C Quand les seves ennemies se melent

De EncyclopAtys

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C Quand les seves ennemies se melent
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Quand les sèves ennemies se mêlent

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Aujourd’hui, ma hache aurait pu pourfendre mon ennemi juré et le renvoyer avec déshonneur auprès de sa déesse. Mais mon bras a retenu son geste. Ma bravoure n’était pas en cause, pas plus que ma détermination et mon courage. Pourquoi alors, me direz-vous ? Pourquoi ne pas avoir achevé cet être que je traque depuis tant d’années ? Lisez ceci et vous comprendrez…

L’herbe était déjà haute en ce début de printemps. Les arbres et arbustes de la forêt matis, enfin débarrassés de la lourde neige, avaient vu grandir leur pousses de l’année qui, bien qu’encore fragiles, dressaient fièrement leur bois tendre vers le ciel, offrant avec ravissement leur feuillage neuf à l’astre du jour.

Pister Coriando Lagiardi depuis les portes du désert avait été un jeu d’enfant. Des traces espacées inégalement, l’une légèrement plus enfoncée que l’autre, témoignaient d’une boiterie légère mais persistante. Le vieux matis ne s’était pas encore remis de mon coup de hache de la veille. Les kamis m’en sont témoins, cette fois-ci, je le tenais. Du moins, c’est ce que je croyais.

Alors que je m’attendais à le voir se diriger vers Yrkanis, ses traces obliquèrent peu après la Petite Montagne pour aller vers le Bosquet de la Confusion. Un sourire se dessina sur mes lèvres. Peu m’importait où il allait, sa course se finirait contre la lame de ma hache.

Porte du Bosquet Est. Les cadavres des jugulas jonchaient le chemin devant moi, tranchés par la lame d’une épée honnie entre toutes. Je t’aurai, Coriando… L’affront que tu m’as fait devant les miens sera chèrement payé !

Alors que je traversais le dédale s’ouvrant devant moi, mon regard fut attiré par des traces inhabituelles en ce lieu. M’arrêtant un instant, je détaillais avec étonnement les empreintes, incrédule. C’était impossible ! Et pourtant, c’était à n’en pas douter des traces de kinreys devant moi. Les traces fraîches de trois kinreys en plein pays matis !

Je redoublais de vitesse. Cette activité kitine anormale m’inquiétait plus que je ne voulais me l’avouer. Surtout qu’un peu plus loin, je découvris le passage récent d’un trio de kipuckas. Mais à ce moment-là je ne songeais qu’au matis que je traquais et dont la piste devenait de plus en plus fraîche…

Le soleil était déjà haut dans le ciel lorsque je le vis. Il était assis au centre de l’Atelier du Bosquet Est. Restant à couvert, je l’observais. Silhouette courbée au milieu des décombres rectilignes… Par Ma-Duk, avons-nous tant vieilli tous les deux ?

Je me suis approché furtivement. Dans un instant, mon long cri de guerre ferait fuir les oiseaux printaniers et le choc de nos lames retentirait à travers la clairière.

Il savait que j’étais là bien avant que j’esquisse le premier geste. Je l’ai senti dans son attitude. Son dos légèrement redressé, ses pieds solidement ancrés au sol, ses muscles prêts à le faire bondir sur moi au moindre de mes gestes. Un ennemi digne de moi.

Nous combattîmes longtemps, lui et moi, ce jour-là. Ma hache s’abattait sur lui avec une fureur indescriptible, renforcée par mes puissants cris de guerrier. Il parait et esquivait tour à tour, retrouvant l’agilité de sa jeunesse, ripostant avec une adresse digne d’estime. J’attendais ce moment depuis si longtemps ! Maudit sois-tu, Coriando Lagiardi ! L’heure de la Justice avait enfin sonné ! Mes coups de haches se faisaient de plus en plus puissants, ajoutant encore à leur redoutable précision. L’ennemi reculait peu à peu malgré lui, sa blessure de la veille le privant de la mobilité nécessaire pour m’égaler au combat. Quand enfin il tituba et posa un genou au sol, un cri de victoire sortit de ma gorge tandis que mon arme s’apprêtait à lui donner le coup fatal.

C’est alors que nous les vîmes. Trois paires d’yeux nous fixant froidement. Trois kinreys bleutés nous chargeant dans un bruit de pattes caractéristiques. Au même moment, à l’opposée de la clairière, un trio de kipuckas de la même couleur chargeait également, attiré par les éclats sonores de la bataille. Coriando et moi nous dévisageâmes un bref instant. Et d’un commun accord, nous conclûmes tacitement une trêve. J’aidai mon ennemi à se relever et c’est côte à côte que nous combattîmes les kitins. Nous savions que, dans l’état de fatigue où nous nous trouvions, la mort de l’un aurait signifié la mort de l’autre. Aussi, en vieux homins aguerris, nous avons opté pour la sagesse et ensemble, nous avons repoussé la horde kitine.

Je fendrai un jour Coriando Lagiardi de ma hache, mais pas ce jour-là. Une autre tâche nous incombait pour le moment : celle de prévenir les nôtres que les kitins étaient sortis des Primes Racines et commençaient à envahir la surface…

p>. Extrait du journal d’Ebakus Lokeus, au IIe CA de 2546