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Contes de la Fête des réfugiés



    En 2555 se déroula la première Fête des réfugiés. Cette fête naquit de la volonté de conserver la mémoire du Grand Essaim. Afin de ne jamais oublier ce qu’ont vécu les homins à cette époque, cette fête se tiendra toutes les cinq années de Jena. Elle commémore la remontée à la surface des homins ayant fui les Kitins à travers les Primes Racines, découvrant ainsi un monde nouveau et inexploré : celui des Nouvelles Terres.

    L’oeuf est le symbole de cette fête. En effet, tel l’homin voyant enfin la lumière du jour après avoir passé des années enfermé dans les Primes Racines, l’oisillon sort de sa coquille. L’oeuf symbolise la nouvelle vie des réfugiés sur ces terres inconnues.

    A l’occasion de cette première fête, de nombreuses festivités autour de l’oeuf furent proposées. Le dernier jour, le Zoraï Kapiang Piai Fi organisa une Veillée aux Contes. Au Bois d'Almati, au plus près du danger kitin toujours présent, il invita les homins à faire partager leurs souvenirs, contes, légendes et poèmes autour du Grand Essaim, de l’Exil et de la Remontée des Primes Racines.

    Afin de se souvenir de l’inconnu et de l’imprévu auxquels étaient soumis les Réfugiés à cette époque, chaque conteur put ouvrir un oeuf. Certains eurent de bonnes surprises, d’autres moins.

Le premier conte fut offert par la Zoraï Valandrine.

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Mon histoire parle de l’exode, d’un petit groupe de fyros et de leur voyage des anciennes terres vers les nouvelles.
A cette époque là mon arrière grand-père était petit garçon.
- Tu vois, Valandrine … me disait-il. A l’époque notre vie n’était qu’errance et crainte, c’était bien avant que nous rejoignions les Flammes de la Jungle.
A cette époque la flamme avait quitté nos coeurs, le clan était réduit à quelques chasseurs qui n’avaient plus de chasseurs que le nom. Beaucoup avaient péri au cours de l’invasion, et si j’ai encore honte de l’admettre, seule la peur habitait nos coeurs … la peur et une petite braise presque éteinte qui s’appelait “espoir.”

- Des voyageurs nous avaient apporté des nouvelles : de nouvelles villes étaient construites quelques part dans ce qu’on appelerait les Nouvelles terres. Ces voyageurs nous avaient donné quelques explications sur le chemin à parcourir : il fallait pénétrer dans un gouffre, y cheminer vers le nord pendant une semaine et enfin sortir dans la lumière des nouvelles Terres.
- Tu dois comprendre qu’en ces temps troublés, le clan n’avait pas encore foi dans les kamis. Le varinx qu’aujourd’hui nous vénérons n’était qu’un prédateur de plus prêt à dévorer les survivants. Pénétrer dans les Primes racines une dernière fois, voilà qui nous emplissait d’angoisse …
- Mais nous n’avions pas le choix : c’était mourir à petit feu dans les anciennes terres ou bien prendre le risque de cet ultime passage dans les Primes. Tous les homins en âge étaient armés, mon père, ton arrière arrière grand père m’avait donné une petite dague, j’avais 9 ans.

- Nous sommes donc entrés la peur au ventre. L’angoisse n’a fait que croître au cours de cette interminable semaine. Sur la route nous avons subis de nombreuses attaques et chaque soir nous montions le camp. Des bruits de rugissement et de crissement nous empechaient tous de dormir.
- Finalement la veille de ce qui devait être notre arrivée dans les Nouvelles Terres nous sommes arrivés à l’entrée d’une sorte de canyon dans les Primes. Les adultes débattaient du meilleur chemin : fallait-il escalader les flancs du canyon et passer par le haut, ou bien passer en bas par la gorge étroite ? Ces tractations furent interrompues par de multiples crissements lointains : un grand groupe de kitins approchait ! Ils étaient innombrables et il fallait fuir immédiatement !

