C Histoire d'un jeune Fyros - cinquième partie

De EncyclopAtys

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Histoire d’un jeune Fyros - cinquième partie

Aetis et Eree se sentaient mal à l’aise. Le Duc n’avait pas encore levé la tête de ses documents.
- Excusez-moi, nous…
- Un instant ! interrompit le Matis.
Le silence retomba dans la pièce. Les deux Fyros étaient toujours devant l’ascenseur et se jetaient des regards inquiets.

Finalement, le Matis mit les documents de côté et releva la tête. Il fixa longuement les jeunes Fyros devant lui.
- Bienvenue à vous, fit-il avec un sourire. Je suis le Duc Niero di Vanochi. Je suis vraiment désolé, mais ma fonction m’oblige à m’occuper de paperasserie assommante et bien souvent j’en oublie la politesse.
Il se leva sur ces paroles. Et d’un grand geste les invita à prendre place sur les deux chaises devant son bureau.

- Approchez, approchez. L’ambassadeur a fait vos éloges dans son dernier courrier. Vous avez fait de l’excellent travail avec ces herbes. Heureusement, car la viande de yubo est tellement fade sans elles. Il se rassit en même temps qu’eux.
- Lato m’a dit que vous voudriez rester quelque temps ici, c’est ça ?
- Oui, mais l’argent… commença Aetis.
- …est toujours un problème ! s’exclama Di Vanochi. Ne vous inquiétez pas, j’ai quelques missions pour vous. Oh, rien de bien méchant, en général de la récolte de matières premières puisque vous y excellez.

Il fixa les deux homins qui étaient à nouveau mal à l’aise.
- Qu’y a-t-il ? Vous paraissez soucieux. Pourtant Lato m’a bien dit que vous rêviez de venir ici.
- C’est-à-dire que… commença Aetis incertain.
Le Duc se pencha en avant, soudain plus intéressé.
- Oui ?
- Eh bien, nous ne sommes pas là pour gagner quelques dappers avec des petites missions, continua Aetis.
- Comment ?! Je vous fais l’honneur d’être les premiers Fyros à travailler pour moi. Je vous fais confiance et vous me crachez au visage ? rugit Di Vanochi.
- Pas du tout, se hâta de dire Eree. Nous serions honorés d’accomplir ces missions pour vous. Mais nous avons quelque chose de beaucoup mieux que des herbes à vous offrir.

Le visage du Duc perdit le rouge qui l’avait coloré pendant quelques instants. Il avait maintenant retrouvé son calme et son sourire.
- Racontez-moi.
- Nous voulons être payés cinq cent mille dappers. Nous ne vous dirons rien avant, dit Eree.
- Vous voyez, certaines de mes affaires ne concernent pas la couronne. Je ne peux pas sortir une telle
somme de mes fonds personnels pour une information dont j’ignore la nature, dit-il le regard triste.
Il se leva et se dirigea sur la droite de son bureau.

- Il me faudra beaucoup plus qu’une simple promesse pour vous donner cette somme, dit-il en croisant les bras. Racontez-m’en un peu plus, je déciderai si ça en vaut la peine.
Aetis regarda Eree. Tous deux paraissaient aussi incertains l’un que l’autre.
- J’ai pu obtenir des informations sur un important convoi zoraï qui va partir pour Pyr, avoua Eree.
- Pourquoi venir me voir ?
- J’ai entendu dire que ce genre d’informations vous intéressait. Ma rencontre avec Aetis a été l’occasion inespérée d’en tirer profit.

Le Duc semblait douter des propos d’Eree.
- Le seul problème, c’est que j’en sais déjà beaucoup sur ce convoi. De quelles informations disposez-vous ?
À nouveau, les deux Fyros se regardèrent, chacun attendant que l’autre fasse le premier pas.
L’impressionnant Duc ne leur laissait pas le choix.
- Nous connaissons la date du convoi, ainsi que le chemin qu’ils vont prendre.
- Et puis-je savoir comment deux jeunes Fyros, sans expérience, sans relations, sans dappers et sans loyauté ont pu entrer en possession d’une information que mes meilleurs agents cherchent en vain ?

Il s’était retourné. Son sourire avait disparu, il scrutait leur réaction. Eree ne perdit pas son sang-froid.
- J’ai des relations figurez-vous ! fit-elle en montant le ton de sa voix. Je suis membre de la guilde des Gueules Noires !
- Félicitation ! répondit le Duc, un faux sourire aux lèvres. Mais je ne vois toujours pas comment un insecte connaît ce secret.
Aetis commença à se lever. Il en avait plus qu’assez des manières du Duc.
- Si vous souhaitez survivre à cette journée, je vous conseille de vous rasseoir, jeune homin.
Il n’avait pas bougé, mais son regard força Aetis à se rasseoir.
- Désolé de cette interruption, continuez s’il vous plait, demanda-t-il à Eree, impatient.
- Ma guilde est étroitement liée à celle des Faces Brûlées, les gardes d’élites impériaux. Mon chef de guilde est au courant de toutes leurs missions, celle-ci n’a pas fait défaut. Il entretient aussi des bonnes relations avec l’alcool de shooki et il s’en est trop vanté auprès de la mauvaise personne…
Eree lui fit un sourire ironique. Di Vanochi, lui, ne bougeait pas. Il la regardait, cherchant le moindre signe de faiblesse.

