors un retour en region lacustre après de plusieurs annees d absence et d entrainement et fut la spectatrice d un curieux evenement. Une assemblee se tenait autour d un homin se prenommant Elowin. Il proposait des amplificateurs a quiconque pourrait le vaincre. Mes amplis fatigues et sans doute en exces de confiance, je trouvai la une apportunite d’avoir a moindre cout mon equipement, aussi je relevais le defi. Je n eu pas le temps de lever les bras que deja je gisais au sol. Ceci en plus de m humilier me fit forte impression… Je faisais deja tant d effort pour etre forte, la rencontre d un vrai dueleur me poussa a reprendre l exercice de plus belle. J ignorai alors pourquoi Elowin m aida en me vendant a bon prix des amplis supreme mais j appris a l ecouter et voir la bonte en lui. Je quittais donc les lacs tete basse et reprit a nouveau l entrainement. Je croisa alors Ghorgette et passa plusieurs jours en sa compagnie, ce fut l occasion de s amuser en prenant de l experience. Les pauvres garcons qui chassaient parfois avec nous durent subir bien des colibets et ce n en fut que plus drole mais malheureusement les responsabilites de Ghorgette l amenait a souvent me laisser avec toujours les memes : Moon, Sien et Iuwenn parfois. Apres de nombreuses conversations avec Elowin, je compris que ma place etait aupres d eux. Defendre les lacs, retrouver la connaissance de ma religion natale, et servir une maison en tant que soldat, telle est ma nouvelle vocation. J’ appris a me perfectionner au sein de la guilde mais aussi a servir une cause autre que personnelle. Ce fut un choix difficile voir douloureux pour moi de me tenir a l ecart de Iuwenn que j avais peu a peu apprit a aimer ( secretement). Et bon nombre de proches appartiennent maintenant a une faction adverse et je ne peux que entretenir des relations d ordre diplomatiques avec eux mais je ne regrette rien. Je suis convaincue que les suivants de la Karavan sont pour l’heure, les plus fervents defenseurs de nos contrees. Apres des annees a arpenter les continents et terrasser les monstres, j ai finalement appris que le sang ne soulageait pas la douleur et la perte de proches mais seules les larmes pouvaient le faire… Je fais donc des efforts pour laisser mes sentiments s exprimer, etre plus douce, redecouvrir une vie d homine et faire la paix avec moi meme. Aujourd hui, grace a la guilde, je n’erre plus sans but, malgre mon bien jeune age (je ne dois meme pas exceeder les vingts annees), je combat aux cotes des miens pour la defense des lacs et garde les yeux tournes vers l avenir.
Alors qu elle forait aux abords d une ville, je vis passer ce soir la un etrange convoi de caravannes. Les membres de ce convoi portaient des tenues chatoyantes aux multitudes de couleurs. Ils chantaient gaiement aux sons d instruments.
Bien que certains etaient d une constitution fragile, ils emanaient d eux une energie sans commun. Je reconnut cette energie pour en l avoir vecu lors de mon passé solitaire.
C est energie etait la joie d etre libre comme le vent, d errer sans but libre de toutes contraintes, sans souci des lendemains.
Je fus tres secouee par cette reflexion. Jusque la plongee dans des preoccupations d officier superieur, je m’etais investi corps et ame dans ma fonction allant jusqu’a occulter mes problemes et aspirations personnelles. Celles-ci resurgissaient violement alors.
J’avais un temps pu trouver la paix de l esprit a la cabale et beneficier d une experience salutaire au son sein, y avais prit des responsabilites somme toutes peut etre trop lourde au vue de mon age car a cet instant précis j’etais de nouveau en proie a la confusion et au tumulte de mes pulsions.
C est alors qu’une homine faisant partie du convoi vint a moi. C’etait une petite tryker aux traits fins mais ses grands yeux bleux profonds etaient francs et penetrants. Nul doute, que malgre sa douceur apparente c’etait une personne qui parlait sans detour.
“ Salut a toi, je m appelle Meola, quel est ton nom ?”