- Quelqu’un finit par guider le clan à l’assaut du flanc droit du canyon essayant de grimper, mais après quelques mètres il s’immobilisa … Deux paires d’yeux le regardaient tandis qu’un rugissement familier résonnait : deux varinx regardaient le guide. Le clan décida donc d’escalader l’autre flanc mais le chemin était coupé par trois autres varinx noirs.

- En désespoir de cause, le clan décida donc de se ruer en bas du canyon dans la gorge étroite tandis que les varinx suivaient à petite distance sans se presser. Les crissements des kitins augmentaient et tout le monde prit ces jambes à son cou.
- Nous avons couru des heures ! C’est en tout cas l’impression que j’ai eu.

- Au début je me suis retournée pour voir si les varinx nous suivaient : ils ont semblé nous ignorer et garder l’entrée du canyon. Finalement après très longtemps les crissements de kitins ont commencé à diminuer : la patrouille de kirostas abandonnait sa traque.
- Mais pendant que nous courions nous pûmes voir des kitins de toutes sortes en haut sur le sommet du canyon : si nous étions passés là-bas, toutes sortes de kitins nous auraient barré le chemin : des kipees, des kipuckas, des kinchers, …
- Le seul passage viable était en bas, et d’une certaine façon les varinx nous y avaient guidés.

- Après encore quelques heures de marche nous sommes parvenus à la sortie du gouffre : nous étions sauvés, et une grande lumière nous accueillit sur les nouvelles Terres.

- Ainsi s’achève mon histoire, Valandrine : rappelle-toi de ces jours, car bientôt, je quitterai une dernière fois ces terres et toi seule pourras la transmettre. Transmettre cette histoire.

Valandrine

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Le récit fut vivement applaudi et lorsque Valandrine ouvrit un oeuf, une belle surprise en sortit, qui devint une tenue de réfugié violette, en souvenir des premiers pas sur les Nouvelles Terres.

Le second conte de la Veillée fut l’oeuvre d’Irinia.

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Mon histoire n’est pas très longue. Je voudrais juste vous raconter à quoi ressemblait Atys il y a de cela plusieurs années. L’arrivée des réfugiés en était à ses débuts. Nous étions nombreux… vraiment très nombreux, mais très peu expérimentés. Peu étaient capables de créer des armures ou des armes de qualité, mais nous étions tous de bonne volonté, curieux de découvrir ces nouvelles terres qui s’offraient à nous. Nous courions dans le désert, émerveillés par toutes les belles choses que l’on voyait.
Un jour, nous avons tous eu envie de voir plus. Plus loin que le désert. Nous avions entendu parler d’autres contrées, où il y avait de l’eau, beaucoup d’eau des Lacs à perte de vue. Une contrée, disait-on, où on pouvait ramasser des fruits par terre, où les lacs grouillaient de poissons, et où tout était parfait.

Nous avons donc acheté une carte et nous sommes partis en expédition. Nous étions cinquante. Cinquante homins et homines, tous plus impatients les uns que les autres de voir cette nouvelle terre.
Nous sommes donc tous partis. Au début, tout se passa bien, mais bientôt les complications alrrivèrent. Nous allions sous l’écorce, les Racines Primaires. C’était la première fois que je les voyais, si magnifiques, si fraiches et si mortelles …

Nous savions que notre vie ne tenait qu’à un fil. Un seul kitin, juste un, pouvait tous nous tuer. Nous avancions pas à pas, par groupe de sept ou huit. Si un groupe mourait, il était abandonné. Impossible de revenir en arrière, continuer toujours en avant. Je voyais mes compagnons tomber. Impossible de s’arrêter …
Et puis, à un moment, enfin, un vortex. Je courus le plus vite possible, je sentis les griffes d’un kitin me déchirer le dos, mais quelqu’un me releva. Je continuai à courir et je sautai dans le vortex !

Après quelques minutes, nous avons faii les comptes. Nous étions cinquante au départ. A l’arrivée, quatorze.
Voila à quoi ressemblait la vie au début. Ne l’oubliez jamais.

Irinia.

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Malheureusement, l’oeuf qui récompensa cette évocation du passé était vide.

