Lumière sur/Chroniques/Mois/23

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Dernière édition: Zorroargh, 22.04.2015

Histoire de Mabreka‎ écrit par Gangi Cheng-Ho, vieux sage Zoraï

Après la destruction des arcs-en-ciel au cours de la guerre des kitins, je fus emmené avec ma famille et une dizaine de survivants dans la brousse à distance de notre village. Je me souviens encore du noeud permanent dans mon estomac, l'anxiété, l'insécurité. Nous errions d'un refuge à un autre, dormant souvent dans les arbres lorsque l'odeur des kitins était encore présente dans l'air. Nous vivions cette vie précaire depuis quatre années pleines lorsqu'un jour un Kami parla à mon père d'une route qui nous conduirait vers les nouvelles terres, là où les arcs-en-ciel avaient transporté nos frères.

« Nous devons partir avant la canicule d'été, » hâta ma mère, joignant ses mains pleine d'espoir, lorsque mon père vint annoncer la nouvelle au groupe.

« Mais il y a un problème, la route traverse les régions du nord. »

« Nous ne pouvons donc pas y aller, » déclara Si Li-Ching, le guide spirituel aîné de notre village.

« Mais pourquoi ? » implora ma mère. La déception dans sa voix me transperça telle une flèche dans le coeur.

« Car nous devrions traverser les territoires Matis et Fyros. »

« L'ancien a raison, Lian, nous aurions non seulement à éviter les kitins mais également les lames des barbares. Il sait, il a vu la guerre entre les trois peuples, leur soif de sang est sans limites... »

« Depuis de nombreuses saisons maintenant, la force inépuisable des Kamis et de la Karavan n'a eu de cesse de fléchir la résistance des kitins, et tel l'arbre le plus grand dans les hauts vents, bientôt elle la brisera complètement, et très vite ces terres nous appartiendront à nouveau et nous pourrons rebâtir... »

« Mais quand, mon révérend ?! Combien de temps encore devrons-nous supporter tout cela ?! », supplia ma mère, puis elle se tourna vers mon père la main sur son ventre rond. Je n'avais jamais vu un tel feu dans ses yeux : la passion désespérée d'une mère pour la vie de ses enfants. « Non », dit-elle, « ceci est peut-être notre dernière chance de tout recommencer. Nous devons partir, Leng. Regarde-nous, nous devenons des sauvages de jour en jour, il n'y a plus rien de propre ici ! J'y vais, et j'y vais maintenant, Leng ! »