Apres m’etre presentee, je mis en pause mon travail et offrit de l eau a mon interlocutrice. En me remerciant, Meola fixa droit dans mes yeux et dit alors :
“Je vois dans ton regard harassement et tourments et cela m attriste… Les sedentaires s encombrent de tracas bien inutiles et la vie au sein des cites les laissent souvent seul face a leur peine… “
Sans repondre j’acquiessa… Meola saisit alors ses mains afin de les examiner.
“ Si tu veux mon avis, tu travailles trop et cela ne resoudra rien de plus il est deja tard…”
Plus loin le convoi s eloignait a la recherche d un emplacement pour faire etape. Deja le crepuscule pointait a l horizon…
“Veux tu passer la nuit au camp avec nous ? Communier avec des pairs, ecoutez nos histoires et de la musique autour d un feu, confier a des etrangers ce qui te pese sur le coeur… Nous n avons que peu de choses a offrir mais elles sont pour nous les seules essentielles. L’hospitalite fait partie de ces choses…”
Beaucoup aurait refuse, ce jour la je ne reflechis pas mais alla chercher au plus profond de mon coeur. Un appel irresistible me poussa a suivre Meola sans que je ne puisse en trouver la raison. Je me dressa sur mes jambes, sourit a Meola.
“ En route”
Sur le chemin pour rejoindre le convoi, debute une toute autre conversation. “Ou donc ce convoi se rend t il?” “Nous sommes en route pour le camp secret de la tribu, je suis a la tete de cette expedition qui a pour but de vendre notre artisanat. Je profite aussi de cette occasion pour tenter de retrouver des survivants d’un episode tragique qui a frappe la tribu il y a maintenant 4 ans.” Tant de franchise, me pousse a questionner encore Meola. “Peut on savoir ce qui l s est produit il y a 4 ans de cela ?” ”Malgre l abolissement de l’esclavage, un vil marchand decouvrit l’un de nos camp et profita de notre autarcisme pour l’attaquer sauvagement… Durant l’assaut beaucoup sont tombes, les captifs ont ensuite ete emmene dans le but de satisfaire les commanditaires de ce marchand… Quelques homins, des homines et plus grave les enfants…” Completement sous le choc, je reste muette et Meola continue : “Deux de nos chasseurs de retour ont pu de loin etre le temoin de ce crime trop tard helas, aussi ils convinrent d’un plan… Pendant que l’un courrait sonner l’alarme aupres des autres chasseurs, l’autre suivrait le convoi et laisserait des reperes pour que l’on puisse en retrouver la trace.” “Ou donc est parti le convoi ?” “Guere loin heureusement... Les chasseurs alertes se sont hates de rattrapper le convoi et ce en moins de quelques jours mais quand il fut en vue, a leur grande surprise, les caravanes etaient sans dessus dessous, les trafiquants attaques par d’autres bandits et les membres de notre tribu pieds et poings lies eux aussi perrirent avant que les chasseurs puissent atteindre les lieux.” “Les chasseurs s’en prirent aux bandits qui poursuivaient les quelques bohemiens et exclavagistes qui prennaient la fuite” “Quand les chasseurs finirent par prendre le dessus, le bilan etait lourd… Bien peu des notres avaient survecus et l on avait apercu des enfants se refugier dans la foret alors que l’hiver etait bien trop hostile..”
“Seuls deux chasseurs furent envoyer a la recherche des enfants pendant que les autres preparaient le voyage de retour afin d’offrir des sepultures dignes pour nos victimes…”
“Mais après 4 bonnes heures, ils sont revenues affreusement frustres, leur recherche fut vaine…” C’est en tremblant et avec toutes les peines du monde que je pose cette question : “Et les enfants, tu les cherche toujours? Pourquoi les crois tu en vie après si longtemps? Pourquoi ne pas avoir baisser les bras depuis…” Et ma voix s etouffe en un sanglot qui vient chercher tres loin ses racines… “C’est un secret, je ne p…” Meola s’arrete brusquement “Pourquoi ces pleurs?” Les souvenirs enfouis, parfois ils refont surface alors que nous y sommes le moins prepare… Avec parfois une force telle qu’on en perd pied, conscience, ou raison… Un voile blanc, je me sens tombee et plus rien… Meola reprend le dessus de sa stupeur car un presentiment l’entreint violement. Elle se penche sur le corps inerte, dessere les liens de la robe pour en examiner la hanche. “Jena a entendu nos prieres” se dit elle en son fort interieur. Elle hurle pour alerter le convoi : “Sacha vient vite!!!” Autour de l attroupement Meola s adresse a Sacha : “Sacha, regarde cela” et designe ma hanche. “ Qu’on l’installe dans ma roulotte, des l’aurore nous leverons le camp pour rejoindre la tribu… La madonne a entendu nos prieres, nous avons reussi.”
