De EncyclopAtys
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Souvent il est arrivé à Rosen et quelques autres de regretter de ne pas avoir suivis leurs amis plus téméraires, pourtant ils n’osèrent jamais les imiter en s’accrochant à leur tour à une racine de flyner. Ils restèrent de longues années encore prisonniers de la Tribu de esclavagistes, de nouveaux captifs les rejoignant régulièrement, jusqu’au jour où une expédition de Corsaires prit d’assaut le campement et libéra les esclaves. Depuis ce jour, Rosen Ba’Darins regarde parfois la canopée et songe à ses anciens amis, eux aussi libres là haut, et regrette secrètement de ne pas les avoir rejoint avant que l’âge ne le lui interdise. | Souvent il est arrivé à Rosen et quelques autres de regretter de ne pas avoir suivis leurs amis plus téméraires, pourtant ils n’osèrent jamais les imiter en s’accrochant à leur tour à une racine de flyner. Ils restèrent de longues années encore prisonniers de la Tribu de esclavagistes, de nouveaux captifs les rejoignant régulièrement, jusqu’au jour où une expédition de Corsaires prit d’assaut le campement et libéra les esclaves. Depuis ce jour, Rosen Ba’Darins regarde parfois la canopée et songe à ses anciens amis, eux aussi libres là haut, et regrette secrètement de ne pas les avoir rejoint avant que l’âge ne le lui interdise. | ||
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Version du 19 novembre 2014 à 11:43
Evasion en Flyner
Chronique relatant un épisode de la vie de Rosen Ba’Darins, vers 2486 , par le chroniqueur tryker Derry O’Darren
Rosen Ba’Darins était encore bien jeune quant arrive cette histoire. Du moins, elle appartenait encore à ce que l’on nomme la fleur de l’âge. C’est aussi une fleur qui faillit changer durablement sa vie, une fleur qu’elle n’a pas su saisir, par la crainte de l’inconnu, et malgré l’inconfort du connu.
Esclave parmi les esclaves, détenue par la Tribu des Esclavagistes depuis des cycles, voila ce qu’était Rosen. Avec un grand nombre d’autres, tous captifs pour être vendus, tous trykers comme elle, elle rêvait souvent qu’ils s’envoleraient des enclos qui les gardaient, et échapperaient à leurs geôliers. Les trykers, c’est bien connu, sont épris de liberté, et l’ignoble sort qui les attendait, l’esclavage chez quelque matis ou zoraï peu scrupuleux, leur apparaissait chaque jour qui passait plus inconcevable encore. Aussi, cherchaient-ils sans cesse une occasion de s’évader.
C’était une tâche délicate, impossible même aux dires des esclavagistes. Car si les barrières n’étaient pas hautes, jamais bien fermées, les véritables barreaux de leurs cage s’étendaient sur des heures de marche : devant eux, à perte de vue, on ne pouvait voir que la sciure, parcourue par les plus terrifiants des prédateurs, des torbaks, des zerx, des ragus, et souvent même des kitins. Les esclavagistes se souciaient bien peu de l’entretient de leurs barrières car ils savaient que l’estomac d’un carnivore était le seul asile que trouverait l’esclave qui leur échapperait. Et ils ne se privaient pas de le répéter à leurs prisonniers.
Mais la force des rêves est souvent décrite comme un trait particulier des trykers, et c’est d’elle que le petit peuple tire ses plus ingénieuses inventions. Et quelle plus belle invention que d’être libre ? Aussi, parmi les esclaves détenus par la Tribu de ce temps là, nombreux étaient ceux qui cherchaient en toute chose, une marche pour atteindre leur salut. Rosen était souvent de ces trykers, ou du moins partageait-elle leurs discussions. Un soir, l’un d’eux évoquait sa dernière idée devant un feu maigre, le plus loin possible des oreilles de leurs geôliers.
