La Lune éternelle
- Chef : Nizyros
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La genèse
Par une bleue lagon...
Les trois compagnons fyros avaient pour habitude de se retrouver régulièrement sur les hautes dunes de la vallée des Empereurs, au nord est de Pyr. C'est un endroit qu'ils affectionnaient pour se ressourcer, après leurs journées intensives à chasser les rois ou vaincre quelques chefs marauds. Un bon coin pour ceux qui apprécient les points de vue dégagée sous les ciels étoilés.
Ce soir là, lorsque Nizyros retrouva ses deux compagnons déjà installés autour d'un feu de camp, c'était avec le sourire aux lèvres et l’œil pétillant : Il ramenait une surprise. - "Oren pyr" l'accueillirent ses deux compères Heraklès et Shabador.
Après s'être donné l'accolade et échangé quelques vigoureuses tapes dans le dos, Herakles remarqua par dessus l'épaule de Nizyros une haute silhouette qui se détachait de la pénombre : un grand bleu. D'instinct l'agile guerrier porta sa main à ses dagues et s'apprêtait à fondre, mais Nizyros retint son bras. - "Tout doux Hera, Voici Xylog, maître artisan en toutes choses" expliqua Nizyros. - "Je vous avais parlé de lui, et il accepte d'être le quatrième pilier de notre famille". Heraklès et Shabador dévisagèrent un instant le zorai du désert qui s'avançait calmement, dans sa tenue impeccable qui démontrait son soucis du détail, puis grognèrent d'approbation.
Assis autour du feu, chacun évoqua son parcours et ses hauts faits, déjà bien nombreux. Mais ils parlèrent surtout de l'avenir. - "Tout simplement, nous devons être les meilleurs, rassembler des gens de tous horizons, tirer notre force de cette mixité !" - "Mais seuls nous n'irons pas loin, avec nos frères Kamistes nous pourrions former une Alliance pour éradiquer tous les grands trépans de l'écorce." - "Excellent ! et aussi pour défaire ces marauds de leurs armures si prisées !" - "Il nous faudrait pas seulement briller pour nos actes guerriers, mais aussi être renommés pour l'organisation de grands événements, tel ... des tournois, voir même ... de grandes épreuves ludiques."
A mesure que le shooki coulait leur visions devenaient bientôt utopiques. A l'apogée de leur délire, Nizyros, debout, poing dressé vers le ciel, criait à la ronde : - "Nous chargerons sur avant-poste avec trois équipes complètes de maîtres d'armes vêtus de maraudes noires ! ouvrant leur chemin à coups de védice-duk ! Et la ruée des soixantes mektoubs de nos quinze bombardiers fera trembler l'écorce jusqu'aux tréfonds des Primes !" Les compagnons rigolèrent à gorges déployées et portèrent un toast à leurs rêves les plus fous et projets les plus ambitieux, puis ils se calmèrent un peu, goûtant le silence de la nuit, ponctué du bourdonnement d'orages lointains.
-"Par contre" repris Nizyros sur un ton sérieux, "nous ne devrions pas rester ici." Les autres tiquèrent : que voulait-il dire ? -"Allons nous installer aux Lacs" compléta-t-il. -"Hein ? Chez les Kara !?" s'exclama Heraklès. -"Et puis quoi encore ! tu veux pas aussi qu'on se dise lordeuïye chaque matin tant qu'on y est ? ajouta Shabador, crachant dans la sciure. Le zorai restait silencieux : lui se sentait bien surtout dans les Primes. Pourvu que chacun excelle dans son rôle, le reste lui était pratiquement égal. -"Mais si réfléchissez", répondit Nizyros, "tout y est à faire justement, par rapport au tumulte que nous avons ici. Et l'assemblée Taliari est des plus ouverte, c'est le pays de la liberté par excellence. Avec de la persévérance nous finirons par gagner leur confiance, et foi de Ma-duk, un vent Kamiste soufflera sur les lacs !".
Pensifs, les quatre compagnons étaient maintenant allongés, les mains croisées derrière la nuque, les yeux contemplant le ciel constellé comme en offrait souvent le désert. - "Il nous faudrait trouver un beau nom maintenant." Toujours après la nuit tombée, une lune, véritable bijoux fixé au zénith du firmament, se laissait deviner, lovée au coeur de son écrin diaphane qui s'étendait en vapeurs colorées d'or et d'ocre. - "Cet astre qui nous culmine m'inspire. Il semble composé d'une multitude d'étoiles denses et ramifiées." - "Oui et il nous montre la voie, celle des sommets, mais quel est-il vraiment, et saurons-nous l'atteindre ?" - "Cette lune recèle une puissance mystérieuse et attractive." - "Et même lors des nuits d'orage les plus violents, et que les nuages sombres l'effacent du ciel, elle revient toujours, immuable, éternelle." Une magnifique étoile filante zébra l'espace juste au dessus d'eux, tel un clin d’œil céleste. - "La Lune Éternelle" murmurèrent-ils en écho.
La vie au lacs
Par un faux matis...
