Lumière sur/Chroniques/Mois/02

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Mon Gardien de la Karavan‎ Conté par Nina Tinaro, une vieille Dame Matis

Aime les Gardiens de la Karavan comme tes frères, jeune homin, et toi aussi tu seras reconnaissant de leur générosité. Il est vrai que si je suis en vie aujourd'hui dans ce vieux sac d'os, c'est grâce à un puissant Gardien de la Karavan qui un jour prit mes chers proches et moi-même sous son aile, bien qu'elle fût cassée. Je n'étais alors qu'une petite fille et mon père, accompagné des autres hommes, était parti en campagne vers l'ouest pour récupérer nos terres, lorsqu'une armée de kitins arriva en masse du nord résolue à anéantir l'hominité.

Ma grand-mère, ma mère, mes soeurs aînées, nos servantes et moi-même évacuâmes notre majestueuse cité quelques heures avant sa chute, en n'emportant avec nous qu'un seul mektoub de bât et des provisions pour une semaine. Après un périple vers l'est qui dura plusieurs jours, nous arrivâmes aux grandes chutes de Ria où ma grand-mère savait que nous pourrions trouver refuge dans les cavernes. Alors que nous récoltions des champignons de saison parmi les feuilles mortes, les oiseaux et les animaux firent soudain un vacarme assourdissant, puis tout devint silencieux comme avant une tempête...

Parvint alors à mes oreilles puis à mes yeux le martèlement effroyable d'un millier de pieds en marche dans la vallée en contrebas. Une horrible marée d'insectes géants s'approchait rapidement, fauchant et aplatissant la belle flore et écrasant les animaux moins rapides sous leurs pieds. Ma grand-mère nous rassembla et nous nous ruâmes dans la rivière glaciale sur une certaine distance avant de traverser plus loin en amont pour éviter de laisser notre odeur, puis nous grimpâmes derrière la chute d'eau houleuse.

Nous étions bien placés, entre les petits ruisseaux bouillonnants, pour espionner les kitins qui allaient et venaient dans notre camp, détruisant notre habitat de fortune et pillant nos provisions durement gagnées. Mais à notre grand soulagement, ces légions terrifiantes poursuivirent leur marche de l'autre côté des collines, en direction du sud. Nous restâmes toute la nuit derrière le rideau d'eau glacial mais protecteur, serrés les uns contre les autres pour nous tenir chaud. Le matin suivant, les kitins étaient partis et nous retournâmes à notre camp de fortune pour découvrir que la masse destructrice avait tout dévasté sur son passage. Pas un bruit, pas même un oiseau, tous les animaux, effrayés, s'étaient enfuis.