"J'ai chéri Atys
Et l'ai entouré comme une vrille végétale avec chaque fibre de mon être !
La lumière et la ténèbre de la lune mêlée au soir
Ont flotté parmi ma conscience, en elle se sont fondues,
Tant qu'à la fin ma vie et l'univers
Sont un !
J'aime la lumière d'Atys, j'aime la vie en elle-même."
Wu-Song, 2482
Atys.
« Certaines plantes sont plus intelligentes que le plus sage des mages, et d’autres plus redoutables que le plus habile des guerriers ». La faune est dense, colorée, la plupart des créatures évoluent en troupeau, migrant au gré des saisons dans des écosystèmes variés. Ici, la Goo transpire. Là, les kitins règnent.
Enfin, l’homin. Libre de choisir ses chemins, il marche, conscient qu’il n’est pas la seule « conscience » d’Atys. A même de saisir que des puissances, Ma-Duk et Jena, le veillent, que des gardiens, les Kamis et la Karavan, l’escortent. L’homin est riche de cette intuition si particulière qui le fait s’émerveiller devant le spectacle d’Atys. Conscient encore des dangers qui menacent l’Ecorce, il en devient lui-même une puissance, un gardien.
En 2482, Wu-Song est un zoraï orphelin de tout. Comme tous les homins, les kitins ont détruits son village et ses frères, son clan. La résistance des siens a été brisée, leur sève macule à présent des mandibules furieuses. Désormais, il n’y a plus que cette longue marche, rythmée par la peur des patrouilles kitins, sans autre but que de survivre, encore, jusqu’au prochain embranchement du chemin.
Wu-Song a recommencé à vivre lorsqu’il a tiré cette jeune tryker des crocs d’un gingo squelettique. Peu à peu, ils se sont rassemblés, d’abord cinq, puis dix, puis vingt. Ne jamais s’arrêter, avancer, toujours, avec peut-être l’espoir fou de rejoindre un de ces arcs-en-ciel mystérieux qui se dessinent à l’horizon. Marcher pour survivre. Alors, comme pour ranimer ceux qui l’entourent, qui marchent et meurent avec lui sur les chemins d’Atys, Wu-Song les guide sur les chemins de son cœur. Chaque jour, il chante son amour pour l’écorce et réchauffe la vie de ses compagnons.
De ces chants, trois générations plus tard, bien peu vivent encore dans la mémoire des homins. Du groupe de Wu-Song, seuls quelques réfugiés contemplèrent les bâtisses de la douce Zora, les murailles de Pyr, les pontons de Fairheaven ou les arbres d’Yrkanis. Pour l’essentiel, leurs témoignages furent emportés par la tourmente des guerres et par les ambitions de pouvoir qui dévorèrent le cœur des peuples d’Atys
Aujourd’hui pourtant, au cœur du Pays Malade, un clan vient de naître à la lumière, portant en lui, l’espoir du chant de Wu-Song, le pèlerin d’Atys. Dans le cœur des fils de ses compagnons, Wu-Song murmure encore son hymne à Atys.
« Nous voyons partout le jeu de la vie et de la mort, cette transmutation de l'ancien en le nouveau. Le jour vient à nous chaque matin, tout blanc, tout nu, frais comme une fleur. Mais nous savons qu'il est vieux ; il est le Temps lui-même. C'est le même très ancien jour qui a reçu dans ses bras notre globe nouveau-né, l'a recouvert de son blanc manteau de lumière, et l'a lancé dans le grand pèlerinage au milieu des étoiles. Ses pas pourtant ne sont point las, ni ses yeux fatigués. Il porte l'amulette d'or de l'éternité qui ne connaît pas la vieillesse, et dont le toucher efface toutes rides du front de la nature. Notre monde porte l'immortelle jeunesse au plus profond de son coeur. »