C Mon Gardien de la Karavan : Différence entre versions

De EncyclopAtys

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Version du 10 mai 2014 à 12:50

Mon Gardien de la Karavan

Conté par Nina Tinaro, une vieille Dame Matis :

Aime les Gardiens de la Karavan comme tes frères, jeune homin, et toi aussi tu seras reconnaissant de leur générosité. Il est vrai que si je suis en vie aujourd’hui dans ce vieux sac d’os, c’est grâce à un puissant Gardien de la Karavan qui un jour prit mes chers proches et moi-même sous son aile, bien qu’elle fût cassée. Je n’étais alors qu’une petite fille et mon père, accompagné des autres hommes, était parti en campagne vers l’ouest pour récupérer nos terres, lorsqu’une armée de kitins arriva en masse du nord résolue à anéantir l’hominité.

Ma grand-mère, ma mère, mes soeurs aînées, nos servantes et moi-même évacuâmes notre majestueuse cité quelques heures avant sa chute, en n’emportant avec nous qu’un seul mektoub de bât et des provisions pour une semaine. Après un périple vers l’est qui dura plusieurs jours, nous arrivâmes aux grandes chutes de Ria où ma grand-mère savait que nous pourrions trouver refuge dans les cavernes. Alors que nous récoltions des champignons de saison parmi les feuilles mortes, les oiseaux et les animaux firent soudain un vacarme assourdissant, puis tout devint silencieux comme avant une tempête…

Parvint alors à mes oreilles puis à mes yeux le martèlement effroyable d’un millier de pieds en marche dans la vallée en contrebas. Une horrible marée d’insectes géants s’approchait rapidement, fauchant et aplatissant la belle flore et écrasant les animaux moins rapides sous leurs pieds. Ma grand-mère nous rassembla et nous nous ruâmes dans la rivière glaciale sur une certaine distance avant de traverser plus loin en amont pour éviter de laisser notre odeur, puis nous grimpâmes derrière la chute d’eau houleuse.

Nous étions bien placés, entre les petits ruisseaux bouillonnants, pour espionner les kitins qui allaient et venaient dans notre camp, détruisant notre habitat de fortune et pillant nos provisions durement gagnées. Mais à notre grand soulagement, ces légions terrifiantes poursuivirent leur marche de l’autre côté des collines, en direction du sud. Nous restâmes toute la nuit derrière le rideau d’eau glacial mais protecteur, serrés les uns contre les autres pour nous tenir chaud. Le matin suivant, les kitins étaient partis et nous retournâmes à notre camp de fortune pour découvrir que la masse destructrice avait tout dévasté sur son passage. Pas un bruit, pas même un oiseau, tous les animaux, effrayés, s’étaient enfuis.

Mais nobles de coeur et forts de nature, nous ne pouvions pas nous apitoyer sur notre sort, nous étions toujours en vie et nous nous attelions à la tâche pour remettre de l’ordre malgré notre grande fatigue. Mais c’est alors que l’horreur frappa une troisième fois… En trois points différents, trois énormes éclaireurs kitins apparurent soudain, nous encerclant alors que nous reculions vers une caverne proche. J’étais pétrifiée. Une de ces créatures maléfiques s’approcha et tenta de me mordre, mais ma grand-mère me tira derrière elle, me criant de courir vers ma mère… Depuis la caverne, ma mère nous demanda de nous agenouiller et de prier pour l’âme de notre grand-mère et pour notre salut lorsqu’un autre son, plus familier, vint à nos oreilles et nous levâmes les yeux vers cette bénédiction que le ciel nous offrait.

Un vaisseau de la Karavan apparut et fit une embardée. Il nous protégea contre les kitins qui rampaient vers nous alors que nous étions à genoux. L’appareil envoya une grande décharge électrique sur les kitins alors qu’ils essayaient de l’écarter de leur chemin. Un Gardien de la Karavan, blessé au bras, sauta du navire et tira sur les yeux des créatures étourdies qui cherchaient toujours à nous atteindre. Le Gardien nous donna des dappers frais pour nous faire reprendre nos esprits, puis nous fit signe de le suivre dans le navire avant d’être rattrapés par le gros des forces kitins. Mais le vaisseau était également touché et ne pouvait prendre les airs… Je garde cependant toujours en mémoire l’intérieur magique, les lumières clignotantes, froides et le vrombissement chaud du coeur défaillant du navire.

Nous continuâmes à pied sous la pluie battante et glaciale. Pendant deux jours, il nous conduisit vers l’est, chassa le gibier pour nous, nous protégea des animaux sauvages et guérit nos blessures calmement, silencieusement, dans sa force tranquille. Nous faisions une prière à Jena chaque matin pour qu’elle nous aide à tenir la journée.

Enfin, après un périple d’une semaine, nous arrivâmes dans une grande plaine où, au loin, l’éclat scintillant d’un arc multicolore s’offrit à nos yeux. Mon Gardien me souleva de ses épaules pour me poser au sol et parla pour la première fois, d’une voix profonde mais tendre :
« Voilà, vous êtes maintenant en sécurité, » dit-il. « Traversez l’arc-en-ciel, je resterai vous surveiller jusqu’à ce que vous soyez passés. »
Je pris mon courage à deux mains et demandai s’il venait avec nous.

Il répondit qu’il y avait beaucoup d’autres enfants d’Atys à sauver et que sa mission ne faisait que commencer. Je ne pus résister et jetai mes bras à son cou, car il m’avait portée lorsque mes petites jambes m’avaient fait défaut, malgré son bras souffrant. Il me posa à terre et me fit avancer. Je suivis les autres, rassurée par l’aura de son odeur. Une fois vers l’arc-en-ciel, je me retournai, il était toujours en train de nous surveiller comme il l’avait promis. Puis, comme pour nous presser à traverser l’arc-en-ciel, il fit un petit mouvement de la main qu’il transforma en salut, j’en suis sûre.

Je suis la dernière survivante de cette expédition qui remonte à presque trois générations. Tous les jours, je remercie Jena pour mes enfants et pour les enfants de mes enfants, et pour nous avoir envoyé notre formidable Gardien de la Karavan.