Chrys/Récit

De EncyclopAtys

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"Pourquoi ne pas converser autour d'un verre de yubo distillé?"

C'est ainsi qu'il se présenta à elle, par une petite note qu'il avait glissé sous sa porte un matin. Assoiffée par son casse-croûte, Chrys courut à la taverne. Apparemment, elle était la première. De loin, elle vit le vit arriver, de sa démarche tranquille et rassurante qu'elle appris à connaître plus tard. Ce type avait l'air honnête et doux. Elle lui raconta comment elle avait fait la connaissance des O'd'Atys, ces déceptions chez la guilde des Anges par ailleurs fort sympathiques mais ne songeant qu'à aller chasser le clopper. Et ce qui lui trottait dans la tête. Il écouta tout attentivement. Comme à son habitude, elle cachait son regard sous le chapeau de Corsaire de son père, se voulant farouche. Elle se sentait pourtant tout à fait en sécurité avec ce nouvel ami, comme elle l'appela tout de suite. Il lui dit de prendre tout son temps avant de prendre une décision hâtive. Il ne lui cacha pas non plus que la guilde tryker n'était pas encore active du fait de l'éloignement temporaire de Louhane.


Les jours suivants, ils allèrent chasser et nager ensemble. Elle lui fabriqua un fusil pour remplacer l'arme qu'il avait perdue. Ce n'était pas grand chose, elle savait d'expérience que les maigres munitions qu'elle lui avait donné ne lui feraient que quelques jours. Lorsqu'elle alla récolter les ressources nécessaires, Monntoo s'éloigna de plusieurs mètres. elle vit sur son visage une impression de crainte et presque de dégout. Un mauvais souvenir passa comme une ombre sur ses yeux.

Ils se croisèrent plusieurs fois. Elle appréciait réellement sa compagnie, elle qui pourtant défaisait toujours les liens éphémères qu'elle tissait avec les autres homins, creusant autour d'elle une solitude épaisse. Lui aussi était lunatique, parfois distant et bougon, d'autres fois amical et insouciant. Ils passèrent de joyeuses soirées à deviser au bar de Fairhaven. La liqueur ambrée et le muscaï coulait à flot! Alors seulement il devenait moins taciturne et se laissait aller à quelques plaisanteries. On sentait qu'il cachait ses douleurs derrière sa force, et n'en était que plus touchant.


Un jour, elle lui demanda de le conduire hors d'Aeden Aqueous. Elle voulait voir d'autres terres, d'autres lacs. Ils préparèrent leur petite expédition à Avendale. Il n'oubliait rien, rangeant soigneusement ses cartes dans son sac. Le vent avait une odeur de miel. Le vortex conduisant au lagon l'effrayait, mais elle n'en était que plus impatiente. Evidemment qu'elle avait peur. Mais elle ne pouvait deviner s'il en était de même pour lui. Le vertige passé, le lagon ouvrit son large horizon devant elle. Toutes sortes d'animaux qu'elle n'avait jamais vus passaient tranquillement à quelques mètres. Certains pouvaient être mortels. Aucun des deux compagnons ne parlait.

Il ne fallait pas indiquer notre présence. Nos pas effleuraient à peine le sable. Monntoo marchait lentement, guettant toujours les kirostas qui auraient pu nous tuer s'ils nous apercevaient. Je le suivais comme une ombre. Un torbak à l'air féroce grognait non loin de là. Il fallait cacher aussi notre odeur. Monntoo examinait la direction du vent et s'engageait entre deux groupes de carnivores. Tout se jouait à quelques mètres. Enfin, j'entrevis la rive d'un lac. Plongeant doucement dans l'eau, je me sentis en sécurité. Nous croisâmes un foreur isolé. En voilà un qui n'avait pas peur. Je tentais de cacher à mon guide que je tremblais comme une feuille.


Nous n'étions plus très loin. Il pleuvait légèrement comme toujours en cette saison. Je me détendais petit à petit. Puis tout alla très vite. Je n'avais pas vu arriver le cute qui fonça sur moi. Un seul réflexe: courir, le plus vite possible. Je ne regardais plus rien, maudissait mon père de m'avoir fait naître. Quand mes jambes ne purent plus me porter, je me retournais. Plus personne. L'horizon était silencieuse. Apercevant un groupe de récolteurs à l'abri d'une falaise, je les hélai. Ils ne répondaient pas. Une fois de plus je me retrouvais seule. Monntoo, que lui était-il arrivé? Ma lâcheté me fit horreur. Je reprenais mon souffle lentement. Décidément, je n'étais qu'une gourde, je ne savais que mettre en danger les gens qui je tenais.


Je suis restée longtemps assise sur le sable, à contempler stupidement les coups de pioche des homins alentours. Ils étaient aussi muets que des tombes. J'enlevai mon chapeau plein de sueur.


Je devais m'être assoupie. Ouvrant les yeux, je vis un visage hilare fendu d'un grand sourire.

"Je t'ai fait peur, hein?"

J'ai poussé Monntoo de toutes mes forces, et lui lançait un regard rageur. Mais il était vivant. Il avait couru jusqu'au lac qui lui avait sauvé la vie. Je n'osais pas lui sauter dans les bras.

"Tu te crois drôle?"

Il haussa les épaules. Par de brefs signes, il me guida jusqu'au prochain vortex. Je découvris avec stupeur la lisière du pays matis. Je n'en croyais pas mes yeux. Un Zorai perdu nous demanda si nous allions jusqu'à Yrkanis. Je partis d'un grand éclat de rire. Comme si nou avions une seule chance d'arriver jusqu'à la capitale! non, il fallait rentrer. Ce que nous avions accompli n'était rien pour certains. Pour moi, c'était un lien particulier qui venait de se créer entre deux petits trykers. Quelque chose comme un destin.