La pleine intégration de la nouvelle guilde à la vie des Lacs ne se fit pas sans peine. Du fait du passif mémorable des membres de cette dernière, les suspicions et les résistances étaient nombreuses chez les habitants. Mais c'était là aussi la beauté des Lacs : savoir faire preuve d'écoute et de diplomatie pour comprendre une communauté hétérogène, s'accorder avec son mode de vie et respecter ses valeurs sans renier les siennes.
A force d'efforts et de bonne volonté, la Lune se fit progressivement accepter comme une guilde Lacustre à part entière.
Accompagnant cette reconnaissance, de nombreux Homines et Homins vinrent peu à peu grossir les rangs. D'horizons et de compétences diverses, chacun d'eux contribua à la mixité de la Lune, d'où cette dernière tira toute sa richesse, et l'ensemble forma une grande famille soudée.
La Lune Eternelle participa alors pleinement à la vie des Lacs, en siégeant notamment à l'Assemblée Taliari ou en soutenant les diverses activités qui y étaient menés. La guilde fut notamment l'instigatrice des Atysiades de Fairhaven, manifestation sportive et culturelle dont on peut encore admirer, à l'Est de la capitale, le labyrinthe qui fut édifié à cette occasion. Mais la Lune était également active sur le reste d'Atys : expéditions reliant les capitales, batailles d'avant-postes, récoltes de denrées précieuses, tournois dans l'arène Matis... Le quotidien était riche et varié.
Exil et Retour
Par une pimpante trykette...
L’ordre était tombé : à l’exception notable d’Akilia Tempête de Cendres, tous les dirigeants avaient oublié leurs différents et appelé les homins à se rassembler pour prendre la route de l’Exil.; L'activité massive des kitins ne laissait plus de doute sur l’imminence d'un second Grand Essaim. L’hominité ne pouvait plus se permettre de rester sur les Nouvelles Terres, si elle espérait survivre. Rien que pour gagner la sécurité relative de l’Oasis Secret des Kamis, il faudrait la participation de tous.
Les visages étaient donc fermés lorsque Nizyros, le chef de la Lune Eternelle, rassembla ses troupes en vue du grand voyage. Peu de mots furent échangés : même les Fyros les plus avides de combat comprenaient l’enjeu de cette bataille. Chaque vie, chaque coup, chaque sort compterait, pour sauver autant d’homins que possible. Les consignes furent simples : rester groupés, et protéger ceux qui leur avaient été confiés. Coûte que coûte. Chacun avait revêtu sa plus belle armure et emporté ses meilleurs armes, plus personne ne craignait d'user son équipement à cette période.
Pyr était le point de ralliement avant la dernière étape du long trajet. La pire. Jonchée des corps des kitins, et de ceux qui les affrontaient. Tous ne parvinrent pas à l’Oasis. Et parmi ceux qui atteignirent les Arc-en-Ciels, aucun n’était indemne.
Ils contemplèrent avec un mélange d’émerveillement, de stupeur et d’inquiétude les étranges artefacts. Cela ne ressemblait à aucun téléporteur connu. C’était, paraît-il, l’œuvre d’homins, sans l'aide des Kamis, ni de la Karavan. Et sans doute pas non plus avec les technologies des Maraudeurs. Et certains se demandèrent si cela fonctionnerait vraiment. S’ils ne seraient pas expédiés aux quatre coins d’Atys. Éparpillés sur l’Ecorce. Séparés de leurs compagnons, de leurs amis, après les luttes et les deuils partagés ensemble sur la route.
Nizyros observa attentivement les alentours, plus leva les yeux vers le zénith. L’astre qui avait donné son nom à la guilde brillait toujours, comme pour guider les homins qui l’avaient choisie comme emblème. Le décor de l’Oasis était caractéristique. Si un endroit sur l’Ecorce semblait immuable, c’était bien ce lieu, protégé par les Kamis. Ce fut donc le point de ralliement choisi, au cas où la guilde serait séparée. Et, au-delà de l’Oasis, la ville de Pyr si celle-ci survivait à l’Essaim. Après tout, qui disait que le retour vers les Nouvelles Terres ne se ferait pas par la même route ?
Sur une dernière accolade, après un dernier lucio souvenir, l’un après l’autre, les membres de la Lune Eternelle suivirent l’Arc-en-Ciel.
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Et le second Essaim déferla sur l’Ecorce.
Il ravagea les civilisations.
Il anéantit les cités.
Il engloutit sur son passage tout ce que l’hominité avait construit en trois générations sur les Nouvelles Terres.
Loin de leur foyer, les homins survécurent de leur mieux à ces huit longues années d’Exil.
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Les homins revinrent par groupes, de plus en plus nombreux. Bientôt les capitales, et surtout Silan, fut le théatre d'une grouillante activité. Et ceux qui avaient été l’âme et le cœur, le bras et l’esprit, tous les membres survivants de la Lune Eternelle se retrouvèrent à Pyr, comme ils se l'étaient promis. Il y avait là nombre de guerriers kamistes de tous horizons : les discutions étaient enjouées et les grandes claques dans le dos fusaient.
Nizyros ne perdait pas son temps et recrutait de nouveaux guerriers. Ainsi se bâtirent de nouvelles relations, se forgèrent des alliances précieuses, s’établit un respect mutuel avec d’autres homins animés par la même volonté de propager la parole de Ma-Duk, et de rendre sa grandeur d’antan à la capitale du Désert.