Quand je reprends conscience, c’est dans la couchette d’un modeste tipee comme ceux qui compose le camp de la boheme. A mon chevet, une vieille femme. Elle ne tardera pas satisfaire la plupart de mes questions et Meola dont je partage le tipee, veille sur moi chaque nuit tout en me racontant le passé de notre tribu. Ils m ont cherche sans relache tout ce temps sans que jamais nos routes se croisent. Tant d’annees, tant de souffrances pour qu’enfin je decouvre mes origines et les miens… Tous sont tres avenants, bienveillants et souriants mais pourtant une question reste sans reponse malgre mes demandes repetees : Quel est mon nom? Qui etaient mes parents? Un jour, Meola revient avec un ancien au visage burine. Tres calmement, il s’adresse a moi : “Ce fut un grand soulagement pour nous de te trouver… Un grand choc pour toi aussi… Il y a parfois des secrets qu’on ne peut livrer que lorsque l’initie est en mesure de le soutenir… Tu demandes des precisions sur ta famille mais tu vas tout juste sur tes vingts ans. Accordes moi ta confiance et fait preuve de patience. Toute la verite tu auras quand le moment sera venu…” L’ancien degage une telle serenite, il allume une pipe et continue: “Je comprend que tu trouves cela injuste, si tu me promet de ne pas entreprendre de recherches et d’attendre le moment opportun, je vais tout de meme t’apprendre ton vrai nom” Il tousse un peu avant de reprendre : “Les sedentaires ont choisi deja un nom pour toi, il est probable que tu le gardes mais quand tu vivais encore parmi nous, tu repondais au nom de Cian comme la couleur des lacs que ta famille cherissait tant.” Cian…. Ce mot resonne dans ma tete. L’ancien m annonce qu’il va prendre conge mais qu’il reviendra dans quelques jours… Cian… Un simple mot, un mot qui a le pouvoir d’apaiser mon esprit comme jamais il ne m’a ete offert. Un mot qui a la seule evocation a balaye mes demons, chasse mes cauchemars, me rend espoir d’apprendre un jour toute la verite… Un mot si precieux que je le garde pour moi seule…
C’est une ere nouvelle. Rien n’est plus pareil. La vie au camp est comme un havre de paix. J’y decouvre une tribu qui dedie sa vie a parfaire son artisanat, a extraire avec le plus grand soin les ressources d’Atys, confectionne de riches etoffes et instruments de musique, s’adonne aux arts de toutes formes. Leur exuberance et caractere bien trempe, les conduisent parfois a se quereller vivement a cause de malentendus souvent en raison d’une propension a changer la tournure des evenements selon leur fantaisie. Tous font appel a un fort esprit de derision et souvent d’un brin de moquerie. Eclate alors une veritable scene qui resonne si fort que personne present ne peut alors oser pretendre ignorer la situation mais ce n’est que pour exorciser le mal après quoi ils se pardonnent tout aussi vite. Si des histoires evoquent des querelles intestines de par le passé, la fragilite de l’actuelle tribu a range tout le monde du cote de la temperance. Aussi ce n’est que pour rythmer la vie tres paisible du camp que survient parfois des eclats de voix. Les homins du camp appliquent tres rigoureusement leur devoir conjugal et envers la tribu. Bien mal leur en prendrait car je viens a penser parfois que les plus redoutables de nos membres sont les homines. J’ai vu detaler bien des braves qui avaient provoque le courroux de leur moitie. Bien souvent coquettes et un temps soit peu frivole, un tout petit deconvenu change la plus timide homine en une veritable dragon. Le plus frappante selon moi chez les bohemiens est leur supersticiosite : Ils voient des presages partout, rappellent telles ou telles croyances des qu’un evenement que beaucoup jugerait annodin se produit. Ils sont tres concernes par la magie et s’interessent donc aux esprits kamis qu’ils respectent au moins autant qu’ils redoutent. Mais de toutes les croyances, mythes et superstitions que contient la culture bohemienne, une tient une place preponderante : “Jena” qu’il surnomme “madonne”. A la facon dans ils l evoquent, il semble que c’est plus un rapport affectif que religieux qui les lie a Jena. C’est pour eux un symbole puissant de la mere, veritable statut dans la tribu. Une mere revet un caractere casi sacre en lui meme, porter un quelconque prejudice a la mere d’un bohemien revient a commettre un sacrilege. Encore qu’ il n y a pas reellement d’autorite en place pour juger ou condamner, chaque famille gardant la responsabilites de ses actes et se contentant de prendre conseil s’il le souhaite aupres des plus anciens qui forment un petit conseil non formel.
