Retour au portrait de Zakharias
Background
Zakharias
Le soleil brûlant dardait ses derniers rayons et déjà la nuit s'installait sur le campement de la Garde Noire. Comme chaque soir, une légère brise soufflait, et comme chaque soir, les animaux les uns après les autres se taisaient. Le calme de la nuit s'installait peu à peu.
Soudain, une ombre se dessina à l'horizon. Elle se rapprochait, grandissant un peu plus à chaque instant. Elle semblait apeurée, comme pourchassée par une horde de démons. Mais pourtant elle était seule.
L'ombre s'avançait, elle n'était plus qu'à une dizaine de mètres du campement. Sa silhouette commençait à se distinguer plus nettement. Il s'agissait d'un Matis, vêtu de guenilles déchirées. Son visage était parsemé de bleus et de blessures et ses jambes couvertes de sang coagulé par la chaleur. Sur son torse à moitié nu, on pouvait voir des traces de griffures et de piqûres. Bien qu'il ne devait pas avoir plus de dix-huit ou dix-neuf ans, le jeune homme semblait en faire plus de quarante.
L'étranger pénétra dans le campement, sa respiration était saccadée, ses jambe flagellaient et son teint était pâle comme l'ivoire. Alors, il prononça c'est quelques mots :
Et il s'écroula sur le sable encore brûlant.
Kadraan
Kadraan s’était isolé dans son baraquement et tentait tant bien que mal de dormir un peu. La nuit, précoce en cette saison, étirait déjà son voile sombre sur les vastes déserts Fyros. Ce soir, il avait prévu d’accompagner une patrouille de la garde en direction du sud où des mouvements suspects venaient d’être signalés par une tribu locale. Dans le meilleur des cas il ne rentrerait qu’au petit matin, accompagnant les premières lueurs de l’aube. Il se retournait sur sa couche, pestant contre le sommeil qui ne parvenait pas à prendre le dessus sur le bouillonnement de ces pensées quand soudainement on vint tambouriner à sa porte.
Kadraan se leva d’un bond et agrippa aussitôt le pommeau de son épée avant de jaillir de sa chambre comme une furie.
Le Libre de garde qui avait manqué d’être renversé par la soudaine irruption de son commandant hors de la chambre, s’empressa de retenir le chef des Libres.
Kadraan se calma aussitôt.
Kadraan accompagna le Libre jusqu'à l’entrée du camp ou une petite troupe de soldat s’était rassemblée.
Il se pencha sur le blessé et écarta précautionneusement les lambeaux de tissus pour inspecter les blessures.
Leiloo
Leiloo fut conduite à la chambre du commandant en chef des libres frontaliers. A peine entrée, elle se dirigea vers le chevet du blessé. Sans un mot, elle commença à examiner le Matis. Son visage n'exprimait aucun sentiment, ni ne laissait paraître le moindre indice quand à la santé du guerrier.
La nuit fut longue. Pendant de longues heures, la chambrée de Kadraan fut baignée des couleurs des incantations de Leiloo. Tantôt vertes, tantôt bleues, ou rouges. Puis... plus rien. Un murmure passa parmi les hommes qui patientaient dehors. Ceux qui s'étaient endormis se réveillèrent au son des chuchottements de leurs compagnons. Tous voulaient savoir ce qu'il se passait, mais seul Kadraan était resté avec Leiloo et le guerrier Matis. Soudain la porte s'ouvrit, et Kadraan apparu, la jeune Tryker dans les bras.
Kadraan
Kadraan tendit le corps assoupit de Leiloo à Noewyr, le capitaine de la Garde Noire.
Il se retourna vers ses hommes.
Zakharias
Les paupières du jeune Matis s'ouvrirent l'une après l'autre. Après que ses yeux se soient accoutumés à la lumière du jour , il observa attentivement l'endroit où il se trouvait. Comment était-il arrivait là ? Et quel était cet endroit ? Il n'en savait rien. Pire encore, il était incapable de se souvenir des jours précédents. Il se rappellait de la cause de sa fuite, d'ailleurs il entendait encore cette voix dans sa tête "Cours, Zakharias, cours !", et puis plus rien, à part son arrivée, blessé, dans ce campement Fyros.