- Je ne vous crois pas… commença-t-il.
Un frisson parcourut l’échine d’Aetis.
- … mais étant donné que je n’ai pas d’autres sources d’informations pour le moment, je vais essayer de vous faire confiance.
Son sourire n’avait rien de rassurant.
- Je vous écoute, que savez-vous ?
- L’argent d’abord, dit Aetis qui avait retrouvé son calme.
- Vous avez compris, je pense, que je crois que vous me mentez. J’espère alors que vous comprendrez combien je suis généreux dans mon offre. Je vous propose donc deux cent mille dappers tout de suite et cinq cent mille supplémentaires si l’information se révèle juste.
- Mais c’est plus que ce que nous vous demandions ! s’étonna Eree.
- Je sais. C’est juste un petit encouragement pour vous aider à me donner la bonne information… mais si vous avez besoin de plus d’encouragements, mes gardes seront heureux de vous les fournir.

Il retourna à son bureau et prit une petite cloche. Il l’agita rapidement et tout de suite, Dino Valetti entra dans la pièce.
- Oui, mon Duc ? demanda-t-il.
- Rapportez-moi un sac de deux cent mille dappers, rapidement, ordonna le Duc.
L’intendant partit sur-le-champ. Le Duc resta là, fixant les deux homins sans lâcher un mot.

Quelques instants après, l’intendant revint tenant un sac dans la main. Il le posa sur le bureau du Duc et sortit aussi rapidement qu’il était entré.
- Voilà votre argent. Prenez-le, dit le Matis en montrant le sac.
Aetis se leva et saisit la bourse.
- Maintenant, racontez-moi tout, fit-il, souriant.
Eree exposa alors toutes les informations dont ils disposaient.
- Je pensais bien que ces sournois passeraient par le portail. Ils espèrent gagner Pyr le plus rapidement possible.
Le Matis déroula une carte d’Atys sur son bureau.
- C’est ici qu’il faut tendre l’embuscade.
Il pointait son doigt sur le défilé du Nœud de la Démence.
- Vous aimez voyager et découvrir des nouvelles cultures n’est-ce pas ?

Les deux Fyros le regardaient, incrédules.
- Magnifique ! dit-il sans attendre la réponse. Vous allez donc organiser cette attaque pour moi !
- Comment ? Nous ? Mais…
- Bien sûr, l’un de mes gardes les plus fidèles vous accompagnera… Car si vous m’avez trompé, je vous veux morts dans l’instant.

Il n’avait pas levé les yeux de la carte. Ces derniers mots avaient été dits avec une désinvolture effrayante.
- Pardon ? s’étonna Aetis.
- Assez discuté ! Vous devez partir dans l’heure. Vous avez un long voyage à faire. Natto ! cria-t-il. Natto vous accompagnera sur le territoire zoraï et veillera à votre… sécurité. Vous allez ici, dans le Bosquet de l’Ombre.

Les deux Fyros se retournèrent pour voir le guerrier matis qui venait de rentrer.
- Je vous présente Natto, le chef de ma garde.
Le Matis les salua d’un signe de tête.
- Vous allez rencontrer une sympathique tribu qui a déjà… travaillé pour moi : les Antekamis, continua le Duc. Natto sera là pour veiller au bon déroulement des transactions. Ils devront attaquer le convoi. Le butin sera divisé en deux : le pillage pour eux et le Livre pour vous. Natto, tu me le rapporteras immédiatement, accompagné, je l’espère, de nos deux amis. Vous avez peu de temps, partez maintenant.
Natto les invita à sortir de la pièce d’un mouvement du bras.

Les instants qui suivirent furent consacrés à la préparation du voyage.

- Nous utiliserons des pactes Karavan pour nous rendre au Bosquet de l’Ombre. Là nous aurons une journée de marche jusqu’au camp de la tribu, avec de la chance.
Le Matis parlait tout en marchant. Les maigres provisions qu’ils emportaient n’avaient pas pris longtemps à être achetées.
Ils se dirigeaient maintenant vers l’autel Karavan.

Aetis et Eree n’avaient eu que peu de temps pour visiter la magnifique cité matis. Ils avaient profité de chaque instant, les yeux grands ouverts. Cette courte visite leur avait permis d’oublier un peu leur mission.

Le guerrier matis, qui avait semblé tellement froid au premier abord, leur expliquait des détails historiques à propos de la ville.
- Je sais que vous voudriez visiter un peu plus Yrkanis, mais nous avons trop peu de temps devant nous. Vous aurez largement de quoi profiter de la ville à notre retour. Je crois de toute façon que vous devrez rester ici. En tout cas, loin des Kamistes.
Il avait le visage plus souriant que dans le bureau de Di Vanochi.
- Nous y voici. Attendez-moi ici, je vais parler à l’Hôte Karavan.

