===Info importante RP=== Ce texte est un texte officiel constitutif de la Lore de Ryzom, mais communiqué par l'intermédiaire d'un event. Les seuls personnages susceptibles d'en avoir connaissance sont ceux qui ont participé à l'event.


L'Esprit dans les Collines


J'ai été élevé sur le Vieux Monde, où je vivais avec ma famille sur le flanc de la colline qui surmontait notre village.

P'pa était un Dresseur d'Eau, sur la Route de l'Eau vers les territoires déserts. A de nombreuses reprises, il revint d'une expédition avec des souvenirs du pays des Fyros. Un fois, j'ai eu de belles bottes du désert. C'était pour mon onzième anniversaire. Une autre fois, j'ai eu une vraie hache fyros qui, finalement, m'aura probablement sauvé la vie.

Je me rappelle d'un jour, en automne pour sûr, je m'enfonçais dans les bois et M'man était occupée à faire cuire des gâteaux aux marrons pour le magasin d'hiver. Subitement, j'ai entendu comme le grondement distant de la foudre, et en levant les yeux, j'ai pu voir un nuage de poussière s'éloigner.

J'ai tout d'abord cru qu'il s'agissait de mektoubs sauvages qui avaient été pris en chasse par quelques gingos, et n'y ai pas pensé. Mais le grondement s'amplifia et bientôt, j'ai compris que ce n'était pas des mektoubs sauvages, mais P'pa et Oncle Kegan qui gallopaient droit vers la maison sur leurs montures, avec les autres qui suivaient.

J'ai appelé M'man et elle m'a instinctivement serré fort contre sa poitrine, comme si j'étais encore un enfant. Sans un mot, nous sentîmes tous deux que quelque chose de grave se produisait. Pour sûr, P'pa, qui revenait d'une livraison d'eau, avait appris que les Fyros étaient attaqués par des hordes de monstres et nous sûmes tous ce que cela signifiait. Nous avions appris de notre expérience passée qu'aussitôt que nous serions privés de la protection des Fyros, viendrait le temps pour les Matis d'envahir nos lacs.

Bien, j'ai attrappé ma hache et me suis placé avec P'pa et mon oncle, et quelques autres villageois qui s'attendaient à voir les Matis apparaître au-dessus de l'horizon, et, pour sûr, les inoubliables couleurs de l'armée des cavaliers-mektoubs apparurent.

Du flanc de la colline, nous avions une bonne vue de la route principale et de la campagne environnante sur plusieurs miles. Ce fut ma petite soeur qui le vit en premier. Là, à moins d'un mile derrière l'armée matis, un autre nuage de poussière, mais encore plus gros.

Nous sûmes que nous étions finis, mon oncle dit qu'avec une telle armée, nous n'aurions pas une chance, que nous allions devoir nous rendre ou mourir à coup sûr.

P'pa resta debout silencieusement pendant une minute, scrutant la seconde armée. Je n'oublierai jamais comme son visage prit un air horrifié. "Le s'cond front n'est pas l'armée matis, et se rendre n'est plus acceptable" a-t-il dit. "Regardez, la seconde armée est en train de rattraper la première..."

Les Matis étaient maintenant bien en vue et nous pouvions imaginer leur fière marche comme s'ils possédaient déjà les terres. Mais une vision bien plus horrible fit sombrer mon coeur, et je fus gelé sur place. La seconde armée était maintenant à presque deux cents yards derrière les Matis qui n'avaient toujours pas vu ce qui leur arrivait dessus.

Mon père fit un pas en avant, je pouvais sentir son désir de crier un avertissement à nos véritables ennemis, mais ils étaient trop loin. Après, un soldat matis a dû sonner l'alarme puisque leurs montures accélérèrent subitement, non pour charger mais pour fuir la redoutable quantité de kitins géants qui était alors juste derrière leur talons. C'était épouvantable, tout le bataillon juste devant nos yeux se transforma en terrible mangeoire à kitins, et les cris, l'odeur insupportable que le vent nous apportait...

Pendant que les Kitins se frayaient un chemin à travers les corps, nous courûmes vers le village pour donner l'alerte. Certains prirent la route vers l'ouest, d'autres vers le sud en pensant à l'ouverture dans le Grand Mur des Zoraïs. P'pa pensa que la meilleure option se trouvait dans les hauteurs, alors nous avons rassemblé ce que nous avons pu trouver et l'avons emporté dans les collines. La mort à perte de vue... nous pouvions voir les vagues de kitins se déverser sur la route principale, se frayant un chemin au travers de notre village comme s'il fut fait d'un jeu de cartes.

Nous marchâmes longuement à travers les collines séparant les deux pays, pendant des jours, ne s'arrêtant presque pas de peur que des éclaireurs kitins ne sentent notre odeur. Heureusement que M'man avait pensé à prendre les gâteaux aux marrons, sans quoi nous serions morts de faim. Une nuit, l'un de nos mektoubs s'est fait attaquer par un torbak, et les autres se sont lâchement barrés.

Le moral était au plus bas quand mon oncle, qui allait toujours en avant vérifier que la côte était sûre, revint en courant. Oncle Kegan dit qu'il avait vu un esprit venir à lui dans une vision et ce dernier lui a dit de nous guider vers l'est où nous trouverions un arc-en-ciel qui nous emmènerait en lieu sûr. P'pa pensa d'abord qu'il avait encore tiré sur la mauvaise herbe mais il insista tant que nous ne pûmes que le suivre.

Ensuite, une après-midi, alors que nous finissions tout juste de gravir une crête, nous vîmes l'arc-en-ciel s'étalant à perte de vue. Ce fut un signe pour moi, comme j'vous l'dis. Là, il y avait un groupe d'homins, Trykers et Matis, et même un couple de yubos, qui le traversaient et disparaissaient. M'man n'était pas trop sûre de vouloir le traverser quand quelque chose apparut derrière nous qui ne nous laissa pas le choix.

Deux gigantesques kinchers avançaient lourdement d'en bas vers nous avec leurs grandes pinces claquant dans l'air comme pour évaluer leur technique. P'pa et mon oncle les tinrent occupés avec leurs flèches pendant que je pris M'man et ma soeur par la main en courant aussi vite que nos jambes le pouvaient vers l'arc-en-ciel.

Nous n'étions pas à quinze yards de l'entrée quand ma petite soeur poussa un cri désespéré et tomba au sol dans un épuisement total. Je l'ai prise sur moi tandis que P'pa et oncle Kegan tenaient les créatures malfaisantes à distance avec les dernières flèches. Nous y étions presque quand du bleu sortit un troisième monstre qui bloqua notre course vers l'arc-en-ciel, et se posta simplement là comme pour nous provoquer.

J'avoue que j'étais pétrifié, j'étais gelé sans raison, j'pouvais plus bouger un doigt. Alors, la voix de P'pa parvint à mes oreilles et me fit retrouver mes esprits : "Ta hache, fils, lance ta hache dans son oeil !" Réveillé en sursaut du cauchemar, j'ai visé, jeté la hache droit comme sur une ligne. "Maintenant cours !" a crié P'pa, "Ne regarde pas en arrière, cours pour l'atteindre !" J'ai pris ma soeur sur moi, M'man par la main et nous avons contourné les jambes du monstre alors qu'il tachait de se débarrasser de la hache fyros enfoncée dans son oeil droit, et nous parvînmes tous trois à traverser l'arc-en-ciel. Je savais que P'pa nous avait vus nous échapper, je jure que j'ai senti son regard fixé sur nous...

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