Il passa la main sur son visage et son torse et sentit que ses blessures avaient toutes cicatrisées. Il se redressa et s'assit au bord du lit. Il aperçut alors un bol d'eau posé sur une petite table à proximité. Il l'attrapa et but d'un seul trait. Juste à côté, il vit une coupe remplie de fruit sec. Il s'en empara et avala son contenu. Depuis quand n'avait-il pas mangé ? Il n'en savait rien.
Après s'être rassasié, il trouva des vêtements pliés au bord du lit. Ses hôtes semblaient être accueillants et avoir pensé à tout. Habillé, il fit quelques pas dans la chambre puis se décida à sortir dehors.
Kadraan
Kadraan arpentait le chemin de garde de la palissade, les yeux fixés vers un désert encore obscurcit de ténèbres. Le jour n’allait certainement pas tarder à poindre se dit le Commandant des Libres après une rapide estimation du temps écoulé depuis l’arrivée du Matis.
Le pas rapide d’un garde foulant la sciure dans sa direction le sortit de ses pensées.
Kadraan réajusta l’épaisse ceinture autour de sa taille et vérifia l’attache de son arme avant de pénétrer dans la pièce où attendait l’inconnu.
Zakharias
Dans un premier temps, le jeune homin fut déstabilisé par l'homme qui se tenait devant lui. Il était si imposant, il avait l'air si puissant... et pourtant la gentillesse et la bienveillance se lisaient sur son visage. Après un instant de silence, il se décida à répondre à son interlocuteur :
Zakharias baissa la tête un instant, laissa passer un bref silence puis continua :
Des images de ce matin là revinrent alors à son esprit. Il secoua la tête, se ressaisit et poursuivit :
Une larme commença à couler sur la joue du jeune homin.
Le jeune homin s'assit et pris sa tête dans ses bras. Il éclata en sanglots.
Kadraan
Kadraan resta un instant immobile, le visage grave.
Pendant plusieurs secondes il ne put s'empêcher de se ressasser intérieurement le récit du Zakharias, re-visualisant les images boulversantes qu'il venait de faire naître dans son esprit. La machoîre serrée, il reporta finalement son regard dans les yeux du jeune Matis et soupira.
Kadraan jura intérieurement. Des mouvements Kitins avaient été signalés sporadiquement ces dernières semaines mais voilà bien longtemps que les insectoïdes n'avaient pas massacré un village entier. Les temps s'annonçaient bien sombres, pensa t-il.
En attendant, nous t'offrons l'hospitalité bien volontier. Si tu le souhaites, tu pourra également emprunter la prochaîne caravane pour la ville qui devrait faire escale dans nos murs d'ici deux ou trois jours. Ce n'est pas un choix de roi mais c'est tout ce que je peux te proposer.
Dès demain, quinze de mes hommes partiront vers ton village pour prendre les premières dispositions. J'aimerais pouvoir en envoyer davantage mais nous sommes déjà en sous effectif et nous devons lutter sur plusieurs fronts ... Libre à toi des les accompagner si tu le souhaites mais ils ne pourront garantir ta protection.
Kadraan posa une main sur l'épaule du jeune homin en hochant la tête et il lui adressa un regard d'encouragement.
Kadraan se retourna et quitta la pièce s'en en ajouter d'avantage. Il fallait désormais laisser au jeune Matis le temps du recueillement.
Zakharias
Le Commandant en chef des Libres sortit de la pièce et laissa le jeune homin fasse à ses interrogations.
Mais, en une seconde, Zakharias prit sa décision. Il ne voulait pas renouer avec son passé.
D'un bond, il se leva, puis se précipita à l'extérieur d'un pas rapide pour trouver Kadraan.
Kadraan
Kadraan entendit derrière lui la porte souvrir à la volée. Il se retourna et vit le Matis se précipiter dans sa direction.
Zakharias
Le jeune homin avait cherché Kadraan plusieurs minutes avant d'arriver en trombe dans sa cabane. Il était encore tout essouflé lorsqu'il commença à parler :
Zakharias était excité. Il avait pris sa décision sur l'instant, sur un coup de tête, pourtant il savait que c'était la décision à prendre, oui, c'était la bonne décision.