“Je crois bien détenir le moyen de tous nous évader” chuchota t-il à la dizaine de trykers réunis. Ceux-ci ouvrirent de grands yeux, leur enthousiasme sans cesse ravivé à chaque nouvelle proposition ingénieuse et digne d’être écoutée. “La région regorge de dents, de dards, et de toutes sortes de choses qui finissent par un estomac. Mais nous pourrons leur échapper si notre destination n’est pas celle qui se trouve derrière elles.” Loin de décourager les captifs, ces paroles étranges firent se rapprocher les têtes autour du feu. Baissant encore la voix, Jidgen reprit :
“Nous ne pouvons nous rendre sur les terres qui nous entourent. Mais aucun d’entre nous ne souhaite vivre une existence d’esclave, n’est-ce pas ?” Il laissa aux autres le temps d’acquiescer en silence. “Rejoignons la Canopée. Là haut, nous serons libres à nouveau.
- Et comment comptes-tu rejoindre les hautes branches de l’écorce, dit un second nommé Dachan ? As-tu inventé une machine pour voler ?
- Pourquoi inventer ce qui existe déjà ? dit Jidgen avec les yeux pétillants de plaisir à l’évocation de son idée. Je te l’ai souvent répété Dachan, Atys elle-même est la plus grande des inventeurs.
- Tu veux utiliser des ybers ? Ils ne volent jamais aussi haut, tu le sais bien. dit un autre.
- La botanique Chychy, répondit Jidgen à la toute jeune tryker, la botanique. Utilisons les Flyners. Ils sont plus légers que l’air, et seulement retenus au sol par une mince racine. Si chacun d’entre nous s’accroche solidement à une fleur et tranche la racine, nous atteindrons la canopée. Et là haut, nous serons libres !”
Les autres le ramenèrent vite à plus de discrétion, jugeant de fait son idée très intéressante. Ce fut Rosen qui prit à son tour la parole.
“Mais… Et si nous tombons ? Si l’un d’entre nous lâche sa fleur que se passera t-il ? C’est tout de même très risqué ton plan.
- Bien sur que c’est risqué. Mais pour ma part, je n’ai pas l’intention de passer toute ma vie dans ce camp, et encore moins d’être vendu à un matis feignant ou un zoraï ..” Il fit mine de léviter assis. " Non, je veux tenter ma chance et retrouver ma liberté."
D’autres acquiescèrent en petits commentaires chuchotés. Nombreux étaient ceux qui comme Rosen, s’imaginaient chutant à quelques brasses des hautes branches de la canopée, précipités vers l’écorce en même temps que vers une fin tragique et brutale. Seuls les plus téméraires voulaient tenter l’aventure. Il fut décidé ce soir là qu’un petit groupe de captifs parmi les plus légers tenterait ce nouveau chemin d’évasion dès le lendemain. Alors qu’ils sortaient cueillir des baies pour se nourrir, le jour suivant à l’aube, et sous l’oeil encore endormi des esclavagistes, une quinzaine de trykers fit un signe discret d’au revoir aux autres, et disparut derrière une falaise.
Il fallut longtemps aux esclavagistes pour découvrir l’absence d’un nombre conséquent de trykers. Plusieurs groupes s’armèrent et explorèrent la région le soir venu, et les jours suivants dans l’espoir de retrouver les fugitifs, mais jamais ils ne retrouvèrent l’un d’entre eux, non plus que leur trace. Et comme il semble impossible qu’ils aient tous disparu dans le ventre de prédateurs en une seule journée, il est indéniable que ces trykers ont réalisé leur rêve : atteindre la canopée en même temps que leur liberté.
Souvent il est arrivé à Rosen et quelques autres de regretter de ne pas avoir suivis leurs amis plus téméraires, pourtant ils n’osèrent jamais les imiter en s’accrochant à leur tour à une racine de flyner. Ils restèrent de longues années encore prisonniers de la Tribu de esclavagistes, de nouveaux captifs les rejoignant régulièrement, jusqu’au jour où une expédition de Corsaires prit d’assaut le campement et libéra les esclaves. Depuis ce jour, Rosen Ba’Darins regarde parfois la canopée et songe à ses anciens amis, eux aussi libres là haut, et regrette secrètement de ne pas les avoir rejoint avant que l’âge ne le lui interdise.