Carte d'Identité

Sa vie

--- Le Chapelet de perles ---

Zouze était une fille curieuse et espiègle qui bien souvent préferait aux jeux de petites filles observer son père, l'artisan Kalo. Il était doué dans la fabrication d'amplificateurs magiques. La vision de toutes ces couleurs mélangées, l'odeur de la sciure, le bruit que faisaient les outils maniés par son père, étaient les choses les plus intéressantes pour Zouze. Souvent, elle se cachait pour espionner son père à l'oeuvre.

Malheureusement, malgré son âge avancé, son père avait gardé l'oeil tryker, et la ruse de Zouze n'était pas assez développée pour échapper au regard paternel. A plusieurs reprises, Zouze fût renvoyée vers sa mère, Zingari, cuisinière et homine de maison. Kalo considérait que le destin de Zouze était dores et déja tracé, et qu'elle suivrait le même chemin que sa mère. L'amour de sa mère, savait combien il était difficile pour sa fille de tenir en place. Alors, elle laissait Zouze filer, sachant très bien quelles étaient ses intentions...

Lorsqu'elle n'était pas cachée dans l'atelier, Zouze était avec Ziegfryd, un garçon de son âge. Nés la même année, en 2516, ils avaient toujours vécu ensemble, et leur complicité s'était renforcée au fil du temps. Tellement qu'ils étaient aujourd'hui inséparables. L'exploration des régions autour de leur campement était un de leur plaisirs communs, notamment l'exploration des Landes Obscures. Tout jeunes déja, ils couraient sur les racines des Landes, a plusieurs dizaines de mètres au dessus du sol, prenant des risques insensés... De nombreuses fois même, ils en étaient sortis, jusqu'à atteindre les cascades chantantes du Sud, ainsi que le sable chaud des plages du Lac de la Liberté.

Dans cette atmosphère vivante, les bruits des oiseaux venaient s'ajouter au bruit des épées de bois s'entrechoquant. Ziegfryd et Zouze aimaient à s'entrainer sur ces plages, à user les épées de bois taillées par le père de Zieg, Sinto l'habile. Tant et si bien qu'au bout de plusieurs mois d'entrainement, ils étaient capables d'affronter même un guerrier de mêlée... Une fois la nuit tombée, les deux complices usaient leur filets de Shu, qu'ils avaient fabriqués eux-mêmes, pour attraper les libellules, cachées dans l'obscurité.

L'habitude avait pris le dessus, et ils rentraient tard dans la nuit, ou plutôt, tôt le matin, à leur campement. C'est par une soirée froide et orageuse de Pluvia 2527, second CA, que tout changea pour Zouze. Ils étaient restés dehors plus tard que d'habitude, et, la faim prenant le dessus, avaient décidé de rejoindre leur campement. Ce qu'ils virent à ce moment là restera à jamais gravé dans leur esprits. Zouze et Ziegfryd allaient dorénavant porter un sentiment de culpabilité jusqu'a la fin de leurs jours...

Devant leurs yeux d'enfants se déroulait une scène d'horreur.

Leur camp était en proie aux flammes, qui léchaient les roulottes jusqu'à leur sommet. Des reflets rouges et oranges pouvaient être vus sur les vitres des roulottes encore épargnées. Le drapeau du camp lui-même tombait en lambeaux, des larmes brulantes se répandaient ça et là sur le sol. Au sol, des homines agonisantes, des enfants qui ne respiraient plus qu'une fois sur deux.. Les rares homins ayant eu la chance de ne pas être surpris par les flammes luttaient contre le feu, aussi bien qu'ils le pouvaient.

Mais ce n'était pas assez, et les flammes gagnaient du terrain. Zouze et Zieg, l'espace d'un instant, qui pour eux dura une éternité, se regardèrent, et la seconde d'après, ils couraient tous deux vers leur roulotte respective. Zouze, arrivant comme une grenade de Brazer, défonça la porte d'un chassé, et un nuage noirâtre sortit de la roulotte. Ce qu'elle vit ensuite lui fit perdre son équilibre.

Son père, les vêtements en lambeaux, le corps lacéré, des plaies béantes, de la sève sur le sol, avait, avant son dernier souffle, réussi à serrer dans ses bras son aimée. Zingari, le regard dans le vide, la bouche ouverte, semblait également avoir laissé son âme partir. Leurs deux graines de vie étaient brisées. Zouze, encore sous le choc, se leva, et fit quelques pas, d'une démarche mal assurée, vers ses parents.

Zieg, rassuré de retrouver ses parents sains et saufs, décida d'aller voir ce qu'il en était des parents de sa complice. Leurs deux roulottes étaient très éloignées.. Mais cela ne l'empêcha pas d'entendre un cri, mêlant rage et tristesse. Ni une, ni deux, il se mit à courir pour rejoindre la roulotte de son amie.

Zouze, en larmes, déserra l'étreinte des bras de son père sur sa mère. Devant ses yeux, sa mère avait les mains crispées sur une dague, dont la lame n'était plus visible. Sa sève s'était mêlée à ses vêtements, coulant même sur le sol. Ses vêtements, déchirés également, elle semblait avoir lutté... pour tenter de rester avec son mari. Autour de son pouce, était enroulé un chapelet, souvenir d'un lointain héritage familial.

Elle prit le chapelet de perles et resta de longues minutes, contre sa mère, à prier Jena, cherchant une réponse, en vain.

Ziegfryd, enfin arrivé devant la roulotte, demanda aux nouvelles, et un cri de colère, comme il n'en avait jamais entendu, l'acceuillit. Zouze criait de tous ses poumons lorsqu'une personne s'approchait d'elle et de ses parents. Elle ne voulait voir personne, elle voulait rester seule.. pour comprendre, répondait t'elle, lorsqu'on lui demandait pourquoi.

Elle resta la toute la nuit en serrant le chapelet, ses prieres interrompues que par des torrents de larmes et de cris dechirants.Ce n'est que tard lendemain que Zieg put enfin s'agenouiller près d'elle, pour la réconforter.

Les années ont passé....

Zouze vivait maintenant sous la garde des parents de Zieg, Sinto l'habile, et Zigeuner l'attentionnée. Pourtant, depuis ce drame, elle avait toujours refusé leur hospitalité, et dormait dans la roulotte ou vivaient jadis ses parents. Sinto, voyant que Zouze gardait ses convictions, avait reconstruit sa roulotte. Zouze y vivait seule. N'ayant plus le plaisir de regarder son père travailler l'écorce, elle se consacra donc à son second plaisir, la magie.

Cian, elle aussi toute jeune lors du drame qui avait frappe la tribu, avait ete retrouvee tout recement. Les anciens avaient decide qu’elle menerait un detachement pour Fair Heaven. Cian recrutait parmi les membres, ceux qui prendraient part a ce premier convoi et avait entendu parler de l'histoire de Zouze. Le jour de leur rencontre, Cian n'eût aucune difficulté à comprendre le potentiel de Zouze dans la voie qu'elle avait choisie. Aussi, elle n'eut aucune hésitation à proposer à Zouze de faire partir de l'expédition. Ziegfryd, l'ami de toujours, n'imaginant pas vivre sans sa complice, insista pour être du voyage également.

En 2531, lorsque la caravane quitta le camp pour gagner la cité, on pouvait voir parmi les membres du convoi, une fille agée de 15 ans, tenant à la main un chapelet de perles...

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