Taunwe s’avança pour le troisième texte de la Veillée.

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Cette histoire raconte un voyage d’un groupe de corsaires qui était en chemin de l’exode pour ramener des familles sur ces terres.
Parmi ces familles on contait quatre Trykers. Le cadet s’amusait bien souvent à embêter sa sœur. Ils avaient tous les deux les grands yeux roses de leur maman.

Le chemin était long, et les jours se suivaient tous un peu pareils. Eny, un soir n’était pas comme les autres, et ça, les animaux l’avaient tout de suite senti et les cris des kitins résonnaient au loin.
Au petit matin, quelques cutes exploraient les décombres du camp de fortune. On voyait bien quelques kitins abattus, eny il ne restait plus rien. Pourtant un cute fut attiré par quelque chose. A première vue un bodoc qui n’avait pas survécu lui non plus. En s’aprochant, il eut la surprise de voir une petite aux yeux roses se faufiler de dessous du bodoc.

L’avait il cachée des kitins ? Probablement. La trykette grandit parmi les cutes qui la nommaient dans leur langage “fille bodoc”, Taun-Taya.

Taunwe

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Le destin n’était pas avec les conteurs puisque l’oeuf ne contenait toujours rien.

Mithian s’avança pour partager à son tour une histoire.

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Mon histoire à moi concerne quelqu’un de proche, mais sans aucun lien de parenté avec moi. Une histoire que m’a transmise celui qui m’a recueiilli, Nomis Merclao. Cette histoire est la suivante.

Les kitins poussèrent les homins à aller dans les Primes, endroit dont tout le monde connait la dangerosité … Un groupe de Zorais, dont Nomis ne se souvenait jamais du nombre exact y était confiné, dans les Profondeurs Interdites me semble t’il. Ces homins étaient de bons chasseurs et de fins stratèges, guidés par un sage zorai. Ils utilisaient la magie que les Kamistes leur avaient enseignée pour venir à bout de leurs ennemis. Ils traquaient les Kirostas éloignés de la horde, un l’enracinait, les autres utilisaient divers sorts offensifs afin de venir à bout de ces infames créatures. Cela donna des résultats un temps…

Les Kitins, rusés, avaient bien compris le tour des jeunes mais sages Zorais. Un jour, un kitin s’éloigna volontairement de la horde. Les autres, cachés dans le Giron du Démon les attendaient, tapis dans l’ombre. Les homins commencèrent leur sorte de rituel de chasse. Soudain ! Un homin vit des yeux rouges dans l’obscurité de la caverne. Ils fuirent à toutes jambes, mais l’effroyable Kinkoo les avaient pris en chasse !
Ils tombèrent les uns après les autres. Seuls quatre sur le petit groupe restaient. N’écoutant que leur courage, ils tentèrent le tout pour le tout ! Un homin enfila sa lourde, sa pique et fonca sur ce prédateur redoutable. Le fou, me direz-vous ? C’est possible, oui… Mais, touché par la bravoure de cet homin, Ma-Duk descendit dans les ténèbres des Primes Racines et foudroya Kinkoo en un coup, un seul !

Les homins retournaient vers leur campement, le jeune zorai touché par la grâce de Ma-duk jubilait par ce qui venait de lui arriver et il voulait faire partager son expérience à tous. Les plus anciens, n’ayant jamais eu cette chance ne le croyaient pas, certainement par jalousie… Ils décidèrent que pour ce mensonge, il serait condamné à errer, seul dans les Primes pour l’éternité. Et ils remontèrent vers les Nouvelles Terres, sans lui…
La légende dit que si on se promène seul dans les Profondeurs, on peut entendre les appels au secours de cet homin, errant ici et là à la recherche d’une sortie qu’il ne trouvera jamais.

source

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Kapiang avait bien fait les choses. Lorsque Mithian ouvrit l’oeuf, un Kincher surprise en jaillit ! Par celui-ci, toute l’assistance dut se souvenir de la peur et l’incertitude permanente dans laquelle les réfugiés vivaient à l’époque.

A suivre …

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