Les deux jeunes Fyros restèrent à distance, tandis que Natto se dirigeait vers l’Hôte.
- Ça marche jusqu’à présent, dit Aetis.
- En effet, je pense qu’il nous fait confiance, acquiesça Eree
- Dommage qu’il faille le trahir…
Les deux Fyros se regardaient tristement.
- Qu’y a-t-il vous deux ? demanda Natto en revenant. N’ayez pas peur. Les terres zoraïs où nous allons sont hostiles, mais j’ai l’habitude d’aller là-bas. Il n’y aura pas de problème.
- Nous sommes prêts, lui dit Aetis, sans joie.
- Vous avez encore des doutes sur vos actes, c’est ça ? Écoutez, il faut faire des choix dans la vie. Vous avez déjà fait le vôtre. Vous ne pouvez plus reculer quoi qu’il arrive. Alors acceptez-le et vivez ce que vous avez décidé de vivre !

Aetis se sentit d’autant plus abattu par les paroles du Matis. Il tenta tout de même de sourire.
- Tu as raison. Nous allons vers un nouveau pays. J’aurais vu plus de choses en une journée que dans toute ma vie.
Le Matis éclata de rire.
- Voilà ! C’est beaucoup mieux. La téléportation est faite pour ça !
Il leur donna à chacun leur pacte.
- Avant de le briser, je veux que vous preniez en compte certaines règles. Vous marchez où je marche, vous parlez quand je vous dis de parler, vous obéissez sans discuter à mes ordres et vous ne jouez pas les héros. Je peux compter sur vous ?
Eree et Aetis acquiescèrent tous les deux.
- Très bien. Alors, allons-y !
Il écrasa le pacte dans sa main et disparu dans l’instant qui suivit.
- Il a raison, nous ne pouvons plus reculer, dit Eree.

Elle brisa son pacte et s’évanouit à son tour.
- Alors… allons-y.

Cette fois le voyage s’était mieux passé. Ignorant le léger mal de tête, Aetis ouvrit les yeux. Plusieurs bêtes étranges l’observaient. Elles étaient rondes et énormes. Leurs yeux globuleux jaunes étaient braqués sur lui. L’une des bêtes commença à s’approcher. Elle avait une longue trompe d’où sortaient des petites langues de feu. Aetis mit instinctivement la main sur la garde de son épée.

La main de Natto le retint.
- Ne t’inquiète pas, il est juste curieux. Les wombaïs sont doux comme des agneaux, si on ne les énerve pas. Il est même arrivé que certaines tribus zoraïs arrivent à les utiliser comme montures !
Le wombaï était devant lui et commença à renifler sa tunique du bout de la trompe. Natto l’écarta doucement. L’animal hésita puis se retourna pour rejoindre ses congénères.

Aetis regarda autour de lui. Ils se trouvaient devant l’autel Karavan, au beau milieu d’une plaine.
- C’est ça le pays zoraï !? s’exclama-t-il.
Eree elle aussi avait l’air déçue.
- Je croyais que c’était une jungle.
- À part l’herbe, on se croirait dans le désert, confirma Aetis.
- C’est normal, ici nous sommes dans les bordures du pays. Cela permet aux Karavan de mener les tests dont ils ont besoin sur la Goo. Ils n’ont pas la même réaction que les Kamis face à la maladie, ils pensent que son étude permettra son contrôle et donc son éradication. C’est mieux que de courir et d’appeler à l’aide les homins. Vous iriez combattre ça si un Kami vous le demandait ?

Il se tourna et pointa du doigt vers l’horizon. Aetis vit alors la maladie qui rongeait le pays. Une mer mauve s’étendait aux bordures de la plaine. Des vapeurs s’échappaient de la terre en la consumant. L’odeur était insupportable, même à cette distance.

Aetis mit instinctivement la main sur sa bouche et son nez.
- Ne t’en fais pas, même si toutes les vapeurs sont toxiques, à cette distance, nous ne risquons rien. La Goo n’infecte les homins que lorsqu’elle est concentrée ou lors d’une exposition prolongée. Nous avons une certaine résistance à sa puissance de destruction.
Aetis s’avança pour mieux voir. Natto l’empoigna rapidement.
- Tu ferais mieux de ne pas t’approcher plus, il arrive que les sources de Goo soient sous terre et surgissent lorsque l’on passe au-dessus. Il semblerait que cette chose, quoi qu’elle puisse être, soit intelligente. Nous ferions mieux de partir d’ici, plus on est loin d’elle, mieux on se porte.

Ils s’éloignèrent de l’autel et se dirigèrent vers l’ouest.
- La région est très dangereuse, il n’y a pas que des wombaïs ici. On croise des kitins de temps en temps, et il y a les bandits. Le pire, bien sur, ce sont les gibbaïs qui se promènent un peu partout.
Le Matis marchait d’un pas rapide.
- Il n’y a pas une grande distance jusqu’au camp, mais je préfère m’éloigner de la Goo, nous devrons faire quelques détours.

p>. Histoire d’un jeune Fyros - sixième partie et fin