Un soir, l’ancien reparait au tipee accompagne de Meola et d’autres membres emminents. Une fois tous installes et quelques banalites echangees, il fait un signe qui fait penser que la raison de leur presence va etre exposee a cet instant : “Cian, il est temps de te faire part des maux qui frappent notre tribu… Il y a fort longtemps que nous vivons bien a l’abri des indiscrets dans les landes obscures. Notre presence ici n’etant connu que du gourverneur qui a toujours tolere ce fait.” “Mais lorsque notre tribu fut decouverte par des esclavagistes, les pertes eurent des repercussions des plus tragiques et deux en particulier aujourd’hui font l’objet de cette reunion.” “Notre culture risque de s’eteindre a mesure que notre sang s’appauvrit. Cela ne nous est pas permit mais on ne peut plus ignorer ce fait et il nous faut reagir.” “Tu as vecu dans les cites, les as defendu, participe a l’edification d’un temple, tu es reconnu comme citoyenne la bas…” Aspirant une bouffee sur sa pipe, il reprend: “C’est pourquoi malgre que Meola m ait informe que ton sejour ici etait pour toi vecu avec joie, nous avons une demande a te faire. Je suis peine de t’imposer pareille responsabilite mais je souhaite que tu regagnes Fair haven”. “La bas nous voulons que tu etablisses un hall et nous y representent… Il est temps que les refugies connaissent notre existence et ce afin de tenter d’enrayer notre extinction…” “Certains prendront la route avec toi, et nous ne sommes jamais qu’a quelques lieux de Fair haven… Une fois etablit, essaie d’inscrire definitivement notre tribu dans la capitale. Tentes de nous y faire accepter et enfin d’y recruter des homins et homines pour qu’ils se metissent avec les derniers descendants de nos vieilles familles et perpetuent nos traditions…” Comment decrire mes sentiments d’alors… J’etais a la fois peine d’apprendre la situation de ma tribu et effrayee de devoir endosser pareille reponsabilite. “Ne serait il pas mieux qu’un membre plus sage s’acquitte de cette tache. Le manque d’experience m’a deja valu de commettre des erreurs et si je venais a echouer, qu adviendra t il de la tribu ?” “Oh, crois moi, nous n’ignorons pas ta jeunesse qui peut conduire a des erreurs de jugement mais personne n’est parfait vois tu… Il est certain que tu en commetteras mais nous croyons en ta capacite a te remettre en cause. Les erreurs ne sont pas quelques chose dont on peut se premunir, les erreurs sont la aussi pour nous apprendre.” Il vide alors sa pipe dans un recipient : “Malgre cela tu restes la plus a meme de mener cette mission, de l’experience que tu acquieras, tu ne garderas que le bon et ainsi se faconnera celle qui est maintenant la gardienne de la tribu…” “Sois courageuse, ecoutes tes pairs, sois patiente, retiens toujours un enseignement de tes fautes et poursuit ton but, notre cause… Gardienne, prepares tes effets et un detachement, dans une semaine tu prendras la route de Fair haven…”